Frithjof Schuon Vers l’Essentiel Lettres d’un Maître spirituel Compilation Thie

Frithjof Schuon Vers l’Essentiel Lettres d’un Maître spirituel Compilation Thierry Béguelin EDITIONS LES SEPT FLÈCHES ISBN 978-2-9700325-8-8 © 2013 World Wisdom Bloomington IN 47402, USA www.worldwisdom.com © 2013 Editions Les Sept Flèches 1062 Sottens/Lausanne, Suisse editions.7fleches.com (3e tirage, février 2015) 7 PRÉFACE C’est en 1976 que je vis pour la première fois le nom de Frithjof Schuon, qui avait signé un article des Etudes Traditionnelles, « Le Paradis comme théophanie ». J’avais lu auparavant toute l’œuvre de René Guénon, que Bernard Moitessier, navigateur solitaire au long cours, m’avait fait connaître, et ce n’est qu’après le dernier livre que j’appris que Guénon n’était plus de ce monde. J’étais déçu, car je pensais avoir trouvé en lui le Maître que je cherchais. Je décidai donc de m’adresser à l’un ou l’autre des collaborateurs des Etudes Traditionnelles, revue guénonienne, mais lequel ? A la fin de l’année suivante, de passage à Paris, je me rendis au siège des Editions Traditionnelles, éditeurs de la revue, pour renouveler mon abonnement tout en espérant apprendre vers qui me diriger. Après avoir lu mon adresse, la secrétaire me dit : « Ah ! Vous venez de la Suisse ? Atten- dez un moment ! » Elle revint avec une petite cartothèque, sortit une fiche et me dit : « Vous connaissez donc Frithjof Schuon ? C’est là qu’il habite, près de Lausanne. » Un peu stupéfait, je retins l’adresse : 40, chemin de Rochettaz à Pully. Le propriétaire, M. Villain, s’était entretemps approché et je lui demandai s’il connaissait Frithjof Schuon ; il répondit d’une seule traite : « Je ne l’ai jamais vu, mais je sais qu’il est très grand et mince et qu’il porte toujours un complet noir avec une cravate noire, mais sa femme est très gentille. » Après deux mois d’attente, – le temps de lire quelques-uns de ses ou- vrages, – je reçus une réponse de Schuon à ma lettre ; il acceptait de me recevoir chez lui. Ce fut une rencontre saisissante, comme je n’en avais jamais vécu ni pu imaginer, celle d’un homme tellement différent et telle- ment supérieur à tout ce que j’avais côtoyé jusqu’alors ; on aurait dit un prophète. Avant qu’il ne prît la parole, tout dans son physique, son atti- tude, son vêtement, son ambiance, témoignait d’une grandeur et d’une noblesse éminentes, sans la moindre affectation. Nous nous assîmes cha- cun sur un pouf, dos vers le même mur, et tandis qu’il parlait, de profil, la tête légèrement inclinée en arrière comme s’il recevait du Ciel l’inspiration de son long monologue, je buvais ses paroles, le regard ébloui par tant de lumière, conscient du caractère exceptionnel de la situation. J’avais imaginé rencontrer un philosophe en costume noir, entouré de livres, pouvant peut-être me diriger vers un maître spirituel, et je ne vis ni livres, ni cos- tume, ni philosophe (tel qu’on l’entend aujourd’hui), mais un Maître. En une heure et demie, il passa en revue les bases de son message, – le mes- sage de la religio perennis, du pur ésotérisme, – sans jamais me demander pourquoi je m’étais adressé à lui ni ce que je voulais, car il le savait mieux que moi. Je ne devais plus le quitter. PREFACE 8 La vie et l’œuvre de Frithjof Schuon (1907-1998) ayant été abondam- ment étudiées et commentées, je me bornerai à traduire quelques extraits d’un projet de compte-rendu anglais de 1987, dont il accepta le contenu, ce qui en garantit la valeur. « Frithjof Schuon est un Allemand qui a écrit presque tous ses livres en français et qui a acquis la nationalité suisse en Suisse romande. Le mentionner n’est pas insignifiant, car ses écrits ont le mérite de combiner le caractère imaginatif et la profondeur germaniques à la précision, à la clarté et à l’élégance fran- çaises. Une autre particularité remarquable de son œuvre est la combinaison d’une intellectualité rigoureuse avec une très grande sensibilité artistique, on pourrait même dire : avec une sorte de musicalité mystique. — Le fondement doctrinal de Frithjof Schuon a été, dès sa prime jeunesse, le Vedânta, et son message embrasse principale- ment les domaines suivants : la métaphysique essentielle, donc universelle, avec ses ramifications cosmologiques et anthropologiques ; la spiritualité dans le sens le plus large ; l’éthique et l’esthétique intrinsèques ; les principes et les phénomènes tradition- nels ; les religions et leurs ésotérismes ; l’art sacré. — Ajoutons que dans son jeune âge, Schuon composa de belles poésies lyriques dans sa langue maternelle, l’allemand, et que tout au long de sa vie il témoigna d’un don indiscutable pour la peinture ; la majorité de ses toiles, assez hiératiques, ont trait aux Indiens des Plaines, avec lesquels il entretient un rapport personnel étroit, ayant même été adopté solennellement par la tribu des Sioux. Nous dirons donc que le message de Frithjof Schuon est autant philo- sophique et intellectuel qu’artistique et existentiel, les deux modes étant des expres- sions fondamentales d’une spiritualité concrète. » Il convient d’ajouter que durant les trois dernières années de sa vie, une inspiration particulière fut à l’ori- gine d’un corpus de plus de trois mille poésies à caractère didactique, écri- tes en allemand, d’une teneur et d’une beauté exceptionnelles. Frithjof Schuon m’autorisa à rendre publics les éléments de sa corres- pondance présentant un intérêt général. Ce recueil est le fruit d’une compi- lation de toutes les lettres françaises actuellement recensées, ainsi que des quelques lettres anglaises – traduites en français – que Schuon adressa à des chefs peaux-rouges et à des Hindous. Quant à la correspondance alle- mande, presque aussi abondante, sa valeur motivera peut-être un jour un de ses proches à présenter un second volume. L’intérêt suscité par les publications de Schuon, véritable somme méta- physique et spirituelle, lui valut un abondant courrier, auquel il répondait inlassablement, conscient de son rôle et de l’impact de sa pensée dans un monde à la dérive, qui doute de tout, sauf de ses erreurs. Il répondait aussi aux nombreux disciples disséminés dans le monde et qui ne pouvaient le rencontrer qu’occasionnellement. Comme bien des correspondances, celle de Schuon apporte un déve- loppement pratique à l’œuvre publiée, et le lecteur intéressé par son mes- sage y puisera une nourriture inestimable, parfois surpris par telle réplique, souvent convaincu par une évidence qu’il ne pouvait que pressentir, écho d’une vérité intemporelle enfouie au fond de l’âme. Il faut aussi relever qu’une telle documentation, par son caractère privé, dévoile pour la pre- mière fois au lecteur quelques traits personnels de l’auteur, illustrations PREFACE 9 presque tangibles d’une excellence humaine et spirituelle. A chacun il ré- pondait selon ses capacités de compréhension, comme on le remarquera au fil des pages, et jamais il ne se souciait, contrairement à ses livres, du style ou du choix de la meilleure tournure, transcrivant d’un seul jet ses ré- flexions, d’où ce caractère spontané, parfois proche de l’oralité, qui carac- térise bon nombre de ses réponses. Ce recueil n’exige pas une lecture suivie allant de la première à la dernière page, car chaque lettre forme un tout, ce qui autorise, tant le lecteur peu familiarisé à la pensée de l’auteur que celui qui s’intéresse à un thème en particulier, à opter pour une lecture sélective en se référant à la table des matières ou à l’index. Puisqu’ils s’adressaient à lui, la grande majorité des correspondants ac- ceptaient l’idée fondamentale d’une unité sous-jacente à toutes les grandes révélations – unité transcendante, ésotérique ou métaphysique –, et malgré la perspective universaliste de ces correspondants, j’ai dû me résoudre à classer les lettres en fonction de leur pratique religieuse de base, au risque de donner à celui qui ne lirait pas ces lignes, une fausse impression d’exclusivisme confessionnel. Dans chaque chapitre, les lettres sont or- données chronologiquement, suivies, quand elles contiennent un terme étranger, de sa translittération (avec signes diacritiques et sans majuscules) et d’une définition ; il vaut peut-être la peine de préciser que les transcrip- tions arabes figurent très souvent en caractères arabes dans le texte origi- nal. Entre crochets, quelques remarques permettent une meilleure intelli- gence du texte. Enfin, pour favoriser un engagement personnel du lecteur dans le contenu du message, il m’a paru opportun, contrairement à l’usage académique, de ne mentionner que sporadiquement les noms des destina- taires, dont les plus connus furent René Guénon, Titus Burckhardt, Martin Lings, Seyyed Hossein Nasr, William Stoddart, Léo Schaya, Jean Borella, Marco Pallis, Râma Coomaraswamy, Joseph E. Brown, Jean-Louis Mi- chon, Michel Vâlsan ou encore Lord Northbourne. Autant qu’une illustration concrète de la pensée de Schuon, qui relève avant tout de la nature des choses, donc de Ce qui est, Vers L’Essentiel se présente également comme une excellente introduction – car d’un abord relativement aisé – à un message qui, dans les livres, côtoie parfois les li- mites de l’exprimable, – message impersonnel, intemporel, essentiel et uni- versel de la religio perennis, l’ésotérisme doctrinal et méthodique, dont Frithjof Schuon est, sans conteste, un des plus grands porte-parole. T.B. Extrait d’une lettre du 7.VIII.1979 (échelle 60 %) SOMMAIRE uploads/Litterature/ frithjof-schuon-enseignements-spirituels.pdf

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