Comité de rédaction du site et de sa revue littéraire Une équipe d’universitair
Comité de rédaction du site et de sa revue littéraire Une équipe d’universitaires, patronnée par M. Henri Godard, professeur émérite à Paris-IV, supervise le site <malraux.org>. Elle est composée de Mme Sylvie Howlett, professeure agrégée de lettres modernes, Paris, M. Jean-Louis Jeannelle, professeur à l’Université de Rouen, M. Jean-Claude Larrat, professeur émérite à l’Université de Caen, Mme Nathalie Lemière-Delage, professeure de lettres modernes, Paris, M. Joël Loehr, maître de conférence à l’Université de Dijon, M. François de Saint-Cheron, maître de conférence à l’Université de Paris-IV Sorbonne, M. Michaël de Saint-Cheron, écrivain, philosophe des religions, Paris, Mme Dominique Vaugeois, maître de conférence à l’Université de Pau, M. Jean-Pierre Zarader, professeur agrégé de philosophie, Paris, M. Claude Pillet, dr Paris-IV, rédacteur de la revue et webmestre du site, Suisse et France. Elle accueille toute proposition de collaboration. ISSN de la revue : 2297-699X. | e-cahiers littéraires | e-cahiers littéraires, publication électronique de malraux.org, propose en ligne des études ou des textes libres de toute personne intéressée. Les textes doivent être rédigés en français et envoyés à la rédaction du site : redaction @ malraux.org. Avant leur mise en ligne, ils seront soumis à l’examen anonyme d’universitaires reconnus pour la valeur de leurs publications. | e-cahiers littéraires is an online electronic publication by malraux.org that offers free texts or studies written by interested parties. The contributions must be written in French and sent to the editorial staff at: redaction @ malraux.org. Before being published, the articles will be anonymously reviewed by respected academics. Article n° 3, avril 2017 • Jean Florent Romaric Gnayoro : «Géocritique des espaces naturels chez Giono et Le Clézio». Article n° 2, mars 2016 • Inès KHEMIRI : «Théâtre et “roman familial” dans les dernières pièces de Jean Anouilh». Article n° 1, janvier 2016 • Walid SAKET : «La quête identitaire dans Les Nourritures terrestres d'André Gide. De la disponibilité féconde aux risques de la multiplicité», suivi d’un choix de textes personnels proposé par l’auteur. | e-cahiers littéraires | revue littéraire et électronique | études et textes inédits de jeunes chercheurs francophones Article 3, avril 2017 _______________________________________________________________ Jean Florent Romaric Gnayoro1 Inédit Géocritique des espaces naturels chez Giono et Le Clézio Résumé. – C’est à juste titre que l’engagement de Giono et de Le Clézio situe l’homme dans le sillage de la nature. Il établit une nette connexion entre ces entités. L’homme est avec lui, ainsi considéré comme le prolongement de la nature. Aussi, pour ces auteurs, s’engager pour la nature est une manière d’assurer l’avenir de l’espèce humaine. Mais l’homme a conquis la nature en oubliant que les mythes et la littérature apparaissent comme un contre-discours à la dégradation de l’environnement. De fait, les imaginaires littéraire et fictionnel gioniens et lecléziens se présentent comme le lieu de l’exploration d’un environnement naturel revivifié. Mots-clés. – Géocritique, Giono, Le Clézio, nature, littérature engagée. Introduction La nature est un pôle géographique qui est mis en scène chez Giono et Le Clézio. À ce titre, ces auteurs abordent la question de certaines propriétés particulières rattachées à l’espace naturel, plus ou moins calquées de la réalité environnante. Avec eux, la nature est un point localisable qui génère un effet de vraisemblance en tant que centre des actions. Appréhender ici la géocritique 1 Titulaire d’un doctorat, M. Jean Florent Romaric GNAYORO est enseignant-chercheur de littérature française à l’Université Peleforo Gon Coulibaly, à Korhogo (Côte d’Ivoire). J. F. R. Gnayoro : «Géocritique des espaces naturels chez Giono et Le Clézio» |e-cahiers littéraires, art. 3, avril 2017 / © malraux.org 2017 2 comme méthode d’approche des textes littéraires gioniens et lecléziens, c’est également inviter à mettre au premier plan l’espace géographique en tant que sujet d’étude. Pour le moins complexe, la géocritique est une méthode d’analyse du texte littéraire où l’espace géographique tient une place importante. Une telle conception trouve notamment ancrage dans les travaux de Bertrand Westphal sur la question. Pour lui, « la géocritique, contrairement à d’autres approches de l’espace en littérature telle que l’imagologie par exemple, vise à connecter plusieurs regards tournés vers un même lieu »2. Il entend, de ce fait, la géocritique comme une étude critique permettant de traiter de l’espace, à partir du regard qui en est fait dans le texte. Avec les œuvres de Giono et de Le Clézio, il ressort que la géocritique s’articulera autour d’une critique d’inspiration mettant soit directement les textes avec le hors-texte, soit agissant par procuration, en établissant des rapports de textes à textes, en ce qui concerne, particulièrement leurs rapports à la nature. 1. La véracité de la nature chez Giono Giono, même s’il s’inspire de la Provence reconnaissable à Aubignane, à Baumugnes, à Grémone, à la Durance, à la Lure évoqués dans ses œuvres, ne manque pas d’attribuer à la nature des vertus magiques. En effet, pour Philippe Hamon, « Les noms propres géographiques qui renvoient à des entités sémantiques stables, qu’il ne s’agit d’ailleurs pas tant de comprendre que de reconnaître comme noms propres fonctionnent donc un peu comme les citations du discours pédagogique : ils assurent des points d’ancrage […], permettent l’économie d’un énoncé descriptif, et assurent un effet de réel global ».3 Mais paradoxalement chez Giono, cet effet de réel semble s’effacer devant une nature magique qui se couvre de mystères. Si l’on croit Maurice Blanchot, il pourrait s’agir « d’amener les choses à se réveiller comme reflet et la conscience à 2 Bertrand Westphal, « Préface », Le rivage des mythes. Une géocritique méditerranéenne. Le lieu et son mythe, Limoge, Presses Universitaires de Limoge, 2001, p. 8. 3 Philippe Hamon, « Un discours contraint », Littérature et réalité, Le Seuil, collection Points, 1982, p. 37, cité par Jean-Marie Kouakou, « Regain : Dialogue avec les choses », Annales de la faculté des Lettres et Sciences Humaines n° 32, Dakar, Les Presses Universitaires de Dakar, 2002, p. 258. J. F. R. Gnayoro : «Géocritique des espaces naturels chez Giono et Le Clézio» |e-cahiers littéraires, art. 3, avril 2017 / © malraux.org 2017 3 s’épaissir en chose ».4 Justement, la découverte de La trilogie de Pan de Giono se mêle à la récurrence d’une certaine position de l’auteur où le réel laisserait place à une nature qui parlerait au cœur et à l’esprit des lecteurs. L’on se souvient notamment de Lacan qui voyait dans le langage un véhicule de la réalité inconsciente. À ce titre, Colline, Regain et Un de Baumugnes développent une vaste tentative de Giono de donner au langage une structure ludique sinon plus évocatrice d’un monde désarticulé, mystérieux, qu’autre chose. En fait, il s’arrange à satisfaire un prétendu rapport entre la nature et une certaine personnalité qui lui serait intrinsèque mais dissimulée au commun des mortels à l’exception bien entendu de quelques privilégiés ou initiés. On se posera alors la question de savoir si avec Giono le langage sur la nature n’aurait pas pour fin de révéler un réel qui se blottirait insidieusement derrière un autre plus trivial à profusion. En effet, avec Giono le langage est mis à rude épreuve pour justement signifier, du moins sur ce qui a trait à la nature, une correspondance anthropomorphe. Ainsi peut-on dire que la nature s’humanise de plus en plus et se révèlerait à partir de la conscience qui perçoit et la représente. Ou serait-ce un prétexte pour Giono de donner un écho favorable au monde imaginaire qui habite les profondeurs de son inconscient ? La particularité tient ici au fait que l’auteur tout en s’inspirant de sa Provence natale en arrive à superposer réel et imaginaire dans un langage mêlé d’analogie au monde référentiel et à la poésie de la dérision ou de la rêverie. On le voit donc cette imbrication manifeste d’un réel et d’un surréel chez Giono au point, pour ainsi dire, d’asseoir une image transfigurée de la nature. On ne se trompe nullement en insistant ici sur la portée linguistique chez Giono qui concourt, de ce fait, à revisiter l’univers provençal sous le prisme de son rapport à un autre univers, cette fois-ci interne à l’auteur et sous-tendue par une pensée inconsciente. Libre de fantaisies diverses auxquelles il s’adonne volontiers et allégrement, le constat est que la nature se place ici sur une scène gionienne dotée de pouvoirs surnaturels. En ce sens, l’on s’oriente vers la vision d’un monde dominé par le mythe d’une nature sans véritable ancrage avec la vie 4 Maurice Blanchot, L’espace littéraire, Paris, Gallimard, Folio, essais, 1955, 2007, p. 352. J. F. R. Gnayoro : «Géocritique des espaces naturels chez Giono et Le Clézio» |e-cahiers littéraires, art. 3, avril 2017 / © malraux.org 2017 4 réelle. C’est à ce niveau que le jeu du langage gionien trahit cette perspective inconsciente chez l’auteur dans son rapport au monde réel. Même si cette confusion entre réel et imaginaire semble persister dans sa trilogie, il n’en demeure pas moins que l’inconscient de l’auteur sur le sujet naturel rejaillit dans une part belle. En fin de compte, ne serait-ce pas plutôt vers une aventure poétique uploads/Litterature/ gnayoro-geocritique 1 .pdf
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- Publié le Jan 13, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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