4* mille FRANÇOIS FOSCA DE DIDEROT A VALÉRY Les Écrivains et les Arts visuels É

4* mille FRANÇOIS FOSCA DE DIDEROT A VALÉRY Les Écrivains et les Arts visuels ÉDITIONS ALBIN MICHEL NUNC COCNOSCO EX PARTE TRENT UNIVERSITY LIBRARY PRESENTED BY PROF. T. MELLORS (kj-fv* If72 De Diderot à Valéry i. Digitized by the Internet Archive in 2019 with funding from Kahle/Austin Foundation https://archive.org/details/dediderotvalerylOOOOfosc DE DIDEROT A VALÉRY LES ECRIVAINS ET LES ARTS VISUELS DU MÊME AUTEUR CRITIQUE D’ART Bonnard (Crès). Degas (Messein). Renoir (Rieder). Corot (Floury). Tintoret (Albin Michel). Daumier (Plon). Raphaël (Édit. d’Art et d’Histoire). Histoire de la Peinture suisse (Édit, du Rhône). La Peinture, qu’est-ce que c’est ? (Les Portes de France). La Peinture en France depuis trente ans (Édit, du Milieu du Monde). Corot (Scherz). Delacroix (Scherz). La Peinture au xvme siècle (Skira). Degas (Skira). Les dessins de Fragonard (Bibliothèque des Arts). Titien (Somogy). Bilan du Cubisme (Bibliothèque des Arts). La Peinture française au xixe siècle (Tisné). Liotard (Bibliothèque des Arts). Dufresne (Bibliothèque des Arts). Corot (Elsevier). La Peinture en Europe de Giotto a nos jours (Somogy) en collaboration avec Pierre D’Espezel. Jean Ducommun (Bibliothèque des Arts) en collaboration avec P.-F. Schneeberger. ROMANS Monsieur Quatorze (Grasset). Les dames de Boisbrûlon (Kra). Derechef (Kra). L’Amour forcé (Au Sans-Pareil). C’était hier l’Été (Plon.) DIVERS Histoire des Cafés de Paris (Firmin-Didot). Histoire et Technique du Roman policier (Édit, de la Nou¬ velle Revue critique). Edmond et Jules de Goncourt (Albin Michel). FRANÇOIS FOSCA DE DIDEROT A VALÉRY Les Écrivains et les Arts visuels T 'arv EDITIONS ALBIN MICHEL 22, rue Huyghens, 22 PARIS (\) 7M"7 Ç . Fu"7 @ i960. Éditions Albin Michel. INTRODUCTION JVÜon dessein a été d’étudier dans ce livre comment quelques écrivains ont abordé les œuvres picturales, archi¬ tecturales et sculpturales, et comment ils ont parlé d’elles ; comment certains se sont égarés et comment d’autres se sont montrés de véritables critiques d’art. On me reprochera probablement d’avoir omis certains noms : ainsi ceux de Zola, Huysmans, Proudhon et Toepf- fer. Je n’ai pas fait place à Zola pour les raisons suivantes. Certes, il a vigoureusement pris la défense de Manet en 1866; mais il l’a prise bien plutôt parce qu’il voyait dans l’artiste un réaliste, une sorte de Zola peintre, que parce qu’il comprenait sa peinture. Plus tard, en 1879 dans Le Messager d’Europe de Saint-Pétersbourg, en 1880 dans Le Voltaire, il a publiquement avoué à quel point il était déçu par les impressionnistes, qui selon lui « se montrent incom¬ plets, illogiques, exagérés, impuissants ». En réalité, même si l’on se méfie des propos de lui rapportés par Vollard, il est avéré qu’il n’avait ni compétence ni goût en peinture. Son roman L’Œuvre prouve que, bien qu’il eût connu et fréquenté des peintres, il se faisait une idée complètement fausse de la façon dont ils travaillent. Huysmans a publié plusieurs volumes, L’Art moderne, Certains, Trois Primitifs, où il a rassemblé des articles sur des artistes anciens et modernes ainsi que sur des exposi- 8 DE DIDEROT A VALÉRY dons. Mais les tableaux n’ont été pour lui, comme pour tant de littérateurs, que des prétextes à des exercices de style, qui bien souvent donnent des artistes qu’il examine une idée complètement fausse. Ainsi pour Degas, en qui il n’a vu que le pendant pictural des romanciers natura¬ listes, insistant comme eux sur la laideur et la vulgarité. Comment prendre au sérieux Proudhon qui, écrivant un livre, Du Principe de VArt et de sa destination sociale, déclare dès les premières pages qu’il n’entend rien à l’art ? Quant au Genevois Rodolphe Toepffer, son livre Réflexions et Menus Propos, aussi diffus que charmant, ainsi que ses articles sur la peinture de montagne, contiennent des idées fort intéressantes et très en avance sur celles qui avaient cours à son époque. Mais ses ouvrages sont plutôt de l’esthétique que de la critique d’art. En outre, lorsque Toepffer porte des jugements sur des œuvres anciennes ou modernes, il fait preuve d’un goût très timoré. Il n’avait d’ailleurs qu’une connaissance très limitée de l’art du passé et de celui de son temps. D’autre part, je présume que les admirateurs de Miche¬ let et de Freud se scandaliseront de ces passages où, pour prouver à quel point leurs méthodes sont fallacieuses, je me suis permis de les appliquer. Grand admirateur de Chesterton et de Mgr Ronald Knox, je pense comme eux que l’ironie et la satire sont des armes parfaitement légi¬ times. * * * La critique d art apparaît au plus grand nombre des écrivains, même s’ils sont cultivés, comme un genre infé¬ rieur auquel n’importe qui peut s’adonner du jour au len¬ demain s’il a un minimum de connaissances. L’architec¬ ture, parce qu’il faut connaître les termes du métier, est prudemment laissée de côté. Mais pour parler de sculpture et surtout de peinture, il suffit de fort peu de chose : beau- INTRODUCTION 9 coup d’assurance et de grandiloquence, quelques termes techniques d’ailleurs employés de travers, et ce qui est très important, le vocabulaire à la mode. On m’accusera d’être sévère à l’excès, injuste même. Qu’on prenne un de ces catalogues d’expositions particu¬ lières que l’artiste a cru devoir farcir d’articles à sa louange. On sera stupéfait de l’emphase et du vide de ces textes. Jamais on n’accepterait que des critiques musicaux ignorent à ce point l’art dont ils traitent. Mais il ne s’agit que de critique d’art; le pire charabia sera toujours assez bon. * * * Ce qui montre à quel point la critique d’art est mécon¬ nue, c’est ce qu’a écrit sur elle un homme pourtant fort cultivé, intelligent, fin, et l’un des meilleurs critiques lit¬ téraires de son temps : Albert Thibaudet. On le trouvera dans le chapitre sur Fromentin qui fait partie de son livre Intérieurs ; un long essai de 126 pages, dont vingt-six sont consacrées à la critique d’art en général et à l’auteur des Maîtres d’autrefois. Thibaudet débute en rappelant que « la critique d’art réclame l’union de tant de qualités et glisse si vite dans tant de défauts » qu’il n’en reste dans la littérature française qu’ « une demi-douzaine de volumes : les Salons de Diderot, deux ou trois volumes de Taine, peut-être N Art du Dix- huitième siècle des Goncourt, un volume de Baudelaire, le livre de Fromentin. » En lisant mes chapitres sur Taine et sur les Goncourt, le lecteur verra pourquoi je ne puis accepter que Thibaudet ait inséré Taine dans sa liste, ni son « peut-être » à propos des Goncourt, ni que quelques lignes plus loin il déclare que « les phrases chez les Goncourt papillonnent sans instruire ». Mais poursuivons. « Il est certain, assure Thibaudet, que nos quatre littérateurs sont loin de nous donner toute satis¬ faction. Mais, sur ce terrain de la critique d’art, les artistes IO DE DIDEROT A VALÉRY nous satisferont-ils mieux ? Des artistes ont évidemment parlé avec lumière et profondeur de la technique de leur art, mais il n’en est aucun, en dehors de Fromentin, qui se soit attaqué à l’œuvre élémentaire de la critique d’art, l’analyse des œuvres des maîtres (i). Si cette besogne a tou¬ jours été faite par des littérateurs, et jamais par des peintres, c’est évidemment qu’elle appartient au métier d’écrivain et non au métier d’artiste. » Voilà qui est bien vite dit. Si la critique d’art a été le plus souvent exercée par des littérateurs plutôt que par des peintres, c’est que ceux-ci ont pensé qu’ils avaient mieux à faire : à peindre. « Si les écrivains, continue Thibaudet, l’ont manquée (cette besogne), c’est qu’elle est paradoxalement difficile. Or la raison qui réserve la critique aux écrivains et la raison qui explique la difficulté de la critique d’art se confondent en une seule. « La même qui fait qu’il n’existe pas de traduction par¬ faite. La critique d’art est une traduction d’une langue dans une autre, de la langue plastique dans la langue litté¬ raire. Traduire avec la perfection du génie, cela ne se voit, ne s’est vu et ne se verra jamais (...). Une traduction ne peut jamais s’élever au-dessus de la note passable. Et la traduction qu’est la critique d’art, ou du moins sur laquelle repose la critique d’art, subit les lois du genre (...). Pour traduire il faut savoir deux langues, la langue qu’on traduit et la langue dans laquelle on traduit. Mais il n’est pas besoin de les savoir également (...). Mais il est absolument besoin qu’on sache bien la seconde (...). Les vrais traduc¬ teurs de la peinture ne seront pas des peintres, mais des écrivains, de même que les traducteurs de la théologie en sculpture étaient au Moyen Age des sculpteurs et non des théologiens. » La phrase de Thibaudet citée plus haut, où il désigne comme tâche de la critique d’art « l’analyse des œuvres des (i) Thibaudet oublie, ou ignore, les articles et le Journal de Delacroix. INTRODUCTION 11 maîtres », donnerait à penser qu’il comprenait fort bien en quoi consiste la critique d’art. Mais sa comparaison de la critique d’art et de la traduction démontre nettement le contraire; car uploads/Litterature/ de-diderot-a-x27-vale-ry-les-e-crivains-et-les-arts-visuels.pdf

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