L'HYPNOTISME ET LA SUGGESTION PAR Le D^ GRASSET Professeur rie Clinique médical
L'HYPNOTISME ET LA SUGGESTION PAR Le D^ GRASSET Professeur rie Clinique médicale à l'Université de Montpellier DEUXIEME EDITION REVUE ET CORRIGEE PARIS OCTAVE DOIN, ÉDITEUR 8, PLAGE DE l'odÉON, 8 ^^ ^Ofc 190/i V INSTITUT DE PSYCHOLOGIE )*:3wth:i&'a I3f 1 1<- î Le bienveillant accueil fait à ce livre nécessite une seconde édition trop rapprochée de la première pour que j^aie des modifications importantes à y introduire. Les critiques qui m'ont été adressées ne me paraissent pas de nature à changer la doctrine qui fait la base de cet exposé. Montpellier, i décembre 190S. J. G. L'HYPNOTISME ET LA SUGGESTION Tout semble dit sur l'Hypnotisme et la Suggestion. Et, en fait, un livre d'ensemble comme celui-ci ne peut rien ajouter à la documentation * scientifique, déjà si riche et définitive, de cette question. Mais il a paru que le moment était opportun pour essayer — je ne dis pas pour faire — dans une Biblio- thèque internationale de Psychologie expérimentale^ une synthèse psychologique de l'Hypnotisme. C'est là l'idée inspiratrice et directrice de ce livre qui n'a pour but que de bien indiquer la voie dans laquelle on doit, à l'avenir, entrer et rester, dans fétude de cette branche nouvelle de la Biologie hu- maine, qui est si complètement française — sinon dans ses origines, puisque BRAm occupe une place prépondérante dans sa fondation— du moins dans ses développements scientifiques actuels, depuis Charcot I. Pour cette documentation, je me suis beaucoup servi des ouvrages, indiqués plus loin, de Richet, Berisheim, Bimct, Féré, Pitres, Wu^•DT, Grocq... et de la collection de la Ffevue de l'hypnotisme (1886 à 1902) de Bkrii.lon. Grasset. (2*^ éd.) i 2 IIVJ'.NOTISME ET SUGGESTION et Berts'helm et leurs collaborateurs ou initiateurs à Paris et à Nancy. Après les beaux travaux de Pierre Janet (de Charles Richet, de Myers et de bien d'autres), on ne peut plus considérer en bloc l'ensemble des fonc- tions psychiques ou corticales et il est indispensable d'appliquer à l'étude des états de ce genre la distinc- tion, aujourd'hui classique, du psychisme supérieur et du psychisme inférieur ou automatique. L'automatisme le plus élevé n'a pas son centre dans les groupes de neurones mésocéphaliques et basilai- res. Il y a un automatisme supérieur, psychique, qui, comme le psychisme entier, a son centre dans l'écorce cérébrale. Les deux psychismes, supérieur et inférieur, nor- malement associés dans une collaboralion intime et inextricable, peuvent aussi être parfois dissociés et ces états de dissociation plus ou moins complète (physio- logiques, extraphysiologiques ou pathologiques) ser- vent admirablement à l'étude de l'activité propre du psychisme inférieur ou automatisme supérieur (ce que j'appelle l'activité polygonale). L'hypnotisme appartient à ce groupe des élats de dissociation suspolygonale qui reçoivent de la Psy- chologie ainsi comprise et qui lui communiquent aussi et lui ajoutent d'importantes et originales clartés. Je pars donc de la conception de l'École de Nancy qui caractérise l'hypnose uniquement par Vélat de saggestibiUlé. , PREFACE ,S Mais j'essaie de donner et de conserver toujours une caractéristique précise et scientifiquement étroite à cette notion de la sug<j;estil)ilité et de la suggestion. Je suis obligé dès lors, cl à mon grand regret, de combattre Fopinion de Beunueim et de tous ceux, très nombreux, qui l'ont suivi, o[)inion d'après laquelle la suggestion engloberait toute influence d'un psychisme sur un autre on sur lui même et qui aboutit finalement à la négation de l'hypnotisme (Delboeuf, Bernueim, Hartenberg). Pour moi, // y a un hypnotisme. Lliypnose n'est pas le sommeirnaturel eta sescaractères psychologi- qiiës'^prbpres et certains symptômes indépendants de toute' su gges tibn . "^Tou t le monde n'est pas hypno ti- sabTè~et ïbut le monde dort, et, si on peut donner des suggestioris vraies à certains dormeurs, c'est à con- dition de transforniei'^Tr'abord leuFsomnTën en hyp - nose. Po_ur_suggestion ner véritablem ent un suj et eu état de Abeille, il faut d'abord_le^ mettre en hypnose partielle... ~Ca suggestion vraie, comme certains autres états psychiqiKîs, fait l'irresponsabilité du snjc^t, tandis que bien d'autres états psychiques, plus ou moins voisins, mobiles d'acte, expliquent simplement cet acte sans l'excuser ou atténuent tout au plus la responsabilité \ de son auteur. Il ne faut pas identifier la thérapeutique suggestive à l'entière psychothérapie, dont elle n'est qu'un cha- pitre. En tous cas, elle n'est applicable, dans un but médical, qu'à des malades ou à des anormaux : les applications de la suggestion à la puériculture ren- 'rent dans la pédiatrie et non dans la pédagogie. 'l IIIF'NOTISÎME ET SUGGESTION On ne se méfie pas assez du raisonnement (très employé aujourd'hui en Biologie), en vertu duquel on identifie des types extrêmes, pourvu qu'il existe entre eux une série de types intermédiaires pouvant servir de transition. Ceci peut prouver des analogies, mais ne prouve pas l'identité. Sans faire de sauts, la nature fait cependant des types divers. Il serait irrationnel d'identifier ainsi, en vertu de ce raisonnement, l'amibe et l'homme, le rêve et le délire, le distrait et le fou, le réflexe rotulien et l'acte con- scient et volontaire. Ce sont là choses qu'il faut au moins étudier sépa- rément. De même, il ne faut confondre la suggestion vraie ni avec l'enseignement ni avec l'entraînement gré- gaire, l'instinct ou la passion ^.. On peut chercher à persuader, à insinuer ou à dé- montrer des idées à des auditeurs sans désagréger préalablement et annihiler leurs centres psychiques supérieurs 0. C'est précisément ce que j'essaie de faire dans ce livre, cherchant à convaincre le centre de mes lec- teurs, qui gardent leur libre examen et leur faculté de contrôle, et nullement à imposer ma manière de voir à leurs centres polygonaux, à la façon de fhyp- notiseur qui fait manger une pomme de terre crue à son sujet en lui affirmant simplement que c'est une pêche exquise I Montpellier, lo septembre 1902. I. Bkrnheim parle même des « suggestions héréditaires ». CHAPITRE PREMIER L'AUTOMATISME SUPÉRIEUR OU PSYCHISME INFÉRIEUR 1. Automatisme et psychisme; les centres du psychisme infé- rieui' (polygone cortical) ; les deux psychismes. 2. Les désagrégations suspolygonales : moyen d'étude de l'acti- vité psychique inférieure. Désagrégations physiologiques : distraction, habitude, instinct, passion. 3. Sommeil et rêves. '4. Désagrégations extraphysiologiques: tables tournantes, liseurs de pensées, médiums... 5. Désagrégations pathologiques : maladies mentales, somnam- bulisme, automatisme ambulatoire, hystérie, tics. 6. Désagrégation dans les lésions organiques : aphasies, para- lysies. 7. Faits anatomiques et cliniques, nouveaux, à l'appui de la conception du psychisme inférieur ou polygonal. 8. Objections des psychologues. 9. Résumé et conclusions. I. Pour comprendre l'état de suggestibilité et par suite pour analyser, au point de vue psychophysio- logique, l'hypnotisme et la suggestion, il est indis- pensable de bien connaître d'abord ce que l'on appelle Vautomatisme supérieur ou psychisme inférieur. 6 HTP^OTLSMK ET SUGGESTION C'est une fonction automatique qui n'est pas l'arc réflexe ordinaire, puisqu'elle aboutit à des actes coor- donnes, intelligents, spontanés dans une certaine limite. C'est une fonction psychique, dont les centres sont dans l'écorce grise cérébrale, et qui doit être cepen- dant soigneusement distinguée de la fonction psy- chique supérieure, siège de l'intellcctualité supérieure, de la personnalité pleine et vraie, de la conscience entière et morale, de la liberté et de la responsa- bilité. De cette double caractéristique dérivent les deux expressions par lesquelles on désig-ne cette fonction : automatisme supérieur, psychisme inférieur. L'analyse et Tétude en sont toutes récentes. C'est en partant des beaux travaux de Pierre Jainet^ et en les commentant que j'ai 'déjà exposé la question en 1896'. D'une manière générale, un acte est dit automa- I. l^jjERRE Janet. L'autonialisDie psychologique ; essai de psychologie expérimentale su?^ les formes inférieures de l'ac- tivité humaine. Thèse dé doctorat es lettres, 1889; 2<= édition, in Bibliothèque de philosophie contemporaine, in-8", iSg'i. — Etat mental des hystériques ; les stigmates mentaux iw Bibliothèque Charcot Debove, 1898.— Etat mental des hys- tériques • les accidents mentaux. Thèse de doctorat en mé- decine et Bibliothèque Charcot Debove, iSgS. 3. De raulomatismc psychologique (psychisme inférieur; polygone cortical) à l'état physiologique et pathologique. Leçons recueillies et publiées par le D'' Vedel. Nouveau Montpellier médical, mars 1896 et Leçons de Clinique médicale, t. III, 1898, p. 122. ].E PSYCHISME INFERIEUR '] tiqiie^ quand il présente tous les caractères de la spon- tanéité et qu'en même temps il n'est pas voulu librement. La spontanéité complète et vraie est un non-sens scientifique, tout mouvement étant une transfor- mation d'un mouvement antérieur ; mais dans le mouvement automatique il y a apparence de sponta- néité parce qu'il n'a pas besoin d'une impulsion exté- térieure actuelle pour être réalisé. — C'est ce qui le distingue de l'acte réflexe simple comme le soulève- ment de la jambe par le choc du tendon rotulien. D'autre part un acte n'est automatique que quand il n'est pas voulu librement, quand il est fait involon- tairement, sans réflexion, machinalement ; il est, comme dit Janet, « soumis à un déterminisme rigoureux sans variations et sans caprices ». — C'est ce qui le distingue de l'acte psychique supérieur. Les actes automatiques supérieurs ont donc des centres distincts, d'une part des centres psychiques supérieurs, de l'autre des centres réflexes. uploads/Litterature/ grasset-hypnotisme.pdf
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- Publié le Fev 15, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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