Les mouvements picturaux du 19ème siècle (Avant l’impressionnisme) Comme dans l

Les mouvements picturaux du 19ème siècle (Avant l’impressionnisme) Comme dans la littérature et la musique, c’est bien l’esthétique romantique qui a dominé les arts picturaux du 19ème siècle, du moins sa première moitié. Cependant, l’Art académique –français et anglais- qui présente une continuité de l’art néoclassique a également était très influent. Les autres courants (orientalisme, réalisme, préraphaélisme, esthétisme) présentent des sous-tendances du romantisme ou de l’académisme, ou des réactions par rapport à l’un ou l’autre. Dans leur ensemble, les mouvements précités ont dominé tout le siècle. Notons, que nous n’incluons pas dans ce dossier le mouvement impressionniste (apparu vers la fin des années soixante) et les mouvements qui présentent une continuation de ce dernier, préférant les rattacher à l’art moderne, et donc au 20ème siècle. I- Premier romantisme et néoclassicisme : 1- Néoclassicisme : C’est bien dans la même logique que nous rattachons le romantisme naissant à la fin du 18ème siècle au siècle d’après. En conséquent, commençons tout d’abord par élucider les différences principales entre le néoclassicisme de la deuxième moitié du 18ème siècle et ce romantisme naissant qui va dominer par la suite. Les artistes que l’on appelle néo-classiques souhaitaient éduquer le public et développer son sens moral et civique. Pour cela ils se sont tourné vers l’antiquité grecque et romaine, tant sur le plan des valeurs esthétiques que sur celui des valeurs morales : le « beau idéal » est celui qui allie la beauté des corps et celle de l’esprit. La peinture néo-classique s’appuie à la fois sur le souci de précision archéologique et sur la connaissance parfaite de l’anatomie enseignée à l’Ecole des beaux-arts. Les tableaux sont composés avec un grand souci de clarté. Le décor est sobre, aucun détail pittoresque, aucune anecdote ne détourne l’attention du sujet principal. Aussi, faut-il souligner l’importance de cette distance objective maintenue entre l’artiste et le sujet qu’il traite, même distance qui nous est transmise lors de l’appréciation de ces œuvres d’art. En outre, le dessin et la ligne font l’objet d’un grand soin, et la couleur vient simplement leur servir de complément. Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867), grand représentant de l’art académique français, et donc, l’un des derniers représentants du néo-classicisme, était sans doute le champion de la doctrine du beau et de la primauté du dessin sur la couleur, en opposition successive aux courants romantiques et réalistes. Ce dernier affirme : « Le dessin comporte les trois quarts et demi de ce qui constitue la peinture. Si j’avais à mettre une enseigne au-dessus de ma porte, j’écrirais : Ecole de dessin, et je suis sûr que je ferais des peintres ». Hormis les sujets de l’antiquité, certains tableaux font allusion au régime politique du moment. En France, avec Jacques-Louis David, la peinture d’histoire se tourne vers l’actualité : Marat assassiné (1793), Le Sacre de Napoléon Ier (1806) La Mort de Marat 2- Romantisme : traits généraux et première période : Le romantisme commence déjà à se développer à partir des années 1770, en parallèle au néoclassicisme, ou plutôt en opposition à ce courant. En effet, là où le néoclassicisme prône une beauté idéale, le rationalisme, la vertu, la ligne, le culte de l’Antiquité classique et de la Méditerranée ; le romantisme s’oppose et promeut le cœur et la passion, l’irrationnel et l’imaginaire, le désordre et l’exaltation, la couleur et la touche, le culte du Moyen Âge et des mythologies de l’Europe du Nord. Si les artistes néo-classiques veulent former le goût et l’esprit du public, ceux qui se retrouvent au sein du courant dit romantique ont surtout le souci d’exprimer leur sensibilité personnelle. L’expression des sentiments, l’imaginaire, le fantastique prennent la première place. La nature est menaçante, avec ses arbres tordus par le vent, ses tempêtes ; imposante, avec ses falaises et ses gouffres ; elle incite à la rêverie ou à la méditation, avec ses couchers de soleil et ses clairs de lune ; mais elle ne laisse jamais insensible. Les êtres sont en proie à des sentiments extrêmes et passionnés. Rêves, cauchemars dévoilent l’inconscient, et parfois la folie menace. Durant la première période (fin 18ème siècle principalement), le romantisme se développait principalement en Angleterre et en Allemagne. C’est à ce moment-là qu’apparaissent les nouvelles thématiques des légendes nordiques, mais aussi cet engouement mystique renouvelé pour l’esthétique gothique. Le tableau suivant du peintre anglais Füssli illustre parfaitement ce gout gothique : Le Cauchemar (1781) En France, dans « Le Sommeil d'Endymion » (1791), Anne-Louis Girodet s'écarte délibérément de l’esthétique de son maître Jacques-Louis David et annonce le Romantisme. Plus tard il s’inspire de la bible dans son œuvre « Scène du déluge ». L’inspiration religieuse va devenir l’une des principales thématiques chez les grands romantiques par la suite. Le sommeil d'Endymion (1791) Scène du déluge Quant au monde des légendes, l’influence anglaise fût décisive. Elle provient surtout d’une œuvre de James Macpherson, Poèmes d’Ossian (1760). Ossian est un poète celtique imaginaire dont Macpherson dit qu’il a retrouvé les poèmes et les a ensuite traduits. Ce chef-d’œuvre de la littérature anglaise va enthousiasmer toute l’Europe, comme par exemple Goethe, Germaine de Staël, ou Lesueur (maître de Berlioz). Ingres, peintre français essentiellement académiste/néoclassique et plus tard orientaliste s’est également inspiré de ce conte en 1813 avec son « songe d’Ossian », ainsi, il n’est pas tout à fait étranger à l’esthétique romantique, du moins sous l’angle de la recherche du fantastique et de l’exotique. Songe d’Ossian II- Les grands peintres romantiques : Goya, Géricault, Delacroix, Friedrich, Turner. Les artistes romantiques s’inspirent des grands écrivains dramatiques tels que Dante ou Shakespeare, Goethe ou Byron. L’époque est riche en évènements historiques : les guerres napoléoniennes, la Révolution de 1830, etc. Ils choisissent d’en montrer des épisodes correspondant à leur sensibilité (Goya, Les Exécutions du 3 mai ; Géricault, Le Radeau de la Méduse ; Delacroix, La Liberté guidant le peuple ; etc.) A un autre niveau, La peinture de paysage prend une grande importance. L'essor du paysage est accompagné par les théories esthétiques du pittoresque et du sublime, développées en Angleterre par William Gilpin, Edmund Burke et en Allemagne par Kant, mais surtout par le courant philosophique connu sous l’appellation « philosophie romantique » ou Naturphilosophie chez Schelling et Carl Gustav Carus principalement. La représentation de la nature sauvage devient le lieu de prédilection où le moi rencontre le monde extérieur. Les tourbillons des vagues tempétueuses, les cimes escarpées des montagnes et des volcans, les effets de lumière parfois irréels et fantastiques, les cieux orageux et les scènes diluviennes aux accents chaotiques ou apocalyptiques deviennent le reflet des tourments de l'âme et des perceptions hallucinatoires de l'artiste qui s'inspire parfois des grands mythes bibliques pour retranscrire ses visions. 1- Francesco de Goya (1746-1828) L’Espagne peut se vanter d’avoir, déjà à l’époque, ce grand nom du romantisme. Son style évolua vers une facture de plus en plus libre et visible durant sa carrière, avec une inspiration très sombre et torturée à la fin de sa vie (Peintures noires peinte entre 1819 et 1823), comme dans son célèbre tableau Saturne dévorant l'un de ses enfants. Dans d’autres tableaux, il dénonce avec une très grande force l'horreur des guerres napoléoniennes et la misère humaine, comme dans « Le 3 mai 1808 à Madrid », datant de 1814. Saturne dévorant un de ses fils Comme est énorme la différence de l’approche entre Goya et les artistes de la renaissance ou les artistes néoclassiques ! En effet, il s’agit d’un registre thématique commun, celui de l’antiquité et de la mythologie. Cependant, chez Goya, il n’y a aucune tentative d’anoblissement ou d’idéalisation dans « Saturne », mais plutôt recherche du côté le plus horrifique et le plus sombre. Le 3 mai 1808 à Madrid 2- Théodore Géricault (1791-1924) En dépit de sa mort prématurée, Géricault reste parmi les peintres les plus représentatifs du romantisme en France, notamment avec son « Radeau de la méduse » (1818-1819). Ce tableau fut en son temps une cause de scandale et de bouleversement. La peinture relate un événement tragique qui s'est réellement produit : un naufrage qui, en 1816, coûta la vie à plus d'une centaine de soldats. Cet événement émut toute une nation car, sur les 150 naufragés embarqués sur le frêle esquif, seuls 15 survécurent. C’est l’évocation d’une tragédie mais aussi une vision romantique des choses : c’est un drame interne à la société qui est traduit dans cette peinture. Pour peindre ce tableau Géricault, alors très jeune, va faire construire un radeau, il va aussi aller peindre des cadavres et interroger des survivants de la tragédie de la frégate par souci de réalisme. Contrairement au « Marat assassiné » du maître néoclassique David, œuvre qui traite également d’un événement contemporain tragique, le radeau de la méduse nous met face à une tragédie en pleine action, et ne se contente pas de nous donner juste le compte-rendu. Ce tableau romantique fait jaillir en nous une émotion étourdissante, et ne peut nous laisser indifférents envers le sort funeste des victimes : la subjectivité, tant du créateur que de l’admirateur uploads/Litterature/ les-mouvements-picturaux-du-19eme-siecle 1 .pdf

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