Enseigner/apprendre à écrire en français langue étrangère : un casse-tête chino

Enseigner/apprendre à écrire en français langue étrangère : un casse-tête chinois Synergies Mexique n° 7 - 2017 p. 39-47 39 Reçu le 02-12-2017/ Évalué le 10-12-2017/ Accepté le 20-12-2017 Résumé L’expression écrite est une des habiletés traditionnelles en classe de langue étrangère. Cependant, elle semble être moins mise en pratique que l’expression orale qui est, en général, un des objectifs fondamentaux des étudiants. Quand on enquête sur l’écriture, on recueille souvent des opinions très négatives car les professeurs et les élèves ne savent pas comment l’aborder, trouvent que c’est une perte de temps, que c’est quelque chose d’ennuyeux à faire en classe. De notre côté, nous avons réalisé un projet au sein du Département de Français de l’Ecole Nationale de Langues, Linguistique et Traduction afin d’élaborer du matériel qui soit utile pour contrecarrer ces attitudes, aider à développer des stratégies d’écriture, promouvoir le travail en équipe et l’autoévaluation. Nous présenterons le pourquoi, le comment et le quoi de ce travail dans cet article. Mots-clés : écriture, université, stratégies, matériel Enseñar/aprender a escribir en FLE: un rompe-cabeza difícil de armar Resumen La expresión escrita es una de las habilidades tradicionales en clase de lenguas extranjeras. Sin embargo parece que se practica menos que la expresión oral que es, por lo general, uno de los objetivos fundamentales de los estudiantes. Cuando se llevan a cabo encuestas acerca de la escritura, a menudo se recogen opiniones negativas ya que tanto profesores como estudiantes no saben cómo trabajarla, piensan que es una pérdida de tiempo, que es algo fastidioso para el salón de clase. Por nuestra parte, realizamos un proyecto en el Departamento de Francés de la Escuela Nacional de Lenguas, Lingüística y Traducción encaminado a elaborar material que fuera útil para contrarrestar estas actitudes, para ayudar a desar­ rollar estrategias de escritura, promover el trabajo en equipo y la autoevaluación. Presentaremos el por qué, el cómo y el qué de este trabajo en este artículo. Palabras clave: escritura, universidad, estrategias, material Noëlle Groult Universidad Nacional Autónoma de México, Mexique groult@unam.mx Elsa López del Hierro Universidad Nacional Autónoma de México, Mexique emelh@unam.mx GERFLINT ISSN 2007-4654 ISSN en ligne : 2260-8109 Synergies Mexique n° 7 - 2017 p. 39-47 Teaching /learning how to write in French as SL: a complicated puzzle Abstract Writing is one of the natural skills in second language classrooms. However, it seems that it is less practiced than Speaking, which often is the students ‘acknowledged’ aim. When enquiring about writing, negative opinions are usually collected since neither teachers nor students know how to study it, they think it is a loss of time, and it is a tedious activity to be realized in the classroom. We have led a project in the French Department of the National School for Languages, Linguistics, and Translation so as to create teaching material which might be useful to fight against those attitudes, to help develop writing strategies, to promote teamwork and self-assessment. We will present why, how and what we did in this paper. Keywords: writing, university, strategies, materials Introduction Enseigner ou apprendre à écrire en langue étrangère représente un grand défi, de l’école primaire jusqu’à l’université. Face à la tâche d’expression écrite, les profes­ seurs et les étudiants se sentent démunis, sans les outils nécessaires et incapables d’arriver à bon port. Nous présenterons dans cet article une recherche réalisée, depuis 2012, au sein du Département de Français du Centre d’Enseignement de Langues Etrangères (CELE), aujourd’hui Ecole Nationale de Langues, Linguistique et Traduction (ENALLT) de l’Université Nationale Autonome du Mexique (UNAM) pour promouvoir l’écriture. Nous expliquerons les raisons qui nous ont menées à faire ce travail, le contexte où il s’est déroulé, les outils mis en place ainsi que les premières réactions des enseignants et des étudiants. Pourquoi cette recherche ? Un grand nombre d’experts en didactique de l’écrit (Fayol, 1997 ; Favart, Olive, 2005 ; Valdés, Haro, Echevarriarza, 1992 ; Hyland, 2002 ; Silva, Matsuda, 2002) ont remarqué que les professeurs de langues étrangères travaillent l’expression orale de façon prioritaire en classe. De leur côté, en général, les étudiants veulent d’abord apprendre à parler et, par contre, écrire ne les intéresse guère. Cela peut être dû au fait que les enseignants favorisent depuis déjà plusieurs décennies l’approche communicative, souvent centrée sur la communication orale, ou que les possibilités de voyager ou simplement d’entrer en contact avec des étrangers sur les réseaux sociaux sont de plus en plus nombreuses. Il ne faut pas oublier non plus que pendant très longtemps, travailler l’écrit avait comme but principal non pas de développer la créativité des apprenants mais plutôt de renforcer l’apprentissage de la langue. 40 Enseigner/apprendre à écrire en français langue étrangère : un casse-tête chinois Le fait est que nous-mêmes avons constaté tout au long de nos années d’expé­ rience comme professeurs et formatrices de professeurs que lorsqu’un collègue organise des activités d’expression écrite, l’accent est mis en priorité sur la correction de la morphologie des verbes, la syntaxe ou l’orthographe, sans prendre en considération les nouvelles théories et les recherches réalisées dans ce domaine comme le constatait déjà Krashen en 1984. Dans bien des cas, le fait qu’écrire soit une action non seulement sociale et culturelle mais aussi communicative n’est pas pris en considération, et de là, encore moins enseigné. Par ailleurs, on entend souvent dire, même si c’est sans justification réelle, que faire écrire les étudiants demande considérablement de temps, sans compter ensuite la phase de correction ; que c’est une activité ennuyeuse et difficile à mettre en place avec de grands groupes. Ces constatations ainsi que certaines intuitions quant aux difficultés ressenties par tous les acteurs en salle de classe ont été confirmées par, entre autres, des recherches réalisées pour des mémoires de maîtrise en linguistique appliquée dans notre Centre. Ainsi, Elsa López del Hierro dans son travail « Análisis de la presencia de la audiencia en mensajes cortos escritos por estudiantes de FLE » (2009) s’est penchée sur la question de « la conscience de l’auditoire » et a effectivement montré que les étudiants ne sont pas conscients qu’ils doivent penser à leur public, à qui les lira quand ils écrivent. Ils manquent totalement de stratégies de travail et d’écriture. Mis à part leur manque de savoir-faire, il est évident que les professeurs ne sont pas non plus attentifs à cette situation pour y apporter une solution. Plus récemment, Marisol de la Cruz (2016) a fait une recherche sur «Enseñanza y representaciones sociales de la expresión escrita: un acercamiento a profesores universitarios de Francés Lengua Extranjera (FLE) ». Elle a trouvé que beaucoup de professeurs enseignent la production écrite, parfois de manière inconsciente, en suivant les mêmes méthodes avec lesquelles ils ont appris. Les professeurs sujets de ce travail ont dit que les étudiants rendent souvent des travaux qui ne sont absolument pas authentiques et que l’écriture ne les intéresse pas beaucoup. Les enseignants pensent que l’origine du problème remonte aux difficultés ressenties par leurs étudiants au moment d’écrire dans leur langue maternelle car ils manquent de formation basique dans ce domaine. Cela leur donne l’impression qu’ils doivent mener leurs élèves pas à pas dans le labyrinthe de l’écriture. D’autre part, les professeurs se plaignent de la surcharge des programmes et du peu de temps alloué réellement à l’expression écrite. De ce fait, les travaux d’écriture deviennent en général des devoirs à faire à la maison. Et donc, comme 41 Synergies Mexique n° 7 - 2017 p. 39-47 le signale très justement de la Cruz, il est impossible d’observer ou d’évaluer le processus d’écriture. Dans ces conditions, comment discuter avec les étudiants sur les stratégies qu’ils utilisent pour écrire ou sur leur pertinence ? Les professeurs considèrent que s’ils demandent des textes simples, sur des sujets quotidiens, il n’est pas nécessaire de faire un plan ou de réfléchir au processus. De là que le travail de réflexion sur l’écriture et les stratégies n’apparaissent que dans les niveaux avancés. Cependant, cela entre en contradiction avec les croyances des professeurs qui affirment que l’écriture doit être abordée du plus simple au plus compliqué, dès le début de l’apprentissage et qu’elle requiert beaucoup de pratique. Cette recherche a montré que les professeurs connaissent le processus de l’écriture et l’utilisation de stratégies et qu’ils se rendent compte de l’importance et des avantages qu’écrire correctement apporte autant pour la vie professionnelle que personnelle. Finalement, ces professeurs ont des sentiments contradictoires envers l’écriture : ils lui appliquent des caractéristiques comme beauté et plaisir mais aussi torture, défi ou difficulté, entre autres. En fait, les résultats de ce travail nous ont permis de confirmer des perceptions que nous avions depuis fort longtemps quant aux représentations, idées et attitudes des professeurs de notre Département envers l’enseignement de l’expression écrite. Vu que depuis plus de trente ans, l’approche communicative a donné une place importante à la communication orale, comme nous le soulignions plus haut, le processus de l’écriture a été relégué en arrière-plan ou n’a pas du tout été pris en considération malgré son importance. Nous essaierons d’expliquer à continuation les uploads/Litterature/ groult-lopez.pdf

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