HERSTORY Textes MARIE KIRSCHEN Illustrations ANNA WANDA GOGUSEY HISTOIRE(S) DES

HERSTORY Textes MARIE KIRSCHEN Illustrations ANNA WANDA GOGUSEY HISTOIRE(S) DES FÉMINISMES SOMMAIRE Avant-propos Adelphité Afroféminisme Avortement Backlash Badass Beyoncé Bingo Black feminism Buffy Charge mentale « Crime passionnel » Culture du viol Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne Deuxième Sexe (Le) Droit de vote Écoféminisme Écriture égalitaire 7 • 8 • 9 • 13 • 18 • 21 • 23 • 23 • 25 • 31 • 32 • 34 • 38 • 43 • 46 • 54 • 60 • 66 • 71 • 72 • 77 • 78 • 80 • 82 • 84 • 85 • 93 • 96 • 101 • 105 • 107 • 108 • 114 • 117 • 122 • 125 • 126 • « Féminazie » Féminicide Féminisme Féminisme blanc Féminisme matérialiste Gaslighting Gender mainstreaming Genre Gouines rouges Grossophobie Harcèlement de rue Harcèlement sexuel Herstory Hymne des femmes Intersectionnalité Journée internationale des droits des femmes La Fronde Lesbophobie Male gaze 134 • 137 • 139 • 146 • 148 • 151 • 154 • 155 • 161 • 164 • 166 • 170 • 176 • 177 • 183 • 186 • 188 • 191 • 195 • 198 • 206 • 208 • 209 • 212 • 215 • 221 • 225 • 229 • 230 • 232 • 234 • 241 • 242 • 248 • Mansplaining (ou mecsplication) Manspreading Masculinisme Masculinités Menace lavande #MeToo Misogynoir MLF (Mouvement de libération des femmes) « Ne suis-je pas une femme ? » (“Ain’t I A Woman? ”) #NiUnaMenos Non-mixité Not all men Notre corps, nous-mêmes (Our Bodies, Ourselves) Parité Pensée straight (La) Plafond de verre Planning familial Première, deuxième et troisième vagues Prostitution Riot grrrl Sexisme Sexisme bienveillant Slogans Soutien-gorge (brûler son) Suffragettes Syndrome de la Schtroumpfette TERF Transféminisme Trigger Warning Vêtements Viol Womanism Wonder Woman Bibliographie « L’une des phrases les plus tristes que j’aie entendues au cours de mes déplacements est : “Je ne suis pas assez savante pour être féministe”, voire : “Je ne suis pas assez intelligente pour être féministe.” Cela me fend le cœur. » — Gloria Steinem, Ma vie sur la route. • 7 • AVANT-PROPOS Aujourd’hui, « le féminisme est tendance », entend-on un peu partout... Mais tout à la mode qu’il soit, le féminisme reste encore, pour beaucoup de personnes, une terra incognita. Que connaît-on réellement de son histoire ? Simone de Beauvoir, bien sûr. Olympe de Gouges peut-être. Le MLF, éventuel lement, mais combien de noms de militantes ayant participé à ce mouvement peut-on citer ? Ou de suffragistes françaises du XIXe siècle, dont les combats ont permis aux femmes d’aujourd’hui de pouvoir voter ? Sait-on de quand date le mot « féminisme » ? Et qu’il faudrait plutôt parler de « féminismes », tant ces mouvements ont été, et sont toujours, riches et protéiformes. Depuis des décennies, et même des siècles, les féminismes ont été décriés et moqués. Les femmes bataillant pour l’égalité des droits seraient des hystériques, des castratrices se victimisant et victimisant toutes les femmes au passage (inutile de dire que ce n’est pas avec cette attitude qu’elles vont se trouver un mari...). Conséquence directe de cet achar- nement antiféministe : les femmes portant ces combats ont eu du mal à accéder à la parole publique. Ridiculisées ou invisibilisées, elles sont quasiment absentes de nos cours d’histoire. Comment des mouvements ayant complètement révolutionné nos sociétés peuvent-ils être aussi peu racontés ? Adolescente, quand j’ai commencé à m’intéresser aux féminismes, j’ai eu le sentiment qu’on m’avait volé cette histoire – le mot n’est pas trop fort. Je m’identifiais à ces femmes qui ont combattu pour mes droits, mais je n’avais pas accès à leurs vies, qui étaient comme recouvertes d’un épais brouillard. En menant mes propres recher- ches, en fouillant et défrichant, de livre en livre, j’ai découvert des histoires incroyables qui, pour moi, ont tout changé. Herstory vous propose une grande balade dans l’histoire des féminismes, à travers ses grands termes et ses mots-clés. Des mots français, mais aussi des expressions anglophones pas- sées dans le langage courant des féministes en France. Qu’est-ce qui se cache derrière « l’adelphité », le « womanism » ou encore le « male gaze » ? Dans quelles circonstances a été créé le terme « mansplaining » ? Pourquoi parle-t-on de « sexisme bienveillant » ou de « menace lavande » ? Nous espérons que, pour vous aussi, le récit de ces histoires absolument incroyables changera tout. ✖ • 8 • Adelphité ET SI NOTRE DEVISE NATIONALE N’ÉTAIT PLUS EXCLUANTE ? Trois mots figurent fièrement sur tous les frontons des bâtiments publics de France : « Liberté, Égalité, Fraternité ». Le troisième, dérivé du mot latin signifiant « frère », nous invite à faire partie d’une nation de frères, solidaires les uns des autres. Oui, mais… et les sœurs alors ? Ne faisons pas semblant de croire que le masculin est neutre : à l’époque où la formule apparaît, lors de la Révolution française, les femmes n’ont pas le droit de vote et sont effectivement exclues de la citoyenneté active ! C’est bien une Républi- que de frères qui est en train de se cons- truire, tandis que les femmes sont renvoyées à la sphère privée. Comment corriger cette formulation qui, symboliquement, porte toujours la trace de l’exclusion ? Le terme « sororité », qui désigne le lien unissant des sœurs, serait à son tour excluant pour une partie de la popu- lation. Les féministes Florence Montreynaud puis Réjane Sénac suggèrent le terme d’adelphité, formé à partir de la racine grecque adelph, qui désigne les enfants issus d’une même mère − qu’il s’agisse de filles ou de garçons. De la même manière, de plus en plus de personnes proposent de remplacer « droits de l’Homme » par « droits humains ». Utiliser le terme masculin pour désigner l’ensemble des hommes et des femmes n’est pas neutre et, comme pour la fraternité, la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » adoptée en 1789 ne s’appliquait pas aux femmes. Alors pourquoi garder aujourd’hui cette formulation datée ? ✖ • 9 • Afroféminisme UN FÉMINISME PAR ET POUR LES FEMMES NOIRES En France, ces dernières années, de plus en plus de jeunes femmes noires discutent − et se réclament − de l’afro- féminisme. L’usage de ce terme se multiplie sur Twitter, au sein de la blogosphère féministe et dans les médias qui, curieux, se sont intéressés à ces nouvelles militantes, engagées dans les combats contre le sexisme et le racisme, et très critiques du féminisme majoritaire. Le renouveau afroféministe Si le courant de pensée dans lequel l’afroféminisme s’inscrit n’est pas nouveau, le mot a gagné en visibilité depuis 2013. Des jeunes femmes noires ouvrent des blogs où elles se passionnent pour l’histoire de leurs aînées ou dénoncent la misogynoir. Citons notamment Ms. DreydFul, Laura Nsafou et son blog Mrs Roots, Many Chroniques, Kiyémis, The Economiss, Po Lomami du blog Equimauves ou encore les chaînes YouTube de Naya Ali ou Elawan. Les afroféministes sont également très présentes sur Twitter, où elles n’hésitent pas à interpeller les médias ou personnalités coupables de remarques discriminatoires. À l’intersection du racisme et du sexisme, elles analysent les préjugés dont elles sont victimes et dénoncent la domination blanche dans les discours féministes. Cette nouvelle vague est bien sûr facilitée par Internet : les afroféministes n’ont plus besoin d’attendre que les médias veuillent bien s’intéresser à ces sujets pour accéder à la parole publique. Ce mouvement est visibilisé en 2017 par le très beau documentaire Ouvrir la voix d’Amandine Gay, dans lequel la réalisatrice interroge 24 femmes afro-descendantes. • 10 • Un féminisme afropéen De plus en plus utilisé, le terme « afroféministe » est, cepen- dant, parfois mal compris par le grand public : il ne s’agit pas d’un féminisme qui serait « africain » mais bien de la réflexion menée par les militantes afropéennes (c’est-à-dire les femmes afro-descendantes vivant en Europe) − ce qui n’empêche pas certaines militantes de se réclamer du pana fricanisme et de cultiver des alliances avec les féministes africaines. Autre idée reçue : l’afroféminisme viendrait des États-Unis. Même s’il existe des liens entre le Black feminism états-unien et l’afroféminisme européen, ils ont chacun leur spé cificité. Alors que les penseuses états-uniennes questionnent l’impact de l’esclavage dans leur pays, les afropéennes vont particulièrement travailler sur l’histoire de la colonisation et développer un féminisme « décolonial ». Les afroféministes s’inspirent de féministes noires d’Europe, des Antilles ou de La Réunion, injustement snobées par nos livres d’histoire. Comme les sœurs Paulette et Jane Nardal, femmes de lettres martiniquaises, pionnières d’une conscience féministe noire, qui ont tenu à Paris dans les années 1920 un salon littéraire ayant permis l’émergence du courant littéraire et politique de la négritude. Comme Suzanne Césaire, cofondatrice en 1941 de la revue Tropiques. Ou encore comme la députée communiste Gerty Archimède qui a créé l’Union des femmes guadeloupéennes dans les années 1950. Des collectifs invisibilisés S’il n’y a pas eu de uploads/Litterature/ herstory-une-histoire-des-feminismes.pdf

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