Y ves Perrousseaux HISTOIRE de L’ÉCRITURE TYPOGRAPHIQUE Le xviiiesiècle, tome i

Y ves Perrousseaux HISTOIRE de L’ÉCRITURE TYPOGRAPHIQUE Le xviiiesiècle, tome i/ii © Atelier Perrousseaux éditeur, 2010 ISBN 978-2-911220-24-1 Du même auteur: Règles de l’écriture typographique du français isbn 978-2-911220-28-9 Mise en page & impression, notions élémentaires isbn 2-911220-01-3 Histoire de l’écriture typographique volume I: De Gutenberg au xviie siècle isbn 2-911220-13-7 Histoire de l’écriture typographique volume II: Le xviiie siècle, tome I/II isbn 978-2-911220-24-1 Histoire de l’écriture typographique volume III: Le xviiie siècle, tome II/II isbn 978-2-911220-34-0 En préparation: Histoire de l’écriture typographique volume IV: Le xixe siècle Une collection dirigée par David Rault ADVERBUM SARL www.perrousseaux.com www.adverbum.fr Collection publiée avec le concours financier de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur HISTOIRE de L’ÉCRITURE TYPOGRAPHIQUE Le xviiie siècle, tome i/ii Frontispice de Sämtliche Papierversuche du pasteur Jacob Christian Schafers, publié en 1772 à Regensburg. Gravure sur cuivre représentant les diférentes phases de la fabrication du papier à la forme. Cet ouvrage est consacré à la recherche de végétaux fibreux aptes à remplacer les vieux linges de lin et de chanvre blancs dont l’approvisionnement devenait insujsant pour satisfaire la demande croissante du papier en Europe. Le pasteur Schaffers semble être le premier chercheur ayant étudié ce problème, mais il a fallu attendre presque un siècle pour obtenir une pâte mécanique issue des arbres. HISTOIRE de L’ÉCRITURE TYPOGRAPHIQUE Yves Perrousseaux Le xviiiesiècle, tome i/ii Table des matières Introduction, page 8 Le Romain du roi, 12 Joseph Moxon (1627-1691), Mechanick Exercises, or the Doctrine of Handy-works applied to the Art of Printing, 40 Première pause: les écritures réalisées au pochoir, 48 Martin-Dominique Fertel (1684-1752), La Science pratique de l’imprimerie, 78 Prosper Marchand (1675-1756), Histoire de l’origine et des premiers progrès de l’imprimerie, 100 L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, 106 Deuxième pause: Denis Diderot (1713-1784), les lettres de privilège pour l’impression, 126 Pierre-Simon Fournier le jeune (1712-1768), 138 Composer avec des vignettes à combinaisons, 174 William Caslon (1692-1766), 208 Remerciements, 233 Bibliographie, 224 Index général et typographique, 237 7 Les formes d’écriture révèlent l’esprit propre à chaque siècle; elles sont le reflet des connaissances et acquisitions d’une époque. L’Histoire de l’écri- ture typographique a comme but de raconter l’évo- lution de cet outil ingénieux qu’est la typographie. J’entends par ce mot aujourd’hui non seulement la création de caractères nouveaux, mais égale- ment l’utilisation de ceux-ci pour composer du texte, y compris sur l’écran de son ordinateur. Ce patrimoine culturel (si mal connu, en France du moins) concerne la transmission des connais- sances par le texte, quelle que soit sa destination inale: impression, Web, signalétique, etc. Le premier volume couvrant la période de Gutenberg jusqu’au milieu du xviie siècle, je pen- sais naïvement que le volume suivant traiterait des xviiie et xixe siècles. C’était sans bien prendre conscience que plus nous nous approchons de notre époque, plus il se passe de choses et plus nous avons de documents pour en rendre compte. Tant et si bien que ce volume II est loin de couvrir tout le xviiie siècle, mais quel siècle fabuleux. Par rapport au premier volume, celui-ci comporte un plus grand nombre de reproductions à la taille réelle, souvent pleine page, parfois double page, de façon à ce que le lecteur goûte au mieux les exemples montrés. C’est un souhait unanime- ment exprimé. Le premier tome était imprimé en noir (plus une couleur d’accompagnement) pour la bonne raison qu’entre le xve et le xviie siècle la quasi-totalité des livres était imprimée en noir seul. Avec ce volume II, nous passons en quadri- chromie car certains sujets le demandent. Dans la rédaction d’un certain nombre de légendes, voire de notes, j’ai conservé le principe d’informations majeures que l’on ne retrouve pas forcément dans le corps du texte principal. D’autre part, l’Histoire de l’écriture typographique est conçue pour former un ensemble ordonné. C’est pour cette raison qu’il est parfois nécessaire de renvoyer le lecteur à certaines informations igurant dans le volume précédent, pour faciliter la compréhension de certains sujets. Le contenu de l’ouvrage suit au mieux la chrono- logie, bien que diférents sujets se chevauchent forcément. J’ai conservé le principe des «pauses» qui sont des chapitres qui s’écartent quelque peu du sujet de l’ouvrage, mais qu’il n’est pas inutile de connaître pour parfaire sa culture typogra- phique, au sens large. Je suis convaincu que pour se faire un bon bagage sur l’histoire de la typo- graphie (et du monde du livre d’une façon plus générale), il n’est pas inutile de connaître, en plus, tel ou tel sujet connexe de façon à l’incorporer dans une rélexion globale. Par exemple, c’est dans ce sens que j’ai réalisé la deuxième pause consacrée aux «lettres de privi- lège pour l’impression», texte écrit par Denis Diderot en 1763, et que je l’ai placé juste à la suite du chapitre consacré à l’Encyclopédie dont il assu- rait alors la direction. Ce texte remarquable est fondateur, dans ce sens qu’il est le premier à avoir complètement exprimé les raisons d’être de la protection du travail des auteurs et avoir proposé des façons de la faire appliquer (du moins en fonc- tion du contexte du xviiie siècle). Il se trouve, en fait, être l’ascendant du droit d’auteur et du copyright de notre époque, remis en question aujourd’hui par le piratage des œuvres de l’esprit via Internet, qu’il s’agisse d’œuvres littéraires (voire de livres entiers, et ça débute par la photo- copie illicite), musicales ou de création de carac- tères typographiques. E Avec le premier chapitre, consacré au «Romain du roi», nous assistons à un changement radical dans le dessin de la lettre d’imprimerie: pour la première fois, près de 250 ans après Gutenberg, celui-ci n’est plus construit en fonction du «geste de la main», c’est-à-dire d’un ductus autrefois cal- ligraphique qui nécessite un axe oblique de la répartition des graisses de la lettre incliné à gauche, mais en fonction d’une grille géomé- trique, déconnectée de la survivance de ce ductus et qui permet un axe vertical, ou quasi vertical. Les caractères typographiques quittent la famille des Garaldes (selon la classiication des caractères Vox-Atypi, 1962) et ouvrent celle des Réales qui se développeront dans le courant du xviiie siècle. Mais paradoxalement, si ce Romain du roi est le résultat de la volonté de se séparer de l’in- luence du tracé calligraphique humanistique tra- ditionnel des lettres, ses modèles se trouvent dans l’œuvre de maîtres d’écriture renommés qui vivaient au xviie siècle, notamment Nicolas Jarry, Louis Senault et Louis Rossignol pour son romain, et de Jean-Baptiste Alais de Beaulieu ils pour son italique. 8 Introduction Depuis son invention au milieu du xve siècle, le tracé des lettres typographiques s’est toujours inspiré, de génération en génération, de celui des lettres calligraphiées alors en usage. Du temps des prototypographes, il s’agissait de concevoir des types imitant au plus près les écritures manus- crites du temps, car le livre imprimé n’avait comme raison d’être que de reproduire indus- triellement le livre manuscrit, voire d’en faire des fac-similés. C’est pourquoi, ce n’est pas par hasard si les premiers types de Gutenberg sont des gothiques Textura; c’est simplement parce que cette écriture était à l’époque celle qui était tradi- tionnellement utilisée pour les sujets religieux, principalement la reproduction des Écritures, et sa Bible à 42 lignes n’aurait pas pu être composée dans une écriture autre. Cela aurait été incompris. La question, d’ailleurs, ne se posait même pas. Avec le temps, le tracé des lettres typographiques évolue forcément, et à leur tour les calligraphes s’inspirent de ces nouvelles formes. Dans le cou- rant du xvie siècle, la typographie romaine prend le pas sur la typographie gothique et atteint son épanouissement dans les créations de Claude Garamont, Robert Granjon et Jean Jannon, du moins en ce qui concerne la France, mais notre pays tenait alors le haut du pavé, succédant dans ce domaine à l’Allemagne puis à l’Italie, qui avaient eu auparavant leur époque de gloire. C’est ainsi qu’à leur tour certains calligraphes renommés s’inspirent du tracé des Garaldes, mais ils les modiient quelque peu: c’est sûr que l’écri- ture que Jarry utilise, pour les précieux ouvrages qu’il calligraphie pour le Cabinet du roi, est d’ins- piration garalde, mais d’inspiration seulement car elle comporte déjà des caractéristiques pertinentes que le Romain du roi va reprendre à son compte, principalement dans son romain, comme l’axe vertical de la répartition des graisses entre les pleins et les déliés, ainsi qu’une géométrisation systématique des formes. L’interaction au cours du temps entre la calligra- phie et la typographie n’est pas bien connue dans le monde de la typographie. Moi-même, je n’en ai vraiment pris conscience qu’en réalisant cet ou- vrage, aidé en cela par des spécialistes qui ne sont pas typographes mais chercheurs en université. C’est pourquoi j’ai consacré un chapitre entier à ce sujet, sous la forme de la troisième pause, pré- mices d’un développement conséquent qui pour- rait faire l’objet d’un ouvrage particulier. Si la construction du Romain du roi, permise par l’Académie royale des sciences dans le courant de la dernière décade du xviie siècle, a abouti, j’ai voulu également montrer dans ce chapitre que ce uploads/Litterature/ histoire-de-lecriture-typographique-tome-2-le-xviiie-siecle-by-yves-perrousseaux.pdf

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