www.comptoirlitteraire.com André Durand présente Christiane ROCHEFORT (France)
www.comptoirlitteraire.com André Durand présente Christiane ROCHEFORT (France) (1917-1998) Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres qui sont résumées et commentées (surtout ‘’Le repos du guerrier’’ et ‘’Les petits enfants du siècle’’). Bonne lecture ! 1 Née le 17 juillet 1916, à Paris, dans un quartier populaire (le XIVe arrondissement), elle a, très jeune, commencé à écrire des poèmes, influencée d’abord par les surréalistes dont, cependant, elle refusa vite l’esthétique qui lui sembla trop souvent dévaloriser la femme. Puis elle s'est amusée à peindre, dessiner, sculpter, faire de la musique, tout en poursuivant des études désordonnées entre la médecine (psychiatrie) et la Sorbonne (ethnologie-psychologie, sans même essayer de préparer l'agrégation), à écrire pour son plaisir, et, pendant le temps qui restait, à essayer de survivre en donnant des cours, en travaillant dans des bureaux, en faisant du journalisme de cinéma. Elle a été attachée de presse au festival de Cannes jusqu'en 1968, année où elle a été renvoyée pour sa liberté de pensée. Elle collabora avec Henri Langlois à la Cinémathèque française qu’elle quitta avec lui lors de son affrontement avec André Malraux, alors ministre de la culture. On ne sait à quel moment elle s’était mariée, mais elle divorça pour préserver sa liberté d’écrire. Tout en poursuivant une activité artistique et en participant de façon militante aux luttes des femmes, cette Parisienne petite, menue, aux cheveux courts, au regard très clair, publia régulièrement : _________________________________________________________________________________ “Le démon des pinceaux” (1953) Recueil de nouvelles _________________________________________________________________________________ “Le fauve et le rouge-gorge” (1955) Recueil de nouvelles _________________________________________________________________________________ “Cendre et or” (1956) Recueil de nouvelles _________________________________________________________________________________ ‘’Une fille mal élevée’’ (1957) Roman Commentaire Il fut publié sous le pseudonyme de Dominique Féjos. _________________________________________________________________________________ ‘’Tes mains’’ (1958) Roman Commentaire Il fut publié sous le pseudonyme de Dominique Féjos. _________________________________________________________________________________ 2 “Le repos du guerrier” (1958) Roman de 240 pages La narratrice déclare, dans les premières lignes, qu’elle a remporté «une victoire chèrement acquise» en quittant Renaud. Puis elle raconte son histoire. S’appelant Geneviève Le Theil, elle était une jeune bourgeoise parisienne «bon chic bon genre», douée d'une personnalité solide, connaissant le bonheur, assez intelligente pour conduire des affaires, indépendante financièrement grâce au riche héritage d’une tante pour lequel elle était venue. Avant de voir son avocat, elle descendit dans un hôtel où, se trompant de chambre, elle tomba sur un jeune homme agonisant qui venait juste de prendre une forte dose de barbituriques. Le suicidé, sauvé par cette erreur, fut conduit à l’hôpital où il reprit conscience. Geneviève rendit visite à ce Renaud Sarti et, comme il ne savait où aller, il la persuada de rester avec lui. Pourtant, il ne lui plaisait point, elle ne le trouvait pas beau, il n'était pas son genre ; elle aurait été seulement fascinée par ses larges mains. Cependant, ils passèrent une nuit dans la maison dont elle venait d’hériter. Et, grâce à lui, elle découvrit le plaisir sexuel. Elle revint donc à Paris avec lui et il s’installa dans son appartement, restant couché sur son lit (qui était devenu sa niche), passant son temps à lire des romans policiers, à fumer cigarette sur cigarette et à boire le whisky qu'elle lui achetait. Il était en effet un alcoolique, un buveur profond, enfermé dans son propre monde, se présentant comme un être désespéré, tourmenté, mais pourtant très bavard (tout en refusant de se dévoiler), très exigeant, soucieux de la seule satisfaction de ses besoins. Comme ils étaient comblés, il profitait en parasite sans scrupule de l’aisance financière de sa maîtresse. Elle prit soin de s’isoler avec lui, en esquivant les relations avec sa mère et en rompant avec son fiancé. Elle éprouvait pour lui un «amour aveugle», une passion qui était sa raison d'être, tandis que lui, qui, après tout, ne lui avait rien demandé, disait ne pas l'aimer, ne pas croire à l'amour, rejetait même ce mot avec violence et cynisme, affirmant : «Je démontrerai que l'amour n'existe pas», concédant avec cynisme : «Il y a un Renaud qui t'aime, et un qui te déteste. La vérité est que je déteste celui qui t'aime.», disant bien savoir qu’elle était mue avant tout par l'appétit sexuel et voulant qu'elle l'admette, se montrant même incapable de montrer son appréciation de tout ce qu’elle faisait pour lui. L’indifférence envers elle de cet être qu’elle savait indigne d’elle la rendait folle. Mais elle voulait le changer, l'aider, le sauver, faire de lui un homme convenable et respectable. Si vivre avec lui était pénible, vivre sans lui était impossible. Aussi devint-elle son esclave, se conduisit-elle comme lui, buvant («Je ne refusais plus de boire avec lui : c'était toujours cela de moins. Moi, je ne risquais pas d'attraper la maladie, je la haïssais trop.»), fumant et dormant à des heures anormales, faisant abstraction d’elle-même («J'avais oublié depuis longtemps mon visage... Je ne me regardais plus que dans Renaud.»), partageant même ses cauchemars («des rêves sortis d'une cervelle malade et tourmentée»). Même si leurs besoins étaient si différents «qu'ils se dirigeaient vers des cimetières différents», il l’entraînait vers son univers à lui, un univers glauque dans lequel rien n'avait vraiment d'importance, puisque de toutes façons c'était le monde dans son ensemble qui lui paraissait foncièrement immoral (il était obsédé notamment par le souvenir d'Hiroshima). Il la poussa même à un libertinage triste. Il la maltraitait au point qu’elle ne faisait rien pour se protéger ou se défendre : «Qu'il me frappât, cela va sans dire. Des gifles surtout. Il aimait me gifler au visage... je ne protégeais même pas mon visage : je n'avais pas le réflexe. Il fallait tout prendre... je n'avais qu'à recevoir. J'étais de plus en plus anesthésiée, je ne sentais quasiment rien.» Elle était tombée dans un piège : si elle ne lui fournissait pas à boire, il partirait, ce qu’elle ne pourrait jamais accepter ; si elle lui en fournissait, il resterait mais elle aurait à subir sa violence. Or il lui arrivait de disparaître sans se préoccuper de l'inquiétude qu'il pouvait susciter. Elle accepta longtemps toutes ses humiliations et infidélités. Mais, n'étant pas accoutumée à une telle vie, elle se fatiguait, s’affaiblissait. Un jour où il était ainsi parti parce qu'il ny avait plus rien à boire, elle souffrit une fois de plus, s'en tint une fois de plus responsable («Je l'avais abandonné délibérément, et voilà ma punition... oui j'étais seule.»), voulut une fois de plus aller le chercher, le ramener à la maison comme le ferait une bonne 3 mère pour son enfant. Mais elle n'en eut plus la force : «Quelque chose me clouait au lit ; mon propre poids... J’étais devenue très lourde. Cette fois, je reconnaissais ma faiblesse.» À son retour, ulcérée, elle craqua, le chassa. Il partit sans protester et elle, cherchant un secours dans l’alcool («J'achetai du whisky... je bus tout un grand verre de whisky... je bus un second verre et la tête me tourna...»), tomba «dans le désespoir» et dans la maladie : un ami médecin diagnostiqua une tuberculose. Avant d'être hospitalisée, elle laissa un mot à Renaud, l'informant de son état. Mais sa meilleure amie subtilisa le message, et Renaud ignora donc qu’elle était très malade. Quand, par une suite de circonstances, il l’apprit, il vint la voir à l’hôpital. Il lui avoua alors son amour pour elle, lui demanda pardon : «Ton amour, c'est encore toi. Alors par quel transfert psychique vaseux me sentais-je encore plus seul sans toi? Réponse : je n'étais pas si complet que je croyais, j'avais attrapé une dépendance, je m'étais affaibli. Il y avait en moi un enfant perdu. Le fait était que je souffrais de ton abandon ; souffrance qu'aggravait le besoin d'alcool... j'avais faim, j'avais soif, je cherchais Geneviève, je voulais Geneviève....Jean-Renaud pleurait.» Il consacra alors son énergie à défaire le mal qu'il avait fait, à la protéger («Dès que je te vois en plein soleil, je me mets à souffrir... Je ne veux pas qu'il t'arrive du mal.» - «S'il me voyait marcher au soleil, il m'arrachait et de force me fourrait à l'ombre»), à la soigner («Il avait donc ses limites. Devant la mort, il s'était arrêté»). Quant à elle, elle trouva encore au fond d'elle-même de l'amour pour lui : «Je le remerciai de m'avoir fait jouir si bien, et pour ainsi dire jusqu'au bout.» Elle pensait qu'elle allait mourir, que Renaud avait réussi finalement à la tuer. Mais elle se rétablit et ils partirent en vacances en Suisse, en Italie, puis sur la Côte d'Azur. Ils y retrouvèrent un ami de Renaud, Katov, un sculpteur à succès, et sa maîtresse, Rafaele. Enfantine, légère, détachée de tout, sauf du jeu et du rêve, elle comprit immédiatement Renaud à demi-mot. Elle non plus ne croyait pas à grand-chose et jouait sa vie, sans la prendre au sérieux. Une complicité s'établit donc rapidement entre eux, et Renaud cessa même de boire. Ils partaient sans cesse dans des délires poétiques, desquels étaient exclus les autres, et naturellement Geneviève qui découvrit alors un Renaud cultivé, féru de musique, complètement différent uploads/Litterature/ 272-rochefort-christiane.pdf
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- Publié le Mai 22, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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