Homélie des obsèques du P. Philippe MARNIQUET. lundi 30 juin 2014, Eglise Saint
Homélie des obsèques du P. Philippe MARNIQUET. lundi 30 juin 2014, Eglise Saint Maurice. Textes : Première lecture : 1 Jn 4, 7-16. Evangile : Mt 11, 25-30. Vendredi dernier, en la fête du Sacré-Cœur de Jésus, au lendemain du décès de Philippe, la liturgie nous a donné d’entendre ces textes, qui se sont naturellement présentés pour cet adieu à Philippe. Car ils introduisent au cœur même de l’amour de Dieu, et c’est là qu’aimait se situer Philippe. Au cœur même de l’amour, au cœur de cette foi qui invite à connaître le Père en s’attachant au Fils, et par là entrer dans la communion trinitaire pour demeurer dans l’amour. Tel est le chemin du disciple, cet attachement au Christ ressuscité pour vivre de lui et suivre sa route. Aller vers le Père en passant par le Fils est le chemin de la Révélation, chemin exigeant quand on est, comme Philippe, féru de cette philosophie grecque qui cherchait la vérité sans connaître le Christ, qui s’approchait de l’Un sans connaître Celui qui est le chemin. Philippe avait cette soif intellectuelle de comprendre, il ne cessait de lire pour entrer davantage dans le mystère de Dieu ou la compréhension du monde et de l’Eglise. Philippe sans livre, ce n’est pas pensable. A table, souvent, il évoquait ses lectures… Il était aussi bédéphile, heureusement, tintinophile averti, c’est rassurant. Mais déménager sa bibliothèque, c’était du sport ! Cette soif intellectuelle l’a mis de plein pied avec le monde enseignant et le monde étudiant, localement ou même au niveau national. Très vite son ministère, à côté des paroisses, fut vers ce monde des jeunes, jusqu’aux JMJ de Paris qui furent le point d’orgue de cet apostolat. Qui se souvient de ce café sans alcool près du lycée Roosevelt quand il en assura l’aumônerie ? Oui, Philippe n’était pas qu’un doux rêveur, il s’impliquait dans la fraternité, les combats humains, il se voulait homme d’Eglise et frère. Car une soif intellectuelle, comme le dit Saint Paul, serait vaine s’il n’y avait l’amour. Et l’amour n’est pas d’abord ce sentiment que nous éprouvons, mais notre héritage ; non seulement cet apprentissage au sein d’une famille nombreuse, mais surtout l’héritage de la Révélation : « Voici à quoi se reconnait l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils qui est la victime offerte pour nos péchés. » L’amour, pour Philippe comme pour nous s’enracine là. Où puiser la force d’aimer si ce n’est dans la rencontre du Christ, dans sa Parole, dans la prière, dans les sacrements ? J’en fus témoin quand, arrivant à la Maison Saint-Martin, Philippe voulait retrouver tout de suite son bréviaire ; ou ce jour où j’ai senti que je le dérangeais : il avait rendez-vous avec son confesseur. Ou encore dernièrement, un confrère venu le voir alors que la maladie faisait son œuvre et l’enfermait, qui a dit la prière du « Notre Père » à laquelle Philippe a répondu « Amen ». Oui jusqu’au bout, la prière a été présente à sa vie. Mais vous-même en avez été témoins, à l’aumônerie de l’hôpital, dans les diverses équipes ou groupes qu’il accompagnait – je n’ose les évoquer, je risquerais d’en oublier, mais ils était nombreux, Philippe étant plus à l’aise dans ce ministère d’accompagnement que dans la conduite paroissiale- : ce goût de la Parole de Dieu qu’il aimait partager, qu’il rendait accessible même à ceux éloignés de l’Eglise ou aux frontières (aujourd’hui on parlerait de périphéries). Car Philippe était un pécheur d’homme qui jetait son filet vers tous, un passionné de l’Eglise, et sous ses côtés originaux, sous ses aspects indépendants, un prêtre obéissant. Cet amour s’est vécu fortement dans ce service de l’aumônerie des hôpitaux et des maisons de retraite, dans ce lieu de visitation, avec les équipes d’aumônerie et les personnels soignants. Je voudrais simplement là citer un témoignage de l’aumônerie de l’hôpital : « Avec quelle délicatesse et humanité tu vivais ces instants-là ; tu étais porteur d’espérance pour ceux qui allaient nous quitter, mais aussi pour leurs proches… Pour toi, la souffrance et la mort de l’être humain ne pouvaient se comprendre qu’en référence aux souffrances, à la mort et à la résurrection de Jésus, le Christ. Tu avais le souci de donner cette formation aux équipes de bénévoles… Restera la mémoire des journées à Notre-Dame de l’Epine, où la mission était confrontée à la Parole de Dieu… Combien de Km as-tu parcouru, combien de paires de chaussures as-tu usées, tu étais un marcheur infatigable. Tu nous rappelais cette parole de Saint Jean de la Croix : « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour. » C’est pour cet amour, dont tu as été témoin, que nous prions le Seigneur de te conduire à la demeure qu’il a préparée pour toi. » Chacun ici a en mémoire une réflexion, un bon mot, une blague, une parole biblique éclairée, ou l’image de Philippe trottinant dans les couloirs ou sur les trottoirs, ou attendant le bus, sa sacoche en bandoulière, la tête ailleurs ou le sourire aux lèvres, avenant, allant vers l’un, vers l’autre… Ou alors, ces derniers temps, un visage plus fermé alors qu’ il communiait malgré lui à la passion du Christ, à la passion de ceux qu’il a accompagnés pendant 15 ans. Une vie nous est donnée à contempler avec le regard de Dieu pour y déceler l’œuvre de son amour. Que tout cela monte vers le Seigneur comme une prière en ce jour, un action de grâces pour ses bienfaits. « Devenez mes disciples, dit Jésus, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. » Bon repos, Philippe, dans l’espérance joyeuse de la résurrection. uploads/Litterature/ homelie-des-obseques-du-p-philippe-marniquet.pdf
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- Publié le Jul 09, 2021
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