Introduction : la petite histoire des hormones i Introduction : La petite hi
Introduction : la petite histoire des hormones i Introduction : La petite histoire des hormones On vise, on tire... mais la cible, c’est quoi au juste ? Il était une fois... les géants pharmaceutiques Searle, Up- john et Wyeth-Ayerst, qui décidèrent de retenir les services d’un dénommé Robert A. Wilson, M.D., pour écrire un livre dans le but de faire valoir les vertus de la supplémentation en œstrogène pour les femmes ménopausées. Le message du livre qu’écrivit le docteur Wilson fut essentiellement le sui- vant : « à la ménopause, les femmes qui ne prennent pas de suppléments d’œstrogène sont condamnées à devenir laides et à mourir prématurément. » Évidemment, les femmes n’ont pas du tout apprécié l’idée qu’elles pouvaient ratatiner et mourir avant leur temps à cause d’un manque d’œstrogène, et leurs médecins ne voulaient pas être respon- sables d’une telle catastrophe. Cette stratégie des laboratoi- res pharmaceutiques a bien fonctionné : le nombre des or- donnances d’œstrogène oral dont ce laboratoire détenait le brevet d’invention s’est mis à grimper sans relâche. Malheu- reusement, le docteur Wilson avait négligé de mentionner un détail : il n’y avait pas tellement de recherche prouvant les présumés bienfaits de l’œstrogène oral, surtout des œstrogè- nes provenant d’une autre espèce (l’urine de jument gravide représentait la majorité des œstrogènes prescrits). Ce qui ressort de cette histoire c’est que ce sont les laboratoires pharmaceutiques qui ont pris les devants pour faire accepter les thérapies hormonales de substitution (THS) dans les an- La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! ii nées 60, et les médecins leur ont volontiers emboîté le pas. C’est un cas classique faire feu avant même d’avoir une ci- ble clairement en vue. Après avoir prescrit aux femmes des doses assez éle- vées d’œstrogènes non bio-identiques pendant un certain temps, nous avons découvert que cette approche avait en- traîné une augmentation des risques de cancer de l’endomètre (la membrane qui tapisse l’intérieur de l’utérus). Nous aurions eu la possibilité, à ce moment-là, de prendre un certain recul et d’évaluer ce que nous faisions. Nous pourrions avoir ajouté de la progestérone, l’hormone produite naturellement par les ovaires pendant le cycle menstruel, pour contrebalancer l’effet stimulant des œstro- gènes équins. Nous aurions pu nous poser des questions sur le bien-fondé d’administrer des œstrogènes de cheval à des humains. Nous aurions pu nous demander si c’était une bonne idée d’avaler les hormones, qui normalement sont déversées dans le sang directement à partir des glandes telles que les ovaires. Au lieu de cela, nous avons retenu l’usage de l’œstrogène équin, et ajouté l’acétate de mé- droxyprogestérone (MPA), une molécule synthétique et bre- vetable, qui est semblable mais non identique à la progesté- rone que fabrique notre corps. Bien sûr, le MPA fonctionne pour éviter une surstimulation de l’endomètre pouvant me- ner au cancer, mais en rétrospective, c’était probablement le pire partenaire pour l’œstrogène équin, tel nous le verrons plus loin. Le temps a passé et les ventes ont continué de grimper. Le Premarin® (œstrogènes conjugués provenant de l’urine de juments gravides) devint le médicament d’ordonnance le plus vendu en Amérique du Nord, et la thérapie hormonale de substitution (THS) est devenue une industrie rapportant des sommes faramineuses aux sociétés pharmaceutiques. Introduction : la petite histoire des hormones iii Dans le monde de la recherche, des nuages apparaissaient cependant à l’horizon, mais peu de médecins y portaient at- tention. Les unes après les autres, les études montraient que l’œstrogène oral était probablement associé à une augmenta- tion faible mais certaine du cancer du sein, et que l’addition du MPA au cocktail d’hormones augmentait ce risque. Qui plus est, des études sur les primates indiquaient que même si l’œstrogène avait des effets positifs sur le système cardio- vasculaire, le MPA contrecarrait ces bienfaits chez les fem- mes qui le prenaient. Les études ont également montré que le MPA, administré seul comme contraceptif, avait un im- pact négatif sur la densité osseuse. Les nuages à l’horizon s’amoncelaient et laissaient présager un orage ! À la fin des années 80, de nombreuses études avaient été menées sur les effets des hormones sur les animaux, les cel- lules humaines et le corps humain. Les rapports de recherche ainsi rédigés pourraient facilement remplir votre salle fami- liale. Il y avait de plus en plus d’évidence que la THS aug- mentait les risques de cancer du sein et de maladies cardio- vasculaires, mais il y avait en même temps suffisamment de données indiquant que l’œstrogène était bénéfique pour les os, le cerveau, le système urogénital et la peau. Donc, per- sonne ne s’inquiétait outre mesure. Éventuellement, pour résoudre les contradictions appa- rentes dans les données émanant des recherches, on a entre- pris des études à vaste échelle avec des milliers de participantes et on a analysé avec soin les divers résultats pour déterminer si les bienfaits de la THS l’emportaient sur les risques. Pendant l’été 2002, l’orage a finalement éclaté. L’étude « Women’s Health Initiative », portant sur 16 000 femmes, a examiné la THS combinée et a constaté que les bienfaits escomptés de la prise d’œstrogène équin et de MPA ne justifiaient tout simplement pas les risques. Une La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! iv vague anti-THS, dont les effets pourraient être ressentis à très long terme, déferlait sur le monde médical. L’ÉTUDE « WOMEN’S HEALTH INITIATIVE » Points saillants Volet Premarin® et Provera® L’ÉTUDE • 16,608 femmes post-ménopausées âgées entre 50 et 79 ans, ayant leur utérus intact. • Les femmes ont reçu soit Premarin® 0.625mg et Prove- ra® 2,5mg chaque jour (8 506 femmes) ou un placebo (8 102 femmes). • Les effets mesurés comprennent les cardiopathies, le cancer du sein envahissant, le cancer colorectal, les fractures de la hanche, le cancer de l’endomètre, les accidents cérébrovasculaires et les caillots sanguins dans les poumons (embolies pulmonaires). Un index global pour mesurer les risques par rapport aux bienfaits a également été utilisé. RÉSULTATS L’étude a été stoppée avant terme car l’index global indi- quait que, tout compte fait, l’utilisation du Premarin® et du Provera® entraînait plus de conséquences négatives que positives. • Comparé au placebo, les femmes utilisant Premarin® plus Provera® ont eu : o 41 % d’augmentation des ACV o 29 % d’augmentation de crises cardiaques o Deux fois plus de caillots sanguins o 26 % d’augmentation du cancer du sein o 37 % de diminution du cancer colorectal o 33 % de diminution des fractures de la hanche o 76 % d’augmentation des démences de type Alzhei- mer L’étude WHI a démontré que l’administration orale d’hormones synthétiques non humaines sous forme de Premarin® et de Provera® est plus nocive pour les fem- mes que l’administration d’un placebo. Introduction : la petite histoire des hormones v Ceci nous amène à la raison d’être du présent ouvrage. La réaction contre la THS occasionne des souffrances inuti- les à bien des femmes ménopausées. Notre objectif est de mettre au clair la confusion qui existe en ce qui concerne la THS, d’offrir trois stratégies simples pour déterminer si une femme retirerait des bienfaits de la substitution hormonale et d’examiner les options à retenir pour la THS à la lumière de ce que les récentes études nous apprennent. Nous som- mes prêts : nous avons maintenant une cible clairement dé- finie – Feu ! La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! vi Introduction : la petite histoire des hormones vii PARTIE UN Santé hormonale La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! viii CHAPITRE UN : Les hormones… aident-elles ou nuisent-elles ? 1 CHAPITRE UN Les hormones... aident-elles ou nuisent-elles ? Les hormones ont fait couler bien de l’encre en 2002 lors- qu’on a appris qu’au lieu d’apporter aux femmes l’aide promise, elles ont créé des problèmes sérieux pour un bon nombre d’entre elles. Depuis plusieurs décennies, on disait aux femmes que l’hormonothérapie devait les conserver jeunes et en santé. Maintenant on les avise que certaines formes d’hormonothérapie peuvent plutôt augmenter leurs risques de cardiopathies ou de cancer du sein. L’arrêt pré- maturé du volet de l’étude Women’s Health Initiative (WHI), portant sur l’hormonothérapie combinée à base d’estrogènes conjugués et de progestines synthétiques (voir l’encadré à la page iv) a amené bien des femmes à se préci- piter chez leur médecin pour savoir si elles pouvaient arrêter de prendre leurs hormones. Les médecins, dont les connais- sances étaient limitées aux produits d’officine « prêts à ven- dre » mis en marché par les laboratoires pharmaceutiques, n’avaient aucune alternative à offrir. En fait plusieurs mé- decins se sont retrouvés désemparés devant les résultats de cette étude. Au lieu de démontrer les bienfaits de ce type d’hormonothérapie substitutive, le WHI faisait état d’une augmentation de cardiopathies, de cancers du sein, d’accidents cérébrovasculaires et de coagulation anormale du sang chez les femmes faisant usage de Premarin® et Provera®. Ceci a amené un bon nombre de femmes et leurs La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! 2 médecins à abandonner l’hormonothérapie substitutive com- plètement, avec des uploads/Litterature/ hormones-femmes.pdf
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- Publié le Dec 13, 2021
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