NIKUSHOKU JOSHI Devenir masculine pour mieux s’émanciper Nathalie Rémond LLCE J
NIKUSHOKU JOSHI Devenir masculine pour mieux s’émanciper Nathalie Rémond LLCE Japonais 2, INALCO Japon Contemporain Mme Delamotte 2012-2013 Nikushoku joshi 2 / 12 Les femmes, de part leur beauté et leur apparente candeur ont souvent été mises en position de faiblesse. Cependant au Japon, sont récemment apparues les “nikushoku joshi”, les femmes carnivores. Plus libres que leurs congénères, elles tentent de prendre les choses en main et de s’imposer en dehors du cercle familial. Peut être est-ce un phénomène encore trop récent pour pouvoir en définir tous les enjeux, mais on peut d’ores et déjà se demander si les femmes carnivores ne forment pas les prémices d’un nouveau féminisme japonais qui pourrait rééquilibrer les rapports entre Hommes et Femmes? Après avoir étudié une définition approfondie de ce que sont les femmes carnivores, nous constaterons la masculinisation de ces japonaises. Alors que se dessine un nouveau rapport entre les sexes nous verrons quelles sont les limites de ce phénomène. Introduction Nikushoku joshi 3 / 12 Avant les femmes carnivores, les hommes herbivores En se baladant au Japon, surement plus que dans n’importe quel autre pays in dustrialisé, on rencontre de plus en plus de jeunes hommes à l’apparence très étu diée que l’on aurait tendance à caractériser de « métro sexuels » (sans être homo sexuels, ils seraient plutôt indiffèrent au sexe). Sauf que ce mode de vie est devenu un phénomène sociologique, au point qu’en 2007, la journaliste Maki FUKUSAWA invente le terme d’ « hommes herbivores » ( shousoku danshi )pour qualifier ces hommes peu portés sur les relations (hétéro-) sexuelles et pratiquant des activités plutôt féminines. Les caractéristiques les plus récurrentes pour les reconnaitre sont le manque d’intérêt pour les sports de combats, la consommation de thé plus que d’alcool, la capacité à parler de ses histoires de cœur, la lecture de mangas pour fille, l’aversion pour les histoires d’un soir, la consommation de friandises… Même si cela reste assez abstrait, les études menées par plusieurs sites de rencontre attesteraient que 60% des 20/22ans, 45% des 23/35ans et 61% des cé libataires dans la trentaine se reconnaîtraient dans cette description. Preuve en est, les taux d’activité sexuelle des jeunes Japonais chutant chaque années, et le nombre d’homme célibataire lui, augmentant. L’une des premières explications que l’on pourrait amener sur ce phénomène serait que ces hommes nés à partir des années 1970, auraient en mémoire les crises économiques successives, et l’image du père de famille sacrifiant tout pour son travail. Ils voudraient donc créer un nouveau schéma, rejetteraient les valeurs consuméristes et même le mariage et se rebelleraient passivement pour un mode de vie plus harmonieux malgré les attentes de la société. Les Japonaises aimeraient à les comparer à des enfants, restés dans l’émotif, et qui s’effaceraient. Ce que veulent les femmes ? De la viande. Nikushoku joshi 4 / 12 La définition de la femme carnivore Par opposition à ces mangeurs d’herbes, on désigne ce mouvement féminin de « carnivores » (nikushokukei). Se percevant différemment, elles seraient plus di rectes dans leur approche de la gente masculine et plus prompte à expliciter leurs attentes. En 2009 un site japonais publie un sondage sur les traits les plus mar quants de ces prédatrices: 1. Elles touchent activement les corps des hommes 2. Elles font premier pas vers un homme 3. Elles ne refusent pas les invitations à boire 4. Elles ont beaucoup d’amis masculins 5. Elles approchent un homme même s’il est avec sa petite amie 6. Elles se maquillent beaucoup les yeux 7. Elles aiment les sacs de marques 8. Elles ont un grand cercle d’amis 9. Elles prennent le numéro de tous les hommes lors des rendez-vous de groupe 10. Elles sont honnêtes et directes dans leurs e-mails 11. Elles ont une bonne conversation 12= Elle plissent les paupières quand elles s’adressent à un homme, minau dent et regardent par en dessous 12= Elles portent des vêtements moulants 14= Elles sont impeccablement coiffées 14= Elles savent flatter les hommes 16. Elles ont une manucure voyante 17. Elles portent tout le temps du parfum 18. Elles entretiennent leurs bijoux 19. Elles regardent les chaussures/montres des hommes 20. Elles portent de hauts talons 21. Elles sont incollables sur les marques de luxe 22. Elles retouchent sans cesse leur maquillage 23. Elles aiment être extravagantes 24. Elles ne sont pas douées à entretenir une maison 25. Elles aiment la fourrure et les imprimés animaux 26. Elles ont une grande trousse à maquillage 27. Elles préfèrent les jupes aux pantalons 28. Elles aiment les accessoires dorés 29. Elles préfèrent manger de la viande que du poisson 30. Elles savent écouter Nikushoku joshi 5 / 12 Le phénomène s’affirmant, des revues féminines se risquent à en faire une classification: • Celles déjà engagées dans une relation amoureuse à long terme. Pour elles il est primordial que le couple ait des relations sexuelles fréquentes. • Celles qui multiplient les rencontres. Elles sont très impliquées dans leur travail et choisiraient avec attention ceux avec qui elle aurait une relation. • Celles qui ne veulent que des hommes herbivores. Elles n’ont pas l’air d’être carnivores, et grâce à leur douceur, leur innocence et à leurs attaques détournées elles seraient celles qui auraient le plus de succès. • Celles qui aimeraient simplement le sexe. Elles se créent une armure pour ne pas tomber amoureuse (et apprécient d’autant plus les hommes mariés pour ne pas avoir à s’attacher). Extrêmement sure de leur pouvoir de séduction, elles ne sont jamais seules, et ce sont elles qui mettent fin à la relation. On les appellerait également « shihatsu joshi » (“celles qui rentrent avec le premier train” et qui ne font que passer la nuit), ou bien « moukin » “oiseaux de proies”. Les femmes actives, et financièrement indépendantes, agissent alors comme leurs collègues masculins, et après leur rude journée de travail ces « career women » sortiraient boire, et prendre du bon temps. L’importance de la libération sexuelle L’indépendance acquise par les femmes comprend naturellement une plus ou moins grande liberté sexuelle. On ne traite pas ici de la nymphomanie, sujet autre ment plus médicale, mais bien de la capacité à devenir active dans l’approche du partenaire sexuelle et dans la pratique de l’acte. Elles partent donc en « chasse » que ce soit en boite de nuit, en « goukon » (dîners de groupe entre célibataires),, ou même dans des cours de danses, sans penser à se lier sérieusement. Des jeunes femmes se réunissent entre amies afin d’échanger des conseils sur la manière de faire l‘amour. Même au sein d’un couple, les femmes carnivores conti nueraient de fournir des efforts pour non seulement mettre de la magie dans leur quotidien, contrairement à nombre de leurs congénères, mais aussi pour maintenir la flamme. En effet ce n’est pas moins de 40% des couples de moins de 50 ans qui se déclareraient « sexless » (c’est à dire avec moins d’un rapport par mois). La faute incomberait majoritairement à la fatigue des messieurs. Selon le Planning Familial Japonais (JASE) presque 45% des femmes avouerait se masturber régulièrement, et plus encore simuleraient leur orgasme à cause d’une insatisfaction sexuelle dut aux piètres performances de leur partenaire souvent trop jeune, inexpérimenté, et démotivé. Nikushoku joshi 6 / 12 Malgré leur libido, la plupart des femmes ne seraient pas honnêtes quant à leurs activités sexuelles, et en occultant leurs propres désirs, accusent les autres femmes sexuellement actives de perversion. La consommation des femmes carnivores La consommation des femmes carnivores se situe dans des secteurs variés. Les premiers postes de dépenses en général sont la cosmétique et le shopping. On encourage les Japonaises à être plus belles et plus à la mode, car l’augmentation de leur pouvoir de séduction devrait leur apporter plus d’indépendance. Il existe ensuite des calendriers ou des livres représentant des photos d’hommes parfaits, jeunes et dynamiques. On pense notamment au calendrier des Pompiers d’Okinawa, ou les clichés des livreurs de l’entreprise Sagawa, qui furent de véritables best-sellers. On peut également rattacher à cela les « ladies comics », mangas pornographiques fait par des femmes et pour des femmes, ils s’écouleraient environ à 100 millions d’exemplaires par mois. La société Love Piece Club, créée en 1996 qui fut d’abord un site de vente en ligne de sextoys, puis une boutique, dont la première préoccupation est de se concentrer sur le corps de la femme, en sélectionnant soigneusement des produits qui procurent vraiment du plaisir et d’encourager un dialogue sans la moindre gêne entre les vendeuses et les clientes. Un autre objectif de Love Piece Club serait de sensibiliser les femmes à leur propre sexualité et de promouvoir une image du plaisir sexuel. Sur le site, on trouverait une grande base de données sur l’épanouis sement sexuel, des dictionnaires, des catalogues de positions, des conseils d’hy giènes... Dans la même lignée LOVE JOULE est un bar ouvert en juillet 2012 en plein Tokyo, proposant de consommer librement des sex toys, mais aussi en parler, dans une atmosphère détendue. Mais l’un des uploads/Litterature/ untitled.pdf
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- Publié le Sep 24, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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