40 4ème de couv’ reprise d’une "vieille" édition francophone du SCUM Manifesto

40 4ème de couv’ reprise d’une "vieille" édition francophone du SCUM Manifesto : S.C.U.M. : Society for Cutting Up Men, ce qui veut dire : société pour émasculer les hommes. SCUM, cela veut dire aussi l’écume, le rebut, la lie de la so- ciété, cette société construite par les hommes et pour les hommes. L’homme, non sans s’être servi d’elle, jette la femme à l’égout avec l’eau de vaisselle et les épluchures de pommes de terre, et il croit naïvement l’en sortir lorsqu’il la met sur un « piedestal » : Mère ho- norée (machine à reproduire), Epouse honorée (domestique non payée), Vénus honorée (objet sexuel), esclave trompée. Il la rejette car la femme le « souille » en le renvoyant à ses désirs et ses « besoins ». L’esclave avilit le maître. Mais de l’égout, bouillon de culture, naît une nouvelle culture, celle des femmes mutantes. SCUM, c’est l’énorme crachat que Valerie Solanas renvoie aux hommes. Sa violence est une réponse à la violence. Avant que Kate Millett ne théorise la politique sexuelle du mâle, Valerie Sola- nas l’a dénoncée au niveau viscéral, et à la différence de Betty Friedman elle ne s’en prend pas aux institutions mais aux hommes qui les incarnent, tous les hommes, avec férocité. Ecrit en 1967, au moment de la recrudescence du féminisme aux Etats-Unis, le SCUM Manifesto est un signe historique, le signe que les femmes bougent, qu’elles se mettent en mouvement ; un mouvement qui regroupe dans presque tous les pays des femmes qui s’expriment de façons diverses, qui luttent de façons diverses : mais toutes sont en train de renaître telles qu’en elles-mêmes enfin, et elles dénoncent les hom- mes tels qu’en eux-mêmes, les hommes responsables de cette socié- té patriarcale, hiérarchisée, compétitive, exploiteuse, impérialiste. 1 Valerie Solanas Valerie Solanas Valerie Solanas Valerie Solanas SCUM SCUM SCUM SCUM Manifesto Manifesto Manifesto Manifesto 2 Traduction de l’anglais (américain) par Emmanuelle de Lesseps. Titre original : SCUM Manifesto. Egalement disponibles sur papier en écrivant à Zanzara athée: LE SEXISME PSYCHANALYSANT : Sur Valérie Solanas, le "SCUM Manifesto", la psychanalyse et le sexisme, ... Extraits de la rubrique « Le sexisme ordinaire », dans les Temps Mo- dernes, 1974-75 (32p.A5) VALERIE SOLANAS : UNE FEMME EN COLERE de NATHALIE ROSSET : Valérie Solanas et son histoire, le SCUM Manifesto, de la théorie à l’action directe, ... (32p.A6) Le photocopillage tue le marché du livre. Le marché du livre ? Qu'il crève. Première édition Zanzara athée de cette brochure : 2001. Zanzara athée (zanzara@squat.net), décembre 2005 Sommaire : * Définition de l’opprimé par Christiane Rochefort, p.3 * SCUM Manifesto par Valerie Solanas, p.4 * Valérie Solanas vivante par Dominique Fauquet, p.34 39 nifesto par Olympia Press, 1968. "... il a fallu le coup de revolver contre Andy Warhol [en juin 1968] pour que Maurice Girodias publie SCUM Manifesto..." – Paul Krassner, commentaire à la première édition de SCUM Manifesto par Olympia Press, 1968. "Quelques mois de plus à colporter SCUM Manifesto au long de la 42e rue, et je peux laisser tomber l’aide sociale." – Maurice Girodias, 1978. "Valérie Solanas s’est tuée à 32 ans dans un hôpital psychiatrique." – Paule Lebrun, pour l’édition française de Châtelaine, novembre 1974 (Canada). "[Valérie Solanas] s’est donné la mort du scorpion piégé dans un cercle de feu." – Françoise d’Eaubonne, "Une Rose pour Valérie" (panégyrique tiré de Tombeau pour SCUM, ouvrage annoncé), publié dans son livre, Le Féminisme ou la Mort, 1974 (France). "La police m’a dit avoir trouvé Valérie Solanas morte dans une chambre d’hôtel, à Paris." – Françoise d’Eaubonne, lors d’une réunion à Paris, France, 19/4. "Valérie Solanas est une vraie catastrophe." – Andy Warhol, 1978. Dominique Fauquet, mars 1987. 38 J’autorise quiconque le désire à le colporter – femmes, hommes, Hare Krishna, Filles de la Révolution Américaine, ou American Legion. Maurice Girodias, vous êtes toujours financièrement aux abois. Voici la chance de votre vie: colportez SCUM Manifesto. Vous pouvez le propo- ser aux alentours du salon de massage. Anita Bryant, financez votre campagne antipédés en vendant le seul livre qui en vaille la peine – SCUM Manifesto. Andy Warhol, proposez-le à toutes ces partouzes où vous vous rendez. SCUM Manifesto se vend partout – sur les campus, à Times Square, à Harlem, aux Nations-Unies, dans les bars à pédés, à Griste- des, le long des docks, sous les docks (si vous y trouvez quelqu’un), à Wall Street, sur les chantiers de construction, à Sutton Place, dans les lycées, au Palais de justice. Colporteurs, passez prendre vos SCUM Manifesto chez moi: 170 E. 3º St., NYC 10009, ou envoyez vos commandes à la même adresse. 50 cents l’exemplaire. La commande minimale pour les colporteurs est de 200 exemplaires. Ni crédit, ni remises. Je n’aime pas l’arithmétique. Et évitez les guerres de gangs pour vos territoires respectifs – ce n’est pas correct." Enfin, la publication s’achevait par une brève anthologie ainsi pré- sentée: "Voici ce que divers personnages publics ont eu à dire à propos de moi-même et de SCUM Manifesto: "Je ne l’ai jamais lu." – Jo (Joreen) Freeman (auteur de BITCH Manifesto, 1970), Rap- port Majoritaire, 30 avril-13 mai 1977. "SCUM Manifesto et le mouvement radical de libération des femmes ont toujours été en opposition." – Brooke (collaboratrice de Feminist Revolution, et "féministe ra- dicale"), Rapport Majoritaire, 30 avril-13 mai 1977. "[SCUM Manifesto] n’a aucune valeur pour comprendre quoi que ce soit, si ce n’est le désir de [Girodias] de faire de l’argent." – Phoebe Adams, Atlantic, novembre 1968. "[En 1967] j’avais un contrat [pour SCUM Manifesto] préparé pour [Valérie]." – Maurice Girodias, préface à la première édition de SCUM Ma- 3 DÉFINITION DE L’OPPRIMÉ Il y a un moment où il faut sortir les couteaux. C’est juste un fait. Purement technique. Il est hors de question que l’oppresseur aille comprendre de lui- même qu’il opprime, puisque ça ne le fait pas souffrir : mettez-vous à sa place. Ce n’est pas son chemin. Le lui expliquer est sans utilité. L’oppresseur n’entend pas ce que dit son opprimé comme un lan- gage mais comme un bruit. C’est dans la définition de l’oppression. En particulier les « plaintes » de l’opprimé sont sans effet, car na- turelles. Pour l’oppresseur il n’y a pas oppression, forcément, mais un fait de nature. Aussi est-il vain de se poser comme victime : on ne fait par là qu’entériner un fait de nature, que s’inscrire dans le décor planté par l’oppresseur. L’oppresseur qui fait le louable effort d’écouter (libéral intellec- tuel) n’entend pas mieux. Car même lorsque les mots sont communs, les connotations sont radicalement différents. C’est ainsi que de nombreux mots ont pour l’oppresseur une connotation-jouissance, et pour l’opprimé une connotation-souffrance. Ou : divertissement-corvée. Ou : loisir- travail. Etc. Allez donc causer sur ces bases. C’est ainsi que la générale réaction de l’oppresseur qui a « écouté » son opprimé est, en gros : mais de quoi diable se plaint- il ? Tout ça, c’est épatant. Au niveau de l’explication, c’est tout à fait sans espoir. Quand l’opprimé se rend compte de ça, il sort les couteaux. Là on com- prend qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Pas avant. Le couteau est la seule façon de se définir comme opprimé. La seule communication audible. Peu importent le caractère, la personnalité, les mobiles actuels de l’opprimé. C’est le premier pas réel hors du cercle. C’est nécessaire. Christiane Rochefort 4 SCUM Manifesto Vivre dans cette société, c'est au mieux y mourir d'ennui. Rien dans cette société ne concerne les femmes. Alors, à toutes celles qui ont un brin de civisme, le sens des responsabilités et celui de la rigo- lade, il ne reste qu'à renverser le gouvernement, en finir avec l'ar- gent, instaurer l'automation à tous les niveaux et supprimer le sexe masculin. Grâce au progrès technique, on peut aujourd'hui reproduire la race humaine sans l'aide des hommes (ou d'ailleurs sans l'aide des fem- mes) et produire uniquement des femmes ; conserver le mâle n'a même pas la douteuse utilité de permettre la reproduction de l'es- pèce. Le mâle est un accident biologique ; le gène Y (mâle) n'est qu'un gène X (femelle) incomplet, une série incomplète de chromosomes. En d'autres termes, l'homme est une femme manquée, une fausse couche ambulante, un avorton congénital. Être homme c'est avoir quelque chose en moins, c'est avoir une sensibilité limitée. La virilité est une déficience organique, et les hommes sont des êtres affecti- vement infirmes. L'homme est complètement égocentrique, prison- nier de lui-même, incapable de partager, ou de s'identifier à d'au- tres ; inapte à l'amour, à l'amitié, à l'affection, la tendresse. Cellule complètement isolée, incapable d'établir des relations avec qui que ce soit, ses enthousiasmes ne sont pas réfléchis, ils sont toujours animaux, viscéraux, son intelligence ne lui sert qu'à satisfaire ses besoins et ses pulsions. Il ne connaît pas les passions de l'esprit ni les échanges mentaux ; il ne s'intéresse qu'à ses petites sensations physiques. Il n'est qu'un mort-vivant, un tas insensible, et pour ce qui est du plaisir uploads/Litterature/ scum-cahier.pdf

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