Image de Dieu, image de l'homme CHRONIQUE DE CHRISTOLOGIE Ce titre nous semble

Image de Dieu, image de l'homme CHRONIQUE DE CHRISTOLOGIE Ce titre nous semble suggérer assez bien la diversité des approches qui se découvrent dans la quinzaine de livres que les éditeurs ont eu l'obligeance de nous envoyer. Nous les groupons en trois séries : quatre ouvrages contiennent une présentation d'ensemble de la ma- tière ; un second groupe réunit six travaux portant sur un ou des au- teurs anciens ou modernes ; le troisième rassemble des études portant sur des points ou des aspects particuliers. -I- Dans le premier tome de Jésus-Christ, l'unique médiateur, B. Ses- boùé avait examiné le dossier doctrinal des présentations chrétien- nes du salut. Il en avait mis en lumière les aspects positifs, mais aussi les faiblesses. Pour remédier autant que faire se peut à l'abstraction des catégories rencontrées alors, l'A. présente, dans ce second tome', « une sotériologie narrative à ambition systématique... mettant en œuvre la perspective du récit dans une construction théologique aussi cohérente que possible » (6 & 8). « Cette option... ne veut nul- lement oublier la nécessité de faire appel à des concepts et à structu- rer de manière vigoureuse la doctrine du salut... Mais... le corps doctrinal qui se constitue ne peut jamais s'émanciper du récit... Dès que la théologie a érigé indûment (ses concepts) en majeures de rai- sonnement et les a 'absolutisés', c'est-à-dire détachés de leurs liens avec le récit..., elle leur a fait porter un poids qui n'était pas le leur, au risque de les dévoyer de leur sens » (31 & 33). La démarche s'articule autour des « trois temps du salut » inter- prétés « à la lumière du seul soleil capable d'illuminer tout ce par- cours et de lui donner son sens, le Christ » (41). Irénée voit dans l'Ancien Testament une préparation « pour accoutumer l'homme à saisir Dieu et accoutumer Dieu à habiter dans l'homme selon le bon plaisir du Père» {Contre les hérésies, III, 20, SC 211, 1974, 393). Nous lirons dans cette optique les récits d'Abraham, de Moïse, des 1. B. SESBOUÉ, S.J., Jésus-Christ, l'unique médiateur. II. Les récits du salut: proposition de théologie narrative, coll. Jésus et Jésus-Christ, 51, Paris, Desclée, 1QQ1 '>ï^1l; 47^ r. 1 QQ W 86 L, RENWART, S,J, rois et des prophètes. Les « effets de sens » qui s'en dégagent font dé- couvrir les catégories d'élection, d'alliance (qui est la principale), de loi, de don et de pardon. Les « récits de Jésus » iront ensuite du début de la vie publique à la mort en croix, puis ils feront retour sur les nar- rations de la résurrection et de l'enfance. Les conséquences des effets de sens rencontrés ici amènent l'A. à constater un certain déplace- ment des catégories classiques et à proposer des catégories nouvel- les, notamment celles d'une médiation et d'une causalité sacramentelles, selon lesquelles Jésus se révèle « le salut en raccour- ci ». Une troisième étape présente les « récits de l'Église » ; elle ré- pond à la question : comment l'Église s'intègre-t-elle dans le thème du salut ? Sesboùé l'examine en « essayant de tracer une voie aussi attentive que possible à ce qu'il y a de légitime dans les rappels et les mises en garde de la Réforme » (297-298). L'Église apparaît comme « sacrement », mais selon une double analogie : elle n'est pas un « huitième sacrement » ; surtout, par rapport à Jésus, seul « sacre- ment fondateur », elle n'est « qu'un sacrement 'reçu' du Christ et de l'Esprit, c'est-à-dire que son être et son agir sacramentels sont le fruit d'un don gratuit, qui lui demeure radicalement transcendant, tout en lui étant confié comme la source de sa vie » (361-362). Un dernier chapitre noue la gerbe dans le récit total qui va de l'Alpha à l'Oméga : il explore les récits de la création et de la chute et les nar- rations apocalyptiques de la fin. Il éclaire le passage de la médiation à la « récapitulation » par celui qui est en personne le premier et le dernier. Nous laisserons au lecteur la joie de découvrir toutes les richesses de ce parcours. Cependant, on nous permettra encore une citation : La formule célèbre selon laquelle « l'Église est toujours à réformer (Ecclesia semper reformanda) ne vise rien d'autre que cette exigence constante d'une conversion qui ne concerne pas seulement chacun dans l'Église, mais l'Église comme corps, dans sa structure et ses ins- titutions... elle est beaucoup plus réticente à admettre que le péché affecte aussi sa structure, ses institutions et ses ministères, sa ma- nière d'annoncer l'Évangile et d'en vivre, ainsi que son comporte- ment dans le monde » (335 & 338). Pourvu que chacun applique aussi cette constatation à son propre comportement, l'attitude ici décrite nous paraît la seule capable de fonder un amour sincère et lu- cide de l'Église. La démarche de l'auteur considère comme acquis les grands résul- tats des études bibliques contemporaines. Une bonne initiation à ceux-ci aidera à saisir le bien-fondé de cette relecture des récits et des « a f f ^ e Aa cane •> mi! c'»n Aioaofnt. C^.frrrs. l'A.. comme chacun da IMAGE DE DIEU, IMAGE DE L'HOMME 87 nous, est « situé » et s'implique nécessairement dans son effort de compréhension. Aussi arrivera-t-il parfois au lecteur de se deman- der si telle expression s'impose ; est-il heureux, par exemple, d'ap- pliquer la notion de kénose aux relations intra-trinitaires (420) ? Dans l'ensemble toutefois, ce livre, dont la lecture n'est pas toujours aisée, mérite l'effort qu'il demande ; il aidera chacun à conclure, selon le vœu de l'A. : « c'est bien de moi qu'il s'agit en tout cela » (23). L'histoire des hommes, récit de Dieu2 clôture la trilogie commen- cée en 1974 par Jezus, het verhaal van een levende («Jésus, récit d'un vivant » ; cf. NRT, 1977, 224-228) et continuée en 1977 avec Gerechtigheid en liefde. Genade en bevrijding (« Justice et amour. Grâce et libération » ; cf. ihid., 1980, 744-747). Elle le fait d'ailleurs dans une perspective différente de l'intention originelle. Au lieu d'y thématiser l'ecclésiologie sous-jacente à ses deux premiers volumes, Sch. a été amené par les événements qui se sont déroulés dans l'Eglise catholique depuis 1970 à « chercher à pénétrer le cœur de l'Évangile et de la religion chrétienne » (17) ; c'est pourquoi il propose ici « la théologie libératrice... dégagée de la grande tradition chrétienne... à tous ceux qui travaillent à la base, lieu de leur souffrance, de leur es- pérance et de leur amour, afin de nourrir leur foi » (20). La difficulté d'apprécier à sa juste valeur une œuvre de cette am- pleur vient d'abord du langage de Fauteur (qui reconnaît que la ré- daction de ses deux premiers volumes était peu lisible). Malgré de louables efforts pour éviter ce reproche dans la mesure du possible, Sch. profite néanmoins de la possibilité, que le néerlandais partage avec l'allemand, de composer des mots nouveaux : ceux-ci permet- tent d'exprimer de façon concise une pensée riche en nuances, mais posent souvent au traducteur des problèmes épineux. Madame Cor- nelis-Gevaert s'en est dans l'ensemble tirée à son honneur. Certaines coquilles sont amusantes : le propre (eigen) fils de David est devenu son « unique ». Dans d'autres cas, elle n'est pas toujours parvenue à rendre des nuances parfois importantes ; ainsi, p. 276, beaming van medemensen est-il bien rendu par « acquiescement de l'autre » ? ne faut-il pas plutôt comprendre « acceptation du prochain » ? Le re- cours au texte original sera donc souvent utile. 2. E. SCHILLEBEECKX, Z, 'histoire des hommes, reçu de Dieu, coll. Cogitado Fidei, 166, Paris, Éd. du Cerf, 1992,22 x 14,381 p., 195 FF. 88 L. RENWART, S.J. Pour apprécier ces pages, le point le plus délicat est de bien voir que l'A. y reste fidèle à son option de 1974, celle d'une approche « métadogmatique » (9) s'efforçant de « poser la question du Jésus de l'histoire de manière historiquement rigoureuse, sans abandon- ner ma situation de croyant, d'un Jésus qui fut à l'origine d'un mou- vement né autour de sa personne historique, mouvement qui par la suite s'étendrait en un réseau d'Églises multiculturelles » (10). Il ap- plique cette même approche à l'histoire universelle considérée comme histoire du salut, aux expériences révélatrices qui s'y décou- vrent, spécialement dans le domaine religieux, à la recherche de Dieu par les hommes et les femmes, aux religions qui forment le contexte concret dans lequel ils traduisent leur quête de Dieu, à la révélation unique et définitive qui prend corps en Jésus-Christ, à l'Église qui y trouve son fondement et à la manière dont cette institution a vécu et devrait essayer de vivre le mandat qu'elle a reçu. Ce dernier chapitre, d'une sérénité qui contraste heureusement avec l'Avant-Propos, nous a paru remarquable par sa profondeur doctrinale et la con- science que le mode de gouvernement, fondé sur la docilité de tous (hiérarchie, théologiens, fidèles) envers l'action du Saint-Esprit en uploads/Litterature/ image-de-dieu-image-de-l-x27-homme.pdf

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