Le médiéviste français Jacques Le Goff. (Photo JACQUES SASSIER. AFP) par Antoin
Le médiéviste français Jacques Le Goff. (Photo JACQUES SASSIER. AFP) par Antoine de Baecque publié le 19 novembre 2003 à 1h57 (mis à jour le 1er avril 2014 à 15h34) L'historien Jacques Le Goff est décédé ce mardi 1er avril, à Paris, à l'âge de 90 ans, selon le Monde. Nous republions ci-dessous son portrait, paru dans Libération en 2003. L'ogre historien est un peu fatigué. Par l'âge (il va fêter ses 80 ans) et par une mauvaise chute qui, l'été durant, l'a tenu alité avec un bassin en capilotade à l'hôpital de Quimperlé. Mais ni par les honneurs (colloques, hommages, doctor honoris causa le célèbrent comme l'un des «plus grands historiens vivants»), ni par le travail : Jacques Le Goff achève la préface du second volume que lui consacre, en janvier, Gallimard et sa collection «Quarto», Héros du Moyen Age, le Saint et le Roi, près de 2 000 pages qui reprennent une part de l'oeuvre du médiéviste. Le Goff reçoit au milieu des livres qui encombrent son bureau, sa tête ronde apparaissant entre deux piles au hasard d'un emportement ou d'un rire. Auparavant, Hanka, sa femme depuis plus de quarante ans, Polonaise à la longue silhouette, avait introduit dans l'appartement modeste d'un immeuble banal proche du canal de la Villette. «J'ai rencontré Hanka en Pologne à la fin des années 50, la soeur d'une collègue, elle était médecin, elle m'impressionnait par sa vaillance, c'était ma femme de marbre. Je l'ai épousée à Varsovie en 1962. Elle me faisait penser autant à mon père qu'à ma mère...» Le père était enseignant à Toulon, droit, honnête, dévoué à sa tâche, et grand bouffeur de curés. La mère, au contraire, était une catholique fervente, mais de gauche et sociale. Compromis au sommet, le jeune Jacques fait son catéchisme mais sera rouge : «Un rouge chrétien, j'ai vécu le Front populaire, à 12 ans, avec enthousiasme.» Ce que le jeune homme apprend surtout, c'est la tolérance, «le vrai sens de mon éducation». L'éducation scolaire, elle, suit son cours avec un passage bienfaiteur de Toulon («je n'aime pas cette ville, qui était raciste et le reste») et à Marseille («que j'ai tout de suite adorée, métisse, frémissante de vie»). Après le bac à 18 ans, et le maquis de Haute-Provence («parce que j'ai immédiatement été hostile à Pétain, dès mai 1940»), c'est l'Ecole normale supérieure qui lui ouvre ses portes, à Paris, rue d'Ulm, en 1945. «J'y ai été heureux, comblé par la qualité des enseignants et des garçons côtoyés.» Paris, c'est aussi deux passions enfin assouvies : le cinéma («je dirigeais le ciné-club de l'ENS») et la musique, qui le conduit à fréquenter les Jeunesses musicales et les premiers concerts de Pierre Boulez. Mais la grande affaire reste l'histoire. La vocation est apparue tôt : la scène originelle se passe en quatrième, à 12 ans, avec la France au Moyen Age au programme. «J'ai très vite eu l'idée de "faire du Moyen Age"», confie Le Goff en reprenant le jargon du métier. L'«éveilleur», c'était Henri Michel, son prof d'histoire et futur grand résistant. Médiéviste, mais aussi voyageur. Comme ces lettrés cosmopolites qui, d'université en monastère, parcouraient l'Europe du XII e siècle. Prague, Oxford, Rome, autant de «bourses» dans l'après-guerre. Pour le trentenaire, ces voyages ont une autre vertu : ils complètent l'éducation politique en dégoûtant à jamais du communisme. «J'ai vu de mes yeux Gottwald, le chef du PC tchèque, en appeler à l'Union soviétique lors d'un discours à Prague. Dans le regard désespéré des étudiants, j'ai lu que le danger était là...» S'il n'avait pas été ainsi «vacciné de visu», Le Goff aurait pu devenir comme pas mal de ses jeunes collègues, Le Roy Ladurie ou Furet, chantres de l'avenir radieux du stalinisme. Le Goff abandonne aussi l'autre tradition politique marquante de l'après-guerre, le socialisme chrétien : à 30 ans, «d'un coup sec», le voilà agnostique et déçu de la SFIO. Il professe dès lors un désintérêt pour le militantisme, mis à part un court épisode au PSU, au début des années 60 : «Le pouvoir corrompt. Faire de la politique, c'est trahir plus ou moins ses idéaux.» L'agrégation en poche (en 1950) et un poste d'assistant à la fac de Lille, le «goût de la recherche» devient l'unique obsession. Un de ses mentors, Maurice Lombart, parle de «ce jeune médiéviste qui sait toutes les langues» à Fernand Braudel, patron autocrate des Hautes Etudes et de la nouvelle histoire, qui le prend sous son aile. Là, bien calé, ça s'accélère : maître assistant puis directeur d'études (à 38 ans) aux Hautes Etudes, coresponsable, avec Marc Ferro et Emmanuel Le Roy Ladurie, des Annales, la revue de référence, Le Goff est le quadra qui monte chez les historiens. «Les Hautes Etudes furent un endroit exceptionnel : liberté des sujets, accueil grand ouvert des étudiants, enseignement lié à la recherche.» Dans ce cocon, le travail redouble et les livres pleuvent. Ses «publications», comme il dit, Le Goff n'en est pas peu fier. «Je n'ai rien écrit que je n'ai eu envie d'écrire, même les commandes. C'est mon critère, l'envie d'histoire.» Tous ses ouvrages évoquent un Moyen Age aux antipodes des clichés («d'un côté l'obscurantisme lugubre, de l'autre le temps mièvre des troubadours»), parcouru de contradictions et de tensions, un «âge total» tenu entre «tradition très ancrée» et «forte capacité d'innovation», un Moyen Age qui, surtout, serait un «tremplin pour l'avenir». Et Le Goff a façonné une écriture pédagogique, simple, limpide, pleine d'images évocatrices. Georges Duby, l'ami rival, parcourait l'histoire médiévale en chevauchant le destrier de l'épopée. Le Goff la décrit avec l'ampleur et le calme de la synthèse. Devant l'un de ses livres, tout lecteur se sent intelligent et érudit. Le Goff reconnaît trois mots pour dire son apport. «Civilisation», en version globale : «L'histoire du passé ne se comprend qu'en unissant par l'interprétation tous les éléments de la vie d'une société.» «Imaginaire», en cheval de bataille : «Je suis de la seconde génération des Annales, celle qui a utilisé une nouvelle clé, plus intérieure, susceptible de compléter l'approche sociale ou économique.» «Intellectuels», au pluriel, puisqu'il fut l'un des premiers à réintroduire ce terme pour désigner un domaine historiographique désormais en pleine effervescence. Ainsi pourvu d'une œuvre, Jacques Le Goff s'est aussi imposé comme le numéro 1 des historiens français par son art de la stratégie. Directeur de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess) à la retraite de Braudel, en 1972, élu à la quasi-unanimité, il a assuré l'autonomie de l'établissement, tant financière qu'administrative, négociant serré avec le ministère de l'Education et les recteurs des universités, souvent hostiles, garantissant peu à peu à l'Ehess le pouvoir et le prestige du plus renommé des lieux de savoir hexagonaux. Son seul échec sera sa non-élection au Collège de France, «le vrai gratin», victime de rivalités et de combines bien françaises. Jacques Le Goff a enseigné aux Hautes Etudes jusqu'en 1994, à 70 ans, avant de prendre sa retraite. «Après une fête mémorable, une fête d'ogre», dit l'un de ses collègues. Boulimique, l'historien l'est resté, achevant son Saint Louis (plus de 1 000 pages) en quelques mois, et lançant son dernier défi : une collection, «Faire l'Europe», publiant simultanément des livres d'histoire en allemand, anglais, espagnol, italien et français. Car, à la question «l'Europe est-elle née au Moyen Age ?», Jacques Le Goff n'apporte qu'une réponse, en forme de boîte à idées pour europhiles : «Oui, et c'est une bonne nouvelle.» Les Racines des cathédrales: L'architecture gothique expression des conditions du milieu de Roland Bechmann liked it 3.00 · Detalii evaluare · 4 evaluări · 1 recenzie «Je tiens ce livre pour un chef d'œuvre, ce je place parmi les plus importants de l'historiographie médiévale» (Jacques Le Goff). À l'issue de l'époque gothique, on comptait une église pour 200 habitants en France et, dans ensemble de ces édifices, il y avait de quoi abriter plus que la population tout entière. On a calculé qu'en trois siècles la France seule avait ex ... more Notiuni de baza despre curentul arhitectural gotic 26 Noiembrie 20173 Mins Read1.8k Vizualizari Din informatiile pe care le avem in prezent se pare ca primele cladiri in stil gotic au fost construite in Franta secolului XII si ulterior stilul s-a raspandit in Europa de Vest, pentru ca mai apoi sa ajunga si in centrul sau chiar in estul Europei. La inceput curentul gotic se regasea in biserici si catedrale, iar acest lucru ne sugereaza care era in realitate motivatia construirii unor astfel de cladiri. Cei care le-au construit au tradat astfel „intensitatea religioasa” la care se traia in vremurile respective. Majoritatea catedralelor gotice erau la vremea construirii lor cele mai inalte cladiri din regiune astfel incat aratau maretia si pretuirea pe care o puneau oamenii pe religie. De asemenea, multe dintre catedrale au fost construite in decursul a doua sau mai multe secole, astfel incat aratau si prin acest lucru importanta lor. Timp de patru secole, goticul din arhitectura a influentat si celelalte arte. In arhitectura rar mai patrundeau alte stiluri uploads/Litterature/ jacques-le-goff-interviu.pdf
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- Publié le Aoû 06, 2021
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