U dVof OTTAWA 3900300210 677 ! DE L'ANGELUS DE L'AUBE A L'ANGELUS DU SOIR DU MÊ

U dVof OTTAWA 3900300210 677 ! DE L'ANGELUS DE L'AUBE A L'ANGELUS DU SOIR DU MÊME AUTEUR Poésie DE l'aNGELUS de l'aUBB A l'aNGELUS DU SOIR. (1888-1897) LE DEUIL DES PRIMEVERES (1898-I9OO) LE TRIOMPHE DE LA VIE (iQÛO-igOI ) SIX SONNETS (1892) '..... VERS (1892) VERS ( 1 898) VERS (1894) UN JOUR ( I 894) LA NAISSANCE DU POETE (1897) . QUATORZE PRIÈRES (1898) .' . . LA JEUNE FILLE NUE (1899) ". LE POÈTE ET l'oISEAU (19OO) . • . . l'Église habillée de feuilles (1906) Prose vol vol vol vol plq piq plq plq plq plq plq plq vol CLARA d'bllébeuse, OU l'hîstoire d'une ancienne jeune fille, roman épuisé almaïde d'étremont, ou Vhistoire d'une jeune fille passionnée i vol. LE roman du lièvre, Clara d^Ellébeuse, Almaïde d'Elremont, etc i vol. POMME d'anis, ou Vhistoire d'une jeune file infirme. . i vol. PENSÉE des jardins I VOl. FRANCIS JAMMES De FAnselus de Faube a FAngelus du soir 1888-1897 TROISIEME EDITION PARIS SOCIÉTÉ DV MERGVRE DE FRANGE XXVI, RVE DE CONDÉ, XXVI M C M Y 1 JUSTIFICATION DU TIRAGE I >',- >"^ /K\ mru- r(p J^P-ù /fàù Droits de traduction et de reproduction réserves pour tous pays, y compris la Suède et la Norvège. MonDieUy vous m^avez appelé parmi les hommes. Me voici. Je souffre et faime. J'ai parlé avec la voix que vous m'avez donnée. J'ai écrit avec les mots que vous avez enseignés à ma mère et à mon père qui me les ont transmis. Je passe sur la route comme un âne chargée dont rient les enfants et qui baisse la tête. Je m'en irai ou vous voudrez, quand vous voudrez. UAngélus sonne. FRANCIS JAMMES A EUGENE ROUART LE PAUVRE PION... Le pauvre pion doux si sale m'a dit : j'ai bien mal aux yeux et le bras droit paralysé. Bien sûr que le pauvre diable n'a pas de mère pour le consoler doucement de sa misère. Il vit comme cela, pion dans une boîte, et passe parfois sur son front froid sa main moite. Avec ses bras il fait un coussin sur un banc et s'assoupit un peu comme un petit enfant. Mais au lieu de traversin bien blanc, sa vareuse se mêle à sa barbe dure, g-rise et crasseuse. DE L ANGELUS DE L AUBE II économise pour se faire soig-ner. Il a des douleurs. C'est trop cher de se doucher. Alors il enveloppe dans un pauvre linge tout son pauvre corps misérable de grand singe. Le pauvre pion doux si sale m'a dit : j'ai bien mal aux yeux et le bras droit paralysé. 1888. L ANGELUS DU SOIR LORSQUE JE SERAI MORT... Lorsque je serai mort, toi qui as des yeux bleus couleur de ces petits coléoptères bleu de feu des eaux, petite jeune fille que j'ai bien aimée et qui a l'air d'un iris dans les fleurs animées^ tu viendras,me prendre doucement par la main. Tu me mèneras sur ce petit chemin. Tu ne seras pas nue, mais, ô ma rose, ton col chaste fleurira dans ton corsage mauve. Nous ne nous baiserons môme pas au front. Mais, la main dans la main, le long- des fraîches ronces où la grise araignée file des arcs-en-ciel, nous ferons un silence aussi doux que du miel ; et, par moment, quand tu me sentiras plus triste, tu presseras plus fort sur ma main ta main fine — et, tous les deux, émus comme des lilas sous l'orage, nous ne comprendrons pas... nous ne comprendrons pas... 1897. 10 DE LANGKLUS DE L AUBE LA MAISON SERAIT PLEINE DE ROSES... La maison serait pleine de roses et de guêpes. On y entendrait, l'après-midi, sonner les vêpres ; et les raisins couleur de pierre transparente sembleraient dormir au soleil sous l'ombre lente Gomme je t'y aimerais. Je te donne tout mon coeur qui a ving-t-quatre ans, et mon esprit moqueur, mon orgueil et ma poésie de roses blanches ; et pourtant je ne te connais pas, tu n'existes pas. Je sais seulement que, si tu étais vivante, et si tu étais comme moi au fond de la prairie, nous nous baiserions en riant sous les abeilles blondes, près du ruisseau frais, sous les feuilles profondes. On n'entendrait que la chaleur du soleil. A L ANGELUS DU SOIR l I Tu aurais l'ombre des noisetiers sur ton oreille, puis nous mêlerions nos bouches, cessant de rire, pour dire notre amour que l'on ne peut pas dire ; et je trouverais, sur le roug^e de tes lèvres, le goût des raisins blonds, des roses rouges et des guêpes. 12 DE L ANGELUS DE L AUBE J'AIME L'ANE... J'aime l'âne si doux marchant le long- des houx. '?n Il prend g'arde aux abeilles et boug-e ses oreilles; et il porte les pauvres et des sacs remplis d'orge. Il va, près des fossés, d'un petit pas cassé. Mon amie le croit bête parce qu'il est poète. A l'angelub du soir i3 Il réfléchit toujours. Ses yeux sont en velours. Jeune fille au doux cœur, Tu n'as pas sa douceur: car il est devant Dieu l'âne doux du ciel bleu. Et il reste à l'étable, fatigué, misérable, ayant bien fatig-ué ses pauvres petits pieds. Il a fait son devoir du matin jusqu'au soir. Qu'as-tu fait jeune fille? Tu as tiré l'aig-uille. .. Mais Tâne s'est blessé : la mouche Ta piqué. l4 DE l'aNOELUS de l'aUBE Il a tant travaillé que ça vous fait pitié. Qu'as-tu mang-é petite? — T'as mangé des cerises. L'âne n'a pas eu d'orge, car le maître est trop pauvre. Il a sucé la corde, puis a dormi dans l'ombre. . La corde de ton cœur n'a pas cette douceur. Il est l'âne si doux marchant le long des houx. J'ai le cœur ulcéré: ce mot-là te plairait. Dis-moi donc, ma chérie, si je pleure ou je ris? A l'angelus du soir i5 Va trouver le vieil âne, et dis-lui que mon âme est sur les grands chemins, comme lui le matin. Demande-lui, chérie, si je pleure ou je ris? Je doute qu'il réponde: il marchera dans l'ombre, crevé par la douceur, sur le chemin en fleurs. iG • DE l'angelus de l'aube SILENCE... A Albert Samain. Silence. Puis une hirondelle sur un contrevent fait un bruit d'azur dans Tair frais et bleuissant, toute seule. Puis deux sabots traînassent dans la rue. La campagne est pâle, mais au ciel g-ris qui remue on voit déjà le bleu qui chauffera le jour. Je pense aux amours des vieux temps, aux amours de ceux qui habitaient aux parcs des beaux pays riches en vig-ne, en blé, en foin et en maïs. Les paons bleus remuaient sur les pelouses vertes, et les feuilles vertes se miraient aux vitres vertes dans le réveillement du ciel devenu vert. Les chaînes dans l'étable où l'ombre était ouverte avaient un bruit tremblé de choquement de verres. A L ANGELUS DU SOIR I7 Je pense au vieux château de la propriété, aux chasseurs s'en allant par les matins d'été, aux aboiements long-s des chiens flaireurs qui rampent... Dans l'énorme escalier cirée était la rampe. La porte était haute d'où les jeunes mariés, en écoutant partir les g-rands-pères, riaient, s'entrelaçaient et joig-naient leurs jolies lèvres, pendant que tremblaient, aux gîtes d'arg^ent, les lièvres. Que ces temps étaient beaux où les meubles-Empire luisaient par le vernis et les poignées de cuivre... Cela ét^it charmant, très laid et régulier comme le chapeau de Napoléon premier. Je pense aussi aux soirées où les petites filles jouaient aux volants près de la haute grille. Elles avaient des pantalons qui dépassaient leurs robes convenables et atteignaient leurs pieds : Herminie, Coralie, Clémence, Célanire, Aménaïde, Athénaïs, Julie, Zulmire ; leurs grands chapeaux de paille avaient de longs rubans. DE L ANGELUS DE L AUBE Tout à coup un paon bleu se perchait sur un banc. Une raquette lançait un dernier volant qui mourait dans la nuit qui dormait aux feuillag^es, pendant qu'on entendait un roulement d'orag-e. A L ANGELUS DU SOIR I9 L'APRES-MIDI.., L'après-midi d'un dimanche je voudrais bien, quand il fait chaud et qu'il y a de gros raisins, dîner chez une vieille fille en une grande maison de campagne chaude, fraîche, où l'on tend du linge, du linge propre, à des cordes, des liens. Dans la cour il y aurait des petits poussins, qui iraient près du puits — et unejeune fille dînerait avec nous deux seuls comme en famille. Nous ferions un dîner lourd, et le vol-au-vent serait sucré avec deux gros pigeons dedans. Nous prendrions le café tous les trois, et ensuite nous plierions notre serviette très vite, pour aller voir dans le jardin plein de choux bleus. La vieille nous laisserait au jardin tous deux. 20 DE L ANGELUS DS L AUB8 Nous nous embrasserions long-temps, laissant nos bouches roug"es collées auprès des coquelicots roug^es. Puis les vêpres sonneraient doucement, alors elle et moi nous nous presserions encore plus fort. 1889. A LANGELUS DU SOIR 21 C'EST AUJOURD'HUI.. 8 juillet i8q4 Dimanche, Sainte-Virginie LE CALENDRIER. C'est uploads/Litterature/ de-l-x27-angelus-a-de-l-x27-aube-francis-jammes.pdf

  • 37
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager