AL-MUKHATABAT ISSN 1737—6432 ISSUE 07/2013 Page 100 L’étude des oiseaux dans Ki
AL-MUKHATABAT ISSN 1737—6432 ISSUE 07/2013 Page 100 L’étude des oiseaux dans Kitâb al-Hayawân de Jâhiz (776 – 868) Kaouthar Lamouchi Chebbi CNRS / Univ Denis Diderot – UMR 7219 – SPHERE – CHSPAM Mehrnaz Katouzian- Safadi CNRS / Univ Denis Diderot – UMR 7219 – SPHERE – CHSPAM Résumé Nous nous intéressons dans ce travail aux études consacrées à la vie des oiseaux par le savant al-Jâhiz (776 – 868) dans son œuvre portant sur le monde vivant, Kitâb al- Hayawân. Dans ce papier, nous abordons la classification des oiseaux, leurs descriptions morphologiques et anatomiques, leur psychologie ainsi que leurs activités. Un intérêt particulier est accordé aux sources d’informations de notre auteur. ّص ملخ سيوته يف هري املقالْ بالدزاسات اليت قاو بوا اجلاحظ( 776 - 868 ) حٌل حَاّ الطٌَز ً ذلك يف كتابى ُالرِ حينل عيٌان كتاب احلٌَان ً الرِ كان مٌضٌعى دزاسْ العامل احل . سيحاًل مقازبْ تصيَف الطٌَز ً زسٌموه اهلَكلَْ ً التشسحيَْ ً أٍضا بعض االبعاد اليفساىَْ ً كرلك أىشطتوه . ً سيعري اهتناما كبريا مبصادز املعلٌمات اليت استيد الَوا كاتبيا . Abstract We are interested in this research in birds in Kitâb al-Hayawân of al-Jâhiz (776 – 868). This study approaches the classification of birds, their morphological and anatomical descriptions, their psychology as well as their activities. A particular interest is focused on the information sources of this author. 1. Introduction L’œuvre de Jâhiz dont nous avons étudié certains passages dans ce travail, a marqué à son époque une révolution dans la façon dont on étudiait les animaux. Elle est restée aussi une référence dans le domaine, des centaines d’années plus tard. Il est difficile de faire une étude sur l’ensemble du livre et au sujet des différents animaux, c’est pourquoi nous avons choisis de limiter notre travail au cas des oiseaux1. Pour réaliser ce travail il nous a paru nécessaire de commencer par étudier la façon dont notre auteur classe les oiseaux et de dégager les critères de différenciation des différentes classes. Nous nous sommes par la suite intéressés à la façon dont-il décrit les oiseaux et 1 Nous entendons par le mot « oiseaux » les animaux capables de voler. AL-MUKHATABAT ISSN 1737—6432 ISSUE 07/2013 Page 101 ce sur différents plans : la morphologie, l’anatomie et la psychologie. La description qu’a faite notre auteur de l’activité des oiseaux est un autre volet de ce travail. Nous avons choisis d’étudier les activités liées à la reproduction, à la santé et à la migration. Nous avons clos notre travail par la recherche des sources aux quelles Jâhiz puise ses informations. Notons que nous adoptons dans ce travail une translittération simple de l’arabe tout en sachant l’existence d’une translittération internationale et une translittération selon l’Encyclopédie de l’Islam. 2. La classification des oiseaux 2.1. La classification des animaux chez Jâhiz Jâhiz divise les êtres1 en deux catégories : les êtres capables de croître2 et les êtres incapables de croître3. Les « êtres capables de croître » sont à leur tour divisés en deux classes : Les animaux et les végétaux. Les animaux étant de quatre types4 : ceux qui marchent, ceux qui volent, ceux qui nagent et ceux qui rampent. Jâhiz prend apparemment comme critère de classification le mode de déplacement des animaux. Néanmoins il est conscient des chevauchements qui peuvent avoir lieu dans sa classification et propose des corrections pour cela. C’est dans ce cadre qu’il dit : Mais tout ceux qui volent5, marchent et ceux qui marchent et ne volent pas ne sont pas des tayr. 6 Les animaux qui marchent sont divisés en quatre classes : les hommes, les bêtes7, les carnassiers8 et les hasharât9. 2.2. Les oiseaux chez Jâhiz Jâhiz classe dans son livre Kitâb al-Hayawân les animaux qui volent (al-tayr) en trois catégories : Les rapace سبع, sabu‘ : ils sont des mangeurs de chair. Ces oiseaux peuvent être armés d’ongles recourbés et ou de becs, Jâhiz distingue dans cette catégorie les « ahrar »10 et les « bughath »11. Les bughath sont les gros oiseaux mangeurs de chair qui n’ont pas de serres comme les vautours, les percnoptères et les corbeaux. Jâhiz les appelle parfois « les oiseaux méchants »12. Il écrit en parlant du vautour : 1 كبئنبث : kâinât. 2 نبمي : nâmî. 3Jâhiz, Kitâb al-Hayawân, Vol. I, p. 26. 4 Il utilise le mot « classes »: ا قسبم: aqsâm. 5 Tayr en arabe: Ce mot est traductible en arabe par le mot « oiseau » mais Jâhiz ne l’utilise pas dans ce sens et l’utilise plutôt dans son sens linguistique: ceux qui volent. 6Jâhiz, ibid, Vol. I, p. 27. 8 بهبئم: bahâim. 9 سببع : sibâ‘. 9 حشرات 10 احرار : ahrâr : Libres. 11 بغبث : bughath . 12 لئبم الطير, liâm al-tayr. AL-MUKHATABAT ISSN 1737—6432 ISSUE 07/2013 Page 102 Le vautour a un bec recourbé mais n’a pas de serres, il a des ongles semblables à celle des poules. Il n’a pas d’armes, il est fort par sa taille, c’est un méchant rapace, il n’est pas des ahrar.1 Les ahrar sont les rapaces ayant des serres comme l’aigle. Il dit aussi pour décrire les armes des rapaces : Parmi les rapaces il y a une forme armée de serres comme l’aigle et ceux qui lui ressemblent et d’autres armés de becs recourbés comme les vautours, les percnoptères et les corbeaux. Ils sont tous des rapaces car ils sont mangeurs de chair. 2 Les bêtes3 ، ْبوَنbahima : Ce sont des mangeurs de grains et de plantes4. Ils peuvent avoir des becs ou des dents comme la chauve souris ou le hibou. En parlant de leurs armes, Jâhiz écrit : Parmi les bêtes des tayr, certaines ont comme arme le bec, c’est le cas de la grue, d’autres ont pour arme les dents comme le hibou et la chauve-souris et ceux qui leurs ressemblent, d’autres encore ont pour arme l’ergot, comme le coq ou leurs excrément comme l’outarde. 5 Dans cette catégorie existent de gros oiseaux appelés aussi « bughath » comme le coq6 et de petits oiseaux appelés « khashesh »7 comme l’émerillon et l’elanion8. Les « hamaj »9هنج : ce sont des animaux qui volent sans être des tayr, comme les hasarât dans la classe des animaux qui marchent, dit-il10. Jâhiz parle d’une classe intermédiaire entre la première et la deuxième et à laquelle il ne donne pas de nom. Il donne l’exemple du moineau qui n’à ni serres ni bec recourbé, qui mange les grains mais aussi les fourmis et les sauterelles. Il ajoute que cet oiseau ne régurgite pas pour alimenter ses petits, mais les fait manger à la manière des rapaces11. Il écrit aussi à ce sujet : Ce qui est commun entre le moineau et bêtes des tayr, c’est qu’il n’a ni bec recourbé ni serres. Quand il se met sur une branche, il a trois doigts en avant et un en arrière, les rapaces quant à eux ont deux doigts en avant et deux doigts en arrière. Ce qu’il a en commun avec les rapaces est que les bêtes des tayr régurgitent pour faire manger leurs oisillons alors que les rapaces leurs apportent à manger. 12 Nous pouvons conclure que les oiseaux pour Jâhiz et en excluant les hamaj sont soit des «rapaces », soit des « bêtes » ou des tayr qui se trouvent dans l’intersection de ces deux 1 Jâhiz, ibid, Vol. VI, p. 334. 2 Jâhiz, ibid, Vol. I, p. 29. 3 Utilisation particulière pour ce mot qui ne s’applique pas généralement aux oiseaux en langue arabe. 4 Jâhiz, ibid, Vol.V, p. 205. 5 Jâhiz, ibid, Vol. I, p. 29. 6 Jâhiz, ibid, Vol. I, p.193. 7 خصاط , khashesh : le sens le plus proche de notre point de vue: tout ce qui est petit et fragile, Dictionnaire : لظاُ العشب احمليط .اجملمذ الظابع. 8 Jâhiz, ibid, Vol. I, p. 28. 9 Nous laissons le mot comme tel car c’est un mot qui n’a rien à voir avec les oiseaux en langue arabe. Dans d’autres contextes ce mot veut dire les gens non civilisés. 10 Jâhiz, ibid, Vol. I, p. 28. 11 Jâhiz, ibid, Vol. I, p. 29. 12 Jâhiz, ibid, Vol. V, p. 206. AL-MUKHATABAT ISSN 1737—6432 ISSUE 07/2013 Page 103 classes. Il se baserait ainsi sur deux critères pour sa classification : La nourriture comme critère principal et les armes comme critère secondaire. 3. La description des oiseaux 3.1. La morphologie des oiseaux L’intérêt porté aux animaux dans divers traits de la culture et la civilisation de langue arabe est souligné par plusieurs auteurs (Shaker, 1985, Azzam, 1995). Ainsi dans la poésie par exemple, les humains sont fréquemment comparés aux animaux. Un grand intérêt est porté à la chasse et les animaux occupent une grande place dans les proverbes et les comtes arabes. Malgré cela (ou peut être pour cela) Jâhiz n’est pas un grand descripteur de la morphologie des animaux. En tout cas il le fait très peu pour les oiseaux. Commençons par voir son idée de l’observation. Dans son Kitâb al-Hayawân, uploads/Litterature/ kaouther-chebbi-lamouchi1.pdf
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- Publié le Oct 30, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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