4/11/22, 21:19 Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et

4/11/22, 21:19 Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne - Ecriture et oralité. Quelques compléments et a… https://books.openedition.org/psorbonne/20704 1/38 Éditions de la Sorbonne Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne | Otto Gerhard Oexle, Jean- Claude Schmitt Ecriture et oralité. Quelques compléments et approfondissements Ludolf Kuchenbuch Traductor: Etienne Champion p. 143-165 Texto completo 4/11/22, 21:19 Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne - Ecriture et oralité. Quelques compléments et a… https://books.openedition.org/psorbonne/20704 2/38 1 Remarques liminaires 1. La recherche récente sur ce sujet a aujourd’hui atteint un tel degré d’internationalisation, qu’il devient difficile de cerner dans les recherches en langue allemande prises dans leur ensemble le point de vue ou le profil d’une historiographie spécifiquement nationale. Les lignes d’influence qui sont aujourd’hui décisives conduisent fréquemment à des initiateurs, des ouvrages et des milieux « extérieurs » aux pôles actuels de la recherche que sont Münster, Fribourg, Heidelberg, Zurich, Berlin ou Hagen1. 2. Les recherches de langue allemande sont loin de constituer un tout cohérent. Les sous-disciplines de la médiévistique, tout comme les unités de recherche des universités et de la Deutsche Forschungsgemeinschaft (Sonderforschungsbereiche = S.F.B.) ou les projets individuels mènent une vie autonome et ne prennent note des travaux des uns et des autres que de manière très sélective – souvent pour de bonnes raisons très pratiques. Il est toutefois évident que la tendance est à l’entrelacement, à l’intégration des disciplines. C’est la raison pour laquelle j’ai essayé de prendre en compte de nombreuses disciplines. Cela dit, j’ai été guidé en cela par l’intérêt des sciences historiques pour la signification sociale de l’écriture et de l’oralité ainsi que pour l’évolution des relations entre ces deux « techniques culturelles ». J’ai en outre été guidé par trois tendances fondamentales observables au Moyen Age : à savoir l’élaboration fonctionnelle de l’écrit et du Mon exposé sur l’état des recherches actuelles de la médiévistique de langue allemande concernant l’écriture et l’oralité est en étroite relation avec l’introduction générale qu’a proposée Hagen Keller. Il ne s’agit pour moi que de fournir quelques compléments et quelques approfondissements. Mais tout d’abord, trois courtes remarques permettront de dessiner les limites de mes considérations et d’en éclairer l’organisation. 4/11/22, 21:19 Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne - Ecriture et oralité. Quelques compléments et a… https://books.openedition.org/psorbonne/20704 3/38 2 3 discours, la diffusion sociale du rapport à l’écrit, enfin l’autonomie et le pouvoir croissants des connaissances et des dispositions écrites. J’ai été guidé, enfin, par la question de savoir si le renoncement partiel à la dichotomie ou à l’opposition entre l’écrit et l’oral s’est accompagné d’une attention soutenue pour la variété des formes d’association de l’écrit et de l’oral (en fonction d’une polarité dynamique). 3. Pour finir, un avertissement. Non seulement mon choix est objectivement toujours trop restreint, mais il est aussi arbitraire de par son utilisation, dans la mesure où, la plupart du temps, je n’évoque chaque contribution de la recherche qu’à un moment donné de mon exposé. Du coup, on se verra confronté à une énumération qui pourra passer pour une bibliographie commentée. Mais il y a surtout que l’exposé ne retient que certains aspects de travaux choisis et qu’il ne saurait par là même rendre compte de leur richesse. 1. La matérialité Mon exposé se compose de quatre parties2. Il sera tout d’abord question des aspects matériels des deux techniques culturelles (1). Puis suivront quelques brèves remarques sur leurs motifs et leurs genres (2). Je voudrais traiter plus en détail des recherches sur la pratique sociale de la « compréhension mutuelle » (3), où se concentrent, selon moi, les progrès de la recherche. Je voudrais enfin esquisser les caractéristiques des transformations séculaires et exprimer des desiderata personnels (4). « Matérialité » est un terme relativement récent que l’on doit aux recherches inspirées par les théories de la réception et des médias3. La matérialité renvoie à l’idée d’un objet écrit préhensible. Sur la base de ce constat, j’entendrai par matérialité le répertoire des signa et instrumenta scripturaux, picturaux et auditifs, qui font de la pièce écrite un objet composé ainsi que les modes d’accès qui en découlent4. Donnons tout d’abord des indications sur certains aspects de l’élaboration et de l’approfondissement 4/11/22, 21:19 Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne - Ecriture et oralité. Quelques compléments et a… https://books.openedition.org/psorbonne/20704 4/38 de « la base alphanumérique » (alphanumerische Grundaustattung), pour reprendre ici un concept prégnant proposé par Friedrich Kittler pour caractériser le stock des chiffres et des lettres de l’alphabet latin5. Wolfgang Raible6 a mis en évidence, au niveau de l’Europe médiévale, la tendance générale à améliorer l’efficacité de la lecture par la forme de la mise par écrit, entendons par la mise en ligne, mise en page, mise en texte et mise en livre. Il a souligné par ailleurs combien étaient importantes la reprise et l’élaboration des diagrammes (particulièrement des schémas en colonne, en arborescence, en ramification, en cercle et en carré), des tableaux et des tables de comput, des figures géométriques dans les manuels du quadrivium. Dans ce domaine, Arno Borst a observé, déjà à la cour de Charlemagne, une nouvelle intensification des traditions de l’Antiquité tardive dans le cadre des initiatives concernant la culture écrite7. Le colloque d’Aix-la-Chapelle sur la science occidentale et orientale à l’époque carolingienne, organisé par Paul Leo Butzer et Dietrich Lohrmann, a également été riche d’enseignements à cet égard8. Eva Maria Engelen, qui travaille sous la direction de Borst, a pu démontrer la même chose pour les œuvres d’Abbon de Fleury9. Des éléments nouveaux viennent cependant s’ajouter à ces travaux et à ces élaborations dans ce répertoire, comme les types localement ou régionalement différents de neumes pour le chant grégorien qui, à la longue, débouchent sur un nombre restreint de types de notations par lignes et mesures : les notes de musique. Cet élargissement significatif du répertoire – naturellement connu depuis longtemps – a été défini d’une nouvelle façon par Michael Walter10 comme le processus de séparation par l’écriture du son et du mot, de la mélodie et de la liturgie, de la musique et du langage. Parallèlement, la superposition, au moyen de lignes, provoquait un effet de spatialisation, l’écriture assignant un lieu aux notes (Tonortschrift11), et la division en longae, breve et pausationes une temporalisation. L’utilisation des chiffres arabo-indiens dans la comptabilité écrite du quotidien de la bourgeoisie urbaine représente un 4/11/22, 21:19 Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne - Ecriture et oralité. Quelques compléments et a… https://books.openedition.org/psorbonne/20704 5/38 élargissement du répertoire dont la portée se mesure sur le très long terme12. Il en est de même pour ces signes, de plus en plus répandus depuis le XIIe siècle, appelés par Friedrich Kittler des « opérateurs » (Operatoren)13 : comme le « li » parisien, avec lequel il devenait possible, pour la dispute et l’écriture scolastique, de citer des notions et des phrases, ainsi que de substantiver les verbes, les prépositions et d’autres classes de mots. On pourrait mentionner en outre l’apparition des signes plus et moins (1486), avec lesquels le calcul commença à sortir d’une l’expression sous forme de phrase, orale ou écrite, de l’opération mathématique. Les recherches consacrées à la diversité des signes et des marques d’identification, de représentation, de classement, de garantie et de valorisation sur les bâtiments, les biens, les mesures et les documents écrits (lettres, listes), les sceaux et autres objets semblables devraient faire aussi l’objet de notre attention. Les médiévistes sont naturellement plus habitués à ce que les documents offrent comme signa repraesentativa ou significativa – un élargissement sémiotique considérable de la diplomatique s’ouvre dès lors à nous14. De même, les nouvelles recherches en matière de sigillographie vont dans cette direction15. Des pas décisifs ont été accomplis par Wolfgang von Stromer vers la connaissance de l’économie du bas Moyen Age en général, et par Evamaria Engel pour les villes en particulier16. L’origine et l’intégration exacte des marques et des signes urbains dans la conduite des affaires liée à l’écriture et dans l’auto- représentation se font encore attendre17. Mais j’aborde là déjà la transition si difficile du « signe » à « l’image ». Il me semble à cet égard important que la filiation de l’écrit avec la peinture ou le dessin ne soit pas étudiée seulement en termes de qualités d’analogie ou de référence sémantiques. S’ouvre ici le vaste champ, qui ne cesse de s’agrandir, des relations entre le texte et l’image, auquel Christel Meier et Uwe Ruhberg ont, il y a maintenant près de deux décennies, donné une impulsion décisive18. Beaucoup de nouveau a été apporté autour des plus importants témoignages mêlant écrit et iconographie : de même que la recherche française et 4/11/22, 21:19 Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne - Ecriture et oralité. Quelques compléments et a… https://books.openedition.org/psorbonne/20704 6/38 anglaise possède « sa » tapisserie de Bayeux19, la recherche uploads/Litterature/ kuchenbuch-ecriture-et-oralite-quelques-complements-et-approfondissements.pdf

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