L'HOMME SANS GRAVITÉ DES MÊMES AUTEURS DE CHARLES MELMAN : Nouvelles études sur

L'HOMME SANS GRAVITÉ DES MÊMES AUTEURS DE CHARLES MELMAN : Nouvelles études sur l'hystérie, Éditions Denoël, Paris, 1984 Livre compagnon de RSI, séminaire 1981-1982, publication de l'Association freudienne internationale, Paris, 1990 Nouvelles études sur l'inconscient, séminaire 1984-1985, publica- tion de l'Association freudienne internationale, Paris, 1990 Clinique psychanalytique, articles et communications 1973-1990, publication de l'Association freudienne internationale, Paris, 1991 Clinique psychanalytique et lien social, Bibliothèque du Bulletin freudien, Association freudienne de Belgique, 2 e édition, 1992 Refoulement et déterminisme des névroses, séminaire 1989-1990, publication de l'Association freudienne internationale, Paris, 1992 La Nature du symptôme, séminaire 1990-1991, publication de l'Association freudienne internationale, Paris, 1994 Les Structures lacaniennes des psychoses, séminaire 1983-1984, publication de l'Association freudienne internationale, Paris, 1995 Questions de clinique psychanalytique, séminaire 1985-1986, publi- cation de l'Association freudienne internationale, Paris, 1997 La Névrose obsessionnelle, séminaires 1987-1988 et 1988-1989, publication de l'Association freudienne internationale, Paris, 1999 Retour à Schreber, séminaire 1994-1995, publication de l'Associa- tion freudienne internationale, Paris, 1999 DE JEAN-PIERRE LEBRUN : De la maladie médicale, Bruxelles, éd. De Boeck-Université, 1993 Un monde sans limite - Essai pour une clinique psychanalytique du social, Ramonville Saint-Agne, Érès, 1997 // donc - Conversations avec Jean Oury, en collaboration avec Pierre Babin, Paris, collection 10/18, 1978; réédité aux éditions Matrice en 1998 Monique, Bruxelles, éd. Jacques Antoine, collection Le Vice impuni, 1987, réédité sous le titre Rien n'est plus secret qu'une existence féminine, Ramonville Sainte-Agne, Érès, 2001 Les Désarrois nouveaux du sujet, Ramonville Sainte-Agne, Érès, 2001 Charles Melman Entretiens avec Jean-Pierre Lebrun L'HOMME SANS GRAVITÉ Jouir à tout prix DENOËL COLLECTION MÉDIATIONS Ouvrage publié sous la direction de Renaud de Rochebrune © 2002, by Éditions Denoël 9, rue du Cherche-Midi, 75006 Paris ISBN : 2-207-25406.2 B 25406.9 J'ai voulu exposer au grand jour les périls que l'égalité fait courir à l'indépendance humaine, parce que je crois fermement que ces périls sont les plus formidables aussi bien que les moins prévus de tous ceux que renferme l'avenir. Mais je ne les crois pas insurmontables. Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique. Avant-propos Un jeune homme d'une vingtaine d'années, vivant depuis peu en couple et devenu récemment père, se plai- gnait auprès de moi : « Dans ma jeunesse, j'ai eu des tas de filles; je les baisais dans les voitures, dans les garages, n'importe où... alors, aujourd'hui " une " femme et dans un lit... c'est fade!» Ce propos pourrait sembler n'être guère nouveau dans la clinique quoti- dienne. Mais ce qui était inédit, pourtant, c'est que le renoncement, le « deuil » qui s'imposait ainsi à ce patient lui apparaissait comme incongru, comme n'allant pas de soi. Ce qui lui arrivait lui était insupportable et suscitait d'abord sa protestation. D'où vient, se disait-il en somme, qu'il faille renoncer à la jouissance per- manente? D'où vient qu'il faille payer le prix d'un choix? Pourquoi faut-il qu'on soit frappé par une telle injustice ? Hier, même les proverbes et autres maximes rappelaient au sujet que tout n'était pas possible - « On ne peut pas tout avoir ! » -, qu'il faut assumer les conséquences de ses actes - « Qui sème le vent récolte la tempête ! » -, qu'il faut tenir compte de ce que l'on fait - « Rien ne sert de courir, il faut partir à point ! » Aujourd'hui l'adage le plus communément évoqué, et pour cause, c'est : « Vouloir le beurre et l'argent du beurre ! » Là où, hier, pour la plupart des patients qui s'adres- saient au psychanalyste, il s'agissait de trouver une autre issue que la névrose à la conflictualité inhérente au désir, aujourd'hui, ceux qui trouvent la voie de son cabinet viennent bien souvent lui parler de leurs engluements dans une jouissance en excès. Que s'est-il donc passé - que se passe-t-il donc - pour qu'ainsi, régulièrement, la jouissance l'ait emporté - l'emporte - sur le désir? Nul ne contestera que nous sommes aujourd'hui face à une crise des repères. Quelle que soit la pertinence de cette expression, la tâche de penser le monde dans lequel nous vivons s'impose donc plus que jamais. Les transforma- tions de nos sociétés, suite à la conjonction du développe- ment des technosciences, de l'évolution de la démocratie et de l'essor du libéralisme économique, nous contrai- gnent à réinterroger la majorité de nos certitudes d'hier. Du moins, si nous ne voulons pas nous satisfaire de sim- plement prendre acte des modifications considérables de nos comportements qu'elles provoquent. Nous constatons les difficultés des sujets d'aujourd'hui à disposer de balises, tant pour éclairer la prise de déci- sions que pour analyser les situations auxquelles ils sont confrontés. Est-ce étonnant dans un monde caractérisé par la violence, aussi bien à l'école que dans la Cité, une nouvelle attitude devant la mort (euthanasie, affaiblisse- ment des rites...), la demande du transsexuel, les aléas des droits de l'enfant, les contraintes voire les diktats de l'économique, les addictions de tous ordres, l'émergence de symptômes inédits (anorexie masculine, enfants hyper- actifs...), la tyrannie du consensus, la croyance aux solu- tions autoritaires, la transparence à tout prix, le poids du médiatique, l'inflation de l'image, l'adresse permanente au droit et à la justice comme « bonnes à tout faire » de la vie en société, les revendications des victimes de tout genre, l'aliénation dans le virtuel (jeux vidéo, Internet...), l'exigence du risque zéro, etc. On pourrait penser que, confronté à toutes ces ques- tions, il suffira de produire des connaissances nouvelles pour nous guider et nous permettre de naviguer à l'aise en ce nouveau monde. Mais nous devrons rapidement déchanter : le savoir le plus exhaustif n'évite pas d'avoir à se faire son opinion propre pour pouvoir décider quoi faire face à des évolutions majeures. Il faut même dire plus : c'est précisément là où le savoir vient à faire défaut qu'on ne peut échapper à la nécessité du jugement. De ce fait, en comptant sur davantage de connaissances, nous ne ferions que remettre à demain la confrontation à ce défaut inéluctable dans le savoir, et notre engagement subjectif n'en deviendrait que plus difficile. La psychanalyse peut-elle à cet égard être d'un quel- conque secours? Nous savons que Freud ne voyait aucune antinomie entre la psychologie individuelle et la psychologie sociale. Rappelons les premières lignes de Psychologie des foules et analyse du moi : « L'opposition entre la psychologie individuelle et la psychologie sociale, ou psychologie des foules, qui peut bien à première vue nous paraître très importante, perd beaucoup de son acuité si on l'examine à fond. Certes, la psychologie indi- viduelle a pour objet l'homme isolé et elle cherche à savoir par quelles voies celui-ci tente d'obtenir la satisfaction de ses motions pulsionnelles, mais, ce faisant, elle n'est que rarement - dans certaines conditions exceptionnelles - en mesure de faire abstraction des relations de cet individu avec les autres. Dans la vie psychique de l'individu pris isolément, l'autre intervient très régulièrement en tant que modèle, soutien et adversaire, et de ce fait la psychologie individuelle est aussi, d'emblée et simultanément, une psy- chologie sociale, en ce sens élargi mais parfaitement justi- fié » 1. S. Freud, « Psychologie des foules et analyse du moi », in Essais de psychanalyse, Payot, 1981, p. 123. Ainsi, face aux grands phénomènes de société, Freud n'a jamais manqué d'apporter sa contribution et ses éclai- rages. Il a même écrit plusieurs ouvrages 1 sur ces ques- tions, parmi lesquels son célèbre Malaise dans la civilisation. Mais plus d'une centaine d'années nous sépare aujourd'hui du moment d'émergence de la psycha- nalyse, et notre début de siècle n'est nullement compa- rable à ce que fut la Vienne de 1900. Il n'y a donc pas à nous étonner d'être contraints à reprendre le travail. Sur- tout dans une période de changement comme celle que nous vivons. Nous nous y sommes, pour notre part, déjà attelés depuis quelques années, notamment dans nos ouvrages Un monde sans limite2 et Les Désarrois nou- veaux du sujet3. Or, en mars 2001, à l'occasion de rencontres psychia- triques autour du thème « L'homme à l'épreuve de la société contemporaine4 », nous avons eu l'occasion d'entendre Charles Melman apporter sa contribution au débat sur le « malaise dans la civilisation » actuel en 1. Une récente monographie de la Revue française de psychanalyse est consacrée aux textes de Freud sur le social et se présente en ces termes : « A considérer l'ensemble de l'œuvre freudienne, il apparaît que les textes parfois désignés comme sociaux en occupent un bon tiers, voire la moitié selon la lecture et l'interprétation qui s'en fait. Voilà qui mérite pour le moins d'y réfléchir un peu plus qu'il n'est généralement d'usage ; voilà qui pourrait peut-être conduire à s'inter- roger plus avant sur la psychanalyse elle-même, sur sa pratique, sur son être et sur son essence. » Freud, le sujet social, monographie de la Revue française de psychanalyse, PUF, 2002. 2. J.-P. Lebrun, Un monde sans limite, Érès, 1997. 3. J.-P. Lebrun, Les Désarrois nouveaux du sujet, Prolongements théorico-cliniques au Monde sans limite, Érès, 2001. uploads/Litterature/ l-homme-sans-gravite-pdf.pdf

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