Le mystère de la descente du Coran est le mystère central de lǯIslam ; à ce mys

Le mystère de la descente du Coran est le mystère central de lǯIslam ; à ce mystère correspond dans lǯâme humaine le secret (sirr) qui est le lieu où cette Parole peut être entendue pour ce quǯelle est de toute éternité ; et à cette descente (tanzîl) du Coran dans le monde extérieur, correspond, par la récitation (qurǯân) et le souvenir, ou mention, de Dieu (dhikr Allâh), la remontée vers le centre spirituel de lǯêtre. Or si ce mystère, qui sǯidentifie extérieurement avec la Révélation et intérieurement avec la réalisation spirituelle , ne peut sǯexprimer par des mots (bien quǯen Islam les moyens traditionnels qui servent de support à cette réalisation soient avant tout verbaux, ce qui peut apparaître comme une conséquence du rôle fondamental quǯy joue, précisément, la Parole), il doit néanmoins être possible dǯen parler dǯune certaine façon qui, quoique théorique et non opérative par elle-même, sera encore fondée sur les versets du Coran. Il sǯensuit que ces versets – tout au moins certains dǯentre eux – doivent posséder, outre le sens littéral et exotérique, dǯautres sens, plus intérieurs, et être par conséquent justifiables dǯune interprétation ésotérique. Plusieurs hadiths attestent dǯailleurs lǯexistence de ces sens cachés sous la lettre de la Révélation, et distinguent, symboliquement, quatre ou sept sens différents. Selon un hadith bien connu : « Le Coran a une apparence extérieure et une profondeur cachée, un sens exotérique et un sens ésotérique ; à son tour, ce sens ésotérique recèle un sens ésotérique (cette profondeur a une profondeur, à lǯimage des Sphères célestes emboîtées les unes dans les autres) ; ainsi de suite, jusquǯà sept sens exotériques (sept profondeurs de profondeur cachée). » (Cf. Henry Corbin, Histoire de la philosophie islamique, Paris, Gallimard, 1968,) La distinction entre les quatre sens de lǯEcriture est bien connue et se retrouve également en Occident .Pour lǯImâm Jaǯfar al-Sâdiq : « Le livre de Dieu comprend quatre choses : lǯexpression, lǯallusion, les sens subtils (latâǯif), les réalités spirituelles (haqâǯiq). Lǯexpression est pour le commun ; lǯallusion pour lǯélite ; les sens subtils pour les Amis de Dieu ; les réalités spirituelles pour les Prophètes. » (Cf. Jean Canteins, La Voie des lettres, Paris, Albin Michel, 1981, pp. 75-76, et H. Corbin, op. cit., pp. 19-20. ) Selon un autre enseignement du Prophète : « Aucun verset du Coran nǯest descendu sans comporter un Ǯ dosǯ (zahr, cǯest-à-dire un extérieur, zâhir) et un Ǯ ventreǯ (batn, cǯest-à-dire un intérieur, bâtin) ; toute lettre a une Ǯ limiteǯ (hadd), et toute Ǯlimiteǯ a un Ǯ haut-lieuǯ (muttalaǯ). » Dans la préface de son commentaire du Coran, al-Qâshâni cite ce hadith et ajoute : « Or je compris que le Ǯdosǯ est lǯexplication exotérique (tafsîr) et le Ǯventreǯ lǯinterprétation ésotérique (taǯwîl), la Ǯlimiteǯ le lieu où cessent les compréhensions du sens verbal, et le Ǯhaut-lieuǯ celui où lǯon monte pour sǯélever à la contemplation du Roi Très-Savant. » (Tome I, p. 4 de lǯédition citée, et Etudes traditionnelles, 1963, pp. 77-78. ) Le terme désignant généralement lǯinterprétation ésotérique du Coran est le mot taǯwîl .Le tawîl ne sǯoppose pas au tafsîr ; il se situe simplement sur un autre plan que ce dernier. Le tafsîr est le commentaire du Coran selon le point de vue exotérique et les moyens traditionnels en usage : recours à la grammaire, au hadith, aux circonstances entourant la révélation de tel verset, etc… Il sǯagit donc en principe de lǯexplication du texte selon son sens littéral ; toutefois, le terme tafsîr est susceptible de désigner parfois des commentaires moraux, allégoriques ou même métaphysiques dont la portée dépasse le niveau, dǯailleurs indispensable, dǯétude du sens obvie. Mais le mot qui désigne proprement lǯinterprétation du Coran selon le point de vue ésotérique et initiatique est tawîl, nom dǯaction du verbe awwala, qui signifie Ǯfaire revenir à lǯorigineǯ et est apparenté au mot awwal, Ǯpremierǯ. Al-Awwal est dǯailleurs un Nom divin, selon le verset : « Il est le Premier (al-Awwal) et le Dernier (al-Akhir), lǯExtérieur (al-Zâhir) et lǯIntérieur (al-Bâtin). Il est informé de toute chose (LVII , 3). » Par analogie avec ces couples de Noms divins, il est donc permis de dire que le tawîl est le passage du zâhir au bâtin, de lǯapparent au caché, de lǯexotérique à lǯésotérique. Le tawîl se présente donc comme un corrélatif du tanzîl, qui est inversément le passage de lǯintérieur à lǯextérieur : « Le mot taǯwîl forme avec le mot tanzîl un couple de termes et de notions complémentaires et contrastantes. Tanzîl désigne en propre la religion positive, la lettre de la Révélation dictée par lǯAnge au Prophète. Cǯest faire descendre cette Révélation depuis le monde supérieur. Tawîl, cǯest inversement faire revenir, reconduire à lǯorigine, par conséquent revenir au sens vrai et originel dǯun écrit. » (Cf. H. Corbin, op. cit., p. 27. Un célèbre commentaire du Coran dû à Baydawî sǯintitule : Les Lumières de la Révélation et les secrets du taǯwîl (anwâr al-tanzîl wa asrâr al-tawîl). Le mot tawil apparaît exactement dix-sept fois dans le Coran ( III, 7 deux fois ; IV, 59 ; VII,53 deux fois ; X, 39 ; XII, 6 ; XII, 21 ; XII, 36 ; XII, 37 ; XII, 44 ; XII, 45 ; XII, 100 ; XII, 101 ; XVII, 35 ; XVIII, 78 ; XVIII, 82.) et ce certainement pas un hasard. La nature ésotérique du tawîl est mise en évidence dans le verset (III, 7) « Cǯest Lui qui a fait descendre sur toi le Livre. Certains versets en sont fixés (muhkamât) ; ceux-là sont la Mère du Livre (umm al-kitâb). Dǯautres sont ambigus (mutashâbihât). Ceux qui dans leurs coeurs penchent vers lǯerreur sǯattachent à ce qui est ambigu ; ils recherchent la discorde et ils recherchent son interprétation (taǯwîl) ; mais nul nǯen connaît lǯinterprétation (taǯwîl), sinon Dieu. Et ceux qui sont enracinés dans la Science disent : Nous y croyons. Tout vient de notre Seigneur. Mais seuls sǯen souviennent les hommes doués dǯintelligence. » (III, 7) Or, on peut également lire : « …nul nǯen connaît lǯinterprétation, sinon Dieu et ceux qui sont enracinés dans la Science. Ils disent… » Cǯest cette deuxième lecture que font les commentateurs qui, sans avoir pour cela la prétention de se ranger parmi les « enracinés dans la Science », ont du moins le désir – pur de toute intention de discorde – de parvenir à lǯintelligence du taǯwîl véritable ( Cf. J. Canteins, op. cit., p. 55. ) Ce verset est donc une sorte de miroir où chacun peut lire son intention propre : les tenants de lǯexotérisme, sǯen tiendront au premier sens ; tandis que ceux qui recherchent la Science adopteront tout naturellement la seconde lecture. Quant à ceux qui ne croient pas : « Ils traitent de mensonge ce dont ils nǯembrassent pas la science et dont lǯexplication (tawîl) ne leur est pas encore parvenue. » (X, 39) « Nous sommes venus à eux avec un Livre et Nous le leur avons expliqué (faççalnâhu) selon une science. Cǯest une direction et une miséricorde pour ceux qui croient. Quǯattendent-ils sinon son interprétation (taǯwîl) ? Le jour où viendra son interprétation (taǯwîl) ceux qui lǯavaient oublié diront : Les Envoyés de notre Seigneur sont déjà venus avec la vérité. » (VII, 52-53) Il y a donc :- -ceux qui sont privés de la foi et pour qui le coran , et a fortiori son tawîl, (sens ésotérique ) restent fermés - ceux qui croient en Dieu, en ses Envoyés et en ses Livres, mais sǯen tiennent à la lettre de la Révélation, estimant que Dieu seul détient le secret de son interprétation - ceux enfin qui, en vertu dǯune lecture tout aussi traditionnelle du verset (III, 7) considèrent quǯil est légitime – indispensable même à qui est engagé sur le chemin de la réalisation spirituelle – de méditer sur les sens ésotériques du Coran. Le sens ésotérique nǯest naturellement pas accessible à lǯhomme par ses propres forces ou ses propres efforts . Une influence spirituelle, appelée baraka est nécessaire pour que lǯesprit sǯouvre à son sens intérieur. Cette influence spirituelle est généralement transmise par lǯinitiation au sens le plus courant du terme, cǯest-à-dire de maître à disciple ou peut être enseignée directement par Dieu. Le tawîl du Coran nǯest dǯailleurs que le symbole dǯun tawîl plus général qui peut sǯappliquer à tout objet ou événement du monde manifesté : le mot ayât qui désigne les versets du Coran a également la signification de « signes ». Pour qui vit selon lǯesprit, tout dans lǯunivers est signe demandant à être décrypté car symbole dǯune Réalité quǯil exprime dans son ordre. Outre le taǯwîl par excellence qui est le sens ésotérique du coran , on pourra donc parler de tawîl dès il est question de la reconduction dǯun symbole à la réalité quǯil symbolise. Cǯest ainsi quǯil faut comprendre ce mot de la sourate de Joseph, où il apparaît à plusieurs reprises. Joseph, , a reçu de Dieu le don du tawîl des uploads/Litterature/ l-interpretation-esoterique-du-coran-pdf.pdf

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