1/9 admin3372 Archives de l'auteur 5 – Le halal selon le Coran et en Islam alaj

1/9 admin3372 Archives de l'auteur 5 – Le halal selon le Coran et en Islam alajami.fr /index.php/2018/01/23/5-le-halal-selon-le-coran-et-en-islam/ S2.V168 ; S16.V114 ; S5.V88 ; S16.V116 ; S10.V59 ; S5.V87 Nous avons montré dans une série de quatre articles [1] que l'Islam avait créé le concept du haram au détriment des catégories coraniques liées à l'usage de la forme verbale ḥarrama . Pour ce faire, l'Islam a réduit les trois niveaux coraniques : tabou , interdire , sacraliser au seul concept dit de l'illicite / haram , notion juridique correspondant aux interdits de l'Islam . En ayant dévié la démarche coranique vers le domaine de son propre Droit /fiqh, l'Islam a ainsi introduit une quantité d'interdits supplémentaires alors même que la position coranique était clairement contre la prolifération des interdits de nature cultuelle ou culturelle. Autrement dit, bien que le Coran soit venu libérer les hommes du carcan des interdits religieux, l'Islam a réintroduit le jeu des traditions et développé l'orthopraxie alimentaire et sociétale. Or, du fait de sa communauté d'emprunt au concept judaïque du pur /tahor/ impur /tamé, le concept de haram propre à l'Islam nécessitait que soit de même développé son opposé le halal , il convient donc que nous examinions à présent la ou les significations du terme-clef halâl selon le Coran. • Que dit l'Islam Bien que dans le Coran le terme ḥarâm ne signifie que sacré , [2] plusieurs niveaux de compréhension du mot-concept ḥalâl coexistent en fonction des significations que l'Islam lui confère. 1- La définition la plus couramment admise à l'heure actuelle de halal est licite , ce en opposition au haram comprend comme signifiant l'illicite . 2- Selon les ouvrages de Droit / fiqh , le haram désigne ce qui est impur et donc le halal ce qui pur , l'influence judaïque est ici manifeste. 3- Lorsque le haram concerne les interdits alimentaires carnés,[3] le halal désigne alors ce qui a été abattu selon le rite islamique. 2/9 4- Lorsque par haram l’on entend ce qui en réalité dans le Coran relève à la fois des commandements moraux et des recommandations éthiques,[4] le halal qualifie alors un mode de vie. 5- Englobant les points ci-dessus, le halal est souvent donné comme tout ce qui est permis par l’Islam, c’est-à-dire en l’occurrence la Charia islamique.[5] De plus, l’on assiste à l’heure actuelle à une exacerbation et à une inflation du halal mettant en œuvre à des degrés divers et alternativement ces cinq définitions. Ce néo- développement est lié à au moins trois facteurs : la volonté de l’islamisme à partir des années 80 de démarquer ses adhérents de la masse musulmane sécularisée ; le besoin de marqueurs identitaires des minorités musulmanes en terre d’Occident ; l’exploitation mercantile du marché économique dit du halal. C’est ainsi qu’est dit halal aussi bien une côtelette d’agneau égorgé rituellement que du champagne sans alcool, des jeux vidéos, voire des sex-shops, mais aussi des hôtels, des séjours de vacances, des mariages, et jusqu’à l’eau en Malaisie, championne du genre. Enfin, notons que le cinquième point mentionné traduit deux glissements de sens. Le premier déplace la question du halal du champ rituel vers le champ sociétal, ce qui en soi signerait paradoxalement une désacralisation du halal ! Le second amène à vouloir définir tout ce qui est halal, normativité exponentielle aussi totalisante que totalisatrice à terme, alors que le principe juridique classique visait à établir plus restrictivement ce qui est haram, nous y reviendrons. • Que dit le Coran 1–Signification du terme ḥalâl D’une part, il convient de garder présent à l’esprit que dans le Coran ḥarâm signifie uniquement sacré et que ce terme n’y est employé que pour qualifier sept choses.[6] D’autre part, le terme ḥalâl/licite est considéré par l’Islam comme l’opposé de ḥarâm/illicite, alors même que le seul antonyme vrai de sacré est profane. Si donc dans le Coran il est logique à priori que ḥalâl ne puisse en aucun cas signifier licite, nous allons constater que ses trois significations possibles correspondent aux trois champs lexicaux mis en jeu par l’emploi coranique de la forme verbale ḥarrama, à savoir : 1- interdire moralement ; 2- rendre tabou, tabouiser ; 3- sacraliser.[7] Ceci étant précisé, dans le Coran le terme-clef ḥalâl est retrouvé en six versets s’exprimant en trois contextes énonciatifs différents. – Concernant le premier contexte, un seul verset : « Disposez, de ce que vous avez pris en butin, de ce qui est permis/ḥalâlan, correctement/ṭayyiban, et craignez Dieu…»[9] Ce verset est très probablement en rapport avec la prise du butin à Badr et, puisque la Sourate VIII fait allusion aux polémiques quant à la destination et la répartition du butin, il n’y a donc pas lieu de spéculer ici sur la nature supposée « licite » du butin. Il est par contre logiquement fait référence à « ce qui est permis/ḥalâlan » quant à la quotité de parts distribuées « correctement/ṭayyiban », c’est-à-dire en vous conformant [8] 3/9 aux règles de partage qui vous ont été édictées précédemment aux versets S8.V1 et S8.V41. En ce cas donc, le sens de ḥalâl/permis est antonyme de la première ligne de sens de ḥarrama qui, comme nous l’avons démontré, signifie s’interdire ce que le Coran a moralement condamné.[10] – Concernant le deuxième contexte, trois versets sont liés à l’édiction des quatre tabous alimentaires fixés par le Coran. Ainsi, en S2.V168 : « Ô gens ! Mangez de ce qui est sur terre librement/ḥalâlan ce qui en est bon/ṭayyiban ; et ne suivez point les pas du Shaytân, car il est pour vous un ennemi déclaré ! »[11] Ce verset est en lien contextuel proche avec : « Il [Dieu] ne vous a rendu tabou/ḥarrama que la bête trouvée morte, le sang, la viande de porc et ce qui a été sacrifié/uhilla à un autre que Dieu… », v173. De même pour S16.V114 : « Et mangez de ce que Dieu vous a attribué librement/ḥalâlan ce qui en est bon/ṭayyiban, et rendez grâce au bienfait de Dieu si c’est Lui que vous adorez ! »[12] Ce verset précède l’édiction des quatre tabous alimentaires : « Il [Dieu] ne vous a rendu tabou/harrama que la bête trouvée morte, le sang, la viande de porc et ce qui a été sacrifié/uhilla à un autre que Dieu.», v115. Quant à S5.V88 : « Et mangez de ce que Dieu vous a attribué librement/ḥalâlan ce qui en est bon/ṭayyiban, et craignez Dieu en lequel vous croyez ! »,[13] ce verset répond à un refus de suivre ladite édiction de tabous : « Ô croyants ! Ne déclarez point tabou/ḥarrama les bonnes choses/aṭ–ṭayyibât que Dieu a pour vous rendu libre/aḥalla. Ne transgressez pas, car Dieu n’aime pas les transgresseurs ! »,[14] v87. Nous envisagerons ce v87 plus avant lors de l’étude des significations du verbe aḥalla. En ces versets donc, le terme ḥalâl est clairement opposé à la notion de tabous coraniques exprimée par l’emploi de la deuxième ligne de sens du verbe ḥarrama : rendre tabou, tabouiser.[15] En ce cas, ḥalâl en est l’antonyme et qualifie ce qui est non tabou, libre de tabou, d’où notre « librement », ce que l’étymologie confirme. En effet, ḥalâl est le nom d’action de la racine ḥalla lorsqu’elle signifie dénouer, résoudre, faciliter, étendre, déployer, et ḥalâl selon ce champ lexical désigne donc ce qui est sans lien, facilité, sans contrainte, libre d’accès, donc ici concernant ce qui n’a pas été rendu tabou par le Coran : ce dont on peut user « librement ». Il convient aussi de noter qu’en ces versets ḥalâlan est grammaticalement le complément de manière du verbe manger/akala et non pas un adjectif qualifiant le statut de ce l’on mange. De plus, lorsque la racine ḥalla signifie permettre, être désacralisé, être profane, le nom d’action correspondant est ḥill et non pas ḥalâl, comme en témoigne si nécessaire le Coran en S5.V5 ; S3.V93 ; S60.V10. Ainsi, traduire ḥalâl en ces versets par « licitement » est un abus de sens commis par l’Islam afin de parvenir à justifier dans le Coran le système islamique basé sur l’antinomie ḥalâl/licite versus ḥarâm/illicite. Cette emprise de l’Islam sur le lexique coranique a bien évidemment été inscrite et traduite dans les dictionnaires pour lesquels ḥalâl signifie aussi licite, sur ce phénomène voir : Les réentrées lexicales. De même, il est tout aussi incorrect lexicalement que grammaticalement de traduire en ces versets le complément adverbial « ṭayyiban/ce qui en est bon » par « ce qui est pur » puisque, si par définition 4/9 tout est libre à la consommation, c’est que rien n’est en soi impur. Il s’agit seulement de préciser que les hommes ne sont pas dans l’obligation de consommer tout ce qui est à leur disposition, mais seulement ce qu’il leur est agréable, « ce qui en est bon » comme aliments en fonction de leurs goûts. De plus, rappelons que l’adjectif ṭayyib signifie uniquement bon, agréable, doux, correct, mais en aucun cas pur. Au final, l’exégèse juridique a forcé lexicalement et grammaticalement le texte pour y uploads/Litterature/ 5-le-halal-selon-le-coran-et-en-islam.pdf

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