Noam Chomsky et Andre Vltchek L’OCCIDENT TERRORISTE D’Hiroshima à la guerre des
Noam Chomsky et Andre Vltchek L’OCCIDENT TERRORISTE D’Hiroshima à la guerre des drones Traduit de l’anglais par Nicolas Calvé Coordination éditoriale : Barbara Caretta-Debays Maquette et illustration de la couverture : Catherine D’Amours Traduction : Nicolas Calvé Typographie et mise en pages : Yolande Martel Conversion au format ePub : Studio C1C4 L’édition originale de ce livre a été publiée en 2013 par Pluto Press (Londres) sous le titre On Western Terrorism : from Hiroshima to Drone Warfare © Noam Chomsky et Andre Vltchek, 2013 © Les Éditions Écosociété, 2015, pour l’édition française Dépôt légal : 2e trimestre 2015 ISBN ePub 978-2-89719-183-2 Nous remercions le Conseil des arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication. Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition. Nous remercions le gouvernement du Québec de son soutien par l’entremise du Programme de crédits d’impôt pour l’édition de livres (gestion SODEC), et la SODEC pour son soutien financier. Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme national de traduction pour l’édition du livre pour nos activités de traduction. C AV ANT -PROPOS ET HOMME avec qui j’ai discuté de l’état du monde, peut-on le qualifier de « plus grand intellectuel du XXe siècle », de « personne la plus souvent citée de notre époque », ou encore de courageux pourfendeur de l’injustice et de la violence infligées à des milliards d’hommes, de femmes et d’enfants sans défense du monde entier ? Bien entendu ! Mais il n’apprécierait guère ces propos élogieux. Pour moi, Noam Chomsky est un homme qui aime les roses, qui sait savourer un bon verre de vin, qui peut parler avec chaleur et tendresse du passé et des gens qui ont croisé sa route un peu partout sur la planète. Un homme qui sait poser les bonnes questions et prendre le temps d’écouter attentivement la réponse de son interlocuteur ; un être bienveillant, attentionné, un ami cher. Un mur du bureau de Noam, au Massachusets Institute of Technology (MIT), est orné d’un portrait de Bertrand Russell accompagné de cette citation du philosophe : « Trois passions, simples mais irrésistibles, ont commandé ma vie : le besoin d’aimer, la soif de connaître, le sentiment presque intolérable des souffrances du genre humain1. » Pour une raison ou une autre, chaque fois que je me remémore ces mots, j’ai l’impression qu’ils sont de Noam. Sans doute parce qu’ils reflètent sa propre philosophie de la vie. * * * « Allons nous promener », m’a proposé Noam il y a de cela bon nombre d’années, lors de notre première rencontre, à New Y ork. « Et permettez- moi de vous offrir un café », a-t-il lancé sur un ton taquin. « Je suis un riche Américain, vous savez… » Munis de nos deux cafés achetés au restaurant du coin, nous nous sommes assis sur un banc, dans un parc situé près de l’Université de New Y ork. Pendant des heures, nous avons parlé, « partagé des notes », discuté du sort du monde. Évidemment, je détenais comme lui la citoyenneté américaine, mais, dans notre petite mise en scène, Noam jouait bel et bien le rôle du « riche Américain ». Sacré Noam ! Dès les premiers instants, j’ai senti chez lui bonté et camaraderie ; je me sentais bien, comme si aucune différence d’âge ne nous séparait, comme si j’étais venu trouver un vieil ami, et non un des plus grands penseurs contemporains. À partir de cet instant, nous avions une histoire commune. Pendant plusieurs années, nous avons correspondu, échangeant sur les enjeux politiques et les crimes de l’Occident, mais aussi sur des sujets plus légers comme notre passion commune pour le savoir et les circonstances dans lesquelles celle-ci avait débuté. Dans son cas, un des éléments déclencheurs avait été ce fameux kiosque à journaux situé au-dessus d’une station de métro, à l’angle de Broadway et de la 72e Rue, qui appartenait à des membres de sa famille. Quant à moi, c’est ma grand- mère russe qui avait entrepris de me lire d’innombrables livres, alors que j’avais à peine quatre ans. Dans ses lettres, Noam me parlait beaucoup de sa famille, de ce qu’impliquait le fait de grandir aux États-Unis, de sa fille qui vivait alors au Nicaragua, de sa femme bien-aimée, Carol. Elle aussi très gentille et chaleureuse avec moi, elle a pris le temps de lire mes premiers écrits politiques en me prodiguant ses sincères encouragements. « Carol n’avait d’autre choix que de devenir une grande linguiste et une grande professeure. Je me retrouvais sans cesse en prison et il fallait bien que quelqu’un fasse vivre la famille », m’a-t-il raconté dans un courriel où il évoquait les années de la guerre du Vietnam. Dans mes lettres, je lui ai parlé de mon enfance, qui a été assez compliquée et souvent trouble, résultat du caractère métissé de ma famille, ma mère étant russo-asiatique et mon père européen. Nous partagions beaucoup de choses, et pas seulement à propos de notre travail : pour moi, Noam était un peu comme un proche parent, la figure paternelle qui m’avait désespérément manqué, mais aussi un exemple de courage, d’intelligence et d’intégrité. * * * Tandis que Noam voyageait sans cesse d’un pays à l’autre pour rendre visite à des gens qui avaient besoin de son attention et de son soutien, j’ai un jour décidé de renouer avec mon travail en zone de guerre, où des millions d’êtres humains se font exterminer depuis des décennies, depuis des siècles. Des gens meurent. Massacrés au nom de la liberté, de la démocratie et d’autres nobles idéaux brandis tels des slogans, mais massacrés quand même. Par mes écrits, mes films et mes photos, j’ai témoigné d’horreurs, de vies brisées, de tragédies souvent trop douloureuses à décrire. Mais je sentais que je devais le faire, que je devais m’informer de ces situations, tenter de les comprendre, partager les témoignages recueillis dans la « marge », auxquels notre époque s’intéresse trop peu. Les souffrances de tant d’êtres humains du monde entier résultent le plus souvent de la cupidité, de la soif de domination, qui sont presque toujours le fait du « Vieux Continent » et de son puissant et impitoyable rejeton d’outre-Atlantique. On peut donner différents noms au phénomène (colonialisme ou néocolonialisme, impérialisme ou soif de profit), mais celui qu’on retient n’a guère d’importance : seule la souffrance compte. J’éprouve un respect et une admiration sans bornes pour le travail de Noam, mais je n’ai jamais voulu suivre ses traces. Je me suis plutôt donné une mission complémentaire à la sienne. Alors qu’il lutte sur les fronts intellectuel et militant, je recueille des preuves, tant verbales que visuelles, dans les zones de combat, sur les « scènes de crime ». Personne ne saurait faire ce qu’il fait mieux que lui, personne ne pourrait se montrer plus efficace. Rien ne sert de tenter de reproduire et de confirmer ce que Noam Chomsky accomplit déjà de manière éclatante. J’ai plutôt choisi de me rendre en République démocratique du Congo, au Rwanda, en Ouganda, en Égypte, en Israël, en Palestine, en Indonésie, au Timor-Leste, en Océanie, dans tous ces lieux qui ont subi les pillages, les humiliations et les carnages infligés ou orchestrés par les capitales occidentales. J’ai voulu illustrer à ma façon ce que Noam cherche à décrire et à comprendre. Pendant des années, nous avons échangé et comparé nos notes, de façon régulière ou sporadique, mais toujours avec application. À mes yeux, nous défendons la même cause, celle du droit à l’autodétermination et de la liberté pour tous les peuples du monde. Et nous nous battons contre le colonialisme et le fascisme, quelles que soient leurs formes. Nous n’avons toutefois jamais prononcé ces mots ni cherché à définir nos activités. Chez Noam, le combat contre l’injustice semble aussi naturel que la respiration. En ce qui me concerne, ce fut à la fois un grand honneur et une belle aventure de travailler avec lui et de réaliser des images et des reportages inspirés de ses conclusions. * * * A yant été témoin d’innombrables conflits, invasions et guerres sur tous les continents, j’ai acquis la certitude que ces drames ont pour la plupart été orchestrés ou provoqués en fonction des intérêts géopolitiques et économiques de l’Occident. Quant aux « informations » diffusées sur ces événements meurtriers et le sort des êtres humains exterminés et sacrifiés en toute impunité par les empires coloniaux, elles sont grossièrement insuffisantes et partiales. George Orwell disait des humains vivant hors de l’Europe, de l’Amérique du Nord et de quelques pays privilégiés d’Asie qu’ils étaient des « non-personnes », une expression empreinte de sarcasme que Noam aime aussi utiliser. En y regardant de plus près, on ne peut que constater que ces milliards de « non-personnes » constituent la majorité de l’humanité. Ce que je lis dans la presse occidentale ne correspond pas vraiment à ce dont j’ai été témoin aux quatre coins du uploads/Litterature/ l-occident-terroriste-d-hiroshima-a-la-guerre-des-drones-noam-chomsky-andre-vltchek-pdf.pdf
Documents similaires










-
54
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Sep 29, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 1.4841MB