1 Lire le romantisme, Bony Qu’est-ce que le romantisme ? I. Une définition poss

1 Lire le romantisme, Bony Qu’est-ce que le romantisme ? I. Une définition possible ? 1. Variations autour d’un mot Débats passionnés autour du sens de ce mot entre 1813 et 1830. Terme venu de l’anglais et de l’allemand, d’abord appliqué pour décrire un paysage puis, l’effet produit par ce paysage. Il s’oppose au classicisme. Il se caractérise par une volonté d’échapper aux limites des genres littéraires. 2. La crise d’adolescence de la société moderne Le monde change pour donner naissance à la société moderne ce qui s’accompagne d’une révolution du livre, changement de statut social de l’écrivain qui est soumis aux lois du marché. Montée en puissance de la Presse, apparition des feuilletons. La société devient urbaine, la ville « monstrueuse », horrible, mais qui a aussi ses charmes. Nouvelles populations de lecteurs : certains auteurs sont attirés par le peuple, d’autres le fuient de plus en plus. Les artistes romantiques ont conscience d’appartenir à une époque nouvelle et qu’il faut un art adapté à l’époque, être moderne. 3. Une crise de conscience Conscience que la modernité a changé le regard que l’homme porte sur lui-même et sur le monde. C’est désormais le regard qui importe, l’unicité de la perception de chacun. Révolution de la conscience tandis que l’homme classique se pensait éternel, centre du monde, gouverné par la raison ; mais peu de sensibilité personnelle, plutôt religion, État, ordre. Chez les Romantiques, l’homme est mis en contact avec le monde par ses seuls sens, il s’en fait une représentation unique qu’il veut faire connaître. Singularité du moi liée aux bouleversements historiques : il est l’homme en situation, comme existence et non plus comme essence. L’expression du moi envahit la littérature et les arts (sauf en peinture où il n’y a pas davantage d’autoportraits.) Romans autobiographiques. Les premiers « poètes maudits » sont aujourd’hui oubliés. Les plus grands se sont observés, dépeints, racontés dans leurs œuvres, leurs journaux ou leurs correspondances. Mais ce moi est-il encore individuel ? Le moi romantique est « expansif », il prétend représenter tous ses contemporains. Chacun a conscience d’appartenir à la société. II. Une constante : « les mals du siècle » 1. Le vague des passions Les hommes jeunes sont déjà détrompés des illusions de la vie (par leurs lectures) sans en avoir joui. L’imagination est riche alors que l’existence est sèche : désenchantement, d’où rêveries stériles, ennui. Ce « mal du siècle » frappe une génération surtout marquée par la perte des repères spirituels et m oraux du XVIIIème siècle. Même l’espoir révolutionnaire n’a pas duré. Impossibilité de croire en quelque chose. 2. Le bruit des batailles Ombre des héros glorieux napoléoniens de la génération précédente. Les perspectives glorieuses n’existent plus. La réussite, en 1830, ne consiste plus qu’à être prêtre. 3. Le désenchantement La révolution de 1830 n’a rien apporté. C’est l’argent seul qui gouverne la société : réactions de révolte. 2 Certains choisissent la marginalité (cf. Sylvie de Nerval), cette attitude est à l’origine de l’ « Art pour l’Art. » D’autres optent pour le combat politique (Hugo, Lamartine) pour changer cette société. 4. L’ennui et l’impuissance La génération suivante est rongée par l’ennui. L’idéal n’est plus de ce monde, il appartient à l’ailleurs, à l’imaginaire (Baudelaire). Flaubert saccage les rêves qui ont été les siens à travers Emma Bovary ; soit, il les incarne dans Frédéric Moreau (L’Éducation sentimentale) et la faillite de toutes les illusions. 5. La crise de l’image féminine L’amour est l’un des derniers refuges possibles : exaltation romantique des passions. La femme est une image terrestre de la Beauté mais on trouve aussi des personnages féminins de femmes sans cœur qui font de l’homme qui croit à l’absolu leur jouet. Le rêve et le réel sont donc inconciliables, pour préserver le rêve, il faut maintenir la femme à distance. Réaction des femmes irritées par ces états d’âmes masculins : elles ne veulent plus être isolées, ni de simples objets de consommation, ni des anges. Elles demandent une vraie communication, souffrent mais se révoltent contre une société masculine (Sand). Avec ce bouillonnement d’idées, la galerie des personnages féminins s’enrichit (la courtisane, etc.). Rêve fou de rétablir une harmonie perdue entre l’homme et la femme dans la société, avec la nature. Histoire et théories I. Les théories avant les œuvres 1. Le Romantisme des émigrés C’est l’exil des contre-révolutionnaires qui introduit le Romantisme dans la littérature française. Les premiers théoriciens sont étrangers, opposés à Aristote et la mimèsis. Ils rejettent le rationalisme à la française (qui va de paire avec la haine européenne des envahisseurs français.) C’est au Groupe de Coppet que l’on attribue l’honneur d’avoir fait connaître le Romantisme allemand en France. Autour de Mme de Staël, Schlegel, Sismondi, Constant et autres anti-napoléoniens. Staël : De la littérature : principe esthétique : quelle est l’influence de la religion, des mœurs et des lois sur la littérature. Différences entre la littérature du Nord et celle du Midi. Peu de retentissement. De l’Allemagne, 1810. Schlegel : cours de littérature dramatique (professé à Vienne en 1808). Idées fortes : - subjectivité et relativité du Beau - opposition Nord/Midi (attaque contre la littérature antique et les classiques.) Sismondi : De la littérature du midi de l’Europe (1810) (c’est aussi un cours). Plus nuancé : il préfère l’idée de contact, de mélange. Il ne faut pas abuser de l’imitation, ne pas chercher un but moral. Germaine de Staël, De l’Allemagne Livre qui assume la diffusion de ces idées. Grand succès après 1815 lorsque les émigrés rentrent en France. Livre prospectif qui s’interroge sur ce que pourrait être une nouvelle littérature. Influence considérable. 2. La remontée aux sources Intérêt pour les recherches scientifiques, archéologiques, anthropologiques, folkloriques. Intérêt pour l’Orient, goût pour le primitif. Ainsi les poèmes d’Ossian (attribué à un barde gaélique du IIIème siècle) confèrent aux peuples du Nord des traditions nobles (mythologie germanique) etc. Goût pour les temps barbares, « gothiques ». « Celtomanie ». En France, certain intérêt pour la Gaule, mode du Moyen-Âge (parfois ridicule mais qui a sauvé les cathédrales). 3 3. Le romantisme de droite Chateaubriand Génie du Christianisme : insiste sur le rôle civilisateur de l’esprit religieux, mouvement de retour au sacré. La Muse française Le Romantisme royaliste s’y exprime, revue éphémère, émanations d’amis « ultra » (Lamartine, Hugo). Sa position est difficile : d’une part, fidélité à un régime politique du passé, d’autre part, sa volonté de rénover la littérature. Mais Chateaubriand est chassé de son ministère ce qui rompt le fragile équilibre. 4. Le romantisme de gauche Même contradiction chez les libéraux (fidèles au classicisme et aux Lumières) dont les « Anciens » sont hostiles à na Nouvelle poésie. Le romantisme ne peut permettre la construction d’une société nouvelle. Mais fausses notes dans les deux partis : par exemple, Stendhal défend Shakespeare ; critiques romantiques envers Lamartine. Conciliations entre hommes des deux camps, sur un plan strictement littéraire. 5. La liberté dans l’art Les deux Racine et Shakespeare de Stendhal sont considérées comme le premier manifeste romantique. Mais c’est un peu vague, hormis l’affirmation de la liberté dans l’art. Hugo : la préface de Cromwell (1827), drame trop long pour être joué. La Préface est le plus important manifeste romantique en France. Présente une philosophie de l’histoire littéraire : le christianisme voit la création de façon plus large que les Anciens, avec lui, le laid existe, le grotesque. Le drame est la forme la plus achevée de la poésie : mise en cause des règles classiques. Liberté dans l’art mais non l’anarchie. L’art est différent de la nature, c’est un « miroir de concentration » de la nature. Grande indépendance d’esprit. Le laid physique et moral peut et doit être représenté par l’art. Le Tableau de Sainte-Beuve Fin 1827, Tableau historique et critique de la poésie française […] au XVIème siècle. Manifeste du romantisme : évolution de la poésie française, parallèles entre la Renaissance et le Romantisme. Il ne fallait pas codifier les vers ; l’époque classique est une mauvaise parenthèse dans l’histoire de la poésie. Émile Deschamps : préface des Études française et étrangère (recueil de poèmes et de traductions, fin 1828). 3ème manifeste. Il veut redonner vie à des genres anciens négligés en les adaptant au XIXème siècle (odes, élégies…) Voici venu le temps d’une nouvelle littérature. Après lui, l’heure des débats théoriques est finie – les combats se livreront sur le terrain. II. Groupes, cénacles et grands débats Les doctrines du romantisme se sont élaborées dans de petits groupes. 1. Autour de Charles Nodier et de Victor Hugo Dilettante charmeur touche-à-tout. Bibliothécaire de l’Arsenal, il ouvre son salon en 1824 aux jeunes artistes. Écrit des contes, des essais fantastiques, s’intéresse à l’inconscient, le surnaturel (romantisme allemand). Discussions, travaux. 2. Autour du Globe Libéraux doctrinaires et saint-simoniens : Mérimée, Stendhal etc. portent le débat sur le terrain philosophique. Les doctrinaires Le Globe (journal philosophique et littéraire) : philosophie doctrinaire dont l’idée est que le christianisme n’a pas été remplacé par un autre système métaphysique qu’il faut construire : un « uploads/Litterature/ l-romantisme.pdf

  • 29
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager