ALTRALANG Journal Volume: 01 Issue: 01 / July 2019 pp. 20-30 e-ISSN: 2710-8619

ALTRALANG Journal Volume: 01 Issue: 01 / July 2019 pp. 20-30 e-ISSN: 2710-8619 p-ISSN: 2710-7922 [20] L’autre dans la langue et à travers la langue : de la perception du français chez les étudiants du grand sud algérien CHIBANE Rachid1 1Centre Universitaire de Tindouf Ali Kafi. Algérie chibanerachid0@gmail.com Reçu: 20/06/2019, Accepté: 30/07/2019, Publié: 31/07/2019 ABSTRACT: This paper tries to study the question of the attitudes and the motivation of the students of the university center of Tindouf with regard to the French language. This study is important insofar as the understanding of the relationship between students and the French language could be used to better develop teaching practices within the French language classes in the region of the great south of Algeria. KEYWORDS: attitudes, motivation, second language, representation RÉSUMÉ: Dans cet article, nous traitons de la question des attitudes et des représentations des étudiants issus de la région de Tindouf à l’égard de la langue française. Cette étude s’appuie sur une enquête menée auprès des étudiants du centre universitaire de Tindouf. Notre objectif est de comprendre la relation qu’entretiennent ces étudiants avec les langues présentes dans leur contexte de communication. Pour ce faire, nous avons alterné entre approche quantitative (questionnaire) et qualitative (entretien semi-directif). MOTS-CLÉS: attitudes, motivation, langue seconde, représentations. L’autre dans la langue et à travers la langue : de la perception du français chez les étudiants du grand sud algérien CHIBANE Rachid ALTRALANG Journal Volume 01 Issue 01 / July 2019 [21] Introduction Cette étude traite de la question des attitudes et de la motivation des étudiants du grand sud algérien à l’égard de la langue française. Nous pensons que cette problématique est instantanément liée à la question du français langue de scolarisation. Car on a beau pensé que les difficultés rencontrées par les enseignants et les étudiants lors de l’apprentissage d’une langue comme le français sont d’abord d’ordre didactique avant qu’ils ne le soient d’ordre social et psychologique. Toutefois, lorsqu’on vérifie, sur le terrain, les retombées d’une telle orientation nous nous rendons compte que nous tournons autour du pot sans trouver des solutions appropriées à l’enseignement du français dans notre pays. Des voix s’élèvent à chaque fois, tentant pour montrer du doigt le niveau des formateurs et tentant pour dire que la génération d’aujourd’hui ne veut pas apprendre le français. Notre expérience en tant qu’enseignant de langue française a souvent souffert de cette étroite conception qui ne nous aide pas à améliorer notre pratique pédagogique. Nous pensions qu’un bon enseignant de langue est avant tout un enseignant qui a une bonne maîtrise des règles grammaticales de la langue qu’il enseigne. Et lorsque, les apprenants n’obtenaient pas de bons résultats, la seule et unique réponse possible est que ces derniers n’ont pas un bon niveau. Nous évoluons avec cette conception jusqu’à ce que nous découvrions qu’il était possible de remplacer l’expression « n’ont pas un bon niveau » par des concepts comme « attitudes, représentations et motivation ». En quoi donc les attitudes et la motivation sont-elles si importantes pour devenir, à la fois, un élément inhibiteur et catalyseur pour l’apprentissage d’une langue ? Méthodologie de la recherche Notre recherche sur la motivation et les attitudes des apprenants a eu lieu au centre universitaire de Tindouf. On a examiné au total 63 étudiants parmi lesquels 44 participants sont des filles et 19 participants sont des garçons. Au centre universitaire de Tindouf, les étudiants apprennent le français comme première langue étrangère à raison d’une heure et demie par semaine. Ces étudiants suivent aussi les cours de disciplines non linguistiques, comme l’informatique et la géologie, dispensés en français pour les groupes d’étudiants des départements des sciences. En revanche, L’autre dans la langue et à travers la langue : de la perception du français chez les étudiants du grand sud algérien CHIBANE Rachid ALTRALANG Journal Volume 01 Issue 01 / July 2019 [22] les groupes d’étudiants inscrits au département du droit et économie et gestion suivent les cours en langue arabe. Il faut mentionner que presque tous les étudiants examinés ont commencé à apprendre le français à l'école primaire. Mais il y a aussi quelques étudiants sahraouis (les réfugiés du Sahara occidentale à Tindouf), de la république arabe sahraouie démocratique, qui avaient étudié l’espagnole dans le cycle primaire. Quant aux instruments, on a utilisé une enquête comportant 20 questions auxquelles les apprenants devaient répondre en choisissant seulement une réponse proposée. De plus, les étudiants avaient la possibilité d'expliquer leurs réponses en écrivant pourquoi ils ont entouré telle ou telle réponse. Tous les répondants ont rempli l'enquête pendant leurs cours de français. La première partie de l'enquête est composée des questions concernant l'attitude des apprenants à l'égard de la langue française et son apprentissage en général, tandis que la deuxième partie comporte les questions sur leur attitude envers les cours de français. Dans la troisième partie, on a examiné la réussite des étudiants dans l'apprentissage du français et leur attitude envers l'enseignant de français, alors que la quatrième partie examine le type de motivation chez les étudiants. La cinquième partie inclut le milieu social et les éléments de la culture française auxquels les apprenants sont exposés dans la vie quotidienne. Enfin, la sixième partie est composée des questions concernant les attitudes envers les locuteurs natifs tandis que la dernière partie comporte des questions sur le savoir socioculturel des apprenants. Outre les questions auxquelles les étudiants doivent répondre en entourant l'une des réponses proposées, notre enquête est composée aussi de deux questions qui contiennent une série d'affirmations pour lesquelles l'étudiant donne son accord ou son désaccord. En fait, les répondants devaient entourer un numéro entre 1 (tout à fait d'accord) et5 (pas du tout d'accord) pour chacune des affirmations. Ce type de questionnaire est utilisé dans la troisième et cinquième parties de l'enquête pour examiner le type de motivation et l'attitude des étudiants envers les locuteurs natifs. L’autre dans la langue et à travers la langue : de la perception du français chez les étudiants du grand sud algérien CHIBANE Rachid ALTRALANG Journal Volume 01 Issue 01 / July 2019 [23] Analyse des résultats Tout le début du questionnaire est consacré à des questions concernant l'attitude des étudiants envers la langue française et son apprentissage en général. Cette première partie de l'enquête comporte six questions. La première question posée aux étudiants est : «est-ce que tu aimes la langue française?» de sorte que les réponses proposées sont «oui», «non» de même que «oui et non». La plupart des apprenants (43) ont entouré la réponse «non» (69%), seuls 4 apprenants ont dit qu'ils aiment la langue française (6%) tandis que 16 apprenants ont entouré la réponse «oui et non» (25%). Figure 1 : Les attitudes des apprenants envers la langue française. Dans la partie où ils doivent expliquer pourquoi ils ont choisi la réponse «non», la majorité des étudiants a écrit, en arabe, les explications comme suit: «lughatalgawri», «langue de l’ennemi», ou «je n’aime pas elkoufar cette langue est contre l’arabe», « ils veulent nous imposer le français », (je veux apprendre la langue du Coran). Cependant, parmi les commentaires des apprenants qui ont entouré les réponses «oui» ou «oui et non», on a vu le plus souvent les explications comme «c'est une langue très difficile» ou «je n'ai pas de succès dans l'apprentissage du français». En définitive, il est clair que presque tous les apprenants n’aiment pas le français parce qu'ils l’associent à des éléments qui évoquent le passé 69% non 6% oui 25% oui et non L’autre dans la langue et à travers la langue : de la perception du français chez les étudiants du grand sud algérien CHIBANE Rachid ALTRALANG Journal Volume 01 Issue 01 / July 2019 [24] colonial de la France, la religion et aussi la langue arabe. Ils pensent que cette langue leur est imposée par la ministre de l’Education nationale, comme en témoigne l’une des réponses des étudiants « la ministre actuelle veut imposer le français et nous on ne veut pas ». La deuxième question concernant l'attitude des apprenants à l'égard de la langue française est «qu'est-ce que tu penses de la langue française?». La réponse «le français est une belle langue» est entourée par 7 apprenants (11%), la réponse «le français est une langue importante» est choisie par 18 apprenants (29%), tandis que 11 apprenants (17%) ont choisi la réponse «le français est une langue intéressante» est la réponse entourée par 27 apprenants (43%) est «le français est une langue difficile». Diagramme 2. Les attitudes des apprenants envers le français. La première partie du questionnaire se termine par la troisième et quatrième question qui concerne l'attitude des apprenants envers l'apprentissage du français en général. À la question «qu'est-ce qui est, pour toi, le plus difficile en français?», 57 apprenants (94%) ont répondu «la grammaire», «le discours et la conversation» et «la prononciation». 6 (10%) apprenants ont choisi le « vocabulaire ». Quant à la question «qu'est-ce qui est, pour toi, le plus facile en français?», la réponse «rien» est choisie par 58 apprenants (92%), la uploads/Litterature/ l-x27-autre-dans-la-langue-et-a-travers-la-langue-de-la-perception-du-francais-chez-les-etudiants-du-grand-sud-algerien-chibane-rachid1.pdf

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