Bac 2018 Épreuve de français Série L I. Question sur corpus Étude de la questio

Bac 2018 Épreuve de français Série L I. Question sur corpus Étude de la question Il faut d’abord remarquer les nombreuses choses qui rapprochent ces trois extraits de roman, pourtant écrits à des époques très différentes. Ils sont écrits par trois romancières et font entendre les voix de trois personnages féminins, ce qui doit orienter notre réflexion vers la question de la femme, et non pas seulement vers celle de l’amour. Ces personnages s’expriment directement, dans un dialogue, ou bien par l’intermédiaire d’une lettre, à l’amant à qui elles renoncent ou bien à une rivale. Réponse possible La question suppose d’organiser ses réponses selon le type de « raisons » avancées par ces femmes pour justifier leur renoncement à l’amour. Même si l’extrait du roman de Colette se distingue nettement dans son contenu des autres extraits, on évite de faire un paragraphe réunissant nos remarques sur lui, pour éviter un aspect « fourre-tout » et pour permettre une comparaison plus resserrée avec les romans de Mme de La Fayette et de Mme de Staël. Nous pouvons classer ces raisons en deux catégories, afin de mieux les comparer. 1| Un renoncement au profit d’autrui Dans La Princesse de Clèves (PC) et Delphine (D), le renoncement est présenté comme un « sacrifice », contrairement à La Vagabonde, qui parle de « s’échapper » de son amour pour Max. La Princesse invoque le « devoir » et la « bienséance ». Elle ne peut accepter l’amour de M. de Nemours, qu’elle « peut accuser de la mort » de M. de Clèves. Le fait de ne plus avoir de mari n’est donc pas une excuse pour aimer, contrairement à ce qu’affirme Nemours (§1). De même, Delphine préfère « mourir qu’avoir à se reprocher » la douleur de sa rivale (§1). Elle répond à « l’adjuration » de Matilde qui en appelle à la « morale » et à la « pitié ». Elle pense aussi à Léonce, malgré son renoncement, et demande à sa femme de « ne pas blesser son cœur par des reproches ». Renée n’est pas altruiste dans ses propos. Elle parle assez cruellement à Max. Elle l’accuse de vouloir « s’accaparer » d’elle, de « prendre sa part » d’elle. Son renoncement ne se fait pas pour les autres mais pour elle-même. 2| Un renoncement au profit de soi Ce sont des motifs personnels qui guident Renée, et non de grands principes moraux abstraits comme le « devoir ». Elle rejette le besoin du « bonheur » (§4), au profit de la liberté. Elle ne nomme pas ce principe mais utilise des d’adjectifs : « vagabonde » (c’est le titre du roman), « libre » ou des images (les « ombres » qu’elle laisse derrière elle dans son errance solitaire). L’amour est une perte, un amoindrissement : on voit le monde « tout petit » « au miroir amoureux du regard » de l’autre. Ce roman semble beaucoup plus féministe que les autres. Pourtant Mme de Staël donne une dimension personnelle au sacrifice de Delphine. On le voit dans le refus de voir disparaître l’amour que lui porte Léonce. Surtout, elle cherche à susciter l’admiration pour une catégorie de personnes au « caractères profondément sensibles » (§2), qui se sacrifient non pas par devoir mais par « générosité », « douceur », « dévouement », bonté ». Elle s’oppose donc à Matilde, pour qui le « devoir » suffit. Mme de Clèves se soumet davantage à son devoir, mais elle invoque elle-aussi « son repos ». Renoncer à Nemours, c’est s’épargner une agitation douloureuse. II. Sujets au choix 1. Commentaire Introduction rapide et problématique possible Cet extrait est une lettre adressée à une rivale, dans la tradition du roman par lettres du XVIIIe siècle. Mais le roman Delphine a marqué les esprits de l’époque par son caractère passionné. Il est une pierre de touche du romantisme français. On ne peut y lire une vision purement sacrificielle du renoncement à l’amour et une vision négative de la passion amoureuse. Nous nous demanderons donc si ce renoncement à l’amour est un renoncement à soi ? Plan possible I – Une réponse en forme de lettre d’adieu A) Une réponse adressée à une rivale Il faut s’arrêter sur la répétition du prénom « Matilde », dans toutes sortes de contexte, et sur l’omniprésence de la deuxième personne du pluriel, qui scandent le texte, sur le rappel du contenu de la lettre de celle-ci (début §2). Léonce est présent non comme interlocuteur et destinataire des adieux de Delphine, comme on aurait pu l’attendre, mais comme objet de son discours. B) L’annonce d’une décision La lettre commence abruptement avec l’annonce du départ de Delphine, exprimée au futur, comme si aucun doute n’était possible. Elle finit par un « adieu », qui ouvre le dernier paragraphe. Dans ce paragraphe, la décision de Delphine aboutit à un éloignement irrévocable et définitif. C) Dernières volontés Un certain nombre de demandes sont exprimées : avoir pitié de Max (§2), ne pas lui en vouloir (§3), demande de prière (§4). Exprimé à l’impératif, mode verbal très présent. Transition : cette lettre n’est pas simplement informative, elle cherche à toucher son destinataire et à laisser sortir des sentiments d’une intensité brûlante. II – Un discours passionné A) Un combat intérieur Delphine évoque la « douleur » qui est la sienne, sa « destinée malheureuse », comme un personnage de tragédie. Elle va même jusqu’à s’interrompre au moment où elle commence à se plaindre (début §2). B) Un ton animé Le discours est rendu passionné par des exclamations, des questions rhétoriques. Il mime un discours oral, où l’on s’adresse à son public de manière énergique (« Oui », « Matilde », « vous croyez », etc.). C) Un épanchement lyrique Le ton est aussi lyrique. L’abondance de répétitions (« Dieu » §1, « de générosité, de douceur, etc. » §2…) est le signe d’un mouvement d’expression irrépressible, d’une volonté de communiquer ses sentiments à Matilde (et donc au lecteur). La phrase finale, qui s’allonge en deux temps (« Priez pour elle », « priez pour »), cherche à susciter la pitié par un rythme ample. Transition : mais ce mouvement vers l’autre n’efface pas la personnalité qui s’exprime. Delphine se constitue en exemple digne d’admiration. III – Un exemple admirable A) Un sacrifice audacieux Le sacrifice de D. est présenté comme un acte héroïque, « audacieux » : « J’ose vous le dire ». Il dépasse tout autre sacrifice, et permet de prétendre à une forme de « supériorité ». Il s’agit d’un véritable « triomphe ». B) Une catégorie d’individus à part En effet, il range Delphine dans la catégorie des « caractères profondément sensibles », en compagnie de Léonce. Delphine présente cette race à part à l’admiration de Matilde et des lecteurs dans le §2. C) Un forme d’orgueil Delphine parle « d’orgueil ». Elle a une « mémoire » à faire respecter (§3). L’indulgence et le pardon sont « ordonnés » à Matilde, comme si la qualité du sentiment de Delphine lui donnait le droit d’avoir des exigences. Pas de renoncement à soi, donc, mais une exaltation héroïque de soi, profondément romantique. 2. Dissertation Les mots du sujet : étape incontournable, l’analyse des mots du sujet doit ouvrir le plus de sens pertinents possibles et non apporter des définitions fermées et définitives. C’est à ce moment que se joue la qualité et la quantité des idées dans votre dissertation. • « vivre » : = éprouver, ressentir ; idée d’intensité due à la portée existentielle de ce verbe ; aspect narratif : lien des passions aux événements « vécus » par les personnages. Pas de simples agents des événements rapportés, mais des caisses de résonance. Les événements se « vivent » de l’intérieur. La question du point de vue est cruciale (les pensées, les émotions et les sentiments des personnages, rapportés par exemple au point de vue interne). • « des passions » ≠ sentiments ou émotions ; idée d’intensité (la « passion » est subie et suppose une « passivité ») ; pas seulement la passion amoureuse (le pluriel et l’article indéfini). Que faire alors des personnages de roman qui ne sont pas passionnés ? Ne sont-ils pas « passionnants » ? • « captiver » : idée d’intensité (plus qu’« intéresser » ou « plaire ») ; idée de « captivité » (une forme de soumission du lecteur, de perte de liberté). Le sujet semble oublier des attitudes plus distanciées de la part du lecteur, à prendre en compte dans la réponse. Plan possible I – Vivre les passions avec les personnages de roman A) L’expression de l’intériorité passionnée Pensez au point de vue interne, aux paroles rapportées, au récit à la première personne qui permettent de rentrer dans la tête (et le cœur) des personnages. B) Des vies de passions De nombreux romans ont choisi de raconter la vie de héros plus grands que nature, personnages souvent positifs, ou bien négatifs. Ils cherchent à susciter uploads/Litterature/ l-x27-etudiant-bac-2018-sujets-francais-serie-l.pdf

  • 35
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager