Corso di Laurea magistrale (ordinamento ex D.M. 270/2004) In Lingue e letteratu

Corso di Laurea magistrale (ordinamento ex D.M. 270/2004) In Lingue e letterature europee, americane e postcoloniali Tesi di Laurea L’univers caché du Petit prince d’Antoine de Saint- Exupéry (1943) Relatrice Ch. Prof.ssa Paola Martinuzzi Correlatrice Ch. Prof.ssa Marie-Christine Jamet Laureanda Erika Moserle Matricola 810659 Anno Accademico 2011 / 2012 2 3 Introduction Généralement, la rencontre des lecteurs avec Le petit prince se situe dans l’enfance. C’est un livre très simple, une fable. Ce qui m’a poussée à en faire l’objet de mon essai c’est son apparente simplicité, qui cache en réalité un monde, un univers de significations qui d’habitude passe inaperçu. J’ai voulu approfondir ma connaissance de ce livre pour mieux comprendre ce qui en a fait, pour moi, un outil de réflexion sur la vie et sur les relations humaines. Mon analyse a privilégié les aspects narratologiques et psychanalytiques, sans laisser de côté l’évolution de la pensée de l’auteur et les autres œuvres importantes de Saint- Exupéry. On classifie souvent Le petit prince comme un livre pour enfants, parce qu’il est bref, simple et contient des éléments typiques du conte : les animaux parlants, un espace merveilleux, un renversement des règles logiques rationnelles concernant le temps et l’espace. Je pense que le message recelé dans cet ouvrage est beaucoup plus profond : c’est à nous de trouver notre interprétation de l’univers qu’Antoine de Saint-Exupéry a créé. 4 5 Premier Chapitre Une analyse narratologique du Petit Prince On peut envisager dans le Petit Prince de différentes qualités : il se rapproche d’un conte philosophique puisqu’il parle d’une philosophie de vie, il a l’apparence d’un conte fantastique du moment qu’il présente des personnages de fiction qui n’appartiennent pas au monde réel ou bien des animaux qui parlent (voire le renard et le serpent). En ceci il peut être associé aux contes de La Fontaine ou d’Esope, même parce qu’il utilise un langage très simple et il y a une prépondérance du dialogue. L’auteur cherche à donner une vraisemblance aux faits racontés à travers les indications temporelles et de lieu1, mais, surtout quand il parle du voyage du petit prince sur les astéroïdes, même s’il indique leurs noms, on arrive à comprendre que ce sont des inventions de l’auteur. Saint-Exupéry joue sur la question des détails, dans le sens qu’il justifie cette richesse de noms pour obtenir l’attention des « grandes personnes », qui, sans ces données, ne lui auraient jamais cru, mais selon moi c’est une façon de créer de la magie autour de la figure du Petit Prince : on veut croire qu’il a existé, même si l’on sait que ce n’est pas vrai. Saint-Exupéry veut être pris au sérieux : « je n’aime pas qu’on lise mon livre à la légère. »2, puisqu’il aborde des thèmes très importants pour lui : le contraste entre apparence et réalité (avant tout il faut penser au turc qui a découvert l’astéroïde B 612, auquel personne n’a cru à cause de ses vêtements), l’incapacité de communiquer entre enfants et adultes (l’épisode du boa et l’éléphant), l’importance des relations entre personnes et de la responsabilité des autres (rapports petit prince-rose, petit 1 “J’ai ainsi vécu seul, sans personne avec qui parler véritablement, jusqu’une panne dans le désert du Sahara, il y a six ans.” Antoine de Saint-Exupéry, Le petit prince (1943), dans Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1999, t. II, p. 237. 2 Ibid., p. 246. 6 prince-renard, petit prince-aviateur), la perte de vraies valeurs à cause de l’argent et du pouvoir (le roi, le buveur, le vaniteux…). Le ton dominant est lyrique : on parle des sentiments, surtout à la première personne ou à la deuxième du singulier. Le locuteur exprime ses états d’âme et ses émotions, son investissement personnel et affectif, en cherchant d’émouvoir le lecteur. On s’identifie facilement avec l’aviateur, avec ses problèmes dans la relation avec le petit prince, mais aussi avec le petit prince et son rapport difficile avec sa rose. Le narrateur Le narrateur est homodiégétique et intradiégétique : c’est l’aviateur qui raconte l’histoire du Petit Prince, il est même l’un des deux protagonistes, et la focalisation est interne. Elle provoque une restriction du champ : on sait seulement ce que voit et sent le protagoniste, et cela crée un effet de proximité : on tend à s’identifier avec lui. Le récit a l’air d’être une espèce de dialogue entre le narrateur et les enfants : au moins deux fois il s’adresse à eux directement : Je demande pardon aux enfants d’avoir dédié ce livre à une grande personne. 3 Ou bien : Enfants ! Faites attention aux baobabs !4 Le langage (a), la ponctuation (b-c), la syntaxe (d) si simples sont d’autres indices qui nous font penser que le premier interlocuteur sont les enfants et c’est la raison pour 3 Ibid., p. 233. 4 Ibid., p. 250. 7 laquelle ce livre à souvent été considéré comme appartenant seulement à la littérature d’enfance : Elle choisissait avec soin ses couleurs. Elle s’habillait lentement, elle ajustait un à un ses pétales. Elle ne voulait pas sortir toute fripée comme les coquelicots.5 (a) La Terre n’est pas une planète quelconque !6 (b) Mais comme elle est loin !7 (c) Il ne put rien dire de plus. Il éclata brusquement en sanglot. La nuit était tombée. J’avais lâché mes outils. Je me moquais bien de mon marteau, de mon boulon, de la soif et de la mort. 8(d) En réalité, les différents niveaux de lecture auxquels il donne lieu et que je vais analyser, montrent que Le Petit Prince est beaucoup plus complexe que ce qu’on peut imaginer. Il faut tenir compte d’une nuance autobiographique : on sait que Saint-Exupéry était un pilote ; il a eu plusieurs accidents pendant son service (un en 1923 à Bourget, un autre très grave au Guatemala en 19389), il aimait dessiner10. C’est une situation vraisemblable, qui rend plus fort le pacte avec le lecteur : on peut croire qu’il s’agit du récit d’une de ses aventures qui se sont passées pendant sa carrière de pilote : 5 Ibid., p. 257. 6 Ibid., p. 284. 7 Ibid., p. 286. 8 Ibid., p. 256. 9 Clément Borgal, Saint-Exupéry, mystique sans la foi, Paris, Éditions du centurion, 1964, p.200-201 10 “Saint-Exupéry s’en souvenait bien: enfant, il avait rêvé de peindre ses fantaisies et ses visions ; mais on l’avait empêché de dessiner son monde intérieur en lui imposant à la place la géographie, la description du monde extérieur. » Eugen Drewermann, L’essentiel est invisible, Paris, Les éditions du cerf, 1992, cit. p. 80. 8 J’ai ainsi vécu seul, sans personne avec qui parler véritablement, jusqu’à une panne dans le désert du Sahara[…]. Quelque chose s’était cassé dans mon moteur. Et comme je n’avais avec moi ni mécanicien, ni passagers, je me préparai à essayer de réussir, tout seul, une réparation difficile.11 Les grandes personnes m’ont conseillé de laisser de côté les dessins de serpents boas[…] et de m’intéresser plutôt à la géographie, à l’histoire, au calcul et à la grammaire. C’est ainsi que j’ai abandonné, à l’âge de six ans, une magnifique carrière de peintre. 12 Le destinataire La dédicace et l’incipit placent ce récit dans la littérature pour les enfants ; il faut souligner même l’importance des dessins qui font la particularité de ce livre : le paratexte a contribué à rendre célèbres les personnages et l’auteur. Ici on voit un portrait du petit prince. La légende de l’auteur est la suivante : 11 Antoine de Saint-Exupéry, Le petit prince, cit., p. 237. 12 Ibid., p. 236. 9 Voilà le meilleur portrait que, plus tard, j’ai réussi à faire de lui.13 Le narrateur insiste souvent sur son incapacité à dessiner, causée par les adultes qui lui ont empêché de continuer à cultiver sa passion. Le narrateur est partagé entre les enfants, auxquels il ne faut pas donner des chiffres pour qu’ils croient à ce qu’il raconte, et les adultes qui ont besoin de détails objectifs pour prendre au sérieux le discours: J’aurais aimé commencer cette histoire à la façon des contes de fées. J’aurais aimé dire : « Il était une fois un petit prince qui habitait une planète à peine plus grande que lui et qui avait besoin d’un ami… » Pour ceux qui comprennent la vie, ça aurait eu l’air beaucoup plus vrai.14 Si je vous ai raconté ces détails sur l’astéroïde B 612 et si je vous ai confié son numéro, c’est à cause de grandes personnes. Les grandes personnes aiment les chiffres. 15 La structure du roman Le récit est divisé en 27 chapitres, précédés par une dédicace ; à la fin il y a un épilogue. Il s’agit de l’histoire d’un enfant, le petit prince, qui vit sur une petite planète et, à cause de son rapport difficile avec sa rose, il décide de visiter l’univers. Pendant son voyage, il entre en contact avec des adultes très différents entre eux, avec lesquels il découvre la réalité des grandes personnes, faite de dépendances, de 13 Ibid., p. 239. 14 Ibid., p. 246. 15 uploads/Litterature/ l-x27-univers-cache-du-petit-prince.pdf

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