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Bibliothèque municipale de Bordeaux, 85 cours du Maréchal juin 33000 Bordeaux 05 56 10 30 00 L L LA A A C C CH H HA A AN N NS S SO O ON N N E E EN N NG G GA A AG G GE E EE E E Militante, contestataire ou satirique, la chanson a toujours traduit les espoirs et les révoltes, soutenu des causes, accompagné l’Histoire, marqué les époques et la couleur du temps. A l’occasion de la causerie chansonnière de Claude Duneton, « la chanson qui mord », voici quelques repères sur l’histoire de la chanson « engagée ». ELEMENTS DE DEFINITION DE LA FORME « CHANSON » Une chanson est une œuvre composée d’un texte et d’une musique indissociables l’un de l’autre. Cette expression littéraire et musicale peut revêtir des formes et des structures différentes (couplet / refrain, mélodie accompagnée, strophe ou laisse…). Elle apparaît dans des genres aussi différents que la musique traditionnelle ou folklorique, la musique classique, le rock ou le jazz. Sa durée est très variable : de la simple comptine de quelques mots aux 4000 vers de la Chanson de Roland. Elle peut être chantée sans accompagnement instrumental, à une ou plusieurs voix mais la chanson est généralement accompagnée par un ou plusieurs instruments, voire par un orchestre symphonique. La chanson naît de l’association d’un auteur (ou parolier), d’un compositeur et d’un interprète (il s’agit parfois d’une seule et même personne), sans oublier l’arrangeur musical qui donne souvent une couleur particulière à la chanson par l’orchestration. Bibliothèque municipale de Bordeaux, 85 cours du Maréchal juin 33000 Bordeaux 05 56 10 30 00 UN PEU D’HISTOIRE « Toutes les passions rapprochent les hommes que la nécessité de chercher à vivre force à se fuir. Ce n’est ni la faim, ni la soif, mais l’amour, la haine, la pitié, la colère qui leur ont arraché les premières voix. Les fruits ne se dérobent point à nos mains, on peut s’en nourrir sans parler, on poursuit en silence une proie dont on veut se repaître ; mais pour émouvoir un jeune cœur, pour repousser un agresseur injuste la nature dicte des accents, des cris et des plaintes : voilà les plus anciens mots inventés, et voilà pourquoi les premières langues furent chantantes » Jean-Jacques Rousseau, Essai sur l’origine des langues. La chanson est au cœur de toutes les activités humaines dans toutes les civilisations. Elle répond aux besoins très divers des hommes. En Occident, dès le Moyen Age, les usages de la chanson sont multiples et remplissent des fonctions précises : le chant religieux (chant grégorien : grave et solennel) rythme les cérémonies religieuses, le chant profane (vif et rythmé) accompagne les fêtes et les repas mais aussi les gestes du travail. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les chanteurs ambulants ont colporté les nouvelles sous forme de complaintes. Selon les circonstances, on relatait les récits de crime ou les hauts faits des généraux. En périodes de crise, la chanson devient une arme contre les détenteurs du pouvoir : les mazarinades (contre le cardinal Mazarin) fleurissent par centaines sous la Fronde, les chansons ouvrières expriment les aspirations du peuple lors des manifestations de rue. La fin du XIXe siècle voit naître en France le chansonnier, ce faiseur ou cette faiseuse de chansons qui se produisent au café-concert rebaptisé music-hall composent et interprètent des chansons ou des monologuent humoristiques sur des thèmes d’actualité. On voit à cette époque éclore le comique troupier dont l’apogée correspond à la première guerre mondiale. Cet artiste comique interprète des chansons parodiques sur la vie de soldat. La chanson exprime des émotions, des sentiments et des idées sous une forme narrative, dramatique ou poétique originale qui en fait un art à part entière. ►Anthologie de la chanson française : des trouvères aux grands auteurs du XIXe siècle [disque compact] / éd. et commentée par Marc Robine ; préf. de Michel Ragon ; EPM. Bibliothèque municipale de Bordeaux, 85 cours du Maréchal juin 33000 Bordeaux 05 56 10 30 00 LA « CHANSON QUI MORD » « Il s’agit en général de chansons de résistance au contexte ambiant » (Claude Duneton) « Ce n’est pas un hasard si tous les aspects de la vie relationnelle sont liés au chant : rapport à soi, rapport aux autres, rapport à Dieu. Certains des textes fondateurs de la civilisation sont des chants : l’Iliade et l’Odyssée, par exemple, ou la Bible (Pentateuque, Psaumes, etc.) On peut chanter seul ou en chœur depuis le chœur de la tragédie grecque jusqu’à la chanson d’aujourd’hui. De ces façons de chanter, la chanson est la plus commune, au sens où elle est la plus populaire. La chanson est aussi une manière pour le peuple de se parler à lui-même et de s’entendre. » Yves Charles Zarka, Que dit la chanson ? (Revue « Cités » n° 19, 2004) Les mazarinades (XVIIe siècle) On regroupe sous le terme de mazarinades les quelque 5 000 libelles et pamphlets imprimés et diffusés en France pendant la période troublée de la Fronde (1648-1653). Le terme apparaît dès 1651 dans un poème satirique de Paul Scarron, intitulé Mazarinade. Stricto sensu, une mazarinade désigne un pamphlet contre Mazarin. Mais, derrière ce terme générique, se cache en fait une grande diversité. Bibliothèque municipale de Bordeaux, 85 cours du Maréchal juin 33000 Bordeaux 05 56 10 30 00 Diversité des intentions : une petite partie des mazarinades, environ 10 %, défend la politique du cardinal. Diversité des destinataires : elles ne s'adressent pas uniquement à Mazarin, mais visent aussi d'autres protagonistes de la Fronde. Diversité des genres : elles peuvent être des discours, des lettres (authentiques, fausses ou détournées), des poèmes, des dialogues, des récits, des pièces officielles, des chansons, des traités politiques… Diversité des formes : on trouve des placards affichés sur les murs, des billets distribués dans la rue, des pamphlets de quelques pages ou plus, des copies manuscrites… Diversité, enfin, dans leur rapport aux événements : elles les sanctionnent, les racontent ou les commentent. (Source : site de la Bibliothèque Mazarine) La chanson révolutionnaire et la chanson de lutte (18e siècle) Les chansons révolutionnaires sont très marquées idéologiquement, que ce soit dans leur contenu dénoté (L’Internationale) ou dans leur contenu connoté (Le temps des Cerises). La chanson de révolte, la chanson contestataire est un genre musical, si tant est qu'on puisse le nommer ainsi, auquel s’apparentent nombre de chansons populaires. Chants de la révolution française : Chant du neuf thermidor -- Chant du départ -- Chant du retour La Carmagnole -- La Guillotine -- La Marseillaise -- Ah ! ça ira. Isidore Pils (1813-1875), Rouget de Lisle chantant la Marseillaise La Marseillaise (1792) (Couplet 4) : Tremblez, tyrans et vous perfides L'opprobre de tous les partis, Tremblez ! vos projets parricides Vont enfin recevoir leurs prix ! (bis) Tout est soldat pour vous combattre, S'ils tombent, nos jeunes héros, La terre en produit de nouveaux, Contre vous tout prêts à se battre. Bibliothèque municipale de Bordeaux, 85 cours du Maréchal juin 33000 Bordeaux 05 56 10 30 00 ►Livres : Florilège de la chanson révolutionnaire, de 1789 au Front Populaire / Robert Brécy ; Editions Hier et Demain, 1978. La Révolution en chantant / Robert Brécy ; Pirot, 1988. ►Albums : 200 ans de musique et de chanson françaises 1789 – 1989, vol. 1 et vol. 2 [disque compact] ; Reader’s Digest Music. Chants de révolte et de liberté 1789 – 1935 [disque compact] / Rosalie Dubois ; EPM, 2008. Chants anarchistes La production chansonnière des années 1880-1900 joue un rôle capital dans la constitution d’une identité libertaire en répandant, tant auprès du public que des compagnons, une certaine image de l’anarchisme qui finira par faire corps avec lui. Chansons : Faut plus d’gouvernement -- Ravachol -- Les nouveaux partisans -- Les Anarchistes (Léo Ferré) -- Sans la nommer (Georges Moustaki) … ►La chanson anarchiste en France, des origines à 1914 / Gaetano Manfredonia ; L’Harmattan, 1997. Chants de la Commune de Paris La chanson sociale est née dans les goguettes, ces sociétés chantantes ouvrières qui constituaient des hauts lieux d’opposition, des espaces de fermentation des idées révolutionnaires. Florissantes sous la Restauration, il était courant que les auteurs vendent leurs chansons ou les donnent à des chanteurs de rue qui les propageaient aux carrefours. Infiltrés par la police sous le Second Empire, les goguettes furent mises sous l’éteignoir et les chansonniers politiques furent poursuivis ou enfermés. La chanson a fait plus qu’accompagner la Commune, elle l’a épousée, elle l’a prolongée. Les auteurs sont des révolutionnaires qui chantent et lorsque l’urgence le commande, ils laissent la plume pour l’action militante et le combat (Jean-baptiste Clément, Eugène Pottier ou Louise Michel). Chansons : L’Internationale -- Le Temps des cerises -- La Semaine sanglante Elle n’est pas morte… Bibliothèque municipale de Bordeaux, 85 cours du Maréchal juin 33000 Bordeaux 05 56 10 30 00 L’Internationale (Couplet 1) Debout ! les damnés de la terre Debout ! les forçats de la faim La raison tonne en son uploads/Litterature/ la-chanson-engagee-explication 1 .pdf
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- Publié le Dec 03, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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