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Enfin, l'instruction ré- pandue à flots devrait produire chaque jour de nouveaux lecteurs, ce qui, dans tous les cas, serait une compensation plus que suffi- sante. Quelle est la cause de ce déchet? La politique? EUe ne passionne les esprits qu'en apparence; comptez les abstentions, signe d'indifférence, à chaque manifestation du suffrage universel. D'ailleurs nous respectons les périodes électorales, accidents régu- liers dans la vie de la nation. Déjà nous nous préoccupons de ne rien publier durant le mois de mai prochain, nous cédons la place au journal dont les élections sont un fiefet un bénéfice. La science? L'histoire? Il est vrai que la crise frappe plus spécialement la litté- rature proprement dite, le roman. Maisle public auquel s'adressent les ouvrages de science et d'histoire est un public spécial ce n'est pas le grand public. Cependant, fis-je observer, souvenez-vous du succès récent et prodigieux de Quo Vadis. Oui, je sais bien, reprit mon interlocuteur. Ce fut un engoue- ment, une mode. D'abord, vous l'avezdit, il s'agissait d'un étranger; un auteur, français n'eût point recueilli pareil triomphe. Cherchez, je vous prie, parmi les romanciers de France, ceux qui sont en voiede conquérir la réputation vous seriez stupéfait si vous con- naissiez le chiffre restreint de leurs tirages. Ah l y a la « porno- graphie. » C'est évUent; cela se vend toujours; cela même nous fait une jolie célébrité à l'étranger. Maisce n'est pas de la librairie, LA CRISEDU ROMAN je ne puis le considérer comme tel. En dehors de la pornographie, le roman est en baisse. C'est peut-être, dis-je, qu'Alphonse Daudet n'a pas été remplacé. Des Alphonse Daudet Il y en a beaucoup aujourd'hui; seule- ment on ne les connaît pas, ils ne se vendent pas. Fromont, Numa Roumestan, Le Nabab n'auraient maintenant ni presse ni succès. En êtes-vous bien sûr? Absolument. Sur cette affirmation, mon homme s'éloigna, visiblement amigé de mon ignorance. D'autre part, les romanciers se plaignent. La vie littéraire, m'assurait l'un d'eux, et non des moindres, devient intolérable. On nous demande plus detravail et, permettez- moi de le dire, plus de talent qu'à nos aînés. H a suiE à Guy de Maupassant de publier Boule-de-Suif, à Pierre Loti d'écrire Aziyadé, à Paul Bourget de faire paraître Cruelle énigme, à Jules Lemaître de maltraiter Georges Ohnet et de s'étonner candidement de la joie de Renan, pour devenir illustres d'emblée, presque du jour au lendemain. La génération qui suivit eut déjà plus de peine. Paul Margueritte, Edouard Rod, Paul Hervieu, marquèrent le pas davantage. Et maintenant on n'avance plus au choix, mais à l'ancienneté. Je ripostai par l'exemple de M. Pierre Louys. Succès de mauvais aloi, me dit-on, sinon de mauvais goût. Les jeunes, je le répète, doivent entasser les volumes pour forcer l'attention. Leur génie (sic) doit encore se doubler d'un sens mer- veilleux des affaires. It faut qu'ils songent eux-mêmes à leur réclame. Comment pénétrer jusqu'au public? La critique n'existe plus; on ne parle plus des livres. Il est toujours désagréable, lorsqu'on est soi-même un critique, de s'entendre dire que la critique n'existe plus. Mais je ne pus retenir mon auteur que l'injustice du sort piquait au vif. Le moindre vaudeville est immédiatement célébré par tous les journaux; les plus beaux romans passent presque inaperçus. Quand je publie un volume, j'attends parfois quinze jours avant de recevoir une coupure du Courrier de la Presse, et je crains tou- jours qu'elle ne soit la simple reproduction de la petite notice que l'on intercale dans les exemplaires de publicité. Pourquoi une telle différence de régime entre le théâtre et le roman? Pourquoi tout à l'un et rien à l'autre? Et levant les bras au ciel comme s'il battait des ailes, ce génie méconnu se perdit dans la foule, dans la foule qui ne lit plus. LA CRISE DaROMAN Et le public? Si l'on songfait un peu au public? N'a-t-il pas lieu de se plaindre, lui aussi? C'est le seul dont les plaintes ne se rédi- gent point par écrit. H est vrai que son abstention est la réclama- tion la plus éloquente. Mais ne peut-on en savoir les causes? S'il' regimbe, c'est qu'il a ses raisons, et il importe de les découvrir. Il me fait un peu l'effet, ce bon public, de ces piétons du boulevard qui attendent au bord du trottoir le moment favorable pour traverser. C'est vainement qu'ils attendent, car le moment n'est jamais favorable. Le défilé des voitures est ininterrompu. Et mélancoliquement ils sont appelés à constater l'infinie variété du véhicule moderne omnibus, fiacres, landaus, victorias, cabs, automobiles, tricycles, bicyclettes; à peine ont-ils le temps de les reconnaître au passage. Et ils guettent le geste impérieux et lent du sergent de ville qui, debout sur le refuge, va tout à l'heure lever en l'air son bâton blanc et, d'un seul signe qui se répercutera au loin comme les ondulations de la mer, arrêtera ce mouvement formidable. Alors ils traverseront tranquillement la chaussée. L'encombrement de la littérature est tout pareil. Et c'est pour- quoi le public n'ose plus s'y aventurer. De tant de volumes qui se succèdent avec la monotonie de la pluie, il n'a pas même le loisir de lire les titres. Et surtout il se défie. Il se défie de l'ennui, de la banalité, de l'immoralité, de l'anarchie, de la décadence, du style, du symbole, etc. Car, il faut l'avouer, sa patience a subi les plus rudes épreuves depuis quelques années. Il voudrait bien voir le sergent de ville esquisser son geste autoritaire. Cela lui donnerait le temps de passer en revue l'infinie diversité du roman moderne. Mais des sergents de ville, je veux dire des critiques, l'auteur que j'ai interrogé m'a afiirmé qu'il n'y en avait plus dans la littérature. Dans tous les cas, on a oublié de les pourvoir d'un bâton blanc. Cependant je tenterai de jouer ce rôle peu brillant. J'essaierai de dénombrer au passage l'incessant défilé des livres. Et je suis persuadé qu'en mettant un peu d'ordre dans ce chaos, si la chose est possible, nous arriverons à trouver les causes de la mévente du roman. J'entends du roman de valeur. Et tout de suite je sens la néces- sité d'une définition. Car je vois venir l'objection qu'on ne man- querait pas de me faire, si je m'engageais à l'aventure. Estimez-vous, me dirait-on, qu'il y ait à.cette mévente un incon- vénient bien grave? On ne lit plus de romans, ou l'on en lit beaucoup moins? Réjouissons-nous de cette nouvelle. L'activité intellectuelle a sans doute découvert d'autres champs plus fertiles. LA CRISEDU ROMAN 25 FERMER 1902. 49 Le temps consacré à uploads/Litterature/ la-crise-du-roman.pdf
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- Publié le Fev 09, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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