Edward T Hall La danse de la vie Temps culturel, temps vécu Traduit de l’anglai
Edward T Hall La danse de la vie Temps culturel, temps vécu Traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne-Lise Hacker Éditions du Seuil Titre original : The Danse of Life Éditeur original : Anchor Press/Doubleday, New York © 1983, Edward T. Hall ISBN 978-2-02-016480-1 (ISBN 2-02-006760-9,1re publication) © Éditions du Seuil, mars 1984, pour la traduction française Ce livre est dédié à Mildred Reed Hall Avant-propos On n’écrit jamais un livre sans le concours actif et la participation d’un grand nombre de personnes. Certaines sont connues et aisément identifiées parce que présentes, et activement impliquées ; leur contribution est évidente, et notre reconnaissance immédiate. Il est un autre groupe, cependant, dont la contribution reste à jamais dissimulée. Je pense à ceux sur les épaules desquels l’auteur « s’appuie » pour formuler sa pensée : ses ancêtres spirituels, et aussi ces pionniers et innovateurs qui se sont efforcés de faire progresser notre compréhension du comportement humain depuis des siècles. J’adresse donc d’abord ma reconnaissance à ces savants, connus et inconnus, reconnus ou non, vivants ou morts qui ont tellement contribué à l’élaboration de ma pensée, par tout ce qu’ils m’ont permis de comprendre et de découvrir. Sans les leurs, mes écrits ne seraient rien. On peut aussi, bien sûr, désigner certains individus en particulier, ainsi que le travail qu’ils ont accompli. Mais ici encore, l’évaluation de leur contribution se trouve d’une certaine manière minimisée. En choisissant les uns, on exclut inévitablement les autres. Un bon directeur de publication participe autant que l’auteur au façonnement d’un livre. Une remarque fortuite d’un ami ou d’un lecteur fournit parfois le lien recherché entre des fils de pensée disparates que l’auteur essaie de réunir. Je suis, pour ma part, humblement et profondément reconnaissant à tous ceux autour de moi qui m’ont aidé et sans lesquels je n’aurais pu mener à bien la rédaction de ce livre. William Whitehead a lu le manuscrit original ; ses conseils et son avis m’ont été très utiles alors que ce texte était encore en cours d’élaboration. Je suis particulièrement reconnaissant à mon directeur de publication de chez Doubleday, Sally Arteseros, pour son soutien enthousiaste, sa patience et sa précieuse expérience professionnelle. Mon agent, Carl Brandt, a contribué à mon travail de deux manières toujours importantes pour un auteur : il a représenté pour moi l’avis du public. Il m’a donné ainsi un point de vue impartial, et par là stimulant pour ce que j’écrivais. Il m’a de plus encouragé pendant les périodes difficiles qu’on ne peut jamais éviter. Ma compagne et épouse, Mildred Reed Hall à qui je dédie ce livre, m’a assisté dans de trop nombreux aspects de mon travail pour que je puisse tous les mentionner. Sa participation à la conception et à la rédaction de mon travail, ses critiques, et le soutien qu’elle m’a apporté m’ont été particulièrement précieux. Susan Rundstrom a dactylographié plusieurs versions de mon manuscrit, et je n’aurais pu me passer de son aide si efficace. Pat D’Andrea a lu et critiqué mon manuscrit, et préparé l’index – tâche ingrate et ennuyeuse dont l’utilité future d’un livre dépend en grande partie. Mes collègues, Lawrence Wylie et William Condon, m’ont apporté conseils, encouragement et stimulation intellectuelle. Ma collègue Barbara Tedlock fut non seulement assez aimable pour mettre à ma disposition une version non encore publiée de son livre Time and the Highland Maya, mais aussi d’accepter d’en discuter d’une manière suffisamment détaillée pour que je puisse profiter pleinement de sa perspective originale sur la culture quiché. À ceux que j’ai mentionnés, et aux autres que je n’ai pas nommés, je tiens à exprimer ma profonde reconnaissance et toute ma gratitude. Santa Fe, Nouveau-Mexique, le 4 mai 1982 Introduction Le sujet de ce livre est le temps considéré comme élément culturel : comment le temps est-il consciemment et inconsciemment exprimé, utilisé et structuré dans des cultures différentes ? Le temps est un des systèmes fondamentaux de toute culture. Et la culture joue un rôle si important pour la compréhension du temps comme système culturel qu’il est pratiquement impossible de le séparer des différents niveaux de culture dans lesquels il s’inscrit ; en particulier du niveau de culture primaire, dont je parlerai plus longuement. La Danse de la vie vient s’ajouter à une série de livres sur les êtres humains, la culture et le comportement. Il traite de la plus intime de toutes les expériences : comment les individus sont liés les uns aux autres et pourtant isolés par d’invisibles tissus de rythmes et par des murs de temps cachés. Le temps est traité comme un langage, comme principe organisateur de toute activité, à la fois facteur de synthèse et d’intégration et moyen d’établir des priorités et d’ordonner le matériau que nous fournit l’expérience ; comme mécanisme de contrôle rétroactif sur le cours des événements qui se sont produits, étalon permettant de juger la compétence, l’effort, la réussite ; et enfin comme système de messages particuliers révélant la manière dont des individus se perçoivent mutuellement, indiquant s’ils peuvent s’accorder. Le temps est un système fondamental de la vie culturelle, sociale et personnelle des individus. En fait, rien ne se produit en dehors d’un cadre de temps donné. Chaque culture a ses propres cadres temporels à l’intérieur desquels fonctionnent des modèles qui lui sont particuliers : ce qui constitue un facteur de complication des rapports interculturels. Ainsi, pour pouvoir effectivement communiquer à l’étranger, il est aussi nécessaire de connaître le langage du temps que le langage parlé du pays où on se trouve. Plusieurs chapitres de ce livre traitent de la façon dont Américains et Japonais se renvoient mutuellement l’image de ce qu’ils sont ; et à l’intérieur de cette image, les principaux tissus temporels constituent la base à partir de laquelle tout le reste se construit. D’autres chapitres sont consacrés aux rapports entre pays d’Europe de l’Ouest, d’une part, et entre Latino-Américains, Anglo-Américains et Américains indigènes d’autre part. Un des objets de ce livre est de considérer comment les êtres humains vivent dans un seul monde de communication, mais le divisent en deux parties : les mots et le comportement, le verbal et le non-verbal. Les mots représentent une petite partie de ce monde et soulignent les aspects unidirectionnels de la communication tels qu’ils s’expriment, par exemple, dans les procès, les relations antagonistes ou les discours par lesquels chacun se justifie, alors que le comportement en représente la plus grande partie : il souligne la manière dont les individus se perçoivent, eux-mêmes et mutuellement, les moyens d’éviter la confrontation, et la logique inhérente et propre à chaque individu. Les mots sont le moyen de communication des hommes d’affaires, des hommes politiques et des dirigeants qui gouvernent notre monde, et tous exercent en fait un pouvoir. Les mots deviennent ainsi l’instrument du pouvoir. La part non verbale du système de communication, celle du comportement, est le patrimoine de tout individu, et constitue un fond culturel qui le guide dans toutes les situations qu’il rencontre dans la vie. L’ensemble de cette action réciproque, fait de sagesse populaire, de sentiment, est généralement ignoré ou déprécié par ceux qui nous dirigent. La question se pose alors : comment est-il possible de préserver un monde stable si l’on ignore l’action en retour de ce qui représente pourtant la majeure partie de la communication ? Afin d’éclairer les idées que nous avons avancées jusqu’ici, il est nécessaire de préciser le sens du mot culture auquel sont attachées beaucoup de conceptions fausses, folkloriques même. Certains pensent que la culture est une invention des anthropologues : ce qu’elle n’est précisément pas. De même que les géologues n’ont pas inventé le concept de stratigraphie, ni Darwin celui d’évolution. La culture n’est pas davantage un concept que la terre, l’air ou l’eau ne le sont. Tout cela, y compris l’évolution, existe tout à fait indépendamment de nos croyances. La culture a aussi, bien sûr, des aspects culturels – par exemple, nos systèmes de croyance sur la nature de la culture, analogues aux systèmes de croyance sur l’univers. Mais, croire simplement à quelque chose n’est pas si insignifiant, et des croyances complètement fausses sont parfois, en fait, à l’origine de malentendus, voire pire. Affirmer que le temps et la culture sont indissociables dans certaines circonstances m’opposera à de nombreux spécialistes occidentaux des sciences humaines qui, comme les philosophes précoperniciens, considèrent les modèles scientifiques, philosophiques occidentaux, et par là aussi, les modèles newtoniens applicables à toutes les cultures. Le temps est pour eux une constante dans l’analyse de la culture ; ils jugent aussi la science et la pensée occidentales plus élaborées que d’autres systèmes de pensée. Cette position est résumée par Leonard Doob(1), de l’université de Yale, qui a beaucoup écrit sur le temps envisagé dans un contexte transculturel. Doob pense le temps comme un absolu, ignorant ainsi les fructueuses recherches anthropologiques sur le temps menées par les africanistes, E. E. Evans- Pritchard chez les Nuer, et Paul Bohannan chez les Tiv. Doob prétend que le système temporel d’une culture est indépendant des « autres développements culturels ». uploads/Litterature/ la-danse-de-la-vie-temps-culturel-temps-vecu-edward-t-hall-pdf.pdf
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- Publié le Jui 27, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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