Jojo Moyes La dernière lettre de son amant Traduit de l'anglais (Grande-Bretagn
Jojo Moyes La dernière lettre de son amant Traduit de l'anglais (Grande-Bretagne) par Alix Paupy À Charles, qui a mis le feu aux poudres avec un simple message. Joyeux anniversaire ! Tu trouveras ton cadeau dans ce paquet, j'espère qu'il te plaira… Je pense à toi aujourd'hui tout particulièrement… parce que j'ai compris que, même si je t'aime, je ne suis pas amoureuse de toi. Je n'ai pas l'impression qu'on soit faits l'un pour l'autre. Quoi qu'il en soit, j'espère vraiment que ton cadeau te plaira et que ton anniversaire sera inoubliable. Une femme à un homme, par lettre Prologue À plus, bisou. ELLIE HAWORTH REPÈRE SES AMIS ET SE FRAIE UN CHEMIN À TRAVERS LA FOULE QUI SE PRESSE DEVANT LE BAR. Elle laisse tomber son sac à ses pieds et pose son téléphone sur la table. Ses amis sont déjà bien imbibés – ainsi qu'en témoignent leurs voix fortes, leurs mouvements extravagants, leurs rires tonitruants et les bouteilles vides alignées devant eux. — Tu es en retard, lui fait remarquer Nicky en levant sa montre d'un air faussement réprobateur. Et ne nous fais pas le coup de « j'avais un article à terminer ». — Une interview avec la femme d'un député volage. Désolée. C'était pour l'édition de demain, explique Ellie en se glissant sur le siège vacant. Elle se verse un fond de bouteille dans un verre vide et pousse son téléphone sur la table. — Bon. Les deux mots énervants de la soirée : « À plus ». — À plus ? — À la fin d'un texto. Ça signifie « À demain » ou « À plus tard dans la journée » ? S'agit-il d'une de ces horribles expressions creuses qui ne veulent rien dire du tout ? Nicky se penche sur l'écran lumineux. — Il a écrit « À plus » et « Bisou ». C'est un peu comme « Bonne nuit ». Je pencherais pour « À demain ». — C'est forcément « À demain », renchérit Corinne. « À plus », ça se rapporte toujours au lendemain. Parfois même au surlendemain, ajoute-t-elle après quelques secondes de réflexion. — C'est très anodin. — Anodin ? — Oui, comme quelque chose qu'on pourrait dire à son facteur. — Tu fais des bisous à ton facteur ? Nicky sourit. — Pourquoi pas ? Il est canon. Corinne étudie à son tour le message. — Je ne sais pas… Peut-être qu'il était simplement pressé, ou absorbé par autre chose. — Ouais. Par sa femme, par exemple. Ellie jette à Douglas un regard courroucé. — Quoi ? proteste ce dernier. Ce que je veux dire, c'est que tu ne crois pas que tu devrais avoir dépassé depuis longtemps la phase « décodage de textos » ? Ellie avale son vin d'un trait avant de se pencher vers son ami. — OK… Si tu es parti pour me faire la leçon, je crois que je vais avoir besoin d'un autre verre. — Et toi, si tu es assez intime avec un homme pour coucher avec lui dans son bureau, je pense que tu devrais être capable de lui demander de préciser à quelle heure il veut te retrouver pour un café. — Qu'est-ce qu'il y a dans le reste du message ? Par pitié, ne me dis pas qu'il est question de parties de jambes en l'air dans son bureau. Ellie récupère son portable et fait défiler les messages. — « Impossible de t'appeler de la maison. Dublin la semaine prochaine mais programme pas encore défini. À plus, bisou. » — Il se ménage plusieurs options, analyse Douglas. — À moins qu'il… vous savez… qu'il n'ait pas encore défini son programme, suggère Nicky. — Dans ce cas, il aurait dit : « Je t'appelle de Dublin », ou même : « Je t'emmène à Dublin. » — Est-ce qu'il emmène sa femme ? — Jamais. C'est pour le travail. — Il emmène peut-être quelqu'un d'autre, hasarde Douglas, le nez dans sa bière. Nicky secoue la tête d'un air songeur. — Tout de même, la vie était plus simple quand les hommes devaient téléphoner pour nous parler… Au moins, on avait le ton de leur voix pour mesurer le degré d'implication. — Oui, ricane Caroline. Et on pouvait rester assises pendant des heures à côté du téléphone, à attendre un coup de fil. — Oh, les soirées que j'ai passées… — … à vérifier la tonalité… — … et à reposer le combiné en vitesse au cas où il serait juste en train de m'appeler. En les entendant rire, Ellie se rend compte que, au fond, elle est toujours dans l'attente de voir un appel illuminer le petit écran de son portable – un appel qui, vu l'heure et les circonstances, n'est pas près d'arriver. Douglas la raccompagne chez elle. Il est le seul des quatre à vivre en couple, mais Lena, sa fiancée, occupe un poste important dans les relations publiques et reste souvent au bureau jusqu'à 22 ou 23 heures. Elle ne voit pas d'inconvénient à ce qu'il sorte avec ses vieilles amies : elle l'a déjà accompagné une fois ou deux, mais les vieilles plaisanteries et références communes inhérentes à quinze années d'amitié sont pour elle un mur infranchissable ; la plupart du temps, elle le laisse venir seul. — Alors, mon grand, qu'est-ce qui t'arrive ? demande Ellie en contournant un vieux caddie abandonné sur le trottoir. Tu n'as pas lâché un mot de la soirée. À moins que j'aie tout raté ? — Non, pas grand-chose. Il hésite et fourre les mains dans ses poches. — En fait, ce n'est pas tout à fait vrai. Euh… Lena veut avoir un bébé. Ellie le dévisage. — Waouh. — Et moi aussi, se hâte-t-il d'ajouter. Ça fait un bail qu'on en parle, mais on vient tout juste de se rendre compte que le bon moment n'existe pas et qu'on ferait bien de s'y mettre dès maintenant. — Quel romantisme… — Je suis… je ne sais pas… je suis plutôt content. Vraiment. Lena gardera son travail, et moi je resterai à la maison pour m'occuper du bébé. Enfin, à condition que tout se passe bien et… Ellie fait de son mieux pour parler d'un ton posé : — C'est vraiment ce que tu veux ? — Ouais. De toute façon, je n'aime pas mon boulot. Ça fait des années que j'ai envie d'arrêter. Lena gagne une fortune à elle seule, et je pense que ça me plairait bien de passer mes journées à jouer avec un gamin. — Être parent ne se limite pas à jouer…, commence-t-elle. — Je sais bien. Attention… regarde devant toi, dit-il en lui faisant doucement contourner un tas d'ordures. Mais je suis prêt. Je n'ai pas besoin de traîner au bar tous les soirs. Je veux passer à la vitesse supérieure. Ça ne veut pas dire que je n'aime pas sortir avec vous trois, mais il m'arrive de me demander si on ne devrait pas… grandir un peu. — C'est pas vrai ! s'écrie Ellie en lui serrant le bras. Tu es passé du côté obscur ! — Disons que je n'ai pas la même relation que toi à mon travail. Le boulot, c'est toute ta vie, non ? — Presque, admet-elle. Ils poursuivent leur chemin sur quelques rues en silence, écoutant les hurlements lointains des sirènes, les portes qui claquent et les disputes étouffées de la ville. Ellie adore cette heure de la soirée où, entourée de ses amis, elle se trouve momentanément libérée des incertitudes qui planent sur sa vie. Elle a passé un bon moment au bar et s'apprête à regagner son appartement douillet. Elle est en bonne santé. Elle a une carte de crédit pleine de ressources encore inexploitées, des projets pour le week-end, et elle est la seule de ses amis à ne pas s'être encore trouvé le moindre cheveu blanc. La vie est belle. — Ça t'arrive de penser à elle ? demande Douglas. — À qui ? — À la femme de John. Tu crois qu'elle est au courant ? La simple évocation de cette femme suffit à anéantir sa bonne humeur. — Je ne sais pas. Face au silence de son ami, elle ajoute : — À sa place, je suis sûre que je m'en serais aperçue. Il dit qu'elle s'intéresse plus aux enfants qu'à lui. Parfois, je me dis que peut-être, quelque part, elle est contente de ne pas avoir à s'occuper de lui. Tu sais, s'occuper de le rendre heureux. — C'est ce qu'on appelle prendre ses désirs pour des réalités. — Peut-être. Mais, pour être tout à fait honnête, la réponse est non. Non, je ne pense pas à elle. Et non, je ne me sens pas coupable. Parce que je ne pense pas que ce serait arrivé s'ils avaient été heureux ou… disons… connectés. — V ous, les femmes, vous avez une vision tellement biaisée des hommes… — Tu crois qu'il est heureux avec elle ? demande Ellie en étudiant uploads/Litterature/ la-derniere-lettre-de-son-amant-jojo-moyes.pdf
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- Publié le Oct 18, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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