François-Xavier Garneau Histoire du Canada Tome II BeQ François-Xavier Garneau
François-Xavier Garneau Histoire du Canada Tome II BeQ François-Xavier Garneau Histoire du Canada Selon la huitième édition entièrement revue et augmentée par son petit-fils Hector Garneau II Les origines de Montréal Seigneurs et censitaires L’œuvre de Mgr de Laval La Bibliothèque électronique du Québec Collection Littérature québécoise Volume 205 : version 1.1 2 Cette numérisation reprend la huitième édition, en neuf volumes, publiée en 1944, par les Éditions de l’Arbre, à Montréal. 3 Livre troisième 4 Chapitre premier Dispersion des Hurons 1632-1663 Nous reprenons le fil des événements historiques, que nous avons interrompu au traité de Saint-Germain- en-Laye (1632). Le huguenot Louis Kirke avait tenu Québec trois ans pour l’Angleterre. [Au printemps de 1632, le vice-amiral Raymond de La Ralde, à la tête de trois vaisseaux, alla reprendre le Canada. Il était accompagné d’Emery De Caen, qui eut le commandement temporaire de la colonie, du capitaine Du Plessis-Bochart et de trois Jésuites, les Pères Paul Le Jeune et Anne de Nouë et un Frère coadjuteur. La Ralde s’arrêta à Tadoussac tandis que les autres se rendaient à Québec. Emery De Caen reçut de Kirke l’habitation] qui n’était plus qu’un monceau de ruines (13 juillet 1632). [La Compagnie de la Nouvelle- France, pour réparer un peu les pertes de l’ancienne Compagnie De Caen, lui avait accordé le monopole de la traite pendant une année ; elle dut en outre lui payer 5 une indemnité de 79 000 livres]. L’année suivante, la Compagnie rentrait en possession du Canada. Champlain, nommé de nouveau gouverneur (1er mars 1633), [partit de Dieppe le 23 mars, avec trois navires, le Saint-Pierre, le Saint-Jean et le Don-de-Dieu, conduits par Du Plessis-Bouchart, et portant environ deux cents colons et soldats. Ils étaient accompagnés de deux missionnaires, les Pères Jésuites Ennemond Massé et Jean de Brébeuf. Le 23 mai, on débarquait à Québec]. Et aussitôt Champlain reprit l’administration de la petite colonie. [Emery De Caen, après lui avoir remis les clefs du fort, était retourné en France]. Voyant le peu d’efforts que la France avait faits pour soutenir et défendre le Canada, Champlain chercha encore à s’attacher les populations indigènes, surtout les Hurons, à qui il envoya des missionnaires porter l’Évangile. Ces missionnaires furent des Jésuites. On avait exclu les Récollets pour le moment, quoiqu’ils fussent très populaires. On croyait que, dans une colonie naissante, des moines mendiants étaient plus à charge qu’utiles ; ils prièrent en vain le gouvernement de les laisser revenir. Un instant l’immigration augmenta (1634). On vit arriver des cultivateurs, d’utiles ouvriers, des personnes de bonne famille qui venaient en Amérique pour jouir de plus de tranquillité qu’elles n’en pouvaient avoir en France, dans les provinces où les protestants étaient en majorité. 6 [C’est en 1634 que le docteur Robert Giffard conduit sa famille à Québec avec des colons de la Perche, formant ensemble quarante-deux personnes, et qui devient ainsi le premier seigneur de Beauport ; un autre contingent du même nombre débarque l’année suivante et quarante-cinq nouveaux émigrants, en 1636, viennent s’établir pour la plupart sur la côte de Beaupré. Il y avait parmi ces derniers deux familles de Normandie : les Le Gardeur de Repentigny et de Tilly, les Le Neuf de la Poterie et du Hérisson, et un avocat parisien Antoine Cheffant de la Regnardière.] Un Père Jésuite René Rohault, fils aîné du marquis de Gamaches, fonda le collège de Québec, près du fort Saint-Louis, en 1635. [Les Jésuites commencèrent à y enseigner la doctrine chrétienne, la langue française et les éléments du latin, deux ans avant l’établissement du collège Harvard dans le Massachusetts. Cette même année, le jour de Noël, succombait à Québec, emporté par la paralysie, un très grand colonial dont le nom, auréolé de gloire, va rayonner sur nos premières origines, l’ouvrier saintongeois qui posa les assises de la Nouvelle-France.] La mort de Champlain vint troubler la joie que causaient les progrès de la colonie. Né à Brouage, en Saintonge, [vers 1567 ou 1570, il était fils d’un capitaine de marine, Antoine de Champlain et de 7 Marguerite Le Roy. Dès son jeune âge], il avait adopté le métier de la mer. [Plus tard, il servit pendant quelque temps à l’armée du roi comme maréchal des logis ; il alla ensuite combattre en Bretagne, sous le maréchal d’Aumont, contre les troupes de la Ligue commandées par le duc de Mercœur]. Sa conduite attira l’attention [d’Henri de Navarre qui, une fois devenu Henri IV, l’invita à la Cour et lui accorda même une petite pension. Nous avons vu que Champlain fit un voyage aux Indes occidentales et au Mexique ; à son retour, il était nommé géographe du roi. C’est à ce moment que] le commandeur Aymar de Chaste lui donna l’occasion d’entrer dans une carrière où il devait s’illustrer. Doué d’un jugement droit et pénétrant, d’un génie pratique, Champlain pouvait concevoir et suivre, sans jamais s’en écarter, un plan étendu et compliqué. Trente ans d’efforts pour établir le Canada prouvent sa persévérance et la fermeté de son caractère. Il conserva la possession d’immenses contrées à la France, avec l’aide des missionnaires et par le moyen d’alliances contractées à propos avec les indigènes. Il a été blâmé de s’être déclaré contre les Iroquois. Mais la guerre existait déjà entre eux et les autres peuplades lorsqu’il arriva dans le pays. Il ne cessa de s’employer à la conservation de la paix. Ce n’est que lorsque les sauvages étaient rendus au dernier degré de décadence, qu’ils voulaient bien écouter les conseils. Sa disparition 8 fut un malheur pour les Hurons qu’il aurait peut-être arrachés à la destruction qui vint fondre sur eux bientôt après. Champlain a laissé des relations de ses voyages, dans lesquelles on trouve un observateur judicieux et attentif, un auteur fidèle, rempli de détails sur les mœurs des aborigènes et la géographie du pays. Il était naturellement religieux. Mais redoutant l’influence des Jésuites, il aurait préféré pour le Canada les moines de l’ordre de Saint-François. Les Jésuites firent des démarches auprès de la cour, et réussirent à se faire accorder la permission de venir dans la colonie. Il n’est pas douteux que leur crédit fut bientôt d’un grand service. En plus d’une occurrence où les rois de France inclinaient à abandonner le Canada, ils furent arrêtés principalement par les motifs de religion. Dans ces moment-là les Jésuites, directement intéressés à la colonie, en secondaient puissamment le fondateur. Ainsi le P. Paul Le Jeune écrivait de Québec à Richelieu, le 1er août 1635 : « Si par malheur la traite des pelleteries ne succédait pas toujours aux Cent- Associés, Monseigneur, vous êtes tout-puissant en ce point comme en plusieurs autres ; un seul regard de vos yeux peut protéger et animer, secourir encore toutes ces contrées d’où la France peut tirer un jour de grands avantages. Il sort tous les ans très grand nombre de personnes de la France, se jetant, chez l’étranger... et 9 bonne partie des artisans qui sont en Espagne sont Français. Quoi donc, faut-il que nous donnions des hommes à nos ennemis pour nous faire la guerre ? et nous avons icy tant de terres belles et si bonnes, où l’on peut jeter des colonies qui seront fidèles à Sa Majesté et à votre grandeur. » [Le P. Le Jeune n’avait-il pas déjà à plusieurs reprises adressé de vibrants appels à ses compatriotes : « Les Français seront-ils seuls entre toutes les nations de la terre, privez de l’honneur de se dilater et de se répandre dans ce Nouveau-Monde ? » Il écrivait encore : « Si ces contrées se peuplent de nos François, non seulement on affaiblit les forces de l’Estranger, mais encore fortifie-t-on la France : car ceux qui naissent en la Nouvelle-France, seront François, et qui pourront dans les besoins, rendre de bons services à leur Roy ». (Relations des Jésuites, 1632, 1633, et aussi 1635).] Avec une belle figure, un port noble et militaire, Champlain avait une constitution vigoureuse, qui le mit en état de résister à toutes les fatigues de corps et d’esprit qu’il éprouva dans sa rude existence. Il ne traversa pas moins de vingt fois l’Atlantique pour aller défendre les intérêts de la colonie à Paris. Champlain, on l’a dit, avait amené sa femme avec lui en 1620. Il avait épousé Hélène, fille de Nicolas Boullé, protestant domicilié à Paris, et secrétaire de la 10 Chambre du roi. Le contrat fut signé le 27 décembre 1610 mais, comme la fiancée était encore trop jeune, ayant douze ans à peine, il fut stipulé que le mariage ne se ferait que deux ans après. La fiancée reçut de ses parents, en avancement d’hoirie, 6000 livres tournois, dont 4500 furent payées dès le lendemain du contrat à Champlain, qui donna l’usufruit de tous ses biens à sa femme, en cas « qu’il fût prévenu de mort en ses voyages sur la mer et des lieux où il est employé pour le service du roi ». Il ne paraît pas qu’ils aient laissé d’enfants. Mme de Champlain, [qui s’était convertie à la foi uploads/Litterature/ histoire-du-canada-tome-2-de-2.pdf
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- Publié le Jui 09, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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