La Littérature du 18 ème siècle et son presque désert poétique Tandis que les é
La Littérature du 18 ème siècle et son presque désert poétique Tandis que les écrivains du 17ème siècle avaient été avant tout des psychologues et des moralistes, préoccupés seulement de l’amélioration des individus, ceux du 18ème siècle sont plutôt des sociologues, ayant en vue la rénovation de la société. Hommes d’action, ils délaissent la poésie pour la prose, dont l’utilité pratique leur paraît plus immédiate ; et dans leur style, ils préféreront à l’ample période oratoire un discours court, alerte, tout aiguisé d’esprit ... Jean-Baptiste Rousseau, Jean-Jacques Le Franc de Pompignan, Jacques Delille, Ponce-Denis Ecouchard-Lebrun, mais encore Gilbert, Léonard, Bertin, Florian, Saint-Lambert, Roucher et Millevoye eurent une certaine réputation à leur époque mais qui paraît de nos jours bien surfaite, et qui apporte ainsi la preuve de la véritable crise de la poésie que connait le 18ème siècle. A l'exception, il va de soit, d'André Chénier qui fût ce grand poète mort si prématurément à l'âge de 31 ans que nous avons déjà évoqué. Mais que dire également de Voltaire et surtout de Jean-Jacques Rousseau... J e a n - J a c q u e s L e F r a n c d e P o mp i g n a n o u l e ma r q u i s ma g i s t r a t : Né à Montauban le 17 août 1709 (décédé à Pompignan en 1784), magistrat, président de la cour des Aides de Montauban, Jean-Jacques Lefranc de Pompignan est une personnalité emblématique du siècle des Lumières et de son foisonnement culturel. Aristocrate à la vaste culture, possesseur d’une bibliothèque nombreuse, amateur et auteur d’opéras, traducteur de Virgile et d’Eschyle (c’est le premier à traduire ses tragédies en français) mais aussi de l’hébreu, numismate, juriste, membre de l’Académie des jeux floraux (qui possède encore aujourd’hui un beau portrait de lui) mais aussi âme de l’Académie de Montauban et enfin et surtout poète, il constitue une figure passionnante à étudier sous toutes ses faces diverses. C'est dans le belvédère de son château , transformé en cabinet de travail, que Le Franc de Pompignan écrivit, à 22 ans, Didon (1734) sa première tragédie, qui fut représentée à Paris, à la Comédie-Française, avec un plein succès. Ses poésies le firent classer parmi les principaux poètes lyriques de son siècle : Poésies sacrées (1751), Ode sur la mort de Jean-Baptiste Rousseau (1784). Cet auteur, très épris de poésie biblique, prolonge ainsi la tradition classique, mais certains de ses accents annoncent déjà Lamartine. Dans ses meilleures pièces son lyrisme sacré a de la majesté, parfois de la force, comme dans ces vers de la Prophétie de Nahum : « Malheur, malheur à toi, cité lâche et perfide, Cité de sang prodigue et de trésors avide, Entends le bruit des chars, le choc des boucliers, Les clameurs du soldat, les coursiers qui frémissent, Les champs qui retentissent Sous les pas des coursiers. » J e a n - B a p t i s t e R o u s s e a u o u u n e v i e d e b a n n i s s e me n t : Malgré un brillant début dans la carrière poétique, Rousseau (né à Paris en 1670 et mort à Bruxelles en 1741) eut une existence en grande partie malheureuse. Il entre dans la carrière littéraire par des pièces de théâtre et de poésie. Nourri à l'école de Boileau, il se croit appelé à former, aux confins des deux siècles, la transition entre deux époques. En fait, son œuvre, où se mêlent alors odes religieuses et épigrammes obscènes, est empreinte d'une sorte de duplicité morale, caractéristique de la fin du règne de Louis XIV. À trente ans, il a une grande réputation littéraire, mais aussi un grand nombre d'ennemis que lui attire son caractère. En 1707, alors qu'il est candidat à l'Académie française, on fait courir sous son nom des couplets calomnieux contre plusieurs hommes de lettres. Il s'en défend, mais l'affaire s'envenime, et le parlement le juge coupable et le condamne au bannissement à perpétuité (1712). Obligé de s'enfuir, il erre misérablement en Suisse, à Vienne, en Angleterre, à Bruxelles. En 1722, Voltaire, encore jeune alors, le rencontre à Bruxelles. Mais ils étaient faits pour ne pas s'entendre. Dans Le Temple du goût, Voltaire compare sa poésie au coassement d'une grenouille et ne cesse, dès lors, de s'acharner sur ses écrits, son caractère, sa vie. Il connut alors la tristesse et l’amertume de l’exil ; revenu un moment à Paris (1738) Rousseau ne réussit pas à se faire réhabiliter et quitte de nouveau la France pour mourir à Bruxelles en 1741. Pénible destinée qui contraste avec sa gloire littéraire, car il fut considéré comme le plus grand poète de son temps. Voici pour exemple une épigramme de forme « marotique » qui exhale ses amères désillusions. « Ce monde-ci n’est qu’une œuvre comique Où chacun fait ses rôles différents. Là, sur la scène, en habit dramatique, Brillent prélats, ministres, conquérants ; Pour nous, vil peuple, assis aux derniers rangs, Troupe futile et des grands rebutée ; Mais nous payons, utiles spectateurs, Et quand la farce est mal représentée, Pour notre argent nous sifflons les acteurs. » J a c q u e s D e l i l l e o u l ' e x i l p r o l i fi q u e : Enfant illégitime, Jacques Delille (né à Clermont-Ferrand en 1738 et mort à Paris en 1813) grandit en pension, loin de sa famille. Elève brillant, de conditions modestes, il brigue rapidement un poste de professeur. Traducteur et poète reconnu, il se voit attribuer la chaire de poésie latine au Collège de France en 1773. L'année suivante, il devient Académicien notamment grâce au soutien de Voltaire. Aimé pour son entrain et sa chaleur, les plus grands salons parisiens le réclament. En 1780, en remerciement au poème « Les Jardins », le Comte d'Artois le nomme Abbé de Saint Séverin, bien qu'il ne soit jamais rentré dans les ordres. Fuyant la Terreur en 1794, il gagne les Vosges, la Suisse, puis l'Angleterre où il achèvera certains travaux de traduction et continuera à écrire des poèmes. Atteint de cécité et de paralysie, il rentre en France en 1802 où il reprend ses fonctions de professeur. Personnage très populaire, apprécié de tous il rencontre un grand succès jusqu'à sa mort en 1813 seulement car le lyrisme romantique le fait oublier. Il n’est certes pas sans défauts : fadeur, monotonie, rhétorique pseudo-classique, goût des lieux communs. Pourtant il est sensible à la mélancolie de l’automne, à la poésie de l’eau, au charme d’une nature discrètement aménagée par la main de l’homme ; il sait tirer parti de l’harmonie imitative pour peindre des paysages ou suggérer des impressions pittoresques ; Chénier, les romantiques eux-mêmes s’inspireront souvent de sa poésie descriptive : « Ainsi que les couleurs et les formes amies, Connaissez les couleurs, les formes ennemies. Le frêne aux longs rameaux dans les airs élancés Repousserait le saule aux longs rameaux baissés ; Le vert du peuplier combat celui du chêne : Mais l’art industrieux peut adoucir leur haine, Et, de leur union médiateur heureux, Un arbre mitoyen les concilie entre eux… » P o n c e D e n i s E c o u c h a r d - L e b r u n o u l ' a mi d e l ’ a r g e n t e t d e s p l u s g r a n d s : Ponce Denis Ecouchard-Lebrun est né le 10 août 1729 à Paris, fils d'un valet de chambre du prince de Conti. Il s'est marié en 1759 avec Marie Anne de Surcourt qu'il nomme «Fanni» dans ses oeuvres ; cette union sera dissoute en 1781 par un arrêt du parlement de Paris aux dépens du poète. Il meurt le 31 août 1807 à Paris. Il se consacre presque exclusivement à la poésie au point de devenir une sorte de poète officiel. Chénier, dans son Tableau de la littérature française ne tarit pas d'éloges : «Il est sans émule dans le genre de l'ode» ; «Il a excellé dans l'épigramme et ne fut, dans ce genre, inférieur à aucun modèle». A la naissance de l'Institut national, en l'an IV, Le Brun est l'un des deux membres choisis par le Directoire pour former la section de poésie dans la classe de Littérature et Beaux-Arts. Il est d'abord secrétaire des commandements à l'hôtel de Conti de 1756 à 1776, ce qui lui permet de vivre largement. Mais à partir de 1776, la pension de 1000 francs qui lui a été promise par l'héritier du prince lui est mal versée. Il se met sous la protection du comte de Vaudreuil qui le recommande au ministre Calonne, au comte d'Artois et à la reine. Le poète reçoit une pension annuelle de 2000 francs. Mais sa fortune se trouve uploads/Litterature/ la-litterature-du-18eme-siecle-et-son-desert-p.pdf
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- Publié le Jan 13, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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