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FrenchPDF.com Bénéficiez de nos offres à chaque instant et à tout endroit, le site FrenchPDF vous invite à réinventer le plaisir de la lecture et découvrir les nouveautés de vos auteurs préférés. Souhaitez-vous avoir un accès illimité aux livres gratuits en ligne ? Désirez- vous les télécharger et les ajouter à votre bibliothèque ? À votre service! FrenchPDF.com À ma noble grand-mère, Sophia Abramovitz, de mémoire bénie, qui n’a pas pu réaliser tous ses nombreux rêves. À ma mère bien-aimée, Tamar Abramovitz, qui m’a appris à suivre les élans de mon cœur avec la dernière énergie. À Shira et Noga, mes filles, qui m’ont offert la chance de vivre une deuxième enfance peuplée de rêves. frenchpdf.com 1 LA LISTE QUI M’A SAUVÉ J’AVAIS 16 ANS LE JOUR OÙ MA VIE A PRIS FIN. DU MOINS, TELLE QUE JE L’AVAIS CONNUE JUSQUE-LÀ. UN ACCIDENT A BOULEVERSÉ MA VISION DU MONDE DE FOND EN COMBLE. À cette époque, je travaillais comme homme à tout faire dans un restaurant : j’étais chargé de débarrasser les tables et de les nettoyer. Pendant l’un de mes services, à la fin duquel j’espérais glaner quelques pourboires substantiels à même de gonfler les maigres économies qui devaient financer mon permis de conduire, l’achat de vêtements et de CD, le chef m’a demandé de lui rapporter de la réserve un lourd bidon de conserves de cornichons au vinaigre. Du restaurant, spacieux et bondé, jusqu’à la réserve (où étaient entreposés des condiments, des desserts et la viande dans des congélateurs), je devais traverser un vaste parking. Avec le temps, une flaque très glissante s’était formée sur le sol : un piège poisseux formé par un mélange d’huile de moteur, d’eaux usées grasses et de produits détergents évacués en fin de journée sur l’asphalte bétonné. Deux semaines auparavant, le patron du restaurant avait glissé sur cette flaque et s’était fracturé le poignet. Animé d’un sens aigu de la responsabilité, je lui avais suggéré d’installer une passerelle en bois sur le parking pour permettre aux clients d’éviter le sol détrempé, de regagner leurs véhicules en toute sécurité, et d’empêcher ainsi d’autres accidents. Il avait préféré ignorer le conseil d’un tâcheron un brin casse-pieds. Deux semaines plus tard, c’est moi qui glissais sur cette flaque et, en un millième de seconde, retombais violemment sur une plaque d’égout. Le frenchpdf.com bidon m’a échappé des mains, le couvercle a sauté, et les cornichons se sont répandus un peu partout. Aujourd’hui encore, je peux entendre le bruit de mon crâne heurtant le sol glacé et revoir le mouvement de ma tête en partie arrachée et de mon cerveau ballotté de droite à gauche, telle une balle de ping-pong. Le coup sur ma nuque ensanglantée était si douloureux que je n’ai pas senti le choc, au même moment, au bas de mon dos. Les clients et les employés du restaurant se sont aussitôt précipités pour me relever, puis ont vérifié que j’étais encore conscient. Trois costauds m’ont empoigné, dirigés d’une main de maître par le patron, un bras toujours plâtré après sa propre glissade. « Lève-toi, qu’on voie si tu es capable de marcher ! » Inutile de préciser que j’en étais incapable. J’avais le vertige et j’ai vomi deux fois. Quelques minutes plus tard, toutes sirènes hurlantes, une ambulance m’a transporté à l’hôpital où j’ai subi une série d’examens approfondis et des radiographies. J’ai déclaré au médecin des urgences que j’avais l’impression de ne plus sentir mes jambes. Mais, en l’absence de fracture aux jambes et de blessure à l’épine dorsale, on m’a renvoyé chez moi, avec cette recommandation : « Mettez-vous au lit sous une couverture chauffante, reposez-vous pendant trois jours, et ça va passer. » L’urgentiste avait raison. Au bout de trois jours, la douleur a disparu, mais je ne sentais toujours pas mes jambes. J’étais paralysé. J’ai essayé de me lever comme d’habitude – geste quotidien que nous effectuons sans même y penser – mais en vain. J’éprouvais une sensation bizarre. Plus d’une fois j’ai ordonné à mon cerveau de me « mettre sur mes pieds », mais il ne m’a pas obéi. J’ai pincé mes jambes : aucune sensation. Je les ai griffées : rien. J’ai enfoncé la pointe d’un stylo dans ma chair. La jambe saignait, mais je ne ressentais aucune douleur. « Maman ! Je suis incapable de bouger… Je suis paralysé ! » Ma mère s’est précipitée à mon chevet. « Essaie de te mettre debout ! Tes jambes sont sûrement engourdies ! » Elle tâchait de faire bonne figure, mais son regard affolé trahissait sa panique. frenchpdf.com Elle s’est ruée dans la salle de bains et en a rapporté une pince à épiler, avec laquelle elle a pincé mes orteils, la plante de mes pieds, ma cheville, grimpant jusqu’à ma cuisse. Aucun tressaillement ! En quelques minutes, je me suis retrouvé dans les bras d’un voisin compatissant qui m’a porté de mon lit à sa voiture, et tous trois nous avons foncé jusqu’à l’hôpital le plus proche. D’abord, on m’a dirigé aux urgences pour un premier diagnostic. Un médecin à la mine sévère a examiné mes jambes à l’aide d’un marteau à réflexes et a conclu que la droite était totalement paralysée et la gauche invalide à 60 %. Le médecin suspectait une blessure à l’épine dorsale. Au bout de près de deux heures, après de nouveaux tests de réflexes, j’ai été acheminé au service de neurologie. Là, j’ai subi une batterie complète d’examens. À nouveau, des coups de marteau à réflexes, puis une décharge électrique le long des jambes (censée provoquer des démangeaisons) et, enfin, toute une série d’examens intrusifs pour évaluer l’ampleur de la paralysie. Trois médecins, accompagnés d’internes intrigués, sont venus observer ce cas exceptionnel. Ils ont essayé de vérifier si la paralysie s’était propagée au-delà de mon bassin et avait affecté mon appareil génital. Non, aucun dommage de ce côté-là : tout fonctionnait – merci d’avoir posé la question… Au bout d’une longue nuit d’examens, les médecins étaient toujours aussi perplexes. Comme les radios ne montraient pas de fracture de la colonne vertébrale, les blouses blanches n’avaient aucune explication précise à cette paralysie ; ils ne pouvaient présager quand mes jambes recommenceraient à fonctionner, si jamais j’en retrouvais l’usage… Tout au plus, ils ont réussi à repérer un léger déplacement des vertèbres inférieures. J’ai été hospitalisé pendant presque deux mois, jusqu’au jour où les médecins ont conclu que mon séjour devenait inutile et que je devais retourner chez moi. Retourner ? Plus exactement, revenir dans le fauteuil roulant dans lequel on m’avait installé pendant mon séjour à l’hôpital. Ce fauteuil, c’était mes frenchpdf.com nouvelles jambes. A posteriori, j’ai compris que les médecins avaient mis à profit mon hospitalisation pour m’habituer au fauteuil roulant. Et à ma nouvelle vie. La vie d’un adolescent de 16 ans. À un moment donné, j’ai senti que les médecins désespéraient de trouver un remède à mon état. Certes, jusqu’au jour de ma sortie, ils ont continué à stimuler mes jambes par des décharges électriques, dans l’espoir de découvrir un effet sur mon système nerveux ou une amélioration, mais il me semble qu’ils s’étaient facilement résignés à me laisser dans un fauteuil roulant et à avouer qu’ils passaient la main (et mes jambes…). Je n’ai plus remis les pieds (!) à l’hôpital. Ni au collège. Élève de première, mon unique consolation était d’être exempté des devoirs à la maison et de ne plus potasser mes examens. Très vite, mes activités sociales ont été transférées de la cour de récréation à ma petite chambre de la rue Zamenhof, à Bat-Yam. De huit heures du matin jusqu’à minuit, mes camarades de classe venaient me voir pour me remonter le moral. Parfois, il y en avait près de vingt regroupés autour de mon fauteuil roulant ou de mon lit. Certains jours, nous étions d’humeur particulièrement joyeuse, nous regardions des films à la télé, nous cancanions sur le dos de la terre entière et nous nous sommes même livrés à une blague stupide : téléphoner à des inconnus. Mais, à un certain stade, le désœuvrement et l’éloignement du collège m’ont pesé, et même l’affection qui m’entourait commençait à me gaver. Il fallait que je regarde la réalité en face : malgré mes tentatives, conscientes et inconscientes, de refouler mon invalidité, la vie quotidienne multipliait les piqûres de rappel… Mes copains préparaient les tests de la préparation militaire, bûchaient leur bac, programmaient leurs vacances en Grèce, s’amourachaient – comme tous les jeunes de mon âge –, et leurs visites se raréfiaient. De mon côté, je baignais dans une atmosphère de maladie et de vieillesse : des soins physiothérapiques en compagnie de vieillards qui s’étaient brisé le col du fémur ou d’individus aux capacités physiologiques amoindries suite à une crise cardiaque. Pour couronner le tout, mon corps avait gonflé et était déformé par la cortisone. frenchpdf.com Je n’avais pas imaginé profiter de ma jeunesse de cette façon. Un jour, par pur ennui – mais, surtout, parce que j’espérais me remettre à marcher et parce que uploads/Litterature/ la-magie-de-la-liste.pdf
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- Publié le Apv 12, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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