Le livre Thêta de la Métaphysique d’Aristote Pour la validation, un minimémoire
Le livre Thêta de la Métaphysique d’Aristote Pour la validation, un minimémoire d’une vingtaine de pages, avec un sujet ou bien choisi par l’élève ou bien proposé par le professeur. Heure normale de réception des étudiants : mardi, à partir de 17h en Sorbonne. Adresse électronique : david.lefebvre@paris-sorbonne.fr. Dans un premier temps, se reporter à la bibliographie indiquée dans la brochure. A.Mansion, « Philosophie première, philosophie seconde et métaphysique chez Aristote », Revue philosophique de Louvain, 1958 Cours du 3 octobre. Il y a deux grandes éditions de la Métaphysique : - Celle de David Ross, qui date de 1924 et qui est très documentée. Elle a quelque peu vieilli, mais fait toujours référence. - Celle de Werner Jaeger, postérieure à la première, effectuée à la fin des années 1950. Jaeger défend une interprétation génétiste de la philosophie d’Aristote, utilisant l’hypothèse que les textes d’Aristote ne correspondent pas aux mêmes périodes de la vie du Stagirite, et sont donc impregnés de conceptions différentes. Cette interprétation est très intéressante (il est tout à fait possible qu’Aristote se soit émancipée de son platonisme initial), mais elle est très difficile à démontrer. Les textes eux-mêmes ont longtemps été retravaillés. Jaeger a parfois corrigé le texte à partir de son interprétation, et ce genre de correction ne peut pas être un point de départ. Pour ce qui est des traductions d’Aristote, il y a manifestement une petite difficulté. Il y a deux traductions : celle de Tricot, très utile mais à dépasser, celle d’Annick Jollin, plus exigeante mais aussi parfois plus difficile à lire. Introduction Pour introduire ce séminaire, nous commencerons in medias res par un commentaire du texte même d’Aristote, l’ouverture du livre Thêta. Ce passage fait suite au livre Hêta. Il joue le rôle de transition (« nous avons donc parlé de ») et qui à ce titre fait intervenir beaucoup d’indications qui ont la forme de références, ou de renvois internes à d’autres traités de la Métaphysique. La collection des livres de la Métaphysique n’a pas été écrite dans cet ordre par Aristote ; l’ordre a été institué par l’édition d’Alexandre d’Aphrodise. Quand Aristote dit « nous l’avons dit ailleurs », cela ne veut pas forcément dire « avant » dans l’édition actuelle. Les deux premières références à des études antérieures semblent introduire une certaine continuité. La troisième ne parle plus d’un ordre de priorité ou d’enchaînement logique : « nos distinctions ont établi ailleurs ». Les deux premières se réfèrent au livre Z, H et E, la troisième au livre Delta. Le livre Delta est « le livre des acceptions multiples » (nom donné par Aristote lui-même), livre qui a un statut particulier. Aristote y expose la manière dont une trentaine de termes peuvent recevoir différentes significations et comment ces significations peuvent s’articuler. T ous les mots de ce livre ne sont pas des concepts centraux : le livre Delta est souvent présenté comme le lexique philosophique d’Aristote ; ce n’est pas tout à fait vrai. Nous mettons le livre Delta à part car il ne fait pas partie d’une continuité de recherche ; il pourrait être à plusieurs endroits. Le livre Delta est plutôt un livre que l’on doit toujours avoir en tête pour appréhender certaines distinctions. Le livre Bêta quant à lui est le « livre des apories », qui a aussi un statut particulier. Il pose un certain nombre de difficultés, mais ne dresse pas le plan de la Métaphysique ; il rencontre les difficultés, ne les organise pas. C’est une sorte d’agenda de la recherche qu’il faut conserver par devers soi. La troisième référence de l’extrait est une référence à Delta, 12, qui est l’exposé des sens du mot « puissance » et du couple « puissant »/ « impuissant », qui se dit « dunaton »/ « adunaton ». Une question se pose : comment articuler deux types de recherche, celle sur la substance (livres Zêta, Hêta) et celle sur la puissance (livre Delta) ? « Nous avons donc parlé de l’être au sens premier », autrement dit de la « substance » (ousia). T ous les autres sens de « être » possèdent la définition de la substance. Aristote vient de parler de la substance et explique pourquoi il y a une priorité de la substance par rapport aux autres catégories. Les autres catégories (sens du mot être) se rapportent (anapheresthai) à la substance, elles possèdent la définition de la substance. Les choses qui appartiennent aux autres catégories possèdent l’être par la substance ; c’est ainsi que commence le livre Zêta. Cela veut dire que les autres choses n’ont pas d’indépendance ontologique, et dépendent pour leur existence mais aussi pour leur définition de la substance. Le « grand » est toujours dit d’une substance et ce « grand » n’a pas d’existence indépendante. Par conséquent, c’est à ce titre là que ce qui est dit dans les autres catégories dépend de la substance. S’il on veut définir le « grand », le « vert », le « bleu », il faut définir la substance. Aristote l’a dit une fois de plus au livre Zêta, et c’est l’un des sens de la priorité de la substance par rapport aux autres catégories. Aristote apporte d’autres éléments pour appuyer la priorité de la substance, mais ne nous intéresserons pas à cette question. Il y a une priorité de la substance parce que les choses qui se disent des autres catégories sont sous sa dépendance ontologique. Le résumé du début du livre Thêta ne se rapporte pas nécessairement à ce qui vient avant. Les livres Zêta et Hêta portent certes sur la substance, mais leur objet est plus précis. Le livre Zêta pose la question de ce qui est le plus substance, et répond par la « quiddité » ; le livre Hêta porte sur le rapport entre la matière et la forme et se demande ce qui fait l’unité de la quiddité et de la matière. La solution apportée à la fin du livre Hêta est lapidaire : c’est la cause efficiente qui unit les deux, ce qui a produit cette unité. Aristote dit par exemple que la cause de l’unité d’une sphère d’airain, ce n’est rien d’autre que l’artisan qui a produit une forme dans une matière. Cette réponse nous laisse pantois, mais à ce niveau il se contente de cette solution qui consiste à dire que le moteur produit une forme dans une matière, matière toujours en puissance. Il en ira de même pour la génération des animaux, avec quelques intermédiaires en plus. Une fois que la cause motrice a agi, on obtient un composé en acte. Aristote a donné la cause de l’unité hylémorphique, et il a utilisé les notions de puissance et d’acte. Revenons au livre Thêta : si l’on suit la ligne de recherche des livres Zêta et Hêta, on a terminé une grande partie de notre analyse sur la substance sensible. Maintenant, au début du livre Thêta, Aristote nous dit qu’il a parlé de la substance, et nous parle de la priorité de la substance sur les autres catégories. La ligne de recherche n’est plus tout à fait la même. On était finalement dans un ensemble d’enquêtes ousiologique, qui portaient sur la substance, ce qu’elle est elle-même, et quelle est son unité. Le début du livre Thêta en réalité nous ramène à la question de la pluralité des sens de l’étant. On passe à une enquête de type ontologique : la science en jeu porte sur l’être en tant qu’être et ses différents sens. C’est dans le livre Epsilon va distinguer quatre sens classiques de l’être : l’être selon la substance et les autres catégories, l’être comme vrai et faux, l’être par soi et par accident, l’être selon la puissance et l’acte. Ce qui l’a intéressé dans les livres précédents, ce n’est pas les livres Zêta et Hêta, mais le livre Epsilon : il reprend un train de recherche ontologique. La deuxième phrase confirme qu’Aristote renvoie au livre Epsilon ; mais il ne reprend que deux sens de l’être. L’être comme vrai et faux et l’être par soi et l’être par accident ont été éliminé au livre Epsilon. L’être comme vrai et faux appartient seulement au discours : quelque chose est vrai ou faux seulement dans le discours. Mais il n’est pas impossible qu’Aristote ait mentionné un vrai et un faux avec un sens ontologique, à la fin du livre Thêta. Nous étudierons ce point. En outre, il n’y a pas de science de l’accident ; les prédicats rapportés par accident à un être ne lui appartiennent pas en soi. Il reste deux sens. Celui des catégories, celui de la puissance et de l’acte. Aristote vient de nous expliquer la chose suivante : on a parlé de l’être selon la substance, il n’y a pas lieu de parler des autres catégories, alors parlons de l’être selon la puissance et l’acte. Aristote introduit la puissance et l’acte ; sauf qu’il ne le fait pas n’importe comment. Après la transition et le récapitulatif uploads/Litterature/ la-metaphysique-d-x27-aristote-lefebvre.pdf
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- Publié le Apv 04, 2021
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