Explication linéaire 1/16 : La princesse de clèves, La scène du bal Introductio
Explication linéaire 1/16 : La princesse de clèves, La scène du bal Introduction : Salonnière du 17ème siècle, siècle de la quintessence de la finesse vacillant entre le classicisme et le baroque, cette époque voit naître le premier roman psychologique, la PDC. Roman publié anonymement en 1678 par MDF. Dans ce roman, le personnage principal est tiraillé entre vertu et passion. Dans cet extrait, mademoiselle de Chartre qui vient de se marier rencontre le duc de Nemours. Le coup de foudre est immédiat. À travers cet extrait, une question se pose alors : Problématique : En quoi ce passage est-il ambiguë ? Mouvements : I. Une rencontre exceptionnelle et féerique II. Une rencontre piégée, détournée par le jeu social Explication : 1. Une rencontre exceptionnelle et féerique (de « Elle passa tout le jour » à « sans avoir un grand étonnement »). - La première phrase introduit l’évènement, le bal. La préparation de la princesse de Clèves indique l’importance de la soirée à venir: « Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer ». - La précision apportée à l’évocation de l’évènement participe à créer une attente: « bal et au festin royal qui se faisaient au Louvre. ». C’est une soirée complète, fastueuse et surtout royale au Palais Royal (le Louvre). - Le début de la seconde phrase rappelle la présentation à la cour de la princesse, avec une nouvelle fois un éloge de sa beauté: « Lorsqu’elle arriva, l’on admira sa beauté et sa parure… ». - Nous sommes directement immergés dans l’action avec le passé simple : « le bal commença ». - La suite de la phrase « et comme elle dansait avec monsieur de Guise » pose une action de second plan avec l’imparfait (à noter que le « comme » possède ici une valeur temporelle, est synonyme de « quand »). - En effet, l’action de premier plan est évidemment le suspens organisé autour de l’apparition de M. de Nemours, avec le passé simple: « il se fit un assez grand bruit vers la porte de la salle, comme de quelqu’un qui entrait et à qui on faisait place. ». On comprend que le nouvel arrivant est un personnage puissant. - La troisième phrase apporte l’élément perturbateur à la situation initiale. Celui-ci semble d’autant plus important qu’il vient du roi lui-même: « le roi lui cria de prendre celui qui arrivait. » Ici, le hasard, le destin joue son rôle puisqu’elle « cherchait des yeux quelqu’un qu’elle avait dessein de prendre ». - Nous suivons la venue de M. de Nemours à travers son regard: « Elle se tourna, et vit ». Elle le connaît à peine, elle doute « elle crut d’abord ». Son identité est donc dévoilée, et son arrivée reste fracassante « qui passait par-dessus quelques sièges pour arriver où l’on dansait. » - Nous revenons dans la fin du paragraphe sur l’éloge hyperbolique de la beauté de la princesse: « sans avoir un grand étonnement ». - Le lieu et le moment magnifiques de la rencontre entre les deux sont posés dès les premières lignes. Madame de Clèves est la première à entrer en scène, M. de Nemours vient ensuite et s’impose immédiatement. Le décor est posé. - Le point de vue change, nous sommes sur une focalisation interne de M. de Nemours, qui une nouvelle fois idéalise la beauté de madame de Clèves: « Monsieur de Nemours fut tellement surpris de sa beauté », « marques de son admiration ». Le ton est encore fortement hyperbolique. - Le début du paragraphe marque aussi le premier rapprochement physique entre les deux « lorsqu’il fut proche d’elle ». 2. Une rencontre piégée, détournée par le jeu social - L’action débute au passé simple « Lorsqu’ils commencèrent à danser », mais surtout nous voyons la construction d’une scène théâtrale avec les deux acteurs et le public « il s'élève dans la salle un murmure de louanges ». Leur danse est un spectacle. - Nous basculons ensuite sur le couple royal « Le roi et la reine se souvinrent qu’ils ne s’étaient jamais vus ». Leur mention éclaire la scène de prestige et surtout rappelle que La Princesse de Clèves est aussi un roman historique, un témoignage sur la cour de Louis XIV. - L’évocation du coup de foudre entre les deux se fait dans la suite de la phrase « qu’ils ne s’étaient jamais vus, et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître ». L’alchimie semble opérer dès leur premier contact. - La position supérieure du couple royale est rappelée dans la dernière phrase « Ils les appelèrent quand ils eurent fini, sans leur donner le loisir de parler à personne ». Le roi et la reine vont jouer les entremetteurs, de spectateurs, ils deviennent acteurs au discours indirect: « et leur demandèrent s’ils n’avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient, et s’ils ne s’en doutaient point ». - Cette dernière partie change d’énonciation, nous passons de la narration au discours direct. Cela apporte vivacité et réalisme. - Monsieur de Nemours est le premier à prendre la parole. Il se comporte en gentilhomme, en galant homme: « je n’ai pas d’incertitude; mais comme madame de Clèves n’a pas les mêmes raisons pour deviner qui je suis que j’ai pour la reconnaître ». Par la litote, il flatte Madame de Clèves tout en jouant l’humilité. - Il n’oublie pas non plus de manière très adroite de remettre la famille royale au centre de la discussion: « je voudrais bien que votre Majesté eût la bonté de lui apprendre mon nom. » - La dauphine, donc Claude de France en l’honneur de qui le bal est donné, répond de manière amusée. On comprend dans sa réplique qu’elle n’est pas dupe de la fausse modestie de M. de Nemours. Cette scène illustre la galanterie et la préciosité de l’époque. - L’innocence et la gêne de la princesse de Clèves tranchent avec l’habitude des autres participants, comme l’indique ce qui pourrait ressembler à une didascalie au théâtre: « qui paraissait un peu embarrassée ». - Elle semble en partie impressionnée par la compagnie prestigieuse et veut à tout prix éviter de commettre une erreur, d’être ridicule: « je ne devine pas si bien que vous pensez ». (Ne pas oublier qu’elle est jeune) - Mais la dauphine une nouvelle fois ne se laisse pas tromper: « Vous devinez fort bien », et ne voulant pas mettre mal à l’aise madame de Clèves lui fait un compliment « et il y a quelque chose d’obligeant pour M. de Nemours ». - Suit un paradoxe assez saisissant : « à ne pas vouloir avouer que vous le connaissez sans l’avoir jamais vu. ». Ils se connaissent tous les deux, alors qu’ils se rencontrent pour la première fois. Nous comprenons aussi que le caractère obligeant mis en avant tient au fait que M. de Nemours n’a pas entièrement bonne réputation… - Le déroulement normal du bal reprend. Une fois encore, le rôle central du couple royal transparaît : « La reine les interrompit pour faire continuer le bal ». Tout le monde sait dans quelles mains se trouve le pouvoir. Toutes les personnes présentes sont des courtisans, sont inférieures au couple royal. - La conclusion du passage revient encore à un éloge de la beauté de madame de Clèves par la comparaison avec la dauphine: « Cette princesse était d’une parfaite beauté (…) mais de tout le soir, il ne put admirer que madame de Clèves. » - La conclusion constitue aussi le début de l’intrigue à venir: le commencement de la passion entre les deux, maintenant qu’ils se connaissent. Conclusion : Par de nombreux aspects, cette scène de rencontre correspond parfaitement au cliché romanesque du coup de foudre : les circonstances, le décor et les personnages sont exceptionnels, ce qui va renforcer le caractère dramatique de la passion qui s'ensuivra, et qui n'est pour l'instant qu'à l'état d'esquisse : l’héroïne elle-même n'a pas encore compris ce qui lui arrive. M. de Nemours et Mme de Clèves semblaient destinés à se rencontrer, et pourtant il ne semble pas y avoir d'issue heureuse pour leur passion, puisque Mme de Clèves vient de se marier. Mme de Lafayette construit ainsi une sorte de suspense : cette scène est le moteur du reste du roman. uploads/Litterature/ la-sce-ne-du-bal-1-16.pdf
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- Publié le Oct 08, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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