MADAME DE LA FAYETTE : LA PRINCESSE DE CLEVES : LA SCENE DE LA PREMIERE RENCONT
MADAME DE LA FAYETTE : LA PRINCESSE DE CLEVES : LA SCENE DE LA PREMIERE RENCONTRE ENTRE MADAME DE CLEVES ET LE DUC DE NEMOURS (COMMENTAIRE COMPOSE)-LE BAL Introduction : « La Princesse de Clèves » est un roman écrit par Madame de La Fayette en 1678. Cette oeuvre, véritable joyau de la littérature française, est considéré comme un « roman moderne » précisément parce qu'il rompt avec les conventions du roman baroque. L'histoire se déroule dans un temps historique (le XVIème siècle) assez proche du temps de l'écriture de l'œuvre. Ce roman raconte l’histoire d’amour impossible entre la jeune Madame de Clèves, mariée récemment avec un vieux monsieur le Prince de Clèves, et le Duc de Nemours. La scène étudiée ici est la scène de la première rencontre entre Madame de Clèves et le Duc de Nemours qui a lieu à l’occasion d’un bal au Louvre, donné en l’honneur des fiançailles de la fille du Roi. On peut donc se demander en quoi cette scène fournit des indices d'un amour impossible entre la Princesse et le Duc. Notre lecture analysera dans un premier mouvement cette scène de rencontre comme une scène romanesque qui conduit à la naissance de sentiments amoureux deux protagonistes. Dans un second mouvement nous nous attacherons à expliquer cette scène de coup de foudre et enfin, nous montrerons que cette scène de rencontre affiche déjà que la passion naissante entre la Princesse et le Duc est condamnée. Le cadre dans lequel se rencontrent la Princesse de Clèves et le Duc de Nemours est un cadre prestigieux puisque cette rencontre se fait au Louvre, à un bal, à l'occasion des fiançailles de la fille d'Henri second. Le lieu a toute son importance d'une part parce qu'il il est un lieu idyllique, propice à la naissance d'une passion et d'autre part, parce que cette référence historique ancre la narration dans une situation réelle et renforce l'illusion de la véracité du récit : « Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer, pour se trouver le soir au bal et au festin royal qui se faisait au Louvre. » l. 1-2. L'arrivée de Monsieur de Nemours est peu discrète puisqu'elle attire l'attention de tous les convives présents au bal : « il se fit un assez grand bruit vers la porte » l.3, ce qui fait porter le regard de Madame de Clèves vers la porte également. Mais ce qui surprend le plus c'est que Le Duc et la Princesse sont amenés à danser ensemble sur la demande du roi : « le Roi lui cria de prendre celui qui arrivait » l.5. La rencontre se fait donc par effet de surprise, sans que l'un ou l'autre n'ait entrepris quoi que ce soit. Par ailleurs la narratrice se plaît à ne pas dévoiler leur identité pour ménager un certain suspens : c'est le pronom démonstratif« celui qui » l.5 qui désigne le Duc de Nemours. Le texte, bien que les deux parties devinent qui ils sont, préfère taire leurs noms. En effet, ce n'est qu'à la fin que leur identité est dévoilée et qu'on les présente vraiment : « mais comme Madame de Clèves n'a pas les mêmes raisons pour deviner qui je suis » l. 17-18, « et il ya même quelque chose de désobligeant pour Monsieur de Nemours » l.23- 24. L'environnement dans lequel les héros se voient pour la première fois est significatif tout d'abord car c'est un lieu propice à éveiller des passions et ensuite car il permet une rencontre par effet de surprise. En plus de créer un univers favorable aux sentiments, le narrateur peint des portraits de héros qui ne peuvent se laisser indifférent l'un à l'autre, et qui concourent à produire une scène purement romanesque. Le portrait des deux héros est somme toute assez ressemblant et assez commun. En effet, ils sont tous les deux d'une grande beauté : « l'on admira sa beauté et sa parure » l. 2, « M. de Nemours fut tellement surpris de sa beauté » l. 10 en ce qui concerne la princesse, et « l'air brillant » l. 10. On notera également les caractérisations hyperboliques de ces êtres d'exception qui soulèvent « un grand étonnement » l.10 et « un murmure de louange » l. 12 Leur rencontre est particulière précisément parce que leur reconnaissance se fait avant leur connaissance : « Elle se tourna et vit un homme qu'elle crut d'abord ne pouvoir être que Monsieur de Nemours » l. 5-6, « Pour moi, Madame, dit Monsieur de Nemours, je n'ai pas d'incertitude ; mais comme Madame de Clèves n'a pas le mêmes raisons pour deviner qui je suis » l. 17-18. Le coup de foudre naît de leur reconnaissance mutuelle alors qu'ils ne s'étaient encore jamais vus. Les instances royales-mêmes remarquent cette union hors du commun : « Les Rois et les Reines (...) trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître » l.13-14. D'ailleurs Madame la Dauphine les convoque aussitôt la danse terminée pour leur faire dire qu'ils se sont reconnus sans s'être vus : « Ils les appelèrent (...) et leur demandèrent s'ils n'avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient, et s'ils ne s'en doutaient point » l. 14-16. Pour cette première rencontre, on l'aura bien compris, les deux protagonistes sont les héros de ce bal. Ils sont magnifiés et toute cette soirée tourne autour d'eux. Les regards sont entièrement portés sur eux et ils retiennent l'attention de tous. Cette rencontre organisée comme un véritable coup de foudre n'est pourtant pas seulement due à eux mais aussi à un autre intervenant qu'est la cour. Placée sous le signe du destin, la cour favorise cette rencontre. C'est grâce ou à cause de la cour que cette rencontre est devenue inévitable. On notera que leur union se fait très rapidement : la princesse a à peine le temps de finir de danser avec Monsieur de Guise que déjà le Roi lui « cri[e] de prendre celui qui arrivait » l. 5. Cette rencontre fonctionne comme un jeu pour la cour qui se plaît ensuite à suivre leur danse tout en la commentant. Le romanesque se poursuit dans leurs réflexions que soulève cette danse imprévue : « Le Roi et les Reines se souvinrent qu'ils ne s'étaient jamais vus, et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître » l. 13-14. La singularité est ici signe d'élection. La famille royale poursuit ensuite la mise en scène de leur rencontre à la fin de la danse en décidant de leurs gestes et du dialogue qu'ils vont avoir puisqu'« ils les appelèrent quand ils eurent fini, sans leur laisser le loisir de parler à personne, et leur demandèrent s'ils n'avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient, et s'ils ne s'en doutaient point » l. 14-16. La cour va également dévoiler les mystères et les identités de chacun tout en perçant l'intimité de chacun des deux protagonistes. La Princesse de Clèves est « un peu embarrassée » l. 21 des questions de Madame la Dauphine qui cherche à la faire avouer qu'elle a reconnu le Duc de Nemours sans l'avoir jamais vu. Cet embarras souligné par le texte montre déjà qu'elle est intéressée par cet homme. Mais la Princesse perçoit le danger et refuse de plier aux questions de la Dauphine car la cour attise les passions mais les condamne en même temps. Mais surtout elle condamne les femmes. La cour joue donc un rôle décisif dans la rencontre entre les deux protagonistes. Sans elle, leur amour ne serait peut-être pas né. Tout ce qui entoure la Princesse de Clèves et le Duc de Nemours participent à la naissance de leur passion réciproque. L'environnement, leur beauté remarquée de tous et l'union entreprise par la famille royale rapprochent inévitablement ce couple qui ne peut que tomber amoureux. Nous allons à présent analyser la manière dont la narratrice construit ce coup de foudre. Le regard est prédominant et traverse cet extrait. La répétition du verbe « voir » montre que tout se passe par le regard : « Elle se tourna et vit un homme » l. 6, « Ce prince était fait d'une sorte qu'il était difficile de n'être pas surprise de le voir quand on ne l'avait jamais vu » l. 8, « mais il était difficile de voir Madame de Clèves pour la première fois sans avoir un grand étonnement » l. 9, « Le Roi et les Reines se souvinrent qu'ils ne s'étaient jamais vus, et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble » l. 13-14, « vous le connaissez déjà sans l'avoir jamais vu » l.21. Le verbe « voir » qui apparaît sept fois crée une sorte d'érotisation du regard pour signifier l'harmonie entre les deux personnages. L'amour naît uniquement de cet échange, échange qui ne passe que par la vue car dans cette scène les deux futurs amants (amants signifie amoureux uploads/Litterature/ la-scene-du-bal.pdf
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- Publié le Apv 04, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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