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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/327350089 La canonisation littéraire: l'exemple de la prose en haoussa Chapter · August 2017 CITATIONS 0 READS 95 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Interface oral written African literatures View project , African literature in African languages, Hausa verbal aesthetics and metalanguage, interface between oral and written literaturas of Africa. View project Chaibou Elhadji Oumarou Université Abdou Moumouni de Niamey 14 PUBLICATIONS 18 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Chaibou Elhadji Oumarou on 01 October 2018. The user has requested enhancement of the downloaded file. 1 La canonisation littéraire, l’exemple de la prose en haoussa1 Chaibou Elhadji Oumarou, Université de Niamey Résumé Le concours littéraire en langue haoussa organisé par l‟administration coloniale britannique en 1933 constitue l‟acte de naissance de la fiction écrite en langue haoussa. Nous explorons les conditions de cette naissance et le développement de la littérature haoussa en prose en rapport avec ce concours. Nous examinons ensuite le rôle joué par la critique universitaire qui a transformé les textes primés lors du concours en un corpus de chefs-d'œuvre littéraires devenus des classiques de la littérature haoussa en prose. Mots clés : administration coloniale britannique, canonisation littéraire, genèse de la fiction écrite haoussa, prose, Nigeria. Abstract: The literary competition organized by the British colonial administration in 1933 constitutes the birth certificate of the canon of the Hausa literature in prose. In this article we explore the condition of birth and the growth of Hausa literature in prose in relation to the competition. Then we examine the role played by the university critics who have transformed the winning essays into a corpus of literary masterpieces that later have become the classics of Hausa literature in prose. Key words: British colonial administration, literary canonization, genesis of Hausa written fiction, prose, Nigeria. Introduction En littérature, la genèse de classiques passe par leur reconnaissance aussi bien par les lecteurs que par la critique. Cette reconnaissance est une étape incontournable dans la canonisation littéraire. Dans le contexte africain, la question de la langue est essentielle. Cette observation est prise en compte dans la définition de ce processus. Nous analysons cette problématique à propos de la prose écrite en haoussa. 1 Cet article est une adaptation de la version originale en anglais publiée en 2017 dans la revue en ligne suivante : Advances in Literary Study, 5, 1-16 http://dx.doi.org/10.4236/als.2017.51001 ; « An Exploration of the Canon of Hausa Prose Fiction in Hausa Language and Translation : The Literary Contest of 1933 as a Historial Reference ». La présente version a été profondément modifiée, à commencer par le titre de l‟article. La présente version a été retenue pour le colloque international du projet ANR ELLAF: « Littératures en langues africaines : production, diffusion, réception, » du jeudi 29 septembre au samedi Ier octobre 2016 à Paris en France. Elle a enfin été publiée dans Littératures en langues africaines : Production et diffusion. Ursula Baumgardt (dir.). Paris, Karthala, 2017. 125-141. Signalons que deux orthographes dans les langues européennes coexistent ; haoussa en français, hausa en anglais. 2 1. Qu’est-ce qu’un classique africain ? Dans l'article intitulé «Qu'est-ce qu'un classique africain?» Bernard Mouralis (2005) pense que la réponse à une telle question doit être relativisée. Parmi les raisons qui justifient une telle relativisation, il souligne la nécessité de prendre en considération la langue utilisée par les auteurs ainsi que le lieu et la fonction de cette langue au sein de leurs communautés et de celle de ses critiques. Dans un contexte où coexistent des littératures en langues européennes et en langues locales, en l‟occurrence africaines, la langue est effectivement un critère déterminant pour définir l‟identité culturelle d‟une littérature (Baumgardt, 2008). Jean Derive (2005:28-29), comme Bernard Mouralis, attire l'attention sur l'importance de la langue pour la recherche de l'identité des littératures africaines. Il soulève la question linguistique qui devrait déterminer le choix des approches critiques : A cet égard, écrit-il, les littératures africaines en langues européennes ont souvent souffert, du fait de l‟emprunt d‟une langue qui avait ses propres traditions littéraires, d‟un problème d‟identité qu‟elles ont cherché à résoudre de diverses manières, préoccupation qui est un facteur déterminant pour l‟approche critique qu‟il est possible d‟en faire. Il n‟en va pas de même des littératures en langues africaines qui, du fait qu‟elles ne connaissent pas ce problèmes identitaire, en tout cas pas dans les mêmes termes, s‟élaborent selon d‟autres enjeux dont l‟approche critique doit tenir compte. Il convient cependant de distinguer, dans la production littéraire en langues africaines, le cas de la littérature orale et celui de la littérature écrite. Par conséquent, conclut Jean Derive, Quels que soient les appuis théoriques pris, est reconnue la nécessité d‟envisager les conditions particulières selon lesquelles est produite et consommée une œuvre littéraire, afin d‟établir une problématique pertinente de son approche(28). De son côté, Graham Furniss (1996: viii) déplore la marginalisation des littératures en langues africaines dans le débat sur les littératures postcoloniales. Il donne l‟exemple d'un débat parallèle qui a eu lieu en langues africaines, notamment haoussa, mais qui est moins connu par les critiques des littératures mondiales car ces derniers ne connaissent en général que peu ou pas du tout les langues africaines. En écho à Jean Derive cité plus haut, Furniss attire l‟attention sur l'existence d'une «‟tradition‟ autochtone authentique» et d‟un débat sur l'expérience coloniale dans la littérature haoussa, « non pas comme un monde périphérique en lutte pour se définir par rapport à la culture anglaise et européenne [comme l'affirment Ashcroft, Griffins et Tiffin (1989], mais comme une entité indépendante avec ses propres pensées et ses traditions cosmopolites » (Furniss, 1996: ix). 2. Comment la canonisation littéraire se réalise-t-elle ? 3 Après Furniss qui dénonce la marginalisation des littératures en langues africaines, János Riesz (2011) développe la réflexion sur la question de la définition du classique en littérature africaine en mettant, lui aussi, l‟accent sur la nécessité de distinguer les littératures écrites en langues africaines de celles écrites en langues européennes. Ainsi dans son article intitulé «A propos des « classiques africain ». Quels modèles pour un canon des littératures africaines?», Riesz (2011 :147) écrit: Le tout est comme le dit Mouralis de contextualiser les questions qui concernent cette qualité des „classiques‟. La première question qu‟il faut poser est évidemment : „classique‟ par rapport à quel ensemble ou sous-ensemble ? Est-ce par rapport à une littérature nationale ? continentale ? mondiale ? Le canon envisagé est-il limité à une seule langue ? se définit-il par rapport à une époque (un siècle, par exemple), ou à un moment historique ? Ou concerne-t-il toute une histoire littéraire s‟étendant à travers plusieurs siècles ? Pour répondre à toutes ces questions, Riesz a examiné le Dictionnaire des écrivains francophones classiques. Afrique sub-saharienne, Caraïbe, Maghreb, Machreck, Océan Indien (2010). Quarante- huit universitaires, majoritairement de France, d‟Afrique et des Caraïbes ont participé à la rédaction du dictionnaire avec leurs articles respectifs sur cent-cinq auteurs. Selon Riesz (2011 : 149-150), les critiques universitaires ont accepté à l‟unanimité six critères pour faire d‟un auteur un classique ou canonisé : 1) des jugements esthétiques à partir d‟une écriture ou d‟un style originaux et novateurs; 2) des innovations (ou ruptures) dans les thèmes traités ou dans la manière de les traiter; 3) l‟importance relative des auteurs par rapport à leur littérature ou culture “nationale”, voire “ethnique”; 4) la présence des auteurs dans les programmes scolaires et/ou la recherche universitaire; 5) leur rayonnement au-delà des frontières de leurs pays et le nombre de leurs traductions en d‟autres langues ; 6) le rôle fondateur de l‟auteur (ou d‟une œuvre), qui est à l‟origine d‟une nouvelle orientation (stylistique ou thématique) ou d‟un accent nouveau dans les littératures respectives. Riesz et Mouralis affirment également que les littératures africaines modernes, écrites en langues européennes en particulier, sont suffisamment mûres pour avoir leurs propres classiques. En fait, pour Mouralis « La production littéraire de l‟Afrique a cessé depuis longtemps d‟être „jeune‟ ou „émergente‟ et, à cet égard, elle satisfait à la fameuse obligation de durée que des générations de critiques ou de professeurs ont considéré comme une condition nécessaire à l‟apparition de textes „classiques‟….» (p.36.). Il n'y a pas longtemps, comme Mouralis nous le rappelle, une telle déclaration a inspiré Paulin Joachim, rédacteur en chef du mensuel Bingo, un commentaire très négatif sur les premiers éditeurs européens qui ont essayé de promouvoir certains des romanciers africains écrivant en français et qu'ils considéraient comme des classiques. En effet, dans un article intitulé « Méfions-nous des marchands de livres2 », Joachim accuse l'éditeur Julliard d‟avoir essayé de se faire de l‟argent en créant « des gloires littéraires à trop bon compte, [en essayant d‟] envahir et … [de] 2 L‟article a paru dans Editorial africain, Strasbourg, Imprimerie des Dernières Nouvelles de Strasbourg, 1967, pp. 137- 139. 4 monopoliser le marché africain du livre. »(Mouralis 2006: 35). Joachim ne pouvait accepter que le terme «classique» soit associé aux auteurs «africains» qui ne méritaient uploads/Litterature/ lacanonisationlittraire-versioncorrige-2018.pdf

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