Le Camp Nou, comme si vous y étiez Assister à un match à Barcelone a quelque ch
Le Camp Nou, comme si vous y étiez Assister à un match à Barcelone a quelque chose d'excitant. Comme à San Mames (Bilbao), Mestalla (Valence) ou Santiago-Bernabeu (Real Madrid), on entre dans un des temples du football mondial. On a beau y être habitué, aller au Barça a quelque chose de magique. C'est parti pour la visite guidée. Prenons un match à 22 heures, généralement une grande affiche. Si vous logez dans le centre- ville et que vous prenez les transports en commun, prévoir de partir deux heures, voire trois, pour profiter du spectacle. Car il commence à ce moment-là. Dans le métro, pratiquement tous les supporters du Barça ont le maillot et l'écharpe. Il y a des vieux, des jeunes, voire des très jeunes et des très vieux. Les rares socios adverses sont ignorés, ou chambrés amicalement. Il n'y a aucun sentiment de haine. Même lors des Clasicos, les supporters du Real sont bien traités. Et, contrairement au Parc des Princes, aucune force de police n'attend les supporters à la sortie de la rame. Le trajet est jalonné des cars de toutes les "penyas" du pays. L'écharpe de l'association est fièrement affichée sur le pare-brise, comme un trophée que l'on veut exposer. La fameuse "Porta 7" : son musée, sa boutique... Cinq minutes plus tard, nous voilà face à la "porta 7", essentielle puisqu'elle permet d'accéder au musée (le deuxième plus visité d'Espagne après "El Prado" à Madrid), au "Palau Blaugrana", la salle de basket, au guichet principal et à la boutique, qui ferme ses portes cinq minutes avant le coup d'envoi. Sur deux étages, on peut absolument tout acheter aux couleurs blaugrana. Le maillot, bien sûr, décliné sous toutes les couleurs (comptez 95 euros avec flocage), les ballons, des crayons et même des tétines pour bébés. On peut aussi se faire photographier numériquement avec l'un des membres de l'équipe. 12 euros pour s'immortaliser avec un Messi ou un Xavi digital, c'est pas donné... Intéressant, le coin "histoire" où l'on peut dégoter des vieilles affiches et des maillots vierges de publicité. Pour les nostalgiques. Il y a quatre ans, en pleine déconfiture de la génération Ronaldinho, on pouvait encore trouver des places abordables à quelques minutes du match. Depuis l'arrivée de Guardiola et la "mondialisation" extrême du club, les moins chanceux doivent attendre plusieurs heures. Sans aucune garantie d'avoir un siège. Surprise, il n'y a pas de fouilles à la sécurité. Dans l'artère principale, la statue de Kubala, mythique attaquant hongrois des années 50, prône fièrement. C'est aussi ça la tradition des grands clubs. L'histoire est essentielle. Certains en France feraient bien de s'en inspirer. Ce qui frappe au Camp Nou, c'est cette impression de gigantisme. Barcelone a l'un des plus grands stades au monde et ça se sent. Malgré ses 54 ans, il ne fait pas vieillot. Ce qui frappe aussi, c'est la multitude de nationalités qui se pressent pour voir un match. Avoir la possibilité de voir un Barça-Gijon ou un Barça-Santander n'a pas de prix pour certains. Certains viennent spécialement à Barcelone pour aller au Camp Nou. Les vendeurs à la sauvette, à l'anglais incertain, s'en donnent à cœur joie, prêts à arnaquer le chaland. Ils sont partout. A la longue, on n'y prête même plus attention. Cigares, hymne et Martin Solveig Il est 21h00. La première sensation est un choc pour les yeux. C'est comme à la télé : pelouse parfaite, éclairage magnifique et chauffeur d'ambiance "made in Barça". Le voisin de siège, s'il est un habitué, fait comme s'il était chez lui. Il peut sortir ses clopes, voire un gros cigare qui empeste. Jamais il ne demandera l'autorisation. Qu'il en profite, car le Camp Nou sera bientôt non fumeur. Puis, c'est l'heure du "bocadillo", le sandwich, confectionné à la maison. On le comprend : à 4,50 euros le petit casse croute de butifara, la saucisse locale (et 2,50 euros le coca), la soirée peut vite coûter cher. 21H30. L'équipe adverse est déjà là. Victor Valdes aussi, accompagné de Pinto pour l'échauffement. Le premier à ouvrir la marche est toujours le capitaine, généralement Carles Puyol. Tout le monde suit en courant et en musique ("Viva la Vida" de Coldplay, "Human" de The Killer et même "Hello" de Marin Solveig). Le public n'apprécierait pas de les voir arriver en marchant. Après un retour au vestiaire – en courant aussi et sous les acclamations – les joueurs sont près pour l'un des plus beaux moments : le "Tot al Camp", l'hymne du club, crée en 1974. On aime ou pas, le poids de la tradition prend toute sa dimension à ce moment-là. Puis, c'est la composition d'équipe annoncée par Manel Vic, en charge depuis des décennies. Cela n'a rien de vibrant. Vic est une institution ici, mais il me semble un peu dépassé... Pendant le match, ce qui choque, c'est... l'absence d'encouragements. Le public se réveille en saluant une action collective, un petit pont d'Iniesta ou un dribble de Messi. Et là, les 90 000 spectateurs -même pour un petit match, le Camp Nou affiche maintenant complet - sont reconnaissants : "Iniiiiiiiiiesta" ou "Meeeeeeessi" sont repris en chœur. But pour le Barça ! Clameur immense. En revanche, le speaker n'annonce pas le nom du buteur. La parole est aux socios... et aux journalistes : alors qu'en France, il est très mal vu d'afficher ses couleurs, c'est tout le contraire en Espagne où l'on est fan avant tout. Après avoir exulté, certains insultent même l'équipe adverse... Affligeant. Les pectoraux de Puyol Une "ola" part quelque fois, suivie par la plupart. A l'époque de Rijkaard, on pouvait aussi assister à des "pañoladas", les supporters sortant leur mouchoir blanc pour manifester leur mécontentement. Depuis Guardiola, c'est l'arbitre ou "l'ennemi" (au hasard, Cristiano) qui est la cible. On entend parfois des "Fuera, fuera !" ("Dehors!"). Jamais un adversaire n'est applaudi. L'un des seuls qui a obtenu le respect était un madrilène : Zinédine Zidane. Son nom était rarement sali. Barcelone se mord encore les doigts de l'avoir laissé échapper en 1996, alors qu'un pré-accord avait été signé. Cruyff le voulait absolument. Mais "le roi Johan" fut viré cette même année... Fin du match. L'hymne retentit à nouveau. Les adversaires, s'ils n'ont pas de fierté après s'en être pris quatre ou cinq, se précipitent sur les stars pour demander leur maillot. Puyol accepte toujours (on le retrouve torse nu, même en hiver, pectoraux saillants... mais avec le brassard de capitaine), Piqué rarement, tout comme Messi. Le Camp Nou vomit ses spectateurs vers minuit. Le métro les attend (il est ouvert toute la nuit le week-end) et quelques un peuvent accrocher un taxi, assez bon marché à Barcelone. Les plus acharnés attendent devant la sortie du parking pour voir les joueurs, qui évidemment, ne s'arrêtent jamais. Tout à côté de l'enceinte, plusieurs filles de joie espèrent le badaud à moitié dénudées. Même en hiver. Les étrangers un peu saouls sont généralement ravis. Glauque. Voici à quoi ressemble un match au Camp Nou. Bientôt, je vous raconterai ce qu'est l'après- match et la rencontre avec les joueurs. Vous aurez pas mal de surprises. uploads/Litterature/ le-camp-nou.pdf
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- Publié le Aoû 31, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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