CEFEDEM Rhône-Alpes Promotion 1998-2000 Le déchiffrage ou comment redonner sens
CEFEDEM Rhône-Alpes Promotion 1998-2000 Le déchiffrage ou comment redonner sens à la lecture de la partition Martine CHAPON Discipline : accordéon - 2 - Je tiens à remercier les personnes qui m’ont aidé dans ce travail et particulièrement Myriam Constans, qui l’a encadré, ainsi que tous les professeurs et les élèves qui ont eu la gentillesse de m’accorder un entretien. - 3 - INTRODUCTION p5 I. LA NECESSITE DU DECHIFFRAGE ET SES DIFFICULTES p7 A. LE DECHIFFRAGE EST UNE ACTIVITE INCONTOURNABLE p7 B. LE MYTHE DU BON LECTEUR p7 a. Le modèle du professionnel b. La fascination et son revers c. Les amateurs, les élèves, victimes du modèle professionnel C. LE VERTIGE DE L’IMMEDIATETE DANS L’APPRENTISSAGE p9 a. Le conditionnement b. Apprendre, c’est prendre le temps ≠ résultat immédiat D. DIAGNOSTIC DU DECHIFFRAGE DANS L’ENSEIGNEMENT MUSICAL p9 a. La formation musicale, responsable de tous les maux d. La pratique instrumentale face au déchiffrage II. LE DECHIFFRAGE ET SON CONTEXTE p12 A. HISTOIRE DE LA DISCIPLINE p12 B. LE DECHIFFRAGE ET LA LECTURE LITTERALE p13 a. Les méthodes traditionnelles où lire c’est déchiffrer b. Les méthodes où lire c’est comprendre - 4 - c. Lire résulte de l’activité de compréhension et de maîtrise de la combinatoire d. Les difficultés de lecture e. La mémoire C. QUELLES PEDAGOGIES DU DECHIFFRAGE EN MUSIQUE p18 a. Le déchiffrage guidé b. L’auto – déchiffrage III. LE DECHIFFRAGE, POURQUOI FAIRE ? p22 A. DE L’ABSENCE DE DECHIFFRAGE p22 a. Le cas des écoles de musique b. Exemple de Gardiner B. DIAGNOSTIC OU SELECTION p22 a. Les examens, état des lieux des connaissances b. Statut de l’erreur dans la pédagogie C. CARREFOUR DES SAVOIRS ET ACCES A L’AUTONOMIE p25 a. Compétences globales de synthèse favorisant le carrefour des savoirs b. Choix de la pédagogie favorisant l’autonomie des élèves CONCLUSION p31 ANNEXES p32 BIBLIOGRAPHIE p47 - 5 - Le déchiffrage revêt de plusieurs significations selon que l’on se place d’un point de vue général ou plus spécifique. L’Encyclopédie Larousse donne pour définition au terme « déchiffrer » : 1. « Déchiffrer une écriture, parvenir à découvrir le sens d’une écriture, à comprendre par la lecture, décoder : déchiffrer des hiéroglyphes ». 2. « Parvenir à lire en distinguant lettre à lettre : enfant qui commence à déchiffrer. » Ces deux premières définitions, pourtant placées côte à côte dans l’Encyclopédie révèlent déjà une controverse : la première s’appuie sur l’acte de déchiffrer en lui associant une recherche de sens ; la seconde, au contraire, fait appel à l’appropriation des mécanismes de la lecture, privilégiant, dans ce cas, l’acte d’ânonnement. Qu’en est-il en musique ? Comment est défini l’acte de « déchiffrer » ? « lire et exécuter simultanément et à première vue un morceau de musique ». (Encyclopédie Larousse) Le déchiffrage serait donc une activité simultanée placée dans le cadre d’une situation nouvelle. On peut toutefois se demander jusqu’où irait le déchiffrage, quelles en seraient ses limites.Quel est l’élève qui ne s’est jamais entendu dire : « Mais, c’est encore du déchiffrage que tu fais ! » alors qu’il a « connaissance » du morceau depuis des semaines. Dans cette situation, on pourrait fixer les limites du déchiffrage, même si cela est aléatoire, lorsque l’élève cesse de se focaliser sur la lecture (et peut-être la découverte) de la partition. En ce qui me concerne, l’approche de la partition nouvelle a toujours été un moment privilégié dans mon apprentissage car associée à la notion de plaisir. Combien de fois ai-je ressenti le besoin de déchiffrer ?Lors de mes débuts à l’accordéon, je me souviens avoir regardé, seule, plusieurs partitions alors que mon professeur me les destinait pour plus tard. Quelle a été sa stupéfaction quand elle s’est aperçu, pendant les cours suivants, que je connaissais déjà les morceaux ! Je ressens réellement du plaisir à déchiffrer mais je remarque qu’en réalité les élèves, à l’école de musique, ne le vivent pas toujours bien, d’où mon intérêt pour faire ce mémoire. Le seul mot « déchiffrage » suffit pour faire « sursauter » les musiciens car il rappelle des situations cocasses, de mauvais souvenirs lors d’examens, l’impossibilité à donner sens au morceau déchiffré. Le plaisir a été, par conséquent, abandonné au profit d’un déchiffrage - 6 - contrainte, conçu comme un cap à franchir. Le déchiffrage se résume alors à une lecture sonore, dénuée d’expression et souvent laborieuse. Pour en savoir d’avantage sur le malaise que provoque le déchiffrage, j’ai eu l’idée, d’une part, d’aller voir ce qui se passait sur le terrain (à l’école de musique) et de m’intéresser à l’apprentissage de la lecture littérale dans l’enseignement général. Au fur et à mesure de mes recherches dans différentes écoles de musique, en questionnant mes collègues et leurs élèves, j’ai pu soulever de nombreuses interrogations. Comment est-on arrivé à ce sentiment de malaise chez les élèves ? Quelles représentations se font les enseignants et leurs élèves du déchiffrage ? A quoi sert le déchiffrage ? Le présent mémoire établira, dans un premier temps, un état des lieux du déchiffrage afin de mieux comprendre comment on est arrivé à une conception utopique et erronée du musicien – lecteur et aux conséquences qu’elle a entraînées. La seconde partie s’intéressera au contexte de la discipline dans l’enseignement musical ainsi qu’aux méthodes de lecture dans le milieu scolaire et aux procédés que les professeurs utilisent lors de l’apprentissage d’une nouvelle partition. Nous tâcherons de voir dans la dernière partie quels procédés et quels choix décider dans l’enseignement musical pour permettre à l’élève, situé au cœur de ses apprentissages, d’accéder à une meilleure compréhension de la pièce déchiffrée. - 7 - I. LA NECESSITE DU DECHIFFRAGE ET SES DIFFICULTES A. Le déchiffrage est une activité incontournable Le déchiffrage existe dès le premier instant où l’instrumentiste aborde un nouveau morceau, que ce soit dans un cadre individuel ou lors d’une activité de musique d’ensemble (petite formation, orchestre…). « Cette action apparaît comme une nécessité ; plus qu’évidente, elle est cette démarche unique qui ne dissocie pas la lecture de la réalisation »1 Mais la réalisation, autrement dit l’exécution instrumentale, est loin d’être évidente. Ainsi, pour venir en aide aux lecteurs – instrumentistes sont assurés, dans certaines écoles de musique _ en général les grandes structures comme les conservatoires _ des cours de déchiffrage avec des enseignants spécialisés dans la discipline. Quant aux autres écoles, en l’absence de cours de déchiffrage, ce rôle est relégué au professeur d’instrument qui, s’il a le temps pendant les cours de l’élève, peut demander de réaliser ce que l’on appelle en musique des lectures à vue (comme elles sont présentées en cours de déchiffrage). Il s’agit alors d’exécuter sur l’instrument, après quelques minutes de préparation, une partition, que l’élève découvre à l’instant. Afin de constater les progrès des élèves face à la réalisation instrumentale d’une partition nouvelle, des examens de déchiffrage (lecture à vue) se déroulent et sont organisés de la même façon qu’au courant de l’année. L’élève joue un nouveau morceau devant un jury, qui décide de la suite du déroulement de ses études. Ainsi, cela peut faire penser aux examens de formation musicale qui suivent le même processus, le jury final décidant du passage ou non de l’élève dans la classe supérieure. B. Le mythe du bon lecteur a. Le modèle du professionnel Dans l’esprit des gens il est indispensable qu’un musicien sache bien déchiffrer. L’image est encore plus présente chez les pianistes et les instruments accompagnateurs car ils sont souvent amenés à jouer au « pied levé ». Dans les orchestres, on demande des lecteurs rapides, pour des raisons économiques, car les répétitions coûtent cher. Pour reconnaître les bons lecteurs, on organise alors des épreuves de déchiffrage, lors de concours de recrutement, 1 S. BILLIER, op. cit., P.7 - 8 - où l’instrumentiste est jugé sur sa rapidité à exécuter à première vue des traits d’orchestre. Ceci vaut pour le musicien professionnel dans le milieu « classique ». Le déchiffrage, chez les jazzmen, est perçu différemment et n’est pas un passage obligé, une nécessité : « Rares sont les occasions où le musicien de jazz se doit de faire preuve de qualités d’un déchiffreur hors pair, d’un champion de la rapidité. » 1 Cependant, s’il se veut professionnel, il doit être prêt à exécuter une partition, selon diverses situations, auxquelles il sera amené à se confronter : séances d’enregistrement en studio, répétitions de spectacles… b. La fascination et son revers Beaucoup de musiciens, après des années d’études, déchiffrent très mal. C’est, en effet, une « maladie » répandue mais peu avouée. Lors de répétitions à l’orchestre, par exemple, il y a une certaine honte de la part des instrumentistes à demander la partition à l’avance. Autre situation : il y a une certaine fierté à laisser la partition sur le pupitre jusqu’au lendemain. Cet exemple reflète bien le fait que la notion de travail, pour entrer dans une partition, n’est pas toujours bien vue chez les professionnels. c. Les amateurs, les élèves, victimes du modèle professionnel Suite à cet uploads/Litterature/ le-dechiffrage.pdf
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- Publié le Nov 06, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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