Clara Martínez Cervera Étudiante Erasmus SUJET nº6 : Selon Claudel, l’idée esse

Clara Martínez Cervera Étudiante Erasmus SUJET nº6 : Selon Claudel, l’idée essentielle de L’Annonce faite à Marie serait « la glorification des réalités les plus humbles et leur élévation à un règne éternel. » INTRODUCTION : L’Annonce faite à Marie est une pièce qui accompagne Claudel pendant toute sa vie, comme si elle était la concentration des thèmes clés et contenait des éléments à caractère autobiographique que Claudel a essayé de mettre à distance à travers les plusieurs réécritures qu’il a essayées. Dans toutes ces cinq versions de la même pièce, Claudel tâtonne pour trouver une conciliation entre les contraires. PROBLÉMATIQUE : Comment Claudel à travers l’opposition entre le monde champêtre de Combernon et le règne de Dieu arrive à concilier les contraires et à montrer l’exaltation que la foi est capable de donner aux forces les plus naturelles de l’homme. I-L’Annonce faite à Marie est un scénario de l’opposition des forces antagonistes qui habitent un monde cruel plein de haine et de cupidité. A- B-Mara et Violaine comme représentation de la lutte entre le bien et le mal. Pendant toute la pièce on verra une rivalité entre les deux sœurs qui motivera des dialogues en forme d’affrontements où Violaine se montre toujours comme la plus prudente de toutes les deux et Mara comme une femme amère dont les répliques sont pleines d’ironie et malice. Exemple : Dialogue de l’acte III, scène II-page 159. VIOLAINE : La vie manque et non point la mort où je suis MARA : Hérétique ! es-tu sûre de ton salut ? VIOLAINE : Je le suis de sa bonté, qui a pourvu. MARA : Nous en voyons les arrhes. On voit ici Violaine tout le temps en train d’affirmer l’amour de Dieu et Mara de le remettre en question. C’est aussi important de remarquer l’utilisation du verset hugolien dans cette réplique, car le verset d’une sœur rime avec celui de l’autre. Cela agit comme une représentation de l’étroite relation de communication entre les deux sœurs, mais aussi de l’interpénétration du bien et du mal existants dans le monde. On voit que l’un ne peut pas être sans l’autre. Ainsi, on comprend que les disputes verbales de les deux sœurs sur scène ne sont qu’un symbole de la lutte entre bien et mal qui a lieu chaque jour dans le scénario du monde réel. C-Réalisme paysan incompatible avec le symbolisme religieux ? On trouve dans la pièce de Claudel un réalisme assez fort qui montre une ambiance champêtre avec les hommes travaillant leurs plantations, une famille avec les préoccupations et disputes typiques, un langage familial farci d’expressions populaires… Exemple : Acte I, Scène I- page 41- Exemple de langage familial. « ANNE VERCOURS : Et toi, qu’est-ce que tu es en train de fourgonner ? LA MÈRE : Tu voudrais bien le savoir, non malin ?.. C’est mon secret » 1 Clara Martínez Cervera Étudiante Erasmus Pourtant ce scénario plein de détails ne nuit pas le fort symbolisme religieux de la pièce. Car ce monde réel n’agit que comme une représentation du monde éternel. Ainsi on trouve des passages de la Bible représentés pendant toute la pièce et où presque toutes les actions sont revêtues d’un fort symbolisme chrétien. Exemple : La lèpre de Violaine est le symbole du stigmate d’une élection divine : « La main de Dieu est sur moi ». La lèpre dont la chair mortelle est dévorée figure l’amour dont l’âme immortelle est embrassée. II-Dans ce monde vide d’espoir seule la foi en Dieu sera capable d’agir comme force rédemptrice de l’homme. A-Un monde vide d’espoir. Claudel a toujours fait preuve d’une conception éminemment dramatique du monde où la discorde, les conflits, la tristesse et la mort semblent régir les hommes et les choses, et ceci on le voit bien exemplifié dans L’Annonce faite à Marie où un événement malheureux succède un autre : tout d’abord Anne Vercors laisse la maison en laissant une femme et deux filles bien tristes, puis Violaine tombe malade de lèpre et le mariage se voit empêché, le mère est morte après la partie de Violaine, et finalement la mort de la petite fille de Mara fait la clôture de ce cycle d’événements malheureux que vivent ceux qui n’ont pas embraqué la foi. Ainsi, le lecteur reçoit l’idée que le bonheur est impossible dans un monde tel que le notre, que l’homme ne sera heureux que lorsqu’il sera libéré et aura reconquit le royaume de Dieu. Exemple : Acte I, Scène I- page 54 Anne Vercors fait preuve de cette vision pessimiste du monde, corrompu par la méchanceté et l’avarice humaines, avant de partir : « ANNE VERCORS : Tel a été le mal du monde, que chacun a voulu jouir de ses biens, comme s’ils avaient été crées pour lui » Et sa partie vers Jérusalem est comme une voyage vers son intérieure, vers sa vie spirituelle. Il a entendu l’appel de la foi : Page 55 « LA MÈRE : Qui t’appelle loin de nous ? ANNE VERCORS, souriant : Un ange sonnant de la trompette. LA MÈRE : Quelle trompette ? ANNE VERCORS : La trompette sans aucun son que tous entendent » B-Violaine aveugle : le personnage qui peut mieux voir. À cause de la lèpre, Violaine devient aveugle, mais cette cécité est paradoxale, car, lors de notre lecture, on comprend bien, que c’est cet aveuglement qui lui permet se retourner vers Dieu et devenir la plus lucide d’entre tous les personnages. La cécité de Violaine est une image de sa foi en Dieu qui ne lui est pas plus invisible que le monde extérieur. Exemple : ACTE III, Scène II- Page 174 2 Clara Martínez Cervera Étudiante Erasmus Mara va demander de l’aide à Violaine, parce qu’au fond elle sait que même si elle est rejetée par la société, elle est la plus spéciale de tous les individus sur la terre, la seule qui a contacte directe avec Dieu, et donc la seule qui peut sauver son petite fille. « MARA : Mais il est écrit que tu peux souffler sur cette montagne et la jeter dans la mer » C’est la foi de Violaine qui lui permettra de faire l’impossible et accomplir le miracle. Page 159- Violaine est le lien entre le monde réel et le règne divin. Elle a du laisser de voir physiquement pour pouvoir se tourner vers son intérieur et voir spirituellement. « MARA : Que sais-tu de Lui qui est invisible et que rien ne manifeste ? VIOLAINE : Il ne l’est pas devenu plus pour moi que n’est le reste. » C- III- Finalement à travers le regard transfiguré de Violaine le monde terraine et ses habitants sont libérés et entrent avec elle en l’éternité. A-Pierre de Craon comme l’Ange Annonciateur. L’intervention de ce personnage éphémère suffit à déclencher l’action. Comme on le sait, le titre de la pièce est une claire référence au passage biblique de L’annonciation ou l’ange annonce à Marie qu’elle aura l’enfant de Dieu. Ici, c’est grâce à Pierre de Craon que Violaine reçoit l’invitation de Dieu à le rejoindre à travers du sacrifice. Pierre est la porte, le médiateur. Il n’est là que pour révéler à Violaine son destin de sainte. Exemple : Prologue-page 25. Violaine ne veut pas accepter son destin, et Pierre de Craon y insiste en lui racontant l’histoire de la sainte Justitia et la comparant avec elle. VIOLAINE : Une pierre, si j’en suis une, que ce soit cette pierre active qui moud le grain accouplée à la meule jumelle. PIERRE DE CRAON : Et Justitia aussi n’était qu’une humble petite fille auprès de sa mère Jusqu’à l’instant que Dieu l’appela à la confession ». Ainsi, finalement le baiser de Pierre de Craon n’est pas tant l’expression d’une tendresse humaine que l’instrument d’une communication mystique. C’est le baiser de l’Ange de la Mort qui achève la conversion de Violaine. B- Violaine la serveuse de Dieu : la nouvelle Marie. Violaine est à la fois la représentation de la Vierge Marie qui reçoit le message de son destin divin de mans d’un ange annonciateur (Pierre de Craon, comme l’on a déjà vu) et de Jésus- Christ qui sacrifie sa vie pour sauver le monde entier. Si on analyse les correspondances avec la Vierge Marie, on peut dire qu’en faisant d’elle-même une donation simple, totale, naïve, Violaine est devenue comme une autre Marie : récipient humain de la force de Dieu capable d’accomplir des miracles comme donner de al vie à l’enfant mort de Mara. 3 Clara Martínez Cervera Étudiante Erasmus Exemple : Acte III, Scène II-page 181 Le miracle de la résurrection de l’enfant, représente une Violaine vierge et capable de donner la vie, comme Marie capable d’engendrer en elle l’enfant de Dieu. On reproduit le miracle de Noël. « MARA : Violaine, qu’est-ce qui bouge sur toi ? Qu’est-ce qui bouge sur toi ? Je te demande ce qui bouge sur toi ! VIOLAINE : Paix, Mara ! Voici le jour de Noël où toute joie uploads/Litterature/ l-x27-annonce-paul-claudel-sujet-no6-de-dissertation.pdf

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