3’:HIKRTF=WUZ^U^:?a@a@l@e@k"; M 07952 - 14 - F: 5,90 E - RD Février 2019 • N°14

3’:HIKRTF=WUZ^U^:?a@a@l@e@k"; M 07952 - 14 - F: 5,90 E - RD Février 2019 • N°14 • Le Nouveau Magazine Littéraire 3 édito uand le ciel de l’histoire gronde et que les nuées passent à l’encre noire, quand la crainte éteint la lumière de l’espoir, c’est alors qu’il faut ouvrir les yeux vers le passé, autrement dit vers le futur. Se sou- venir que nous avons connu des moments au- trement sombres d’où quelques hommes rares, debout quand tant d’autres étaient couchés, ont préparé l’avènement des « jours heureux ». Ils s’appelaient « Rex », « Bip », « Argonne », «Brumaire ». Les pseudonymes de ces résistants (Jean Moulin, Georges Bidault, Jacques Debû- Bridel, tant d’autres…) qui, dans la clandesti- nité, œuvrèrent dès mai 1942 à ce programme du Conseil national de la Résistance baptisé « Les jours heureux ». Un pari sur l’homme, sur le génie français, qui devint « Le » pacte social de l’après-guerre. La France était écrasée sous l’Occupation. Ils étaient une vingtaine, ces chefs de l’armée de l’Ombre, à croire qu’il pourrait y avoir un avenir, qu’il fallait qu’il soit «heureux», c’est-à-dire juste, humain et solidaire. Il y avait là des gaullistes, des socialistes, des démocrates-chrétiens, des républicains de droite et du centre. Des communistes aussi qui renon- cèrent à réclamer une référence « au matéria- lisme dialectique de Marx et Engels enrichi par Lénine et Staline ». L’intérêt général primait sur la lutte des classes. Il fallait aussi faire oublier les compromissions du pacte germano-soviétique. Mais qu’importe! L’essentiel, ce fut ce texte vi- sionnaire, ce programme qu’une partie des li- béraux et du patronat prétendent aujourd’hui encore détruire, alors qu’il a permis la recons- truction de la France. Comment est-ce possible qu’on ne veuille pas s’en souvenir? Comment peut-il y avoir un « grand débat » sans revisiter ce qui nous a fait, nous fait – nous fera? – vivre ensemble? Il ne s’agit plus, évidem- ment, d’évoquer le « châtiment des traîtres. De grandes réformes projetées ont été accomplies, telles la sécurité sociale et la retraite pour tous. Mais rien n’est acquis et certains nobles prin- cipes demeurent d’une actualité « brûlante » : « la démocratie la plus large », « la liberté de la presse », « l’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi », « la participation des travailleurs à la direction de l’économie ». Diantre, cette fa- meuse participation qui ne cesse de se heurter à des résistances, peu glorieuses celles-là! Comment ne pas entendre aujourd’hui l’écho colérique de cet engagement: permettre «un ra- justement important des salaires […] qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et une vie pleinement humaine». Ou en- core « la possibilité effective pour tous de béné- ficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents ». Tout cela a été rêvé alors que la faim et l’infamie régnaient. Puis, commencé d’être mis en œuvre à la Libération. Avec, année après année, l’affrontement toujours recommencé des résignés contre les résilients, des progressistes contre les rétrogrades. Il en va ainsi dans les affrontements sociaux comme dans les guerres de la langue française qui font le cœur de ce numéro comme du pays. Car nous prenons les batailles de maux et de mots au sérieux. Comme l’écrivait Grégoire Lacroix, célèbre pour nous avoir mis en garde contre les kangourous à cause de leur poche revolver : « Il ne faut pas jouer avec la langue française. Personnellement, jeu de mots-torise aucun calembour. » L « Les jours heureux » Par Nicolas Domenach Quelques hommes rares, debout, quand tant d’autres étaient couchés. Février 2019 • N° 14 • Le Nouveau Magazine Littéraire 5 sommaire Le Nouveau Magazine littéraire • N° 14 • Février 2019 3 Édito par Nicolas Domenach 6 Courrier 7 Bien commun les idées 10 À propos des gilets jaunes par Éric Vuillard, Daniel Cohen, Dominique Wolton 18 Représentation politique : le petit livre jaune par François Bazin 20 Entretien avec Agnès Buzyn 24 Macron, le cru et le cuistre par Nicolas Domenach et Maurice Szafran le portrait 28 Delphine Horvilleur, le choix de la rabbin par Marie-Dominique Lelièvre en couverture Les guerres du français 34 Le français parle aux Français par Aurélie Marcireau 36 Lettre ouverte à l’Académie française par Rebbeca Amsellem et Léa Domenach 38 En finir avec les inégalités par Éliane Viennot 40 Réformes de l’orthographe par Bernard Cerquiglini 43 « L’esthétique de la langue importe » entretien avec Bernard Pivot 44 À quoi sert l’Académie française ? par Maria Candea et Laélia Véron 45 Éloge de la complexité entretien avec Pascal Bruckner 46 « La langue est le lieu de la lutte » entretien avec Jean-Luc Mélenchon 49 « Un amour quasi charnel » entretien avec Gauz 50 Mots tordus et autres malaxages par Jean-Loup Chiflet 52 La symphonie francophone par Catherine Fruchon-Toussaint nos livres 56 Prises de Houellebecq fiction 59 David Vann par Fabrice Colin 60 Jesmyn Ward par Alexis Brocas 62 George Saunders par Fabrice Colin 64 Pierre Jourde par Bernard Quiriny non-fiction 68 Martin Heidegger par Patrice Bollon 70 Jacques Drillon par Fabrice Colin 72 Elizabeth L. Banks par Olivier Cariguel 74 Jacques Krynen par Maxime Rovere les récits 76 Marthe Gautier, l’inconnue du chromosome 21 par Kerenn Elkaïm 79 Amos Oz par Maurice Szafran dossier Franz Kafka 82 Retour sur un K particulier par Fabrice Colin et Alain Dreyfus 84 « Du jazz dans l’écriture » entretiens avec Jean-Pierre Lefebvre et Robert Kahn 86 Les aphorismes de Zürau par Emmanuel Werner 90 La chasse aux trésors par Fabrice Colin 92 Un artiste de la loi par Alain Supiot 96 Une antienne parabolique par Pierre Senges idées, débats, récits... www.nouveau-magazine-litteraire.com Ont également collaboré à ce numéro : Fabrice d’Almeida, Simon Bentolila, Anton Beraber, Eugénie Bourlet, Jacques Braunstein, Giuliano da Empoli, Alexandre Gefen, Sylvain Giovagnoli, Manon Houtart, Anne Laffeter, Pierre-Édouard Peillon, Hubert Prolongeau, Patricia Reznikov, Juliette Savard, Camille Thomine. ILLUSTRATION RITA MERCEDES POUR LE NOUVEAU MAGAZINE LITTÉRAIRE - JEAN-FRANCOIS PAGA/OPALE VIA LEEMAGE - ILLUSTRATION JEAN JULLIEN POUR LE NOUVEAU MAGAZINE LITTÉRAIRE - IMAGNO/AKG-IMAGES 28 80 32 En couverture : Bruno Vigneron/Getty Images/Via AFP - Bruno Levy pour le Nouveau Magazine Littéraire - Album/ Prisma/akg-images © ADAGP-Paris 2018 pour les œuvres de ses membres reproduites à l’intérieur de ce numéro. Ce numéro comporte 3 encarts : 1 encart abonnement Le Nouveau Magazine Littéraire sur les exemplaires kiosque France ; 1 encart abonnement Edigroup sur les exemplaires kiosque Suisse et Belgique ; 1 encart VPC montre sur les exemplaires abonnés. 24 6 Le Nouveau Magazine Littéraire • N° 14 • Février 2019 courrier Débat et hausse des ventes ! Il y a des mécontents qui se « mécontentent » toujours, car la littérature, selon eux, ne saurait se commettre avec l’air du temps. Nous les entendons. Mais il y a aussi les « contents » qui se multiplient, puisque nos ventes mois après mois augmentent. Et nous croyons, comme ce lecteur qui nous y encourage vivement, que « la République des lettres ne saurait s’enfermer dans une bibliothèque prison quand elle a tant besoin de retrouver le sens de l’épique et de l’universel ». Les écrivains s’inspirent du temps pour le vomir ou le réinventer. Parfois pour l’aimer. Ce temps obscur qu’ils nous aident à éclairer, ainsi que les intellectuels à qui nous faisons appel et qui nous aident à lutter contre le Moloch médiatique. Parmi ces renforts réguliers, après le sociologue Gérald Bronner, nous sommes heureux d’accueillir l’historien Fabrice d’Almeida. Des éclaireurs que d’autres vont rejoindre pour participer à l’aventure NML, notre magazine qui n’a pas attendu le grand débat pour le faire vivre. Nicolas Domenach AVERTISSEMENT Ancienne abonnée du Ma- gazine, je me suis donné un temps de réflexion avant de me désabonner. Je pensais naïve- ment que vous prépariez le Ma- gazine plusieurs mois à l’avance. J’attends encore le numéro que vous m’enverrez en février, mais si j’y trouve des articles du genre « gilets jaunes » je me désa- bonne. Je n’ai pas besoin de vous pour m’informer sur des sujets politiques ou de société. Je le regretterai mais je relirai les vieux Magazine littéraire. Après tout, la littérature est intempo- relle. Bien à vous. Renée Tournier MAUVAISE FOI Depuis votre changement de magazine, j’ai freiné mon en- vie de vous écrire, d’autres le fai- saient et disaient ce que je vou- lais dire moi aussi ; et puis vous affichiez un semblant d’écoute aux critiques qui vous arrivaient. Mais ce n° 13 de janvier 2019 m’a décidée. Car je n’aime pas la mauvaise foi. Et il y a de la mau- vaise foi à faire croire qu’on est dans le littéraire parce qu’on donne la parole à des écrivains pour évoquer un sujet d’actua- lité. Heureusement, il y a l’ironie – sans doute involontaire – de la mise en pages : après un trop long dossier sur les gilets jaunes, on tombe sur la page d’abonne- uploads/Litterature/ le-nouveau-magazine-litteraire-langue-francaise-amour-et-guerres 1 .pdf

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