17, rue Jacob 75006 Paris Roger Sabbah LE PHARAON JUIF Le secret égyptien de la
17, rue Jacob 75006 Paris Roger Sabbah LE PHARAON JUIF Le secret égyptien de la Kabbale Directeur d’ouvrage Gilles Lambert Pour l’éditeur, le principe est d’utiliser des papiers composés de fibres naturelles, renouve- lables, recyclables et fabriquées à partir de bois issus de forêts qui adoptent un système d’aménagement durable. En outre, l’éditeur attend de ses fournisseurs de papier qu’ils s’inscrivent dans une démar- che de certification environnementale reconnue. ISBNþ: 978-2-7096-2781-8 ©þ2008, éditions Jean-Claude Lattès. Première édition avrilþ2008. Préface Par Gérard Huber, écrivain, chercheur et psychanalyste, auteur de Moïse et le retour des Dieux (éditions Safed). Ce livre n’est pas seulement une thèse scientifique, mais aussi une avancée considérable dans la connaissance de la pensée de l’unité divine qui a déterminé et détermine encore les projets et les valeurs de notre monde. Son titre peut sembler polémique, mais, lorsqu’on prend conscience que le mot «þJuifþ» renvoie au mot «þYahoudþ» et que le mot «þYahoudþ» est partout présent à l’époque pharaonique, on comprend que ce titre se contente de nommer une réalité que seul Champollion avait entrevue1, mais qui paraît encore aujourd’hui inouïe. Quant au mot «þPharaonþ» et à la réalité cosmique à laquelle il renvoie, ils sont entière- ment repensés à partir d’une lecture méticuleuse de leurs rapports avec le dieu unique et son voyage eschatologique. Cet ouvrage démontre, en effet, que, du point de vue même de la tradition ancestrale égyptienne, sortir d’Égypte et mourir sont une seule et même chose pour Pharaon. Ainsi, à l’époque des premiers Ramsès, les effigies montrent- elles qu’après la première mort l’âme du roi traverse la mer des Roseaux, précédemment ouverte en deux par la volonté divine, et qu’elle doit faire face aux dix épreuves du désert, avant que de se régénérer. En conséquence, cette «þsortie d’Égypteþ» qui est d’abord égyptienne avant que 8 LE PHARAON JUIF d’être dite «þjuiveþ» nécessite une nouvelle grille de lecture des symboles des effigies des tombes royales et surtout du sarcophage. Pour atteindre ce niveau de réalité, Roger Sabbah confronte les livres égyptiens et le texte biblique (la Torah) à l’aide d’une grille de lecture qui repose sur «þl’évidence de rapports étroits entre lettres hébraïques et hiéroglyphes qui se manifestent dans leur phonétique, leurs formes, et sou- vent la valeur symbolique en liaison avec les nombres, les divinités et croyances égyptiennesþ». Selon Roger Sabbah, l’écriture hébraïque est une adaptation de l’écriture égyp- tienneþ; elle est un alphabet «þhébraïco-hiéroglyphiqueþ», et certaines lettres qui n’ont pas été transformées sont de véri- tables hiéroglyphes. On mesure ainsi l’innovation introduite dans l’étude multidisciplinaire et comparative de ce passé de l’humanité qui nous est parvenu à travers des textes aussi distincts que Le Livre des Morts et la Torah et dont il ne s’agit nulle- ment de vouloir prouver quelque origine unique, mais au contraire, les spécificités, par-delà une approche du divin et une thématique mythologique largement partagées. Quelle est l’origine d’Israëlþ? D’où vient le peuple juifþ? Pour répondre à ces questions, on ne disposait, jusqu’au XVIIeþsiècle, que de la Bible (versions hébraïque et ara- méenne), ainsi que des sources historiques de Manéthon et de Flavius Josèphe. On pouvait aussi se tourner vers les Évangiles, le Talmud et la Kabbale – pendant juif des Évangiles – et même le Coran. En Occident, l’Église avait mis au point une sorte de «þpacteþ» intellectuel et moral, entre le respect des origines sacrées d’Israël et la justifica- tion théologique du christianisme comme Verus Israëlþ(le vrai Israël). Or en 1670, dans son Traité des autorités théologiques et politiques, le philosophe juif Baruch Spinoza, faisant l’éloge de la raison, ouvrit une voie royale à la recherche scientifi- que, qui désormais disputait aux théologiens le monopole de l’interprétation de la Bible. La science bibliste était née. L’étape suivante fut le résultat de l’expédition d’Égypte de PRÉFACE 9 Bonaparte (1799). «þL’Égypte éternelleþ» faisait son entrée dans le concert des textes explicatifs de l’antiquité du peu- ple d’Israël. Un véritable retour aux sources. Par la suite, la découverte de Champollion (1822) donna accès aux grands textes hiéroglyphiques, Livre des Morts, Textes des pyramides, etc., éclairant la civilisation du Nil, que l’Écriture n’avait jamais prise en compte. Les origines d’Israël bénéficièrent d’un nouvel éclairage. Un peu plus tard, en 1857, après le décryptage des textes cunéifor- mes mésopotamiens, par Rawlinson, Hincks, Fox Tabot et Oppert, il devint impossible de comprendre la Bible sans se référer aux textes de l’Égypte et de la Mésopotamie. Mais l’Église n’avait pas dit son dernier mot. Son «þpacte de stabilitéþ» résista aux assauts de la science. Ce fut tout à fait flagrant, lorsqu’en 1896, Sir Flinders Petrie mit au jour la «þstèle du pharaon Mineptahþ», appelée aussi «þstèle de la victoireþ» ou «þstèle d’Israëlþ». Hâtivement, les égyptologues se mirent d’accord sur la traduction d’un texte apportant la preuve de l’existence du peuple d’Israël 1230 ans au moins avant l’ère chrétienne. Selon eux, on y trouvait même la mention suivanteþ: «þIsraël est détruit, sa semence même n’est plus.þ» L’Église ne pouvait qu’être satisfaite. Le nom «þIsraëlþ» était associé à l’idée d’un anéantissement total. Le fantasme de tuer le juif originaire en soi était accompli. Le lecteur découvrira, en effet, que la traduction «þIsraëlþ» s’est faite hâtivement, sans tenir compte des voyelles Y (Yod) et des consonnes S et R, mais aussi des deux personnages qui sont les figuratifs de la population. De ce fait, le mot «þIsraëlþ» doit, en fait, se lire «þAyssiryariþ», peuplade proche de l’ancienne Assyrie, et non «þIsraëlþ». Au demeurant, dans la Bible, la lecture «þIsraëlþ» ne représente pas une population mais le signifiant du «þFils de Dieu pour Pharaon », quand Yahvé se révèle à Moïse. En effet, le «þpacteþ» reposait sur l’image traditionnelle d’un combat sans merci entre le polythéisme des oppresseurs égyptiens et le monothéisme des ancêtres du christianisme. 10 LE PHARAON JUIF Or, depuis la découverte, en 1897, des lettres adressées au pharaon Akhénaton (1370 avant l’ère chrétienne), consi- gnées dans des tablettes, à Tell-El Amarna, et surtout depuis leur publication, cette image avait implosé. Le cen- tre névralgique de l’égyptologie se déplaçait de Ramsès II à Akhénaton, c’est-à-dire d’un Pharaon réputé polythéiste à un pharaon antérieur qui apparaissait comme l’inventeur du monothéisme dans l’histoire. Il n’était plus possible de se contenter de l’opposition triviale antérieure. Aussi, et tout naturellement, en vint-on à rapprocher l’Israël antique de l’épopée amarnienne, mais sans pour autant œuvrer à la dissolution du pacte. Il revint à Freud d’opérer cet acte de transgression. Son livre L’Homme Moïse et la religion monothéiste (1939) est une tentative inouïe de tirer toutes les conséquences d’une archéologie du disparu (Akhénaton, le monothéisme égyptien) encore balbutiante et de réaliser une synthèse d’Akhénaton et de Moïse, expliquant d’autant mieux le progrès représenté par le judaïsme que celui-ci apparaît comme issu, quoique transformé, d’un autre progrès – égyp- tien, celui-là – de la vie de l’esprit. Et si, pour Freud, il ne faisait plus de doute que Moïse fût un Égyptien, cela signi- fiait aussi clairement que la querelle théologique entre Pha- raon et Moïse (en laquelle il vit plutôt une complémentarité entre les deux héros) était une querelle entre deux mono- théistes et non plus, comme on le croyait jusqu’alors, entre polythéistes et monothéistes. On se souvient du drame qui a consisté, pour Sig- mund Freud, à avoir tenu Moïse pour un Égyptien, et à avoir ainsi «þenlevé au peuple juif l’homme qu’il honore comme le plus grand de ses fils2þ». Eh bien, c’est à un sem- blable et douloureux travail que Roger Sabbah nous invite, mais, cette fois, à propos de l’ancrage de ce peuple dans la narration de l’Égypte par l’égyptologie et l’exégèse bibli- que. Dès lors, s’il n’existe aucune mention d’un Moïse hébreu sur les murs des temples et des nécropoles, la men- tion d’un Israël sur la Stèle de Mineptah ne peut plus ser- vir de consolation. Nous sommes alors irrémédiablement PRÉFACE 11 conduits à nous demander si l’existence du peuple juif commence «þseulementþ» à l’époque de la stèle de victoire érigée par Mesha, roi de Moab, vers 830-805 avant J.-C.3, non sans remarquer, une nouvelle fois, que les mentions que l’on tient pour des preuves extrabibliques de l’exis- tence du peuple d’Israël dans la haute antiquité sont tou- jours porteuses de sa défaite («þIsraël anéantiþ», pour l’une, dynastie des Omri, rois d’Israël, «þvaincueþ», pour l’autre). Or Roger Sabbah propose une autre voie. Il est vrai qu’il est nourri d’une connaissance profonde de l’hébreu, de la lecture traditionnelle du texte biblique et des commen- taires midrashiques, haggadiques et kabbalistes qui lui indi- quent clairement que l’historicité des ancêtres du peuple juif en Égypte est tenue pour une exigence par le judaïsme. C’est pourquoi, il ne peut imaginer que ce même peuple qui a donné au monde la Torah, c’est-à-dire un ensemble de hauts préceptes pratiques et moraux, ait situé sa propre histoire originaire en Égypte par pure fantaisie. Aussi s’efforce-t-il de chercher les traces de cette historicité dans l’histoire égyptienne même telle qu’elle est écrite et racon- tée par les hiéroglyphes. Cela lui est d’autant plus possible uploads/Litterature/ le-pharaon-juif.pdf
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- Publié le Mai 13, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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