Divulgation de 1745 PREFACE Tous ceux qui ont traité jusqu'ici de la Maconnerie
Divulgation de 1745 PREFACE Tous ceux qui ont traité jusqu'ici de la Maconnerie & des Francs-Maçons, ont fait comme les Auteurs Hermétiques. Tous promettent le secret du grand œuvre, & tous en donnent quelque idée ; mais il n'est décrit nulle part, & pour pouvoir concilier leur Ecrits, il faut être Adepte. Il en est ainsi de nos Ecrivains. Les Profanes, trop mal instruits, en voulant défricher la matière, n'ont donné que des notions peu exactes, & sont tombés nécessairement dans plusieurs bévûës. Les Initiés qui ont écrit après eux, n'ont cherché qu'à déguiser, à donner le change, ou à éluder la curiosité du public, tantôt par quelque jeu d'imagination, tantôt par des notions vagues ou insuÝsantes. Aucun n'a osé pranchir le pas, & si le secret a pu échaper par tant d'ouvertures, (comme il a fait) on peut dire que les Maçons ont été les seuls en état de le recueillir, & de rassembler les points de lumière qui sont épars dans ces differens Ecrits, & plus divisés qu'un rayon décomposé par le prisme. Ce mêlange de retenuë & d'indiscrétion, n'a fait honneur ni à ces Ecrivains, ni au corps de la Maçonnerie. Plus de réserve ou de franchise mettoit le public sensé dans nos intérêts. Nos mystères entièrement ignorés nous rendoient estimable par le secret, & dévoilés sans déguisement, faisoient aimer la Maçonnerie. Quel inconvénient après tout pouvoit-il résulter dans le monde de la publication de nos mystères ? Les Zélés parmi nous se tuënt à prôner, à exagérer par tout les douceurs & les avantages de notre Société. Elle gagnoit donc à être pénétrée, & quand il en eut été de la Maçonnerie comme de tant d'autres Etablissements, dont les mœurs, les loix, les usages sont en évidence & généralement connus, quel mal eut produit cette connoissance ? si ce n'est peut-être de multiplier par la suite un peu trop nôtre Archie- Cotterie quoiqu'aujourd'hui l'attrait du Mystere suffise pour sa propagation, comme nous l'éprouvons tous les jours. Je ne veux pourtant point m'appuyer sur des considérations aussi fortes, pour justifier mon entreprise, & j'avouerai franchement mon foible. Je suis François, & je joins encore au génie national dont l'indiscrétion est inséparable (à ce qu'on prétend) une excessive démangeaison de répandre ce qu'on m'a confié, une intempérance à m'épancher en toute occasion, qu'on peut appeller une maladie.Je ne puis rien garder sur le cœur ; & semblable au valet de Terence *, je suis percé comme un crible, & plein de félures : tout déborde, tout découle, tout fuit chez moi. On sera sans doute surpris qu'avec une pareille infirmité, j'aye pû songer à être Maçon. Je ne dissimulerai point que j'eus beaucoup a souffrir pendant près de trois jours que je résistai constamment au prurit. Mais j'allois prendre la plume pour déposer sur le papier un secret qui me travailloit avec violance, je fus prévenu par l'Almanach des Cocus. Ce petit Ouvrage, quoiqu'assez foible, diminua la pesanteur du poids qui commençoit à m'accabler, & fit sur moi le même effet qu'une saignée ordonnée à propos fait sur un plethorique. Cependant le soulagement dura peu, & toute ma force étoit à bout, quand l'Auteur du Secret des Francs-Maçons (indiscret d'un autre mérite que celui du superficiel Almanach) vint ma décharger d'une partie du mien. Enfin le Cathéchisme parut, & je respirai librement. J'acheve aujourd'hui de déchirer le voile, & j'ose mettre la derniere main à la révélation de tous nos mysteres. Pour éviter les répétitions, je n'ai pas crû devoir m'étendre sur tous les détails contenus dans le Secret & le Catéchisme des Francs-Maçons. Le public n'est déja que trop rebuté de la multiplicité de ces sortes d'Ecrits ; je me contente donc d'indiquer ce qu'il y a de certain, & de vrai dans les deux que je viens de citer, les seuls qui méritent d'être lûs, & dont je pouvois faire usage : j'y renvoye fréquemment les Lecteurs, & ensuite je supplée à ce qui leur manque. Cette méthode jointe à l'ordre que j'ai observé dans la division des matieres, rappelle tout ce qui concerne la Maçonnerie, & en m'épargnant des redites, ne donne d'autre embarras au Lecteur, que d'avoir sous les yeux ces mêmes Ouvrages, & de les concilier avec le mien. On peut en effet réduire ou borner toute la Bibliothèque Maçonne au Secret & Catéchisme des Francs- Maçons, étayez de mon Supplement. L'Amanach des Cocus a pourtant droit d'aînesse sur le premier, qui paroît l'avoir englouti comme le Verge de Moyse fit celles des Magiciens d'Egypte ; mais il devient inutile par cette raison. Il suffit pour la gloire de l'Auteur, d'avoir été le premier Profane qui ait percé dans nos Mysteres, & d'avoir en quelques façon obligé l'ordre à l'initier comme on a fait depuis l'Auteur du Secret. Je ne doit point oublier de parler ici de deux autres Ouvrages qui ont quelque vogue, mais dont il faut bien se défier. L'un est le Parfait Maçon, pur jeu d'esprit, qui n'a été fait qu'en faveur des femmes, & qui ne peut être qu'à leur usage. L'autre intitulé : La Franche Maçonne, porte avec soi le caractere de sa parfaite inutilité pour la véritable Maçonnerie. * Plenus rimarum sum, hac & illas perfluo KHATAM PHAROUQ, OU LE SCEAU ROMPU CHAPITRE PREMIER Idée générale de la Maçonnerie. Tous ceux qui ont écrit sur cette matiere, fixent l'époque de ce grand établissement au régne de Salomon, & regardent comme leur fondateur primitif Adoniram, Architecte du Temple de Jerusalem. On pourroit remonter encore plus haut, & retouver chez les Egyptiens, long-tems même avant Salomon, des traces de la Maçonnerie, si l'on vouloit un peu percer dans les anciennes Initiations. Ces recherchent n'échaperont point sans doute au zèle des Sçavant de notre Société. Mais pour nous renfermer ici dans les bornes que nous nous sommes prescrites, & sans vouloir pourtant rejetter l'Histoire que l'Auteur du Catéchisme nous a donné d'Adoniram, quoique fondée uniquement sur la tradition des Rabins (source suspecte) nous datterons modestement du tems des Croisades. Pendant les guerres de la Palestine, quelques Princes croisés formerent le dessein de rétablir le Temple de Jerusalem, & de ramener l'Architecture à sa premiere institution. Il ne s'agissoit plus d'une construction materielle ; c'étoit spirituellement qu'ils vouloient bâtir, & dans le cœur des Infidèles. Ils s'assemblerent dans cet esprit, & prirent pour se reconnoître le nom de Chevaliers Maçons libres. Ils convinrent ensemble du Signe de l'attouchement & de quelques mots Symboliques. Ces caracteres distinctifs ne se communiquoient qu'à des personnes qualifiées & au pied des Autels, avec Serment de ne les révéler qu'à un Chevalier Frere, après un mur examen. Ils donnerent à leurs Assemblées le nom de Loges, en mémoire des divers campemens que les Israëlites firent dans le desert, & pour retracer la maniere dont ils rebâtirent ce second Temple (ce qu'ils firent en tenant d'une main la Truelle, & l'Epée de l'autre) Ils adopterent dans leurs cérémonies quelque chose de cet usages. Les Princes & Seigneurs Croisés, au retour de la Palestine établirent des Loges en differents endroits, & c'est de-là que la Maçonnerie s'est répanduë dans l'Europe. On sçait qu'en Prusse, le Prince régnat est le Grand Maître de l'Ordre, qu'il l'honore d'une protection particuliere, & qu'il en fait mettre les attributs jusque sur sa monnoye. La Maçonnerie est établie en Allemagne, en Hollande, & en Angleterr * dans les trois Royaumes où elle est plus florissante que jamais, & décorée de beaux Priviléges accordés par les Parlemens de Londres à cet ordre. Quant à la Maçonnerie Françoise, on peut datter son établissement depuis environ 18 ans ; mais dans le commencement elle étoit peu connue, & ensevelie dans un grand secret. * Voyez les Annales de la Grande Bretagne, & les Archives du Parlement. ------------------------- CHAPITRE II. Objet de la Maçonnerie, son utilité, ses agréments, ses inconvénients. Quelque soit l'origine de la Maçonnerie, quelqu'ait été l'esprit de son institution ; aujourd'hui, tout son objet est de ramener les hommes à leur égalité primitive, à resserrer entre les Maçons les liens de la Société, par le retranchement des distinctions que la naissance, le rang, les emplois ont apportés parmi nous. Tout Maçon en Loge est Gentilhomme : on dépose en y entrant sa roture, comme on laisse ses Titres à la porte, afin d'être tous de niveau. On sent dès-là toute l'utilité d'un établissement, qui, pour ainsi dire, fait rentrer l'humanité dans ses droits, en rapprochant toutes les conditions, ou plûtôt en les faisant oublier pour ne laisser subsister que celle de Frere. Quel bien ne doit-il pas résulter d'une pareille association, & que d'agrémens cette égalité ne peut-elle pas répandre dans le Commerce ! Notre but n'est point d'étaler ici des avantages, que nos Freres n'ont que trop de soin d'exagerer, & que l'on a décrit avant nous. Mais l'amour de la Vérité, dont ce nouvel Ecrit est l'ouvrage, nous oblige de reconnoître une partie des inconvénients que l'on nous a déja reprochés, & nous ne pouvons dissimuler qu'ils naissent du fond même qui uploads/Litterature/ le-sceau-rompu-1745.pdf
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- Publié le Jan 29, 2022
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