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- 1 - L L Le e e V V Va a au u ud d do o ou u u e e en n n H H Ha a aï ï ït t ti i i L L La a a m m ma a ag g gi i ie e e d d d’ ’ ’u u un n n c c cu u ul l lt t te e e b b ba a af f fo o ou u ué é é p p pa a ar r r l l l’ ’ ’h h hi i is s st t to o oi i ir r re e e Agwétawoyo – John Sylvestre Françoise Florent Echanges et Synergie asbl Document réalisé par Françoise Florent, directrice de l’asbl Echanges et Synergie dans le cadre de l’activité « Le vaudou en Haïti et ses racines béninoises ». Évènement organisé par l’asbl Echanges et Synergie et l’ong Coopération par l’Education et la Culture, en partenariat et à l’Espace Senghor, avec la collaboration des Amitiés Euro-Haïtiennes et de membres de la communauté haïtienne de Bruxelles, le soutien de la DGCD et du CGRI et en liaison avec « Alafia Bénin ». Bruxelles, octobre 2004 - 2 - « Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage » Montaigne, « Des Cannibales » Avec mes plus vifs remerciements à tous ceux dont les conseils et avis m’ont grandement aidée dans la réalisation de ce document, en particulier à Arnold Antonin et à Laënnec Hurbon dont les critiques averties furent d’un considérable encouragement. - 3 - - 4 - - 5 - Dès les lendemains de la « découverte » du « Nouveau » Monde par Christophe Colomb en 1492 au nom du très catholique royaume d’Espagne, des Européens de tous bords et de toutes conditions, suivant le chemin tracé par le navigateur et, guidés par les lumières d’une civilisation en quête de nouvelles prospérités, s’établissent sur ces terres inconnues. Convertis en propriétaires de plantations, ils se font livrer d’Afrique et par bateaux entiers, des cargaisons d’êtres humains, « fournitures » indispensables à leur exploitation. Voyage d’« affaires » pour les uns, doublé de l’enchantement de la conquête et de la découverte ; exil forcé et brutal déracinement pour les autres. Magie bénéfique, prometteuse de richesses pour les Blancs ; magie maléfique d’une terre hostile, porteuse de souffrance et d’esclavage pour les Noirs. Une fabuleuse alchimie, précipitée par la rencontre entre ces millions d’esclaves qui, issus de diverses communautés d’Afrique n’avaient de commun que la couleur de leur peau, se produit alors. Ces hommes déracinés et ravalés au statut de simples marchandises ont, dans une merveilleuse opération magique, métamorphosé leurs apparentes disparités en une religion, une langue et une culture communes, en y mêlant des éléments empruntés à leurs dominateurs. Véritables miracles, ces magies de la création façonnées dans la clandestinité et issues d’une volonté inébranlable de survivre, se sont manifestées dans toutes les contrées qui furent traversées par l’esclavage. Elles se dénomment Obeayisme à la Jamaïque, Candomblé au Brésil, Shango Cult à la Trinité, Santeria à Cuba. A la fois méprisées et redoutées, elles ont été combattues par les puissances occidentales qui y voyaient autant de signes justifiant la domination d’une « race » définie comme inférieure à la leur. Nous voulons à travers cette histoire du vaudou, contribuer à la découverte de la culture des « Autres », de ceux dont les différences sont perçues par celui qui les épingle comme des déviances inacceptables et dangereuses, peut-être parce qu’elles renvoient aux mystères de sa propre altérité. - 6 - L’HISTOIRE Modern Slavery – Gary Darius - 7 - LA DÉCOUVERTE DU ROYAUME DE DIEU Au Moyen Age, la géographie, réfractaire à toute préoccupation scientifique, n’était « invraisemblable ramassis mêlant connaissances réelles et imaginaires, dogmes bibliques, récits de voyages, spéculations philosophiques, élucubrations mythiques ».1 En acceptant aux débuts de l’année 1492 et après bien des hésitations, de financer l’expédition de Christophe Colomb, le Royaume catholique d’Espagne était habité par le rêve chimérique de débarquer enfin, et avant son concurrent portugais, dans les mondes bibliques et légendaires qui hantaient les fantasmes du monde médiéval.  Des mondes bibliques et légendaires Les géographes chrétiens du Moyen Age avaient modelé du monde une image inspirée de récits bibliques et légendaires. Les cartes donnaient valeur de vérité universelle à des histoires mythiques et dessinaient les contours du royaume de Dieu sur la terre. Le jardin d’Eden cité dans l’Ancien Testament figurait dans le haut où dominait un Orient céleste. L’Atlantide, terre autrefois prospère et florissante qui avait été décrite dans l’Antiquité par le philosophe grec Platon, était plongé dans les profondeurs de l’Océan Atlantique où un effroyable séisme l’aurait un jour engloutie. L’Asie abritait le prêtre Jean, un souverain mythique supposé régner sur un vaste et riche territoire et qui devait aider les Croisés à chasser les Musulmans des terres Saintes. Selon le prophète Edras, l’une des incontournables références de la cartographie chrétienne médiévale, les terres asséchées par une rayonnante chaleur divine ne formaient qu’un seul et immense continent, l’Orbe de la Terre ou Orbis terrarum englobant l’Europe, l’Afrique et l’Asie, et n’étaient entourées que d’une relativement faible quantité d’eau. Christophe Colomb, surnommé par certains « le fou de Dieu », partageait comme la plupart de ses contemporains, cette foi en un Dieu qui, Grand Créateur de toutes choses, s’était préoccupé de loger la multitude des hommes dans un monde principalement constitué de surfaces émergées et habitables. Fort de cette conviction, il s’attendait à débarquer sur les côtes Est des Indes après une navigation de 750 lieues, soit à peu près 4.400 Km, noyant allègrement 15.200 Km dans le dédale de ses calculs et sans imaginer qu’un vaste continent pourrait faire obstacle à sa route. Christophe Colomb sera jusqu’à sa mort qui survint en 1506, persuadé d’avoir atteint les Indes, erreur qui vaudra à tous les habitants « découverts » le nom générique d’Indiens. En 1507, le - 8 - cartographe allemand Waldseemüller baptisait le Nouveau Monde « Amérique » en hommage au navigateur italien Amerigo Vespucci auquel il attribua indûment la gloire de la découverte. La dénomination « Amérindiens » ou « Indiens d’Amérique » témoigne de ces errances d’une histoire oublieuse de son propre passé.  L’extension du royaume de Dieu Le 2 août 1492, date du départ de la première expédition de Christophe Colomb, est également l’échéance fixée à tous les Juifs ayant refusé de se convertir au christianisme de quitter, sous peine de mort, le royaume catholique d’Espagne. L’Inquisition espagnole défend alors une Eglise catholique vouée à la glorification du royaume de Dieu sur la terre, à la lutte contre toutes les hérésies, à la conquête du monde et de ses âmes. Cette année 1492, prometteuse d’une ère nouvelle dans un monde nouveau, marque la fin du Moyen Age. Le 6 décembre 1492, l’un des premiers gestes de Christophe Colomb à son arrivée sur la côte nord-ouest d’Ayiti (nom indigène signifiant « Ile montagneuse »), est de planter la croix du Christ. Fidèle à la couronne royale, il baptise l’île Hispaniola (petite Espagne). Au cours de ses quatre voyages, il prend soin de donner aux terres abordées des noms sanctifiés : San Salvador, San Jorge, Santa Anastasia, Santa Cruz, Trinidad, en référence à la Sainte Trinité, etc. Lors de son avant dernière expédition (1498-1500), naviguant dans le golfe de Paria (formé par le delta de l’Orénoque au Venezuela), il a l’éblouissante conviction d’avoir localisé le Paradis terrestre. Dès 1493, le Pape espagnol Alexandre VI Borgia partage l’évangélisation des pays déjà découverts et ceux à découvrir entre le Portugal et l’Espagne qui sont chargés de répandre la loi et la religion catholique, et de réduire les nations barbares à la foi en Dieu. Un an plus tard, toujours sous l’arbitrage du Pape, les deux Etats délimitent les frontières de leurs oeuvres civilisatrices. Le traité de Tordesillas donne aux Portugais les régions situées à l’Est du méridien passant par les îles du Cap Vert et aux Espagnols celles situées à l’Ouest. Les souverains espagnols, Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille désormais honorés par le Pape du titre de Rois Catholiques pour leur politique inquisitoire en lutte contre les Juifs et les Musulmans, confient à Christophe Colomb la sainte mission de « convertir [les peuples idolâtres de l’Inde] à notre Sainte Foi ». La reine devient première dame de ce Monde nouveau qui ne pourra être que chrétien. 1 Boorstin Daniel, Les découvreurs, Bouquins, Robert Laffont, pp. 100-101 - 9 -  Le mythe de l’El dorado Vers 1526, une nouvelle légende s’ajoute à toutes celles qui avaient motivé la découverte du quatrième continent : le rêve d’une lointaine contrée aux inépuisables richesses prend le nom d’El dorado, ou « l’homme doré ». Le mythe de l’El dorado, pays imaginaire également appelé Manoa ou Omoa, est vraisemblablement issu des témoignages d’aventuriers qui avaient assisté à des rituels amérindiens se déroulant à l’origine sur le lac Guatavita dans les hautes terres de uploads/Litterature/ le-vaudou-en-haiti.pdf

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