SAISIR LES IDÉES DANS LA PHRASE Leçon 8 – Procédés de mise en évidence 1 LES EX

SAISIR LES IDÉES DANS LA PHRASE Leçon 8 – Procédés de mise en évidence 1 LES EXERCICES DE FRANÇAIS DU CCDMD www.ccdmd.qc.ca Saisir les idées dans la phrase ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ Leçon 8 – Procédés de mise en évidence LA LECTURE EFFICACE Avertissement La présente leçon illustrera comment reconnaître les procédés de mise en évi- dence dans une phrase emphatique et comment les interpréter dans la cons- truction du sens d’un texte. Elle s’inscrit dans un ensemble qui montre comment l’observation des différents constituants d’une phrase, de leur ordre, de leur hiérarchie et du type de lien qui les unit permet au lecteur d’élaborer avec précision et nuance l’idée véhicu- lée dans le paragraphe, voire dans le texte. Les leçons se partagent en trois groupes : • les éléments de base du sens de la phrase et leur enrichissement (leçons 1 et 2) ; • l’enrichissement du sens des phrases par divers procédés de jonction de sous- phrases (leçons 3 à 5) ; • les transformations qui mettent en valeur un point de vue (leçons 6 à 9). La différence entre un texte sans relief et un texte qui force l’attention dépend des moyens mis en œuvre par l’auteur. Parmi ceux-ci, outre les transformations qui modifient la phrase affirmative en négative, la phrase active en passive, il y a les procédés de mise en évi- dence qui font de la phrase neutre une phrase emphatique par laquelle l’auteur attire l’attention du lecteur sur un aspect du sens du texte étroitement lié à son point de vue et à son intention. QU’EST-CE QU’UNE PHRASE EMPHATIQUE ? La phrase emphatique utilise divers procédés syntaxiques pour mettre en relief un as- pect de l’idée, de la question, de l’injonction, de l’exclamation. Elle joue généralement sur l’effet de redondance pour capter l’attention du lecteur. L’auteur peut combiner di- vers procédés pour donner plus de force encore à son idée. Parmi les procédés d’emphase se trouvent : • l’emploi d’une tournure de présentation qui isole un élément de sens en début ou en fin de phrase (c’est…, c’est… qui / que…, ce qui / que… c’est…, voici / voilà). C’est évident, le tabagisme nuit gravement à la santé. SAISIR LES IDÉES DANS LA PHRASE Leçon 8 – Procédés de mise en évidence 2 LES EXERCICES DE FRANÇAIS DU CCDMD www.ccdmd.qc.ca J’entends du bruit là-haut. Est-ce mon voleur qui s’enfuit par les balcons et les toits ? Ce qui m’apaiserait en ces temps de guerre, c’est un geste pour la paix. Voleur ! Assassin ! Meurtrier ! Voilà les noms qu’il mérite. • le détachement d’un élément de sens en début ou fin de phrase avec reprise par un pronom. Le tabagisme, cela nuit à la santé. Elles brouillent les cartes, ces manifestations à gauche et à droite. • l’emploi de la phrase sans verbe conjugué. Le tabagisme, un danger grave. Abuser de ma confiance, t’introduire chez moi en ami pour me voler, quelle honte ! • la répétition d’un élément de structure : un mot, un groupe nominal ou préposi- tionnel, plusieurs subordonnées ayant la même fonction. Si tu cherches l’aventure, si tu cherches l’émotion, si tu cherches l’amitié, la lec- ture t’attend. (répétition d’une subordonnée) • l’énumération de mots de même catégorie grammaticale et de même fonction, qui donne l’impression d’une accumulation, parfois avec un effet de gradation ascen- dante ou descendante. La liberté, l’égalité et la fraternité sont des valeurs fondamentales dans une so- ciété démocratique. Mon nez ? C’est un roc, un pic, un cap, une péninsule ! DU POINT DE VUE DU LECTEUR Percevoir les procédés d’emphase, c’est découvrir dans le texte une perspective, un éclai- rage particulier qui oriente l’attention vers certaines idées. Les observer permet : • de sentir le renforcement d’un thème, d’une idée, d’un point de vue ; • de découvrir une hiérarchie et des relations entre les idées ; • d’interpréter l’effet produit : être conquis, révolté, sceptique, etc. ; • d’en interpréter l’emploi pour saisir la tonalité du texte (lyrique, polémique, tragi- que, etc.) ; • de s’interroger sur le but de l’auteur : faire réagir, indigner, enthousiasmer, etc. L’emphase met en évidence le ou les points de vue que l’auteur veut souligner, pour les soutenir ou les rejeter, et constitue un signal de l’intention poursuivie (convaincre, s’exprimer) et du type de texte (expressif ou argumentatif). SAISIR LES IDÉES DANS LA PHRASE Leçon 8 – Procédés de mise en évidence 3 LES EXERCICES DE FRANÇAIS DU CCDMD www.ccdmd.qc.ca ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ Consignes • Lisez le texte et surlignez en variant les couleurs selon le procédé : – une tournure de présentation qui isole un élément de sens en début ou fin de phrase, – le détachement d’un élément de sens avec reprise par un pronom, – l’emploi de phrases sans verbe conjugué, – la répétition d’un élément de structure, – l’énumération de mots de même catégorie grammaticale. • Sur la fiche de travail, vis-à-vis de chaque réplique, 1. Reportez les mots ou parties de phrase comportant une forme d’emphase. 2. Indiquez le procédé d’emphase observé pour chaque mot ou passage relevé. Consultez le corrigé. SAISIR LES IDÉES DANS LA PHRASE Leçon 8 – Procédés de mise en évidence 4 LES EXERCICES DE FRANÇAIS DU CCDMD www.ccdmd.qc.ca 1. Sens vieilli : convenable. Texte À l’époque où Voltaire écrit ce texte (XVIIIe siècle), il est d’usage, dans les familles riches de la haute société, de confier l’éducation des en- fants à des nourrices, à des gouvernantes puis à des religieuses. Par ailleurs, les parents choisissent l’époux de leur fille et les règles de la bienséance obligent les enfants à se vouvoyer. Les deux jeunes filles que nous présente Voltaire parlent entre elles de mariage. 1 MÉLINDE : Éraste sort d’ici, et je vous vois plongée dans une rêverie profonde. Il est jeune, bien fait, spirituel, riche, aimable, et je vous pardonne de rêver. 2 SOPHRONIE : Il est tout ce que vous dites, je l’avoue. 3 MÉLINDE : Et de plus, il vous aime. 4 SOPHRONIE : Je l’avoue encore. 5 MÉLINDE : Je crois que vous n’êtes pas insensible pour lui. 6 SOPHRONIE : C’est un troisième aveu que mon amitié ne craint point de vous faire. 7 MÉLINDE : Ajoutez-y un quatrième ; je vois que vous épouserez bientôt Éraste. 8 SOPHRONIE : Je vous dirai, avec la même confiance, que je ne l’épouserai jamais. 9 MÉLINDE : Quoi ! votre mère s’oppose à un parti si sortable1 ? 10 SOPHRONIE : Non, elle me laisse la liberté du choix ; j’aime Éraste et je ne l’épouserai pas. 11 MÉLINDE : Et quelle raison pouvez-vous avoir de vous tyranniser ainsi vous-même ? 12 SOPHRONIE : La crainte d’être tyrannisée. Éraste a de l’esprit, mais il l’a impérieux et mordant ; il a des grâces, mais il en ferait bientôt usage pour d’autres que moi : je ne veux pas être la rivale d’une de ces personnes qui vendent leurs charmes, qui donnent malheureusement de l’éclat à celui qui les achète, qui révoltent la moitié d’une ville par leur faste, qui ruinent l’autre par l’exemple, et qui triomphent en public du malheur d’une honnête femme réduite à pleurer dans la solitude. J’ai une forte inclination pour SAISIR LES IDÉES DANS LA PHRASE Leçon 8 – Procédés de mise en évidence 5 LES EXERCICES DE FRANÇAIS DU CCDMD www.ccdmd.qc.ca 2. Bel esprit : personne cultivée qui aime en faire l’étalage. Éraste, mais j’ai étudié son caractère ; il a trop contredit mon inclination : je veux être heureuse ; je ne le serais pas avec lui ; j’épouserai Ariste, que j’estime, et que j’espère aimer. 13 MÉLINDE : Vous êtes bien raisonnable pour votre âge. Il n’y a guère de filles que la crainte d’un avenir fâcheux empêche de jouir d’un présent agréable. Comment pouvez-vous avoir un tel empire sur vous-même ? 14 SOPHRONIE : Ce peu que j’ai de raison, je le dois à l’éducation que m’a donnée ma mère. Elle ne m’a point élevée dans un couvent, parce que ce n’était pas dans un couvent que j’étais destinée à vivre. Je plains les filles dont les mères ont confié la première jeunesse à des religieuses, comme elles ont laissé le soin de leur première enfance à des nourri- ces étrangères. J’entends dire que dans ces couvents, comme dans la plupart des collè- ges où les jeunes gens sont élevés, on n’apprend guère que ce qu’il faut oublier pour toute sa vie ; on uploads/Litterature/ lect-5-5-08lecture 1 .pdf

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