Guide de la phrase complexe © 2008 Dr. Guy Spielmann Dernière mise à jour: 25 j
Guide de la phrase complexe © 2008 Dr. Guy Spielmann Dernière mise à jour: 25 janvier 2009 Rappels: Qu'est-ce qu'un texte? Une phrase? La phrase simple La phrase complexe La coordination La subordination Les conjonctions de subordination Les prépositions et locutions prépositives Les adverbes et locutions adverbiales Les pronoms relatifs Le gérondif La construction de la phrase La topicalisation L'élaboration de la phrase Pour renforcer une phrase Sur le plan du vocabulaire Sur le plan de la structure L'analyse de la phrase Les catégories grammaticales Cartes et schémas disponibles sur le site de grammaire française BEPP de l'université Laval à Québec Rappels: Qu'est-ce qu'un texte? Qu'est-ce qu'une phrase? Comme la plupart des notions apparemment intuitives, celle de texte et de phrase sont à la fois évidentes à comprendre dans le contexte de l'usage courant, et quasiment impossibles à définir de façon formelle. Sans donc entrer dans les diverses théories qui se proposent de le décrire ou d'en expliquer le fonctionnement, nous dirons qu'un texte est un ensemble d'énoncés (d'unités du discours) qui présente une certaine cohérence du point de vue de la production et/ou de la réception, et qui peut être saisi et compris («lu») comme un tout indépendant. Dans la plupart des textes écrit, les énoncés sont des phrases, qui sont groupées en éléments intermédiaires: paragraphes (prose narrative), tirades (théâtre), strophes ou versets (poésie). Un texte peut donc ne comporter que quelques mots—une petite annonce, la légende d'une photo, un haiku—ou plusieurs millions —Guerre et paix, A la recherche du temps perdu, l'annuaire du téléphone. Il présente généralement une fonction communicative identifiable (informative, expressive, délibérative, narrative, etc), et se range souvent dans un type, déterminé par des critères de forme (d'ailleurs relativement variables) plutôt que de fonction: essai, sonnet, roman, compte-rendu, éloge funèbre, dissertation, rapport de police, tragédie, liste de courses, etc. De même, la phrase peut se définir intuitivement comme l'unité du langage supérieure au mot et qui contient au moins un verbe conjugué. Cette définition—extrêmement problématique en réalité—est celle de la grammaire traditionnelle, que nous retiendrons ici provisoirement pour sa valeur opératoire. A l'écrit, on peut considérer qu'une phrase est une séquence de mots qui se trouve entre deux points (y compris le point d'exclamation et d'interrogation), définition empirique mais qui a le mérite de bien fonctionner pour l'identification. [ menu ] La phrase simple Du point de vue technique de la production, le texte écrit non-poétique se compose donc de phrases, qui peuvent être regroupées en unités intermédiaires (le paragraphe, le chapitre...). Cela ne veut pas dire pour autant qu'il suffise de produire une série de phrases pour faire un texte, car la composition du texte obéit à certaines exigences de cohérence interne, d'équilibre, d'organisation des énoncés —variables selon le genre. La phrase, dans sa forme la plus élémentaire, correspond à une proposition (ou «phrase simple») constituée par l'association d'un sujet (ce dont on parle) et d'un prédicat (ce qu'on dit sur le sujet) qui inclut généralement un verbe et ses compléments. P H R A S E «Le président a prononcé un discours devant l'assemblée» Sujet Prédicat Groupe Nominal Groupe verbal Complément d'objet direct (COD) Complément circonstanciel (prépositionnel) Le président a prononcé un discours devant l'assemblée Il ne faut pas confondre la longueur d'une phrase et sa complexité; ainsi, on peut ajouter toutes sortes de compléments ou d'adjectifs qui enrichissent le sujet et le prédicat sans changer le statut de la phrase elle-même. La phrase suivante n'est donc pas structurellement plus complexe que la précédente: Soucieux de donner une image positive de son ambitieuse politique monétaire et fiscale, le président a prononcé hier soir vers les dix-huit heures un discours particulièrement bien reçu par une assemblée nationale en pleine crise de confiance. Voir la carte et le schéma de la phrase verbale (Ressource BEPP/Laval)- Le document sur l'analyse de la phrase [ menu ] La phrase complexe Plusieurs propositions peuvent être liées entre elles pour former une phrase complexe, qui aura plusieurs verbes et parfois (mais pas toujours) plusieurs sujets. Afin de lier correctement les propositions (P1, P2, P3...) il faut: 1. décider quel est le rapport conceptuel entre elles: par exemple, addition (P1 s'ajoute à P2), contradiction (P1 s'oppose à P2), cause ou conséquence (P1 explique P2, ou vice-versa), etc. 2. déterminer si les phrases doivent être hiérarchisées—c'est à dire si ce qu'elles expriment a plus ou moins d'importance pour l'énonciateur—, auquel cas on procèdera à une subordination; si elles sont de valeur égale, elles peuvent être simplement coordonnées. 3. déterminer comment on peut matérialiser ce rapport: conjonctions de coordination et de subordination, pronoms relatifs, prépositions et locutions prépositives (avec l'infinitif), adverbes et locutions adverbiales (après une ponctuation forte). 4. vérifier qu'on a bien opéré tous les ajustements nécessaires pour que la nouvelle phrase soit correcte et cohérente: harmoniser les temps verbaux («concordance des temps»), supprimer les éventuelles répétitions (en utilisant des pronoms, par exemple), etc. [ menu ] La coordination Lorsque des propositions sont sur le même plan, et qu'il n'existe entre elles aucune hiérarchie, on peut utiliser les conjonctions de coordination, de préférence après une virgule: mais (contradiction) ou (alternative) et /ni (addition) donc (conséquence) or (contraste) car (cause) Ainsi, à partir de (1) «Le président a prononcé un bon discours.» et (2) «Le président n'a pas convaincu les députés.» on peut faire la phrase suivante: «Le président a prononcé un bon discours, mais il n'a pas convaincu les députés.» Il est possible d'utiliser une conjonction de coordination même si le sujet change, mais il faut bien faire attention à ce que les propositions soient équivalentes. Ainsi, «Le président a prononcé un bon discours, mais les députés n'ont pas eu l'air convaincu.» est tout à fait licite, alors que ?? «Le président a prononcé un bon discours, mais les membres de son propre parti avaient exprimé des doutes sur sa capacité à gouverner.» n'est pas satisfaisante, car non seulement le sujet et le temps, mais la relation de contradiction ont changé par rapport au premier exemple. Le doute des membres du parti n'a pas d'incidence sur la qualité du discours: il constitue un élément d'information qui permet de comprendre que, selon l'énonciateur, la qualité du discours donne tort à des jugements négatifs portés sur le président, mais sans rapport direct avec la prononciation du discours. Dans les phrases précédentes, en revanche, il était question de l'effet immédiat produit par le discours sur l'auditoire. [ menu ] La subordination Lorsque les propositions ne sont pas parallèles ou équivalentes, il faut recourir à la subordination, c'est-à-dire les organiser hiérarchiquement à partir de l'idée centrale de la phrase que représente la proposition principale: proposition principale conjonction de subordination proposition subordonnée Le président a prononcé un bon discours, bien que les membres de son propre parti eussent exprimé des doutes sur sa capacité à gouverner. Les conjonctions de subordination Pour construire cette phrase, on a utilisé la conjonction de subordination, «bien que», et il a fallu modifier le mode du verbe de la subordonnée (eussent exprimé , imparfait du subjonctif, à la place du plus-que-parfait de l'indicatif). Ici, la prononciation du discours par le président constitue «l'idée principale», le point de focalisation de cette phrase, mais principale et subordonnée peuvent parfois facilement s'intervertir; il n'y a ainsi pas grande différence entre «Bien que le président ait prononcé un bon discours, les députés n'ont pas été convaincus.» et «Bien que les députés n'aient pas été convaincus, le président a prononcé un bon discours.» Par contre, dans une phrase comme «Bien qu'il fasse mauvais, je vais faire une promenade.» le point de focalisation ne peut pas être simplement renversé ?? «Bien que j'aille faire une promenade, il fait mauvais.» En effet, il existe une contrainte de subordination entre ces deux propositions parce que le temps qu'il fait peut être un facteur dans ma décision de sortir en promenade, alors que ma décision de sortir en promenade n'a évidemment aucune incidence sur le temps qu'il fait. De même, on ne peut pas intervertir la focalisation de la phrase «Le président a prononcé un bon discours, bien que les membres de son propre parti eussent exprimé des doutes sur sa capacité à gouverner », car la contradiction exprimée dans la subordonnée se double d'une antériorité: l'expression des doutes précède le discours. Quelques conjonctions de subordination: Cause: comme, parce que, puisque, étant donné que, vu que, sous prétexte que (indicatif) But: afin que, de façon à ce que, de manière que, pour que (subjonctif) But négatif (lorsqu'il s'agit d'éviter une certaine conséquence) de peur/crainte que (subjonctif) Comparaison: comme, de même que, ainsi que, plus/moins que (indicatif) Concession: quoique, quoi que, bien que, malgré que (subjonctif) Restriction: même si (indicatif ), encore que, en admettant que (subjonctif) Restriction alternative: tandis que, alors que (indicatif) Condition: si, même si (indicatif), au cas où (conditionnel), à condition que, pourvu que, à supposer que (subjonctif) Condition négative: à moins que (subjonctif), sauf si, faute de quoi (indicatif) Simultanéité: au moment ou, en même temps que, pendant que, tandis que, alors que, lorsque, quand (indicatif) Antériorité: uploads/Litterature/ 6-guide-de-la-phrase-complexe.pdf
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- Publié le Oct 18, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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