Collège au théâtre Saison 2012/2013 Fiche pédagogique n°10 LE HORLA SOMMAIRE 1.
Collège au théâtre Saison 2012/2013 Fiche pédagogique n°10 LE HORLA SOMMAIRE 1. L’auteur : Guy de Maupassant 2. Le Horla 2.1. La fable 2.2. Le fantastique dans Le Horla 2.3. Les choix formels de Guy de Maupassant 2.4. Quelle est la signification de l’œuvre ? 2.5. Echos biographiques 3. Le Horla, récital cauchemardesque des Dramaticules 3.1. La note d’intention de Jérémie Le Louët 3.2. Metteur en scène & comédien 4. Le spectacle 4.1. La mise en scène d’une œuvre littéraire 4.2. La scénographie 4.3. L’interprétation 5. Pistes pédagogiques 5.1. Extrait 5.2. Questionnaire 5.3. Exercice de style 5.4. Interprétation 5.5. Réflexion 1. L’auteur : Guy de Maupassant Guy de Maupassant, né Henry-René-Albert-Guy de Maupassant le 5 août 1850 au château de Miromesnil à Tourville-sur-Arques et mort le 6 juillet 1893 à Paris, est un écrivain français. Lié à Gustave Flaubert et à Émile Zola, il a marqué la littérature française par ses six romans, dont Une Vie en 1883, Bel-Ami en 1885, Pierre et Jean en 1887-1888, mais surtout par ses nouvelles (plus de 300), parfois intitulées contes, comme Boule de Suif en 1880, Les Contes de la bécasse en 1883 ou Le Horla en 1887. Ces œuvres retiennent l’attention par leur force réaliste, la présence du fantastique et la maîtrise stylistique. La carrière littéraire de Guy de Maupassant se limite à une décennie – de 1880 à 1890 – avant qu’il sombre peu à peu dans la folie et meure à quarante-deux ans de la syphilis. Reconnu de son vivant, Guy de Maupassant conserve un renom de premier plan, renouvelé encore par les nombreuses adaptations filmées de ses œuvres. Portrait par Nadar 2. Le Horla 2.1. La fable La forme du Horla est celle d’un journal intime. Le narrateur s'y exprime à la première personne. Il nous rapporte son trouble et ses angoisses : il sent autour de lui la présence d’un être invisible, présence qui le conduira peu à peu à des actions démentes et irrationnelles. Dans les dernières lignes de la nouvelle, face à la persistance de cette présence, il entrevoit sa propre mort comme ultime délivrance. Prenant ancrage dans le surnaturel, cette œuvre porte en elle d’extraordinaires contrastes dans les niveaux d’intensités de langage. L’histoire débute en Normandie, près de Rouen, au printemps. Le narrateur se repose dans son jardin. Il observe un convoi de navires traverser la Seine et remarque un magnifique trois-mâts brésilien. Cinq jours plus tard, le narrateur se sent envahi par une mélancolie inexplicable. L’angoisse d’un danger imminent l’étreint, il devient insomniaque. Il va consulter un médecin qui lui prescrit un traitement. Nullement soulagé, le narrateur est en proie à une terreur inexplicable. Ses nuits sont hantées par un cauchemar récurrent, au cours duquel il est agressé par un être invisible. Son état empire au fil des jours. Il se sent suivi par une présence invisible tout près de lui. Le narrateur part visiter le Mont-Saint-Michel. A son retour il pense être enfin guéri. Au cours de sa visite, un moine qui l’accompagnait lui a fait le récit d’une légende locale, qui l’a troublé. Dès son retour à Paris, début juillet, les cauchemars reprennent : il sent sur lui une présence qui aspire sa vie. La nuit suivante, il se lève et trouve sa carafe d’eau vide, sans qu’il se souvienne avoir bu dans la nuit. Celle d’après, il laisse délibérément une carafe d’eau et une de lait pleines. Le lendemain, la carafe d’eau est vide, celle de lait entamée. Il décide de passer quelques jours à Paris. Dès le premier jour, il se sent mieux, au point d’être persuadé d’avoir été victime de son imagination. Au cours d’une soirée chez sa cousine, le narrateur rencontre le Docteur Parent ; ce spécialiste des pathologies nerveuses procède à une démonstration d’hypnose sur sa cousine. Troublé, le narrateur raconte la séance d’hypnose à ses amis qui se moquent de lui. Il rentre chez lui. Deux jours passent dans le calme. Des verres se brisent au cours de la nuit, les domestiques s’accusent mutuellement. Dans son jardin, le narrateur, terrifié, voit une rose cueillie par un être invisible. Désormais persuadé qu’une créature invisible hante sa demeure, il décide de nouveau de partir de chez lui. Mais toute volonté semble l’avoir abandonné. Le narrateur sent qu’il tombe sous l’emprise de la créature, qu’il nomme le Horla. Un jour, il parvient à se rendre à la bibliothèque de Rouen, emprunte un livre sur les manifestations occultes qu’il lit intégralement en une nuit, sans y trouver un cas correspondant au sien. Le surlendemain, il apprend dans une publication scientifique qu’une épidémie de folie identique à la sienne sévit au Brésil. Se souvenant que sa maladie est apparue le lendemain du jour où il a vu le trois-mâts brésilien traverser la Seine, le narrateur fait immédiatement le lien. Ayant réussi à percevoir sa présence dans un miroir, il décide de tuer le Horla. De sa chambre d’hôtel à Rouen, le narrateur évoque l’incendie qu’il a provoqué dans sa propre maison la veille. Ses domestiques sont morts brûlés vifs, mais il pense que la nature surhumaine du Horla lui a permis de survivre aux flammes. Il se persuade que le seul moyen de s’en libérer est de se tuer. 2.2. Le fantastique dans Le Horla On parle de fantastique en littérature dès lors qu’il y a irruption de l’irrationnel dans un cadre réaliste. C’est ce qui se produit dans Le Horla. Les repères de temps et d’espace situent clairement l’action de la nouvelle dans un environnement concret qui rappelle le XIXe siècle finissant, c’est-à-dire le moment de l’écriture dont l’histoire racontée est contemporaine. Le personnage-narrateur tente en vain de développer une approche rationnelle, caractéristique du positivisme, face aux apparitions mystérieuses qui le hantent. L’autre caractéristique de la tonalité fantastique réside dans la double explication qui laisse place au doute. L’écrivain ne fournit pas d’explication unique des faits, mais laisse le lecteur décider. Les événements relèvent-ils d’une explication rationnelle ou surnaturelle ? La nouvelle ne tranche pas. Il est possible de considérer que le narrateur est effectivement l’objet d’une stratégie de persécution de la part d’un être surnaturel ; mais on peut tout aussi bien comprendre qu’il est frappé de folie. C’est du choc entre réel et surnaturel que les récits fantastiques du XIXe siècle comme Le Horla tirent l’essentiel de leur force. 2.3. Les choix formels de Guy de Maupassant - Le Horla est une nouvelle, c’est-à-dire un récit court qui se présente comme un roman en miniature. La taille réduite de la nouvelle est ici un atout, puisqu’elle va de pair avec un centrage sur le personnage-narrateur. - Coupes et ruptures temporelles révèlent la désagrégation de la notion de temps et sont autant de marques inscrites dans le texte du désarroi du personnage confronté aux apparitions de l’être mystérieux qu’il appelle le Horla. De plus, la progression temporelle clairement indiquée par les dates du journal intensifie la tension jusqu’au crescendo du récit, qui s’achève sur la perspective du suicide. - L’œuvre se présente comme un journal intime. Ce choix formel assume pleinement la subjectivité narrative et contribue par conséquent à l’instauration de la tonalité fantastique. La forme du journal intime permet aussi à l’écrivain de montrer comment son protagoniste développe une démarche pseudo- scientifique d’appréhension des faits, tout en évoluant progressivement vers la folie, à travers les obsessions de meurtre et de suicide. 2.4. Quelle est la signification de l’œuvre ? Le fantastique se développe au XIXe siècle comme une réponse à un monde ultra réaliste et rationnalisé. Raison, logique, ordre et approche scientifique du réel ne semblent pas suffire à tout expliquer : l’homme n’est pas qu’une suite de phénomènes physiologiques. Il n’est pas même ce qu’il paraît être. Les récits fantastiques de la littérature victorienne, en Angleterre, comme le célèbre Docteur Jekyll et Mister Hyde, de Stevenson, explorent la dualité de la nature humaine et la thématique du double. Le XIXe siècle positiviste craint les manifestations de l’irrationnel et de la folie, que le fantastique se donne pour tâche d’explorer. On peut ainsi comprendre Le Horla comme un récit au jour le jour d’un homme qui sombre dans la folie. La nouvelle explore aussi le thème du double, le Horla pouvant être interprété comme le pendant irrationnel du narrateur, porteur des pulsions nocturnes et suicidaires que le protagoniste ne peut réellement assumer au grand jour dans un cadre social étriqué. 2.5. Echos biographiques La fascination qu’exerce sur le lecteur un récit comme Le Horla provient en grande partie des interrogations que pose le texte, mais sans jamais y répondre. Il s’agit de plonger pour s’y perdre dans les mystères de la psyché humaine, à l’orée de la psychanalyse. Le Horla peut donc être lu comme un défouloir ou la revanche de l’écrivain naturaliste sur le réel qu’il s’efforce par ailleurs d’explorer dans ses romans. D’ailleurs, dès la Préface de Pierre et Jean, Maupassant affirmait les limites du réalisme littéraire et son nécessaire dépassement. Zola, écrivain naturaliste, dépasse aussi les frontières du réel dans nombre de ses romans les uploads/Litterature/ lehorla-pdf.pdf
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- Publié le Sep 19, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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