Les manuels de FLE se mettent-ils au goût du jour ? Le cas des verbes pronomina
Les manuels de FLE se mettent-ils au goût du jour ? Le cas des verbes pronominaux SAYDA ALLAM Doctorante à l’Université Paris 8 L’une des questions posées par ce colloque « Enseigner les structures langagières en FLE » est de savoir si les contenus des outils, comme les manuels et les grammaires, ont évolué. La présente communication tente d’y répondre en examinant les contenus des manuels de FLE au sujet des verbes pronominaux. Deux raisons motivent le choix des verbes pronominaux. D’une part, ces verbes apparaissent parmi les contenus d’enseignement explicite proposés par les manuels de FLE. Ils constituent donc un objet d’étude constant dont on peut observer l’évolution du traitement. D’autre part, leur étude relève à la fois de la grammaire (morphologie et syntaxe) mais aussi du lexique. Elle permet ainsi d’examiner les contenus d’enseignement aux différents niveaux de la langue. Nous nous intéresserons essentiellement aux contenus des manuels considérés comme relevant de l’approche communicative, approche qui met l’accent davantage sur les fonctions et les savoir-faire communicatifs que sur les formes linguistiques. Nous comparerons ensuite ces contenus à ceux d’une méthode active mettant en œuvre un enseignement « traditionnel » de la grammaire. L’objectif étant d’étudier la place qu’a occupée l’enseignement des verbes pronominaux dans les manuels communicatifs et l’évolution dans leur traitement dont ceux-ci attestent. Avant de passer à l’inventaire et à l’analyse des contenus des manuels, nous présenterons rapidement le corpus examiné et les points qui y seront relevés quant au traitement des verbes pronominaux. Enseigner les structures langagières en FLE 1. Choix et analyse du corpus Le corpus analysé comprend des méthodes communicatives parues entre 1982 et 2004 et un manuel relevant de la méthode active, Cours de langue et de civilisation françaises (1953). En ce qui concerne l’approche communicative, ont été retenus, pour un concepteur donné, deux manuels publiés à deux époques différentes. Comme il nous paraît difficile de comparer ou de mettre sur le même plan des manuels conçus par des auteurs ayant des options didactiques différentes, nous confronterons les manuels élaborés par au moins un même auteur. Cela nous permettra de mettre en lumière des tendances dans le traitement des verbes pronominaux selon les auteurs mais aussi de vérifier chez eux des évolutions dans le choix et le traitement des contenus linguistiques. Toutefois, il est évident que l’évolution des contenus d’enseignement n’est pas du seul ressort des auteurs et que de nombreux autres facteurs y contribuent comme l’évolution des principes de la méthode adoptée, des données mises à jour par les descriptions linguistiques, des contraintes de publication, etc. Ce que nous proposons ici est donc un relevé des tendances dans le traitement des verbes pronominaux lequel relevé devrait être complété par des lectures approfondies sur ce qui préside à ces tendances et aux options didactiques des concepteurs de manuels. Les manuels confrontés seront les suivants : - Archipel (niveaux 1, 2 et 3) et Libre échange (niveaux 1, 2 et 3) ; - Espaces (niveaux 1, 2 et 3) et Reflets (niveaux 1 et 2)1 ; - Panorama de la langue française (niveaux 1, 2 et 3) et Campus (niveaux 1, 2 et 3) ; - Tempo (niveaux 1 et 2) et Studio (niveaux 1, 2, 3 et +). Le traitement des verbes pronominaux dans les méthodes sera analysé à travers les questions suivantes : - À quels niveaux les verbes pronominaux sont-ils abordés ? - Dans quels modes et temps sont-ils étudiés ? - Dans quels types de constructions ? - Quels sont les types de verbes pronominaux introduits ? - Leurs comportements morphologiques : l’accord du participe passé aux temps composés est-il enseigné ? 1. Il existe un troisième niveau de Reflets mais qui n’est pas conçu par les mêmes auteurs. Les manuels de FLE se mettent-ils au goût du jour ? Sayda ALLAM - Avec quels thèmes et savoir-faire les verbes pronominaux sont-ils mis en relation ? - Quels sont les exercices et les activités conçus pour leur enseignement/apprentissage ? L’ensemble des données relevées ne pouvant pas être reproduites dans le présent article, nous nous contenterons de les commenter. 2. Les verbes pronominaux dans les méthodes communicatives 2.1. Archipel et Libre échange Dans Archipel, on relève notamment au troisième et dernier niveau, deux pages consacrées à des classifications de verbes pronominaux d’après leurs sens, leurs constructions et l’accord de leurs participes passés. Un métalangage élaboré est utilisé : « une construction de type “attributif”, avec un adjectif ou participe passé, un substantif, un groupe prépositionnel »2. Dans Libre échange, est proposé un travail de conceptualisation des différences de sens et d’emplois des verbes pronominaux. Néanmoins, les types des verbes ne sont pas tous abordés (les essentiellement pronominaux disparaissent) tout comme les différents cas d’accord des participes passés (le cas de la construction « verbe pronominal + complément direct » est absent). En revanche, la conjugaison des verbes pronominaux est largement traitée au niveau deux. C’est une présentation en paradigme avec toutes les personnes au présent, au passé composé, à l’impératif positif et négatif. On relève enfin dans ce manuel une mise en relation entre la forme pronominale (se + verbe au présent) et l’expression des habitudes et des usages. 2.2. Espaces et Reflets Dans le niveau un des deux manuels, les verbes pronominaux sont étudiés au présent et au passé composé (on y enseigne que le participe passé s’accorde avec le sujet si le pronom est complément d’objet direct). Les deux manuels présentent les verbes pronominaux en relation avec le sujet de la vie quotidienne, et des activités de compréhension et de production sont ainsi conçues autour des verbes exprimant des actions habituelles : raconter sa journée ou la vie de tous les jours (se lever, se raser, s’habiller, s’amuser, etc.). Dans les deux manuels, on distingue les pronominaux réfléchis et les pronominaux réciproques. 2. J. Courtillon, M. Argaud, Archipel 3, Livre de l’élève, Paris, Didier, Cours Crédif, 1987, p. 120. Enseigner les structures langagières en FLE Mais c’est seulement dans Reflets que l’identification du sens du pronom fait l’objet d’un exercice. Par ailleurs, dans ce même manuel, on abandonne la conjugaison en paradigme avec toutes les personnes qui figure dans Espaces pour le présent. 2.3. Panorama de la langue française et Campus Dès le premier niveau, les verbes pronominaux sont étudiés dans les deux manuels au présent, au passé composé, à l’impératif, dans des constructions affirmative, négative, interrogative ou à l’infinitif. On remarque une présentation en paradigme avec toutes les personnes pour le présent et le passé composé. Si dans Panorama, l’accord ne fait pas l’objet d’un commentaire, Campus souligne que « le participe passé s’accorde avec le sujet »3. Par ailleurs, dans Panorama, les auteurs n’utilisent pas de termes métalinguistiques pour désigner les types de verbes pronominaux mis à part « la forme pronominale de sens passif » (abordée aux deuxième et troisième niveaux), alors que dans Campus, on relève les termes de « sens réfléchi » et de « sens réciproque ». Quant à la forme de sens passif, elle n’est pas étudiée dans Campus 1 et 24. Notons que dans les deux manuels, le thème de l’unité dont fait partie l’étude des verbes pronominaux est celui de la vie quotidienne et les activités de production orale et écrite proposées sont entre autres celles de donner des conseils (se coucher, se lever, se reposer, etc.) et de raconter une histoire d’amour (se connaître, s’aimer, se téléphoner, se marier, etc.). 2.4. Tempo et Studio 60 Les types des verbes pronominaux (réfléchis, réciproques, de sens passif) ne sont étudiés ni dans Tempo ni dans Studio. Toutefois les verbes pronominaux apparaissent lors de l’étude du passé composé dans Tempo 1 (se lever, se battre, se marier) et dans l’unité consacrée au « savoir-faire : dire à quelqu’un de faire quelque chose » de Tempo 2 et de Studio 2 (se dépêcher, se taire, etc.). Tempo aborde la place du pronom à l’impératif positif et négatif alors que Studio présente la conjugaison des verbes pronominaux au présent et à l’impératif positif. Au niveau des activités, on relève des activités de compréhension et/ou de production orales sur l’expression des ordres dans les deux manuels en plus d’activités de production écrite (écrire une carte postale, raconter la vie de quelqu’un) dans Tempo 1. 3. J. Girardet, J. Pécheur, Campus 1, Livre de l’élève, Paris, CLE International, 2002, p. 65. 4. Elle est étudiée dans Campus 3 mais les auteurs sont différents de ceux de Panorama 1 2 et 3. Les manuels de FLE se mettent-ils au goût du jour ? Sayda ALLAM 3. Les verbes pronominaux dans une méthode active 3.1. Cours de langue et de civilisation françaises L’étude des verbes pronominaux se répartit sur les trois premiers niveaux du « Mauger bleu ». Ils sont présentés sous forme de paradigme avec toutes les personnes aux différents temps (présent, passé, etc.), modes (indicatif, impératif, conditionnel, infinitif) et dans diverses constructions (affirmative, négative, interrogative, infinitive). On trouve les verbes réfléchis, réciproques, essentiellement pronominaux et de sens passif ainsi que les différents cas d’accord de uploads/Litterature/ les-cas-des-verbes-pronominaux.pdf
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- Publié le Mai 19, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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