http://www.dykeplanet.com/cyjung/ — Cy Jung® 1 Écrire un roman Cy Jung Introduc
http://www.dykeplanet.com/cyjung/ — Cy Jung® 1 Écrire un roman Cy Jung Introduction.........................................................................................................1 La construction du récit.......................................................................................2 L’importance de l’intrigue...........................................................................2 Construire des personnages .........................................................................3 Précision du détail et vraisemblance............................................................5 Le travail sur l’écriture........................................................................................6 Les conditions du jeu : grammaire et lexique...............................................6 Quelques choix initiaux : temps, 1ère ou 3e personne, etc. ............................9 Mots parasites et récurrences.....................................................................10 L’écriture du désir .....................................................................................11 Conclusion........................................................................................................13 Introduction Quand on me demande « À quel âge as-tu commencé à écrire ? », je réponds souvent par une pirouette « À six ans, au cours préparatoire ». Je n’ai pas, en effet, un grand passé littéraire, au sens où, enfant, je n’écrivais ni poèmes, ni journal intime. J’aimais écrire, mais à des fins utiles : au collège puis au lycée, je me régalais à rédiger rédactions et compositions de français. Plus tard, durant mes années à l’université, j’avais le même plaisir à travailler mes dissertations, considérant, en bonne juriste, que la forme prime sur le fond. Je n’ai pas fait d’études littéraires. Mon baccalauréat d’Économie en poche, j’ai intégré la fac de Droit avec l’intention de m’orienter au plus vite vers les sciences politiques. J’ai atteint ce but dès ma maîtrise et j’ai rejoint en 3e cycle la prestigieuse Science Po où j’ai travaillé quatre ans sur une thèse consacrée à la politique culturelle de Jack Lang, thèse que je n’ai pu soutenir. Je n’écrivais toujours aucun poème, mais mes activités extra-universitaires me portaient indirectement vers l’écriture à travers la correction de thèses d’amis étudiants et mon militantisme politique dans le cadre duquel je rédigeais tracts, journaux électoraux, discours de candidats, courriers aux électeurs. C’est à l’âge de 28 ans que j’ai écrit ma première fiction. Je ne l’ai pas écrite pour me défouler ou avec l’idée de faire œuvre de création. Plus prosaïquement, cette longue nouvelle d’une centaine de pages avait pour fonction de séduire une http://www.dykeplanet.com/cyjung/ — Cy Jung® 2 femme. La destinatrice de ce texte a eu la bonté de m’encourager à poursuivre et je lui dois d’avoir écrit à ce jour quatre romans et un recueil de nouvelles. Mon premier roman « L’homme à la crotte gelée » que j’ai écrit en cinq ans, n’a pas trouvé d’éditeur. À cela, il y a quelques raisons objectives : j’ai mis dans ce texte le plus profond de moi, le plus intime, sublimant mes peurs, mes désirs, mes combats dans une fiction abracadabrante, privilégiant l’écriture sur l’intrigue. Celle et ceux qui l’ont lu m’ont à leur tour invitée à poursuivre ma tâche en me conseillant de garder le style mais de travailler l’histoire. J’avais le sentiment d’avoir tout mis dans ce roman, d’être allée au bout de ce que pouvais créer en matière de pure écriture ; ce sentiment m’a permis de faire le deuil de la création littéraire car, puisque j’avais écrit l’essentiel, il était inutile de tenter de le reproduire. J’ai ainsi écrit mon second roman Once upon a poulette en un an avec l’intention d’avant tout raconter une histoire. Cette intention est essentielle. Je me sens aujourd’hui une conteuse par l’écrit et, si par hasard je raconte bien mes histoires, peut-être alors ferai-je œuvre d’écriture. Depuis lors, j’ai gardé cette intention écrivant deux autres romans Hétéro par-ci, homo par le rat et Es ist eine Poulette en m’attachant d’abord à l’histoire. Je n’ai pas rompu avec cette intention dans le recueil de nouvelles érotiques que j’ai publié l’année dernière et qui s’intitule Cul nu : au fil des ans, je suis même de plus en plus attachée à un travail où le récit est premier, le style à son service. C’est cette intention que je vais essayer de décoder en vous expliquant concrètement comment je travaille mes textes. Les méthodes que j’utilise sont là pour servir ce que j’estime devoir être un roman ou une nouvelle. Tout ce que je vais vous dire est donc très personnel et n’engage pas l’écriture en général. Chaque auteur a ses intentions, ses choix, ses trucs et c’est de cette diversité que naît la richesse de la littérature. La construction du récit L’analyse littéraire considère en général que l’art du récit se confond avec celui de la description, étant entendu que toute histoire se compose d’éléments descriptifs d’une part (personnages, décors, faits et événements) et d’une intrigue de l’autre qui est en quelque sorte l’élément dynamique du récit. Ce sont ces deux grands composants que j’établis avant même de me mettre à écrire. L’importance de l’intrigue Dans la chronologie de l’écriture d’un roman, la première question que je me http://www.dykeplanet.com/cyjung/ — Cy Jung® 3 pose est en effet celle de l’intrigue : il s’agit d’abord d’être capable de réduire à une phrase le futur récit. « C’est l’histoire d’une fille qui en rencontre une autre. », tel était par exemple l’intrique de Once upon a poulette. Cette formulation peut sembler trop simple, voire facile à produire. Il ne faut pas s’y tromper. J’aurais pu formuler ma phrase autrement, « C’est l’histoire d’une fille qui cherche le grand amour ». Ces deux propositions, en dépit des apparences, ne sont pas équivalentes. Quand je dis « C’est l’histoire d’une fille qui en rencontre une autre », je centre d’emblée mon récit sur la rencontre. Il n’est donc pas question de la nature de la relation qui va se nouer ni des aspirations intimes des personnages comme le fait la deuxième formulation que j’ai proposé « C’est l’histoire d’une fille qui cherche le grand amour » : celle-ci pose d’emblée le grand amour comme but, nous ne sommes plus dans l’action positive « Elle rencontre » mais dans une action plus aléatoire « Elle cherche ». Dans cette seconde optique, le principe est posé que la rencontre n’a pas forcément lieu : le ressort de l’intrigue devient la quête de l’autre. Choisir « C’est l’histoire d’une fille qui en rencontre une autre » permet de poser beaucoup de chose : il y a deux personnages, l’un principal (le sujet de la phrase), un secondaire (le complément d’objet) et une action, la rencontre (le verbe). Mais ces éléments ne suffisent évidemment pas à écrire un roman. Je vais alors devoir aligner d’autres ingrédients qui ne seront que des développements de cette proposition ou alors, je change d’intrigue. Construire des personnages L’intrigue posée, il me faut définir les personnages. Je commence par donner un nom à chacun d’eux, nom composé d’un prénom et d’un nom patronymique. C’est le prénom que je choisis en premier, il représente la personnalité individuelle du personnage que je cherche à construire. C’est un peu comme dans la vie : le nom patronymique nous situe chacun dans une lignée familiale — nous portons le nom de notre père, de notre mère ou des deux suivant nos législations nationales — mais aussi dans une histoire culturelle et sociale. Le prénom, lui, est choisi à la naissance par les parents : il spécifie l’individu au sein de la lignée ; il lui donne son individualité. Le choix d’un prénom est très difficile : j’utilise des dictionnaires qui en proposent des compilations pour élargir au maximum ma gamme de choix considérant que je n’utilise jamais le prénom de personnes que je connais. Dans tout ce que j’écrirai par exemple après mon séjour à Cluj, aucun de mes http://www.dykeplanet.com/cyjung/ — Cy Jung® 4 personnages ne pourra plus s’appeler Christiane, car Christiane, c’est désormais pour moi Mme Botbol et utiliser ce prénom reviendrait à créer un personnage inspiré par elle. J’ai besoin que mes personnages me soient au maximum étrangers au moment où je les crée afin d’être totalement libre dans les caractères que je vais leur donner. Quant au choix du nom patronymique, il me permet de situer mon personnage dans un univers culturel et social particulier. Si je donne par exemple un nom à particule (de quelque chose), l’inconscient de chacun va considérer que c’est au minimum un bourgeois, au maximum un noble. Je vais ainsi choisir des noms porteurs d’une référence sociale ou culturelle : un nom à consonance juive ou arabe pour un personnage que je veux inscrire dans une culture minoritaire ; un nom connoté comme « typiquement français » plus ou moins précieux pour un personnage que je veux dans la norme sociale et culturelle, le précieux le faisant grimper sur l’échelle sociale. Je prends un exemple : Dans Once upon a poulette, mon personnage principal s’appelle Jeanne. C’est un vieux prénom, très traditionnel : il pose mon personnage dans le terroir. Jeanne est pour moi le prénom d’une femme simple, un peu téméraire voire illuminée — sans doute à cause de Jeanne d’Arc. Son patronyme est Trancène. Je n’ai jamais croisé un tel nom de famille ; je l’ai construit car je cherchais une sonorité inattendue. Le prénom est traditionnel ; le nom est étrange. J’ai donc un personnage qui dès le départ à une personnalité complexe, à la fois sur terre et la vie en décalage. Si je prends le même prénom, Jeanne, et que je change le nom — Jeanne Martin, Jeanne Rosenthal, Jeanne Carré… uploads/Litterature/ ecrire-un-roman.pdf
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- Publié le Jul 11, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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