Les Faux-monnayeurs Les Faux-monnayeurs est le titre d'un roman écrit par André

Les Faux-monnayeurs Les Faux-monnayeurs est le titre d'un roman écrit par André Gide, publié en 1925 dans la Nouvelle Revue française (NRF). Alors que Gide a déjà écrit de nombreuses œuvres à cette époque, telles Les Caves du Vatican , il affirmera dans la dédicace à Roger Martin du Gard que c'est son "premier roman" (qualifiant ses publications antérieures de "récits" ou de "soties"). Construit avec minutie, ce roman multiplie les personnages, points de vues narratifs et intrigues secondaires diverses autour d'une histoire centrale. Par la liberté de l'écriture, la multiplicité des angles de vue et les ruptures dans la narration chronologique, Gide se détache de la tradition littéraire du roman linéaire. À travers le personnage d'Edouard, dans lequel il projette sa propre personne, il montre les limites de la prétention du roman à reproduire le monde réel et ouvre ainsi la voie à la recherche plus large d'une écriture créatrice. Ce roman aujourd'hui est considéré comme l'un des plus importants du XX e siècle , précurseur de mouvements littéraires à venir comme sera le Nouveau Roman. Par ailleurs, Gide illustre dans cette œuvre les idées sur l'homosexualité et la pédérastie qu'il théorise dans divers essais comme le Corydon. Résumé Ce roman est difficile à résumer car les intrigues et personnages sont multiples et s'enchevètrent les uns les autres. Toutefois, il est possible de dégager une histoire centrale autour de trois personnages, et plusieurs intrigues secondaires qui en partent ou y reviennent. Histoire centrale L'histoire centrale est celle de trois personnages, deux jeunes garçons lycéens et un homme de 38 ans, durant les quelques mois d'un été et d'automne. Bernard, lycéen parisien de 17 ans sur le point de passer son bachot, tombe par hasard sur des lettres appartenant à sa mère et découvre qu'il est le fruit d'un amour interdit entre cette dernière et un amant de passage. Il en conçoit un profond mépris pour l'homme qui l'a pourtant élevé, mais qui n'est pas son père et qu'il pense alors n'avoir jamais aimé. Pourtant, Alberic Profitendieu, le père de Bernard, a malgré lui une préférence pour celui-ci. Après avoir laissé une lettre d'adieu très froide et très dure à son père, il décide de fuir la maison - mais ne sachant où passer sa première nuit, il se réfugie chez un de ses amis et camarade de classe, Olivier. Ce dernier est un garçon timide en manque d'affection, qu'il cherche à combler auprès de ses amis proches ou de son oncle Édouard dont il est amoureux - amour réciproque, mais que ni l'un ni l'autre ne parviennent à exprimer. Cependant, à la suite d'un concours de circonstances, Bernard se retrouve engagé par Edouard, qui exerce le métier d'écrivain, en tant que secrétaire et ils s'en vont tous deux pour un séjour dans les montagnes. Par dépit et jalousie, Olivier se laisse séduire par le comte de Passavant, écrivain à la mode, riche, dandy et pédéraste mais également cynique et manipulateur, qui 1 convoitait le garçon depuis un moment et profite de ses états d'âme pour se l'accaparer. L'influence du comte sur le garçon est pernicieuse : Olivier devient mauvais, brutal, détestable même aux yeux de ses meilleurs amis. Il finit par s'en rendre compte et sombre dans une dépression noire, sans savoir comment faire machine arrière. Au cours d'une soirée mondaine, il se saoule et se ridiculise devant tout le monde puis sombre dans une torpeur éthylique. Il est rattrapé et soigné par l'oncle Édouard, dans les bras duquel il achèvera la nuit. Au matin, il tente de se suicider, non pas par désespoir dira-t-il, mais au contraire parce qu'il a connu un tel bonheur cette nuit-là qu'il a senti n'avoir plus rien à attendre de la vie. Il finira par rester vivre chez son oncle, grâce à la bienveillance de sa mère qui devine bien les relations liant son frère à son fils, mais ne veut pas les détruire. Intrigues secondaires Autour de cette histoire centrale gravitent plusieurs intrigues secondaires : • celle du grand frère d'Olivier, Vincent, qui connaît avec une cousine éloignée une amourette adultère au fruit amer puisqu'il la rend enceinte. Lâchement, il abandonne ses responsabilités pour se perdre auprès de lady Griffith, amie du comte de Passavant mais plus cynique encore, puis finit par assassiner cette dernière au beau milieu d'un voyage halluciné en Afrique. • celle du petit frère d'Olivier, Georges, jeune garçon calculateur qui n'a pas froid aux yeux et vire à la délinquance, manipulé par un sous-fifre du comte de Passavant. • celle d'un ami d'Olivier, Armand, désabusé et dépressif, qui vire au nihilisme absolu dans ses attitudes et ses idées. Il finit par trouver sa voie auprès du cynisme du comte de Passavant. • les adultes du roman ont aussi leurs histoires: le père de Bernard, juge d'instruction qui suit une affaire de fausse monnaie, où Georges se trouve mêlé; le père d'Olivier, tiraillé entre sa femme, sa famille et sa maîtresse ; un vieil organiste qui rêve de retrouver son petit-fils perdu mais se trouve terriblement déçu lorsqu'il le rencontre ; etc. • enfin, Boris, le petit-fils de l'organiste, jeune enfant fragile rencontré dans un sanatorium en montagne par Edouard et Bernard est ramené à Paris afin de l'éloigner de la maladie de Bronja, fille de sa doctoresse, qu'il vénère, mais aussi de ses penchants à la masturbation avec ses petits amis, attitude jugée honteuse et maladive à cette époque. Perdu, desespéré, abandonné de tous y compris d'Edouard qui s'était pourtant juré de s'en occuper, maltraité par Georges et ses copains, il sera la victime expiatoire d'un drame épouvantable qui clôt le roman sur une note extrêmement sombre. Par ailleurs, le roman est construit sur une mise en abyme puisque l'oncle Edouard, écrivain, est présenté en train d'écrire un roman intitulé "Les Faux-Monnayeurs", dans lequel il cherche à s'éloigner de la réalité, et qui a pour personnage principal un romancier. Analyse du roman 2 Le roman est simple à lire, entre autre grâce à l'écriture et au style fluide de l'auteur. La narration se tient dans le temps et l'espace, sans ruptures logiques, bien qu'elle dérive régulièrement dans des histoires annexes au récit principal. Les personnages sont solidement campés, consistants et bien étudiés et leurs réactions plausibles dans le contexte où l'auteur les fait évoluer. Pourtant, la construction du roman est très complexe et loin de la narration linéaire classique. Les différentes histoires s'enchevêtrent les unes aux autres, les points de vue sont multiples et variables, le narrateur lui-même change régulièrement. Les genres narratifs sont, par ailleurs,multiples : journal intime, lettre, ... Il arrive même que l'auteur s'adresse directement au lecteur. La narration est ainsi fondée sur une ambigüité constante. A travers cette œuvre, l'auteur montre les limites du roman traditionnel et son échec dans sa prétention à décrire la complexité du monde réel. Il souhaite libérer ainsi la littérature de son carcan narratif pour faire du roman une œuvre d'art créatrice à part entière, plutôt que le simple réceptacle d'une histoire racontée. Les personnages • Bernard Profitendieu est l'un des trois personnages principaux de l'histoire. Adolescent difficile et impulsif, il n'aime pas son père et ne supporte pas l'éducation qu'il lui a donnée. Lorsqu'il découvre les lettres de sa mère et apprend que ce n'est pas son vrai père, il se sert de cela comme motif pour quitter la maison. Il rompt toute attache avec sa famille et s'enfuit pour vivre sa vie. Il est le meilleur ami d'Olivier et devient le secrétaire d'Edouard pour un temps. Garçon fier et généreux, il cherche à aider ceux qui ont des problèmes même s'il n'est pas toujours très adroit. • Olivier Molinier est le personnage central de l'histoire, même s'il n'en est pas le principal, tout le roman ou presque gravite autour de lui, ainsi que les personnages qui lui sont liés soit par le sang, soit par une histoire le concernant. Garçon timide et sensible, en manque d'affection, il recherche cette dernière chez ses amis. Admiratif et amoureux de son oncle Edouard, il désespère de pouvoir le lui exprimer, et s'en veut de sa maladresse quand il est en sa présence. Lorsqu'il voit Bernard et Edouard ensemble sans lui, il se sent trahi et jaloux - de dépit, il se laissera séduire par le cynique comte de Passavant. • L'oncle Edouard est le troisième personnage principal de l'histoire. Il entretient un journal personnel dans lequel il relate les différents événements de sa vie et dans lequel il note l'avancée de son projet littéraire " les Faux- monnayeurs " . C'est en cela qu'il permet à Gide de montrer la difficulté pour un roman d'échapper au réel, et même son impossibilité. Edouard n'arrivera pas à rédiger son roman comme il le voulait. C'est aussi ce personnage qui entraînera Bernard à l'aventure, amènera Boris, le petit-enfant de Monsieur de La Pérouse, à son grand-père. Une construction complexe 3 Voici les relations qu'entretiennent les personnages au début (chronologique) du roman : André Gide Publié par Radu Iliescu le samedi, juillet 15, 2006 uploads/Litterature/ les-faux-monnayeurs 1 .pdf

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